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Etude sur le « déni du réel », ou « Faut qu’ça saigne ». Qu’est-ce que le déni du réel, le négationnisme ? Qu’est-ce que le déni des abattoirs humains dits « Chambre à gaz » nous enseigne sur le mécanisme fondamental psychique humain ?
« La conscience humaine dispose de mécanismes d’une rare puissance pour se préserver de l’angoisse de certaines révélations, du constat de certains faits. On regroupe ces phénomènes sous le nom de déni, et chacun sait que cela peut aller très loin. De nombreux cas documentés de déni de grossesse montrent en effet qu’une femme peut refuser l’idée qu’elle porte un enfant jusqu’au moment de l’accouchement. Cette mauvaise foi extraordinaire renvoie entre autres au « mensonge à soi-même » évoqué par le philosophe Jean-Paul Sartre. La conscience humaine, c’est un truisme, peut être à la fois mystificatrice et mystifiée. ». Fabrice Nicolino, « La Bidoche » ; « L’industrie de la viande menace le monde », Editions LLL (Les liens qui libèrent) 2009.
« Faut qu’ça saigne Les Joyeux Bouchers (Boris Vian).
1 - Qu’est-ce que la psychose, ou folie.
La psychose, ou folie, est selon la définition générale donnée par le dictionnaire, une maladie mentale affectant essentiellement le comportement, et dont le malade ne reconnaît pas le caractère morbide (à la différence des névroses) (synonyme : aliénation (du latin « alien » : étranger, soit être étranger à soi-même). Un fou ne se reconnaît pas comme fou. Il ne se pense pas malade. Il se sent bien, normal. Pour lui, la normalité, la norme, sont sa folie. Un fou ne souffre pas, à la différence du névrosé.
2 - Quelle est la différence entre la psychose, ou folie, et la névrose ?
Il semble que ce qui différencie la psychose de la névrose, est une atteinte à un stade plus précoce et à un niveau plus profond de la structure psychique de l’individu. Le névrosé a subi une atteinte, une agression psychique, alors que son développement psychique était déjà presque terminé, alors que le psychotique, le fou, a subi une agression alors que son développement psychique, sa structuration mentale n’en était qu’à ses débuts, ou même à son tout début. De même, un adulte peut devenir psychotique, fou aliéné, étranger à lui-même, si on le soumet à des agressions psychiques tellement puissantes, que sa structure psychique dont le développement est pourtant totalement terminé, ne peut résister à la force de ces agressions. C’est le cas pour les victimes des tortures psychiques utilisées par les appareils répressifs de l’ancien régime totalitaire soviétique, et des actuels régimes totalitaires américain et sioniste.
3 - Que sont en réalité la psychose ou folie et la névrose ?
Ce ne sont que des réactions de défense à l’agression de l’organisme humain, mise en œuvre pour préserver l’intégrité de l’appareil psychique. Sans la psychose ou folie, et la névrose, face à certaines agressions, l’individu cesserait d’exister, son appareil psychique serait totalement démantelé.
4 - Les deux principes de réactions aux agressions psychiques, la forclusion et le refoulement.
La forclusion entre en jeu dans le cas de la psychose ou folie, lorsque l’agression psychique est soit très précoce dans la vie de l’individu, ou très violente, ou les deux. Le refoulement apparaît dans les autres cas. La forclusion est un mécanisme psychique par lequel les représentations insupportables générées par la réalité, par l’agression, sont rejetées avant même d’être intégrées par l’appareil psychique de l’individu. Le refoulement est un mécanisme psychique où ces représentations insupportables peuvent être intégrées dans l’appareil psychique, mais déplacées hors du champ de la conscience qui existe à l’état de veille, dans celui de l’inconscience, qui existe dans les autres états, et qui se manifeste par exemple dans les rêves. La différence entre la forclusion et le refoulement, est que la forclusion affaiblit l’adaptation de l’individu car il l’écarte totalement de la réalité, alors que le refoulement ne le fait que partiellement, l’individu qui refoule, ou névrosé garde la conscience de sa distance au réel, par une gêne ou un souffrance, ce qui n’est pas le cas de l’individu qui forclos, qui n’a aucune conscience de son éloignement avec le réel. L’individu qui forclos, le psychopathe, psychotique ou fou, va donc naturellement agir sur la réalité par sa folie, transformer la réalité à l’image de son état intérieur, et non pas s’adapter à la réalité, comme le névrosé, la névrose étant plus ou moins l’état normal de tous les individus, tous ayant subi des agressions psychiques qui ont provoquées une réaction de défense nommée névrose.
