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Nouvelles de notre colonie masquée, la France :

 

Article tiré du Réseau Voltaire (voltairenet.org/fr) en date du 13 octobre 2008, où Thierry Meyssan (son directeur) annonce avec une semaine d'avance, ce qu'annonce la propagande du régime capitalo-sioniste au sujet d'une opération d'élimination définitive de Jacques Chirac, comme le fait Le Parisien, ce jour, dimanche 19 octobre 2008, par un articulet relatant que l'affaire à l'instruction d'un journaliste français disparu en 1977, enquêtant sur un supposé compte bancaire attribué à Jacques Chirac, dans une banque japonaise, avançe, car les documents en possession du juge d'instruction, provenant des services secrets, ont été déclassifiés, et sont donc utilisables par la justice (un miracle double !).

Le régime capitalo-sioniste, dont la direction gîte aux deux extrémités d'un axe Amérique du Nord -Israël, a entrepris de nettoyer totalement la classe politique française, pour ne la laisser peuplée que de clones sarkoziens. Alors qu'auparavant, la classe politique française était peuplée d'un personnel du type "lieutenants", dotés de la capacité de prendre des initiatives, le régime capitalo-sioniste actuel, qui a pris le pouvoir en France, n'accepte maintenant que des "seconde classes", obéissants comme des cadavres, et dépourvus de toute capacité d'initiatives, entièrement sous contrôle. Il faut donc nettoyer, éliminer de fond en comble, tous ceux qui sont encore capables de déranger ce nouvel aménagement (et ceux qui peuvent rappeller l'ancien ordre, l'ancienne époque), de la gouvernance rapprochée de la population, du bétail de base, ce qui est le rôle traditionnel, dans le régime de la fausse démocratie occidentale, dévolu à la classe politique, organe qui n'est en vérité guère autre chose qu'une clique aux ordres et corrompue de garçons vacher.

Il est vrai que cette classe de factotum du capitalisme (qui comprend tous les partis, depuis ceux de l'extrême gauche jusqu'à l'extrême droite, tous les syndicats et associations de la "société civile", incluant les anarchistes et autres organisations "marginales" et sur mesure de fausse opposition d'Etat) était déjà bien peu ragoûtante avant la venue du sous-préfet américano-israélien, qui n'est de plus qu'un simple agent des services spéciaux américains : Nicolas Sarkozy, mais au moins, cette classe ne servait pas le camp de l'étranger, et ne participait pas au pillage et au démantèlement général du pays, comme ce qui se passe actuellement, avec le détournement vers les USA des centaines de milliards d'euros, sous prétexte d'une crise bancaire organisée sciemment, menée tambours battants, préméditée depuis plusieurs années, à la fin d'asseoir la suprématie des américano-israéliens sur le système bancaire mondial, permettant la perpétuation de l'hégémonie de cette caste américano-israélienne sur le déclin, qui dégénère à toute allure, sur la planète.

Lire la page du Parisien annonçant le début de la campagne de destruction de Jacques Chirac :

http://www.aredam.net/debut-destruction-jacques-chirac-vengance-americano-sioniste.html

 

Article du Réseau Voltaire du 13 octobre 2008 :

Entretien avec un dissident français contraint à l’exil :

(depuis Beyrouth - Liban)

13 octobre 2008

« Si j’avais plié, je n’aurais pas eu à partir »
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La fermeture des bureaux français du Réseau Voltaire et l’exil de son président suscitent bien des interrogations. Certains commentateurs y ont vu la fin d’une aventure ; d’autres au contraire, observant que ces décisions n’ont pas diminué la combativité du Réseau, ont essayé de savoir ce qui les avait motivées. Thierry Meyssan s’en explique ici. Il décrit une France, placée sous le contrôle des services états-uniens, où une opinion publique anesthésiée n’a pas conscience du contrôle politique. À ses yeux, il y avait péril en la demeure et la menace qui l’a contraint à partir ne tardera pas à s’exercer sur d’autres.
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Vous avez quitté la France il y a un an, en septembre 2007. Vous n’êtes pas n’importe quel expatrié : vous êtes connu dans le monde entier comme l’initiateur du mouvement de contestation de la version gouvernementale des attentats du 11 septembre, le leader d’un mouvement anti-impérialiste, et dans certains pays vous êtes présenté comme le principal dissident occidental. Pourquoi avez-vous été contraint à l’exil ?


Thierry Meyssan : En décembre 2002, le secrétaire US à la Défense Donald Rumsfeld a signé la directive 3600.1 visant à discréditer ou à éliminer des personnalités françaises qui s’opposaient à la Guerre globale au terrorisme [1]. Cette liste comprenait en premier chef Jacques Chirac, puis de grands industriels, j’y figurais en plus à cause de mon travail sur le 11-Septembre.


On était trois mois avant l’invasion de l’Irak. C’était l’époque de l’hystérie anti-française à Washington. Les services secrets français ont été informés que des assassinats avaient été sous-traités par le Pentagone au Mossad et m’ont mis en garde. Mes amis et moi, nous avons cherché à prendre contact avec les autres cibles. Un des administrateurs du Réseau Voltaire, était un ancien ami de l’une de ces personnalités. Nous avons pris rendez-vous avec elle, début mars, mais elle est décédée quelques jours avant le rendez-vous, dans des circonstances qui ont été qualifiées de très suspectes par les enquêteurs.


