Sommet historique pour sceller l’Alliance des guerriers de DieuLe Sommet de Jérusalem, qui s’est tenu du 12 au 14 octobre 2003 à l’hôtel King David de Jérusalem, a scellé l’alliance entre trois groupes bellicistes : les anciens de la Guerre froide à Washington, les fondamentalistes évangélistes et la mafia russe en Israël. Autour de Richard Perle et de ministres du gouvernement Sharon, ils ont célébré la « théopolitique » qui conduira à l’avènement de la « Jérusalem Céleste » après l’anéantissement de l’Islam. Réunis ensemble pour la première fois, ils ont fondé un organisme permanent pour coordonner leur politique commune. Réseau
Voltaire |
Paris (France) |
17 octobre 2003 L’alliance de trois fanatismesCette manifestation, réunissant les principaux leaders de l’extrême droite israélienne et des extrêmes droites religieuse et militaire états-uniennes, a permis de fonder un think tank international des amis d’Israël. Il sera composé de personnalités intellectuelles et de leaders spirituels capables d’opposer un discours enraciné dans des valeurs morales supérieures à celui des gouvernements représentant les masses sans conscience. Il
ne s’agit, ni plus ni moins, que d’unir enfin trois groupes
différents : (voir
notre enquête). Sous le haut patronage de la mafia russeTechniquement le sommet a été organisé par Dmitry Radyshevsky au nom de la Fondation Michael Cherney. M. Cherney est l’une des figures les plus controversées du monde des affaires. Parti de rien, il fit fortune en Russie sous l’ère Eltsine, « achetant » pour pas grand-chose les principaux combinats producteurs d’aluminium et créant le TransWorld Group. Rapidement considéré, à tort ou à raison, comme le « parrain des parrains de la mafia russe », Michael Cherney déplaça une partie de ses activités vers la Bulgarie où il devint le principal investisseur. Il développa la compagnie de téléphones cellulaires Mobiltel et sponsorisa la principale équipe de football bulgare. Cependant, en août 2000, il fut accusé de complot contre la sécurité de l’État et interdit de séjour en Bulgarie. Il se réfugia alors en Israël, où il avait déjà transféré une partie de sa subite fortune. Après avoir été poursuivi en justice pour son rôle supposé à la tête de la mafia russe, il fut brusquement réhabilité et devint le principal fournisseur de l’industrie d’armement israélienne. Le Sommet de Jérusalem a été ouvert samedi 11 octobre 2003 par un dîner de gala présidé par Avigdor Lieberman, le ministre des transports du gouvernement Sharon et président du Yisrael Beiteinu. Ancien directeur de cabinet de Netanyahu, Lieberman fut le principal défenseur de Michael Cherney et de son ami Mark Rich, PDG de Glencore. Selon lui, les deux hommes d’affaires d’origine russe étaient « persécutés » par le directeur de la police judiciaire, le général Moshe Mizrachi, qui les accusait à tort d’être des patrons du crime organisé. Sauver la civilisation face à la « faillite morale de l’ONU » et aux pacifistes « démoniaques »Voici donc venu le temps de la « théopolitique », c’est-à-dire d’une politique prétendument d’inspiration divine, fondée sur une lecture fondamentaliste des « Écritures ». Elle n’est plus l’œuvre d’un clergé, mais d’un groupe de « sages » autoproclamés, les « néo-conservateurs », dans la ligne de leur maître à penser, le philosophe Leo Strauss. Dimanche matin, une série d’orateurs a décrit la crise morale du monde moderne et préconisé de le régénérer en se tournant vers Israël. Outre trois ministres en exercice (Ehud Olmert, Benjamin Netanyahu, Uzi Landau), on a pu entendre les dirigeants des grandes organisations sionistes (Congrès juif mondial, Organisation sioniste américaine) et des sectes états-uniennes (Ambassade chrétienne internationale de Jérusalem, Centre d’éthique et de politique d’Elliot Abrams). Ils se sont appliqués à dénoncer la « faillite morale de l’ONU » et « l’entretien du problème des réfugiés » par l’Agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA). L’après-midi a donné lieu à des débats hauts en couleurs sur l’immoralité de l’anti-sionisme, la haine du sionisme chez les musulmans, et le rôle « démoniaque » des pacifistes. La journée de lundi a été consacrée à démontrer que la menace pesant sur Israël est le paradigme du danger islamiste pesant sur le « monde libre ». Au cours des débats organisés par le Jewish Institute for National Security Affairs (JINSA), Yossef Bodansky (biographe de Ben Laden) et Daniel Pipes (le théoricien de l’islamophobie) ont apporté leur « expertise » en soutien aux analyses d’officiers supérieurs israéliens. Mardi, les congressistes ont étudié les moyens de placer les médias occidentaux « au service de la vérité ». La nouvelle croisade : après l’URSS, l’IslamC’est
mercredi que se tenait le moment fort de ce sommet. On y a
discuté de la paix. Frank J. Gaffney Jr., le coordinateur des
faucons, avait fait le voyage de Washington pour dénoncer le
péril islamique. Benny Elon, le ministre du Tourisme, est venu
redire sa détermination à « effacer » Arafat.
Advint alors le clou du spectacle avec standing
ovation :
la remise du Prix Henry Scoop Jackson à Richard Perle. Ce prix
tient son nom de feu le sénateur démocrate Jackson (1912-1983),
dont Perle fut l’assistant parlementaire. Il se rendit célèbre
en cautionnant l’usage de la bombe atomique (dont le beau-père
de Perle était le théoricien), en préconisant le premier le
développement de la « guerre des étoiles », et en
conditionnant les échanges agricoles avec l’URSS finissante au
peuplement d’Israël par des juifs soviétiques. Il existe en effet une alternative à la théopolitique du Sommet de Jérusalem : la paix.
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