5 - Une manifestation type de forclusion : le « déni du réel », et l’une de ses manifestations politiques actuelle, le « négationnisme ».
Tout cas de déni du réel est le signe d’une forclusion, donc d’un état psychotique, d’une manifestation de folie, d’aliénation, d’un état où l’individu est étranger à lui-même, c'est-à-dire où il se coupe de la réalité, donc de sa propre réalité, donc de lui-même. Le déni du réel est au fond une façon de nommer la psychose, une façon sociologique, politique et non médicale. Un terme est apparu récemment, pour qualifier ceux qui dénient le réel. Il s’agit du terme « négationniste », et il est surtout employé pour désigner ceux qui dénient la réalité du massacre des juifs dans les chambres à gaz des camps de concentration nazis, pendant la seconde guerre mondiale. L’attitude collective de déni de la réalité des chambres à gaz a été dénommée « négationnisme ». On peut dire qu’il s’agit d’une psychose collective, d’un phénomène de masse de rupture d’avec le réel.
6 - Contradiction avec la théorie de la psychose ou folie, rencontrée lors de l’observation du phénomène négationniste.
Ce qu’on nomme négationnisme, ou déni du réel en ce qui concerne l’existence historique des chambres à gaz nazies, laisse perplexe quand on place ce déni au regard de la théorie sur l’origine de la psychose, de la folie. En effet, les négationnistes agissent à l’opposé du comportement qu’on peut attendre des psychotiques qui vivent le déni du réel, ainsi que ceux qui s’emploient à faire la guerre aux négationnistes, dont le comportement est à l’opposé d’un comportement sain, le comportement des anti-négationnistes ressemblant au comportement typique du psychotique, qui fuit la rencontre avec le réel. En effet, dans les faits, les négationnistes, qui officiellement sont considérés comme négateurs de la réalité historique demandent instamment la liberté de la recherche en histoire, tandis que les anti-négationnistes interdisent toute recherche historique. Nous sommes là confrontés à une véritable inversion des rôles, car ceux qui sont qualifiés de négationnistes, soit de dénier le réel, soit de psychotiques, ne demandent que la liberté de se confronter au réel, et ceux qui sont officiellement considérés comme vivant dans le réel, sains, s’emploient de manière frénétique à empêcher toute approche du réel.
7 - Quelle conclusion peut-on déjà tirer de ce qui précède ?
Nous sommes en présence d’un comportement psychopathe institutionnalisé. En effet, la loi Gayssot, qui interdit la recherche libre en histoire, sur cette période nazie, est une loi dont la fonction réelle est de dresser un mur entre le réel et l’individu, c'est-à-dire une loi dont le but est d’instituer la psychopathie comme norme.
8 - Quelle stratégie peut-on percevoir derrière cette institution de la folie comme norme ?
Il est très clair qu’une population coupée du réel, qui est contrainte à la psychose, est une population diminuée. On peut voir l’institutionnalisation de la psychose comme un moyen de sauvegarder l’ordre, d’affaiblir la population de façon à ce qu’elle soit incapable de renverser l’ordre. L’écrivain Israël Adam Shamir définissait intuitivement la Shoah comme la religion des riches.
9 - Que peut-on tirer comme conclusion sur ceux qui ont imaginé cette stratégie ?