L’État a alors réagi. Le président Chirac a joint par téléphone le Premier ministre israélien et l’a prévenu que toute action entreprise non seulement sur le territoire français, mais n’importe où dans l’Union européenne, serait considérée comme un acte hostile envers la France. À chacun de mes déplacements hors de l’Union européenne, les services français joignaient leur homologues locaux pour leur demander de veiller à ma protection.


Je savais qui est Nicolas Sarkozy [2] et je me doutais bien que les choses changeraient avec son élection. Lorsque je suis rentré de voyage pour voter, le 6 mai 2007, j’ai été arrêté devant les autres passagers à la sortie de l’avion à Orly. Après m’avoir fait poireauter avec des clandestins et des trafiquants de toutes sortes, un officier de la DST m’a laissé sortir en me disant : « Bienvenue au pays M. Meyssan, un pays qui va bientôt changer, beaucoup changer ». Le soir Sarkozy était élu. Quelques jours plus tard, il était à l’Élysée et commençait la purge.


Pendant l’été, Nicolas Sarkozy s’est rendu en famille aux États-Unis. Il était accompagné de nombreux collaborateurs qui suivaient son avion de ligne dans un avion officiel. Ils ont eu des entretiens avec l’Administration Bush sur toute une série de sujets, graves ou futiles. J’ai été informé que les États-Uniens avaient demandé que des mesures soient prises pour me neutraliser en application des Décrets présidentiels US 13438 et 13441 [3]. J’ai cru au début que ces décrets étaient fondés sur le Patriot Act et je ne voyais pas comment ils pouvaient trouver une application en droit français. Je me disais que les atlantistes finiraient bien par inventer un biais juridique et que je devais songer à prendre le large, mais je croyais avoir beaucoup de temps devant moi. Il s’est avéré que ces décrets se fondaient sur le Trading with the Enemy Act de 1917 et ses développements ultérieurs. En d’autres termes, j’étais désormais considéré comme une menace pour la sécurité des États-Unis. Le Pentagone, qui fait jouer la clause 5 du Traité OTAN depuis les attentats de 2001, a demandé l’assistance automatique de ses alliés. Bref, tous les services secrets des États membres de l’Alliance atlantique pouvaient être sollicités pour me neutraliser. J’ai été informé que quelque chose se tramait contre moi. J’ai fait mes valises et j’ai quitté la France deux jours plus tard.


Au demeurant, le danger ne se limite pas aux pays de l’OTAN. Une opération a été organisée contre moi en décembre 2007 à Caracas, qui a été déjouée par la police vénézuélienne. En août 2008, j’ai dû annuler ma participation à une conférence internationale en Autriche après avoir été avisé par un État ami qu’une opération avait été préparée contre moi.


En outre, des pressions sont exercées contre mes compagnons de lutte au Proche-Orient, en Amérique latine et dans d’autres États européens. Je ne peux vous en faire la liste sans compliquer les problèmes. Jürgen Cain Kulbel a été brièvement incarcéré en Allemagne et pourrait l’être à nouveau. Techniquement, le seul fait retenu contre lui par le tribunal est le lien qu’il avait installé sur son site web pointant sur celui du Réseau Voltaire [4].


Avez-vous des preuves que vous êtes réellement en danger — comme vous le dites — en France et dans les pays de l’OTAN ?


Thierry Meyssan : Non, les listes US sont secrètes, sauf en ce qui concerne les avoirs financiers bloqués aux USA, mais je n’en ai pas. Mais j’ai des témoins de plusieurs contacts.


La France est une démocratie et est considérée comme la patrie des droits de l’homme. Ce n’est pas le Chili sous la dictature de Pinochet. Que vous ayez dû la quitter n’est-il pas tout simplement incompréhensible, en particulier pour les citoyens français ?


Thierry Meyssan : Ces situations ne sont pas comparables. Au Chili, les États-Unis avaient installé une dictature militaire. En France, ils disposent juste d’agents au sommet de l’État et à la tête des différents services de sécurité. Mes concitoyens devraient être plus attentifs à la répression actuelle qui frappe à la fois des hommes politiques de premier plan, de hauts fonctionnaires et des journalistes. L’équipe de Nicolas Sarkozy s’appuie sur quelques magistrats dévoyés pour paralyser ses adversaires politiques et abuse de son pouvoir et de son influence pour virer les journalistes qui refusent de se courber.


Regardez d’abord la prise de contrôle des médias. Sarkozy a placé les siens à la tête des médias privés et purge les médias publics. Il y a un an, les syndicats de journalistes ont appelé l’opinion publique au secours [5]. Ils affirmaient qu’il devenait impossible d’enquêter sur Nicolas Sarkozy et de relater les critiques populaires dont il fait l’objet. Ils s’inquiétaient de perdre la liberté de s’exprimer en étant pris en tenaille entre d’une part des juges qui violaient le secret des sources, et d’autre part, des patrons de presse directement liés à l’Élysée. Personne ne les a cru et maintenant, c’est trop tard. Tout est verrouillé.


Des exemples ? L’équipe du président s’est installée à TF1 et une de ses anciennes maîtresses y présente le JT [6]. Les médias étrangers se sont gaussés de cette affaire, mais les médias français qui l’ont évoquée ont été condamnés pour « atteinte à la vie privée ». C’est un invraisemblable détournement de la loi de 1881 sur la presse. Désormais, la corruption et le népotisme, lorsqu’ils concernent l’équipe Sarkozy, sont des sujets tabous. Les aborder, vous conduit directement en correctionnelle.


Sarkozy a corrompu publiquement une dizaine d’éditorialistes en leur offrant des prébendes [7]. Certains ont été engagés dans des cabinets ministériels, voire à l’Élysée, d’autres ont été nommés dans des commissions bidon, où, réduits à l’état de courtisans, ils bénéficient des fastes de la République. Louis XIV tenait la noblesse en l’occupant à Versailles, Sarkozy distrait les éditorialistes qui devraient analyser sa politique en les occupant à des mondanités et en leur faisant rédiger des rapports qu’il ne lit pas.


Pendant ce temps, les époux Kouchner-Ockrent licencient à RFI et France24 tous cenx qui résistent à l’influence US. Après Richard Labévière [8], un rédacteur en chef réputé qui avait le défaut de donner la parole aux anti-atlantistes, le dernier en date est Grégoire Deniau pour avoir organisé un débat sur le 11-Septembre en invitant en première partie Issa El-Ayoubi, vice-président du Réseau Voltaire, et en seconde partie Atmoh, porte-parole de ReOpen911.


Le problème, ce ne sont pas les journalistes. Il y en a de remarquables en France. Ce sont les médias. Ils sont déjà sous contrôle et la fonction de contre-pouvoir n’est plus assurée.


Par ailleurs, lorsque le grand public entend parler d’une affaire pénale qui touche une personnalité, il n’y voit qu’un cas particulier. Mais si l’on met en perspective tous ces cas particuliers, on voit bien qu’ils traduisent une stratégie.


Sur plainte personnelle de Nicolas Sarkozy, des juges d’instruction ont interdit de voyager à l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, et l’ont astreint à payer une caution démesurée et humiliante. Bien que ne disposant d’aucun élément concret à charge, le procureur vient de le renvoyer en correctionnelle. L’affaire Clearstream offre certes à Sarkozy un moyen d’éliminer un rival politique, mais il ne l’a pas pour autant organisée. C’est une machination montée de toutes pièces par son beau-père, l’ambassadeur Frank Wisner, via une de ses officines londoniennes, Hakluyt & Co [9]. Le but est d’envoyer Villepin en prison pour que nul n’ignore qu’on ne défie pas impunément le secrétaire d’État des États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU.


Des magistrats ont perquisitionné le domicile de l’ancien directeur des Renseignements généraux, Yves Bertrand, pour lui extorquer les secrets des chiraquiens. Et ces jours-ci, des documents saisis sont miraculeusement arrivés dans des rédactions parisiennes. Des hebdomadaires proches du pouvoir en ont publié des extraits. Il semble que l’on cherche à faire passer des documents de travail, énonçant des hypothèses, pour des rapports finaux, présentant des conclusions. Et que l’on cherche à faire croire que les RG persécutaient les seuls socialistes. C’est de la manipulation pure et simple. Chaque fois que l’on est dans l’opposition, on doit se protéger de cette police politique, et chaque fois que l’on est au pouvoir, on fait des pieds et des mains pour se procurer des copies de ses notes. Le pouvoir exerce une pression incroyable sur ce fonctionnaire pour le faire craquer. C’est bien hypocrite. Car dans le même temps, au lieu de dissoudre enfin les RG, on les a réorganisés et on a augmenté leurs moyens en les fondant dans une administration plus opaque encore.


Jusqu’au capitaine Paul Barril qu’ils ont mis en prison pour lui arracher les secrets de Mitterrand. Ils l’ont accusé d’être un tueur à gage et l’ont si maltraité qu’il a dû être hospitalisé, avant d’être relâché sous caution. À ce propos, permettez moi une digression sur le génocide rwandais. Barril s’est défendu des attaques portées contre lui à ce sujet en mettant en cause le président Kagamé. Celui-ci a alors commandité un rapport sur l’implication française dans ce drame historique. À le lire, on comprend que les officiers supérieurs français, François Mitterrand et tout son cabinet, et le gouvernement de cohabitation dans son ensemble seraient tous responsables du génocide… sauf, bien sûr le ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de l’époque, Saint Nicolas Sarkozy. C’est stupide. Il y a à l’évidence des responsabilités françaises, mais certainement pas de culpabilité collective. Et au demeurant, il est impossible de comprendre et de juger ce crime, qui fit plus de 800 000 morts, sans le replacer dans son contexte et juger aussi les guerres des Grands Lacs qui firent au total plus de 6 millions de morts et dont les responsables ne sont pas à chercher à Paris, mais à Washington et Tel-Aviv.