N’importe qui ne peut pas avoir comme idée d’instaurer la psychose dans une population. Cette idée ne peut venir qu’à des gens bien particuliers, elle ne peut venir qu’à des psychotiques, à des fous. Le psychotique a en général subi une agression psychique dans son jeune âge, à une époque où sa structure mentale était incapable de lui résister. Cette agression est le plus souvent opérée par sa propre famille, par l’un de ses parents, ou bien par les deux. Cette agression peut aussi être diffuse, propre à son milieu, à sa culture. C’est probablement cette dernière éventualité qui est la bonne, car pour avoir l’idée de répandre au sein de toute une population la psychose, il faut soi-même être issu d’une population qui est atteinte de psychose, une population où la psychose est la norme. Or, la psychose n’est qu’une réaction de survie face à une agression menaçant de disloquer intégralement la structure psychique. Cette réaction sauve l’individu de la mort en le faisant se couper de la représentation intérieure de l’agression, ce qui est réalisé en se coupant de la réalité. Ceux qui ont imaginé cette institutionnalisation de la psychose étaient eux-mêmes totalement coupés du réel, de naissance, mais aussi apte à exister au sein d’un monde réel, sans doute en se maintenant étroitement entre eux, en dressant un mur protecteur entre eux et la société humaine non psychotique. Cette stratégie de l’institutionnalisation de la psychose consiste en fait à généraliser ce mode d’être à l’extérieur de ce mur qui les protège. Cela est possible à la seule condition que ces gens soient parvenus à une situation de pouvoir telle qu’ils peuvent imposer à la société humaine normale, ou plutôt normalement névrosée, la psychose. Il est sûr que ces gens qui ont institutionnalisé la psychose sont victimes eux-mêmes d’une agression psychique terrible, sans doute véhiculée par leur propre culture et reconduite et reproduite à chaque génération. On peut avoir une image de cette agression psychique par l’observation de l’objet historique qu’il est interdit d’approcher, la chambre à gaz. Or, qu’est-ce que au fond une chambre à gaz, sinon un monde où l’air est irrespirable, où l’air qui est le premier aliment de l’être, on en consomme quotidiennement une dizaine de kilos, est le vecteur de sa mort ? Le mot « esprit » vient du latin spiritus « souffle ». Les chambres à gaz sont en fait un milieu qui renferme un souffle, un esprit, un air qui tue, un milieu qui est entièrement tourné vers la mort, la destruction, et c’est à cette ambiance là que ceux qui ont institué la psychose obligatoire tentent d’échapper. De plus, ce qu'évoque la chambre à gaz est un monde clos, confiné, surpeuplé, où l'on est qu'entre soi, rien qu'entre soi. C'est l'image caricaturale du ghetto, dont l'air est irrespirable, son air spirituel, son ambiance mentale. Cet air, cette ambiance mentale sont mortels. C'est l'anti ouverture sur le monde, c'est l'obnubilation sur soi-même, c'est un "auto-centrisme" exacerbé, paroxystique, à côté duquel l'égocentrisme est une attitude altruiste, généreuse, emphatique. On peut aussi là discerner l'un des procédés psychiques nommé déplacement, qui consiste, pour écarter le réel, à faire glisser la cause de son état, de son objet véritable, à un autre fallacieux, ce qui permet d'écarter de sa conscience la connaissance de la raison de son état, et par là même, de se maintenir à l'écart du réel, ce qui est le propre de la psychose. Dans ce cas, on peut parler de psychose de la chambre à gaz, mais cette psychose renvoie d'évidence à une psychose bien plus ancienne, la psychose de la chambre à gaz n'en n'étant qu'une manifestation. La responsabilité de son état de malheur est là déplacée de sa propre culture à la culture des étrangers à son milieu. C'est l'extérieur qui est ressenti comme maléfique, nuisible, en place de sa propre culture. On voit là pourquoi pour ces gens le monde extérieur est ressenti comme dangereux, et pourquoi ils voient le monde extérieur comme voulant les détruire. Pour finir, on peut remarquer que l'idée de la chambre à gaz est fondée sur celle de rupture, de coupure d'avec l'extérieur. C'est un monde clos étranger au reste du monde, où l'on ne peut être qu'entre soi. Au fond la seule solution pour qu'une folie, une psychose devienne une normalité, c'est de devenir un kyste collectif. Il ne s'agit pas comme certains le pensent, d'une stratégie volontaire, mais d'un pur effet involontaire de la mécanique psychologique. Car ce qui est le plus grave, le plus triste, chez les fous, chez les psychotiques, c'est qu'on n'a pas affaire à des êtres, mais à des choses, à des mécaniques. Ils ne décident de rien, ils se meuvent comme des automates, et ne peuvent que répéter indéfiniment les mêmes comportements. Ils ne peuvent évoluer d'eux-mêmes, seule une intervention de l'extérieur peut les faire changer, peut les guérir. Que chacun prenne conscience de la gravité de ce qui est là énoncé, car il s'agit maintenant du règne de la folie, de la domination des plus fous, une domination qui devient sans partage, et qui entraîne la communauté humaine dans son intégralité, dans leur folie morbide, destructrice, fatale. Il faut aussi prendre conscience d'un fait primordial, c'est que si les plus fous ont pris le pouvoir, c'est que la folie est devenu l'état normal pour l'ensemble de l'humanité, sinon les plus fous ne seraient pas parvenus au sommet de l'humanité. Cette folie des plus fous, qui devient visible, éclatante sous la lumière du soleil, impossible à dissimuler et à ne pas voir, nous renvoie à notre propre folie, à notre propre rupture d'avec le réel. Et la folie de ces plus fous, ne peut être étrangère à la nôtre.
Michel DAKAR, le 18 juin 2010.
Pieter Huys, La Tentation de Saint Antoine, 1547
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