Maintenant, les atlantistes montent une affaire contre Jacques Chirac qu’ils accusent d’avoir organisé, il y a dix ans, l’assassinat d’un journaliste qui aurait mis son nez dans ses comptes bancaires à l’étranger. Le pouvoir déploie des moyens extravagants pour construire cette nouvelle machination. Ainsi, un juge d’instruction a procédé à une perquisition au cabinet de l’avocat de Chirac dans des conditions plus que douteuses. Mais à Washington, on n’a pas pardonné à Chirac de s’être opposé à l’invasion de l’Irak et on inventera n’importe quoi pour le faire tomber.


Je ne dis pas que tous ces gens sont des anges, mais ce dont on les accuse est grotesque et ressort exclusivement de la persécution politique. Je ne dis pas non plus que la Justice est pourrie, mais que ces affaires ont été confiées à des juges et à des procureurs qui sont aux ordres.


Quand à ceux que les atlantistes ne peuvent impliquer dans de pseudo-affaires pénales, ils les espionnent. En juin-juillet-août 2007, le bureau du Réseau Voltaire à Paris a été placé sous surveillance. Toute personne entrante ou sortante a été photographiée, des filatures nécessitant un important personnel ont été conduites pour identifier les uns et les autres. Ce traitement est général. Même le domicile de Ségolène Royal a été « visité » plusieurs fois par les services secrets, c’est-à-dire illégalement perquisitionné.


Depuis le 1er juillet 2008, la nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur met en place dans l’urgence le fichier EDVIGE, en violation des Traités internationaux, notamment du Pacte de l’ONU sur les droits civils et politiques. Elle fiche les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, l’appartenance syndicale, l’état de santé et les pratiques sexuelles de tous les Français. La DCRI n’en reste pas là, elle utilise les dernières techniques US d’étude des « réseaux sociaux » pour cartographier vos relations amicales, professionnelles et politiques. On ne vise plus simplement des individus, mais les milieux dans lesquels ils évoluent, les groupes auxquels ils participent. Un recours a été engagé en Conseil d’État par le SM, la LDH, le SAF, des associations gays et des syndicats, qui débouchera peut-être sur l’annulation du décret en décembre. Nicolas Sarkozy a endormi l’opinion publique en déclarant lui-même qu’il fallait revoir le décret, mais il ne l’a pas abrogé.


En attendant, pendant ces six mois, on collecte et informatise des données. Une affaire survenue dans le Rhône a révélé que, malgré les déclarations lénifiantes du président, la police du Rhône fichait la religion des fonctionnaires territoriaux. C’est une maladresse qui révèle l’ampleur du travail de renseignement en cours. Il est improbable que ces données soient jamais détruites, même si le juge administratif le requiert. Elles seront simplement intégrées au fichier CRISTINA et classées Secret-Défense. En définitive, on aura utilisé les moyens des ex-Renseignements généraux pour constituer un fichier au profit de l’ex-DST, qui est sensée ne s’occuper que de contre-espionnage. Puis, dans le cadre de la prétendue coopération anti-terroriste, ces données politiques seront transmises aux services états-uniens, car CRISTINA est conçu pour être compatible avec les fichiers US.


Cela vous étonne ? Mais déjà bien des données individuelles sont transmises aux USA en violation des lois françaises et des conventions européennes. C’est vrai pour tout ce qui concerne vos virements bancaires internationaux [10] ou vos déplacements aériens [11].


La France a déjà basculé dans une forme de régime autoritaire sous tutelle US. On dit qu’une grenouille plongée dans de l’eau tiède que l’on porte lentement à ébullition ne régit pas au changement progressif de température, qu’elle s’engourdit et meurt. Les Français se comportent de la même manière. Ils tolèrent la destruction progressive de leurs libertés. Ils ont déjà largement dépassé le seuil du tolérable et ne réagissent pas, ne réagissent plus.


Sous l’égide des États-Unis, les dictatures d’Amérique latine avaient mis en place dans les années 70 un système de persécution des opposants politiques appelé Plan Condor. Vous avez écrit que ce système a été réactivé et étendu dans le monde à travers l’OTAN. La comparaison n’est-elle pas exagérée ?


Thierry Meyssan : Ce n’est pas une comparaison. C’est une constatation [12]. Elle a été confirmée par de des rapports officiels au Parlement européen et au Conseil de l’Europe [13]. Les États-Unis ont étendu à l’Europe occidentale les méthodes qu’ils avaient utilisé il y a quarante ans en Amérique latine [14]. Une internationale de la répression est déjà à l’œuvre [15]. Des centaines de personnes ont été enlevées sur le territoire de l’Union européenne, exfiltrées et torturées. Jacques Chirac a protégé notre pays de ces crimes, il n’en est plus de même aujourd’hui. Le premier cas identifié est celui de Mohammad As-Siddik, disparu en plein Paris le 13 mars dernier alors que la France devait le présenter à une juridiction de l’ONU [16], mais il doit y en avoir déjà beaucoup d’autres.


Plus de 80 000 personnes ont transité au cours des sept dernières années dans les prisons secrètes de la CIA et de la Navy. 26 000 sont actuellement séquestrées [17].


Les exemples sont nombreux de personnes sur lesquelles planait la menace d’un assassinat et qui ont été retrouvées mortes d’une autre manière : suicide, crise cardiaque, accident... Voulez-vous vous suicider ? Avez-vous des problèmes de santé ? Prenez-vous des risques dans vos déplacements ?


Thierry Meyssan : Je ne suis pas dépressif et n’ai aucune inclination suicidaire. J’ai fait faire des examens de santé et n’ai aucune maladie susceptible de provoquer une mort subite. Je fais attention dans mes transports et ne me déplace jamais seul.


Lorsque les menaces ont commencé à se concrétiser, avez-vous été soutenu en France ? Des organisations politiques vous ont-elles aidé ? Les autres journalistes vous ont-ils défendu ?


Thierry Meyssan : Aucune organisation ne m’a aidé. La plupart de mes « confrères » journalistes ont fuit la difficulté. Reniant la tradition voltairienne de la presse, ils ont prétexté ne pas vouloir se prononcer sur les polémiques entretenues contre moi pour ne pas voir ce qui était en train de se passer. C’est l’excuse classique des lâches chaque fois que la liberté est en question. Certains cependant m’ont aidé et je ne vais pas les dénoncer. Pareil parmi les politiques et les militaires.


Non seulement, ceux qui auraient dû me défendre ne l’ont pas fait, mais des gens ordinaires qui n’ont rien à voir avec tout cela ont prêté leur concours à une surveillance illégale. La banque qu’utilisait le Réseau Voltaire (en l’occurrence l’agence Gare de l’Est du Crédit coopératif) nous a convoqué pour nous demander de révéler le nom de nos principaux donateurs, ce qu’évidemment nous avons refusé de faire. Nous avons alors clôturé notre compte et ouvert une autre structure hors de la zone OTAN. Mais cette procédure illégale a été étendue à mes proches et à mes compagnons de lutte. Lorsque l’un d’entre eux encaisse sur son compte un versement ou un virement de plus de 500 euros , il est joint par son banquier qui lui demande d’en justifier la provenance. Pour n’importe qui, c’est étouffant, pour un commerçant ou un travailleur indépendant, c’est du harcèlement.


Vous avez quitté la France alors qu’elle évolue - dites-vous - vers un régime répressif. Avez-vous abandonné votre pays ? Avez-vous abandonné le combat politique ?


Thierry Meyssan : Certainement pas. C’est l’inverse. J’ai quitté la France pour poursuivre mon combat. Les États-Unis ont tenté différentes approches contre moi : d’abord me discréditer, puis me ruiner, puis me corrompre, enfin m’éliminer. Si j’avais plié, je n’aurais pas eu à partir. C’est parce que j’aime la France et l’idéal qu’elle porte que je suis parti.


Ma situation semble exceptionnelle. C’est faux. Je suis simplement le premier à qui cela arrive. Il y en aura d’autres.


Votre pays vous manque-t-il ? Voulez-vous y retourner ?


Thierry Meyssan : Des amis m’entourent ici, mais la France est ma patrie. J’y ai laissé les miens. Comment voulez-vous qu’elle ne me manque pas ?
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1] « Rumsfeld cible la France et l’Allemagne », Réseau Voltaire, 2 janvier 2003.

[2] « Opération Sarkozy : comment la CIA a placé un de ses agents à la présidence de la République française », Réseau Voltaire, 19 juillet 2008.

[3] Presidential Executive Order 13438 : Blocking Property of Certain Persons Who Threaten Stabilization Efforts in Iraq, signé par George W. Bush le 17 juillet 2007, et Presidential Executive Order 13441 : Blocking Property of Persons Undermining the Sovereignty of Lebanon or Its Democratic Processes and Institutions, signé le 1er août 2007.

[4] « Un collaborateur du Réseau Voltaire incarcéré à Berlin », Réseau Voltaire, 10 juin 2008.

[5] « Nicolas Sarkozy étouffe les journalistes français », Réseau Voltaire, 24 septembre 2007.

[6] « La sarkozysation de l’audiovisuel français », Réseau Voltaire, 10 juin 2008.

[7] « Nicolas Sarkozy corrompt publiquement de grands éditorialistes », Réseau Voltaire, 4 octobre 2007.

[8] « Pourquoi les époux Kouchner veulent-ils la tête de Richard Labévière ? », Réseau Voltaire, 29 août 2008

[9] « Opération Sarkozy : comment la CIA a placé un de ses agents à la présidence de la République française », Ibid.

[10] « Les transactions financières internationales sous contrôle états-unien », par Jean-Claude Paye, Réseau Voltaire, 28 avril 2008.

[11] « L’espace aérien sous contrôle impérial », par Jean-Claude Paye, Réseau Voltaire, 13 octobre 2007.

[12] « L’OTAN : du Gladio aux vols secrets de la CIA », par Ossama Lotfy, Réseau Voltaire, 24 avril 2007.

[13] Allégations de détentions secrètes et de transferts illégaux de détenus concernant des États membres du Conseil de l’Europe ? Rapport de Dick Marty au Conseil de l’Europe, 12 juin 2006.

[14] « Faut-il combattre la tyrannie avec les instruments des tyrans ? », par Dick Marty, Réseau Voltaire, 22 mars 2007.

[15] « Les lois anti-terroristes. Un Acte constitutif de l’Empire » et « Les populations sous surveillance », entretiens de Jean-Claude Paye avec Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 12 septembre 2007 et 15 février 2008.

[16] « Kouchner a « perdu » le témoin-clé de l’enquête Hariri », par Jürgen Cain Külbel, Réseau Voltaire, 21 avril 2008.

[17] « 17 prisons secrètes ont déjà remplacé Guantanamo », Réseau Voltaire, 3 juin 2008.

Notes :
Opération Sarkozy : comment la CIA a placé un de ses agents à la présidence de la République française.


Nicolas Sarkozy doit être jugé à son action et non pas d’après sa personnalité. Mais lorsque son action surprend jusqu’à ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en détail sur sa biographie et de s’interroger sur les alliances qui l’ont conduit au pouvoir. Thierry Meyssan a décidé d’écrire la vérité sur les origines du président de la République française. Toutes les informations contenues dans cet article sont vérifiables, à l’exception de deux imputations, signalées par l’auteur qui en assume seul la responsabilité.
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Les Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont élu Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils espéraient une rupture avec des années d’immobilisme et des idéologies surannées. Ils ont eu une rupture avec les principes qui fondent la nation française. Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se saisissant chaque jour d’un nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche, bousculant tous les repères jusqu’à créer une complète confusion.


Comme des enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se trouver des excuses pour admettre l’ampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent d’autant plus de voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, qu’ils auraient dû s’en rendre compte depuis longtemps.


C’est que l’homme est habile. Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie privée en spectacle et en posant dans les magazines people, jusqu’à leur faire oublier son parcours politique.


Que l’on comprenne bien le sens de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre.


Pour comprendre comment un homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française, il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. Il nous faut emprunter une longue digression au cours de laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourd’hui leur revanche.


Secrets de famille


À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens s’appuient sur le parrain italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer le débarquement allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment par Frank Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et s’exile en Italie, par son « ambassadeur » corse, Étienne Léandri.


En 1958, les États-Unis, inquiets d’une possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait l’Afrique du Nord à l’influence soviétique, décident de susciter un coup d’État militaire en France. L’opération est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA —théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr.— et par l’OTAN. Mais Wisner a déjà sombré dans la démence de sorte que c’est son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis Alger, des généraux français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le pouvoir civil parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général De Gaulle sans avoir besoin de recourir la force [1].


Or, Charles De Gaulle n’est pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler. Dans un premier temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large autonomie aux territoires d’outre-mer au sein d’une Union française. Mais il est déjà trop tard pour sauver l’Empire français car les peuples colonisés ne croient plus aux promesses de la métropole et exigent leur indépendance. Après avoir conduit victorieusement de féroces campagnes de répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à l’évidence. Faisant preuve d’une rare sagesse politique, il décide d’accorder à chaque colonie son indépendance.


Cette volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui l’ont porté au pouvoir. La CIA et l’OTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour l’éliminer, dont un putsch manqué et une quarantaine de tentatives d’assassinat [2]. Toutefois, certains de ses partisans approuvent son évolution politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le protéger.

Pasqua est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille d’un bootlegger canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après avoir commercialisé de l’absinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de l’anisette. Cependant, la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation avec la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il n’est donc pas étonnant que Pasqua fasse appel à Étienne Léandri (« l’ambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras et constituer la milice gaulliste [3]. Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du SAC, l’ancien garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti —un Corse lui aussi—.


Ainsi défendu, De Gaulle dessine avec panache une politique d’indépendance nationale. Tout en affirmant son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership anglo-saxon. Il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ; Il refuse le déploiement des casques de l’ONU au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains à s’affranchir de l’impérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il expulse l’OTAN de France et se retire du Commandement intégré de l’Alliance atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du Viêt-nam (discours de Phnon Penh, 1966) ; Il condamne l’expansionnisme israélien lors de la Guerre des Six jours (1967) ; Il soutient l’indépendance du Québec (discours de Montréal 1967) ; etc.


Simultanément, De Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant d’un complexe militaro-industriel incluant la force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement énergétique. Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant des missions à étranger. Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourd’hui Total) [4], tandis que Charles Pasqua devient l’homme de confiance des chefs d’États d’Afrique francophone.


Conscient qu’il ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De Gaulle s’allie à la famille Rothschild. Il choisit comme Premier ministre le fondé de pouvoir de la Banque, Georges Pompidou. Les deux hommes forment un tandem efficace. L’audace politique du premier ne perd jamais de vue le réalisme économique du second.


Lorsque De Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la présidence avant d’être emporté par un cancer. Les gaullistes historiques n’admettent pas son leadership et s’inquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la trahison lorsque Pompidou, secondé par le secrétaire général de l’Élysée Edouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion » dans le Marché commun européen.


La fabrication de Nicolas Sarkozy


Ce décor étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en 1955, il est le fils d’un noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après avoir fuit l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah, une roturière juive originaire de Thessalonique. Après avoir eu trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-Bocsa se remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-Olivier et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans cette famille recomposée.


Sa mère est devenue la secrétaire d’Achille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale.


Malheureusement, en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le magazine Time révèle l’existence d’une organisation criminelle secrète « l’Union corse » qui contrôlerait une grande partie du trafic de stupéfiants entre l’Europe et l’Amérique, la fameuse « French connexion » qu’Hollywwod devait porter à l’écran. S’appuyant sur des auditions parlementaires et sur ses propres investigations, Time cite le nom d’un chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années plus tôt au Canada, et qui n’est autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la société d’alcool Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « l’Union corse », dont les Peretti. Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale et échappe même à un « suicide ».


En 1977, Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors avec le n°2 de l’administration centrale du département d’État des États-Unis. Elle l’épouse et s’installe avec lui en Amérique. Le monde étant petit, c’est bien connu, son mari n’est autre que Frank Wisner Jr., fils du précédent. Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il clair qu’il y joue un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son demi-frère et de sa demi-sœur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des programmes de formation du département d’État.


À la même période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente d’autant plus rapidement Charles Pasqua que celui-ci n’est pas seulement un leader national, mais aussi le responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine.


En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et s’étant inscrit au barreau, épouse la nièce d’Achille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant qu’avocat, Me Sarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi.


L’année suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son bel-oncle, Achille Peretti, terrassé par une crise cardiaque.


Cependant, Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec Cécilia, l’épouse du plus célèbre animateur de télévision français de l’époque, Jacques Martin, dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly. Cette double vie dure cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un nouveau foyer.


Nicolas est le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un éditorialiste du Figaro. Il ne peut s’empêcher de séduire Claude et de mener une brève relation avec elle, tandis qu’il vit officiellement avec Cécilia. Le mari trompé se suicide en absorbant des drogues. La rupture est brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy.


En 1993, la gauche perd les élections législatives. Le président François Mitterrand refuse de démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac, qui ambitionne la présidence et pense alors former avec Edouard Balladur un tandem comparable à celui de De Gaulle et Pompidou, refuse d’être à nouveau Premier ministre et laisse la place à son « ami de trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua devient ministre de l’Intérieur. S’il conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite de sa situation pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en Afrique francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et devient officier d’honneur du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est ministre du Budget et porte-parole du gouvernement.


À Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la planification politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui l’unissent au porte-parole du gouvernement français.


C’est alors que reprend au sein du parti gaulliste la tension que l’on avait connu trente ans plus tôt entre les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La nouveauté, c’est que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se rapprocher du courant Rothschild. Tout dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995 lorsque Édouard Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à l’élection présidentielle, et sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le gouvernement Balladur ouvre les négociations d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN des États d’Europe centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.


Rien ne va plus dans le parti gaulliste où les amis d’hier sont près de s’entre-tuer. Pour financer sa campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du parti gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf. À peine le vieux Étienne Léandri mort, les juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais Balladur, Pasqua et Sarkozy ne parviendront jamais à récupérer le magot.


La traversée du désert


Tout au long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance. L’homme se fait discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à nouer des relations dans les cercles financiers.


En 1996, Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce qui n’en finissait pas se marie avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et Bernard Arnaud (l’homme le plus riche du pays).


Dernier acte


Bien avant la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent en trois temps : d’abord l’élimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis l’élimination du principal rival de droite et l’investiture du parti gaulliste à l’élection présidentielle, enfin l’élimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain d’emporter l’élection présidentielle.


Pendant des années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes d’un promoteur immobilier. Avant de décéder d’une grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais élucidée une confession en vidéo. Pour une raison encore plus obscure, la « cassette » échoue dans les mains d’un hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir indirectement à la presse.


Si les aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de Pandore. La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain Juppé. Pour protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales. La mise à l’écart de Juppé laisse la voie libre à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.


Sarkozy exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au gouvernement, malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de l’Intérieur. Erreur ! À ce poste, il contrôle les préfets et de le renseignement intérieur qu’il utilise pour noyauter les grandes administrations.


Il s’occupe aussi des affaires corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné. Bien qu’il n’ait pas été revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par les indépendantistes à la République. Après une longue traque, la police parvient à arrêter un suspect en fuite, Yvan Colonna, fils d’un député socialiste. Faisant fi de la présomption d’innocence, Nicolas Sarkozy annonce cette interpellation en accusant le suspect d’être l’assassin. C’est que la nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de l’Intérieur organise en Corse pour modifier le statut de l’île. Quoi qu’il en soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon certains, favorise les intérêts mafieux.
Bien qu’Yvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé son innocence et aucune preuve matérielle n’a été trouvée contre lui. Étrangement, l’homme s’est muré dans le silence, préférant être condamné que de révéler ce qu’il sait.
Nous révélons ici que le préfet Érignac n’a pas été tué par des nationalistes, mais abattu par un tueur à gage, immédiatement exfiltré vers l’Angola où il a été engagé à la sécurité du groupe Elf. Le mobile du crime était précisément lié aux fonctions antérieures d’Érignac, responsable des réseaux africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. Quand à Yvan Colonna, c’est un ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont fréquentés.


Une nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement plusieurs personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream. Parmi les personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de droite à l’élection présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette machination. Il ne cache pas son intention de le faire jeter en prison.
En réalité, les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation franco-américaine [5], dont John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur. Ce que les juges ignorent et que nous révélons ici, c’est que les listings ont été fabriqués à Londres par une officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr. est également administrateur.
Villepin se défend de ce dont on l’accuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence et, de facto, écarté provisoirement de la vie politique. La voie est libre à droite pour Nicolas Sarkozy.


Reste à neutraliser les candidatures d’opposition. Les cotisations d’adhésion au parti socialistes sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants. Soudainement des milliers de jeunes prennent leur carte. Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des militants du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert). Cette petite formation d’extrême gauche s’est historiquement mise au service de la CIA contre les communistes staliniens durant la Guerre froide (Elle est l’équivalent du SD/USA de Max Shatchman, qui a formé les néoconservateurs aux USA [6]). Ce n’est pas la première fois que les « lambertistes » infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont notamment placé deux célèbres agents de la CIA : Lionel Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal conseiller de Dominique Strauss-Kahn [7].


Des primaires sont organisées au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal. Seul le premier représente un danger pour Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec pour mission d’éliminer Fabius au dernier moment. Ce qu’il sera en mesure de faire grâce aux votes des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur son nom, mais sur celui de Royal.
L’opération est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des États-Unis. Les Français ignorent qu’il donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le prévot de l’université, Condoleezza Rice [8].
Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront Strauss-Kahn en le faisant élire à la direction du Fonds monétaire international.


Premiers jours à l’Élysée


Le soir du second tour de l’élection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG de campagne. Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les militants de son parti, mais il se rend au Fouquet’s. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le rendez-vous de « l’Union corse » est aujourd’hui la propriété du casinotier Dominique Desseigne. Il a été mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa campagne. Une centaine d’invités s’y bousculent, les hommes les plus riches de France y côtoient les patrons de casinos.


Puis le président élu s’offre quelques jours de repos bien mérités. Conduit en Falcon-900 privé à Malte, il s’y repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un milliardaire formé à la Banque Rothschild.


Enfin, Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. Le premier décret qu’il signe n’est pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis Desseigne et Partouche à multiplier les machines à sous.


Il forme son équipe de travail et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien trouble propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des casinos de l’ami Desseigne (qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).


Nicolas Sarkozy s’appuie avant tout sur quatre hommes :
- Claude Guéant, secrétaire général du palais de l’Élysée. C’est l’ancien bras droit de Charles Pasqua.
- François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée. C’est un associé-gérant de la Banque Rothschild.
- Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de l’ancien directeur de l’Agence juive. Ambassadeur de France à l’ONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait trop proche de George Bush.
- Alain Bauer, l’homme de l’ombre. Son nom n’apparaît pas dans les annuaires. Il est chargé des services de renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale obédience maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en Europe [9].


Frank Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour l’indépendance du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires étrangères avec une double mission prioritaire : l’indépendance du Kosovo et la liquidation de la politique arabe de la France.


Kouchner a débuté sa carrière en participant à la création d’une ONG humanitaire. Grâce aux financements de la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de Zbigniew Brzezinski en Afghanistan, aux côtés d’Oussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les Soviétiques. On le retrouve dans les années 90 auprès d’Alija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine. De 1999 à 2001, il a été Haut représentant de l’ONU au Kosovo.


Sous le contrôle du frère cadet du président Hamid Karzaï, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté par l’US Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo). Là, la drogue est prise en charge par les hommes d’Haçim Thaçi qui l’écoulent principalement en Europe et accessoirement aux États-Unis [10]. Les bénéfices sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA.
Karzaï et Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui certainement ignore leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été consacrés.


Pour complèter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé le prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du Center for International & Strategic Studies de Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a supervisé les privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de Lockheed Martin contre les l’avionneur français Dassault [11].


Nouvelle escapade durant l’été. Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font offrir des vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. La facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier d’affaires italo-new-yorkais, sioniste et néo-conservateur pur sucre qui s’exprime dans Commentary, la revue de l’American Jewish Committee.


La réussite de Nicolas rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé « d’Oliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été recruté par Frank Wisner Sr.) [12] directeur d’un nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la société commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden) [13]. Sans qualité personnelle particulière, il est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs des fonds souverains du Koweit et de Singapour.


La cote de popularité du président est en chute libre dans les sondages. L’un de ses conseillers en communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner l’attention du public avec de nouvelles « people stories ». L’annonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son ami Edouard de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève générale. Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec l’artiste et ex-mannequin, Carla Bruni. Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le battage médiatique couvre à nouveau les critiques politiques. Quelques semaines encore et c’est le troisième mariage de Nicolas. Cette fois, il choisit comme témoins Mathilde Agostinelli (l’épouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.


Quand les Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont affaire ?
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Thierry Meyssan
Analyste politique, fondateur du Réseau Voltaire. Dernier ouvrage paru : L’Effroyable imposture 2 (le remodelage du Proche-Orient et la guerre israélienne contre le Liban).