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La grève des chemins de fer en France et le rôle de la LCR (et de LO)

Un appel du Parti de l'égalité sociale (Allemagne)

La première épreuve de force entre le président Nicolas Sarkozy et la classe ouvrière française s'est terminée par une amère défaite. C'est un fait que personne ne peut ignorer. Les grévistes ont repris le travail après dix jours de grève sans que le gouvernement ait retiré la réforme de leurs retraites, les régimes spéciaux. Les syndicats ne négocient plus que le prix de leur capitulation.

 

La presse économique française et internationale fait du triomphalisme. La réforme des régimes spéciaux, la « mère des réformes », avait, jubilait Le Figaro, convaincu l'opinion publique « que tout devait changer dans ce pays ». Ce qui était maintenant à l'ordre du jour, c'était « l'amaigrissement du secteur public, la réduction des déficits budgétaires et sociaux. »

Dans cette lutte, les grévistes n'ont pas été vaincus, ils ont été trahis. La première tâche consiste à reconnaître le fait que cette trahison a eu lieu et son ampleur. La condition préalable pour préparer des luttes futures et pour empêcher de futures défaites est de faire une analyse sans complaisance des causes de cette trahison.

Celui qui affirme, comme Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire, que « Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à briser le mouvement social » et que « ce n'est pas la défaite, ni moralement ni sur le fond du dossier » couvre le rôle réactionnaire des responsables de cette trahison : les syndicats, les partis de gauche, Lutte ouvrière et la LCR elle-même, qui ont tous œuvré délibérément dans le but d'isoler la grève et de la mener dans une impasse.

La bourgeoisie comprend très bien ce qui s'est passé. Quelle que soit l'ampleur des luttes à venir, elle compte sur le fait que les mêmes forces vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les trahir à nouveau.

La trahison de la grève des cheminots a maintenant déjà des conséquences politiques importantes. À peine les grévistes étaient-ils retournés au travail qu'éclataient les protestations violentes de la jeunesse des banlieues. Les deux événements sont liés entre eux. L'étouffement de la grève a aggravé l'isolement des couches les plus opprimées de la société dont l'avenir est indissolublement lié à celui de la classe ouvrière. En l'absence de perspective, la colère et la frustration des jeunes se manifestent dans des actes violents de rage. L'Etat réagit en réarmant massivement et en attaquant les droits démocratiques de tous les travailleurs.

Tout dépend maintenant de ce que les leçons soient tirées et de ce qu'une alternative politique aux organisations responsables de la trahison soit construite.

La trahison des syndicats

Le président Nicolas Sarkozy s'est, depuis le printemps, soigneusement préparé à un conflit sur les régimes spéciaux. Il ne voulait pas subir le même sort qu'Alain Juppé, chef du gouvernement en 1995, qui avait fait une première tentative et avait été forcé de faire partiellement retraite.

Sarkozy avait déjà rencontré avant sa prise de fonction les dirigeants des trois organisations syndicales les plus importantes, Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT) et Jean-Claude Mailly (FO) et leur avait dit : « Je veux tout de suite vous dire un truc : cette réforme, je la ferai. Tout le reste est négociable. » (Le Monde 26.11.2007). Depuis il a maintenu la discussion avec eux. Il les a rencontrés tantôt publiquement tantôt en privé pour discuter et parfois déjeuner avec eux. Sarkozy en est arrivé à tutoyer le dirigeant de la fédération CGT-énergie, Frédéric Imbrecht.

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a lui aussi entrepris les dirigeants syndicaux. Il les a reçus régulièrement pour l'apéro dans une ambiance détendue à ses bureaux de la rue de Grenelle. Selon ses propres dires, il a passé quatre-vingts heures en discussions avec eux. Lorsque Sarkozy et Bertrand ont fini par déclarer la guerre aux régimes spéciaux, ils pouvaient être absolument sûrs d'avoir le soutien des syndicats.

Bernard Thibault a dissipé les derniers doutes la veille de la grève, lorsqu'il a offert au ministre du Travail l'ouverture de négociations au niveau des secteurs d'activité. Il n'y avait pas à se méprendre sur le message de Thibaut : il s'était résigné à accepter les points essentiels de la réforme et était prêt à négocier sur la façon dont elle serait structurée.

Thibault n'a toutefois pas été en mesure d'obtenir une fin immédiate de la grève. La résistance de la base était trop grande. C'est pourquoi il a adopté une stratégie de l'usure. On a laissé la grève sans soutien d'en haut, jusqu'à ce qu'elle s'épuise. Malgré le coût élevé pour l'économie, Sarkozy a soutenu cette stratégie. Le Monde cite ainsi Sarkozy : « Il faut sauver le soldat Thibault ». Il fallait « lui donner le temps de convaincre ses adhérents qu'ils n'ont rien à gagner dans un conflit long ».

Sarkozy savait qu'il pouvait encore avoir besoin des syndicats à l'avenir ainsi que le montre un commentaire du Figaro du 22 novembre: « Le chef de l'État ne veut pas non plus durcir le ton contre les syndicats en délicatesse avec leurs bases. Il sait qu'il a besoin d'eux pour la suite des réformes : code du travail, fusion Unedic et ANPE, retraites du privé, formation professionnelle. "Les régimes spéciaux, c'est l'apéritif, pour les autres réformes, nous aurons besoin de syndicats responsables", justifie David Martinon, porte-parole de l'Élysée. »

On a saisi le moment propice le lendemain de la grande manifestation du 20 novembre. Les syndicats se sont alors assis à la table de négociation. Le lendemain leurs représentants ont imposé un arrêt de la grève dans les assemblées générales. Le représentant du syndicat SUD (Solidaires, Unitaires, Démocratiques), un syndicat qui s'était jusque-là voulu un adversaire énergique de toute négociation, s'est lui aussi retrouvé à la table de négociations.

Il ne peut y avoir de surprise sur le comportement de la CGT et de SUD pour qui a suivi l'évolution des syndicats durant les trois dernières décennies. Le passage des syndicats dans le camp de l'ennemi de classe est un phénomène international qui découle directement de la nature et de la perspective de ces organisations. Étant donné que les syndicats ont pour objectif de négocier les salaires et les conditions de travail avec les employeurs, ils sont intéressés à un bon fonctionnement de l'économie capitaliste et prennent, vis-à-vis de la lutte de classe, c'est-à-dire vis-à-vis de la lutte politique contre le capitalisme, une attitude organiquement hostile. Nationalistes jusqu'à la moelle, ils sont convaincus que les « réformes » de Sarkozy sont nécessaires afin de défendre la position de la France dans l'économie mondiale et dans la politique mondiale.

De ce point de vue l'histoire de la CGT est caractéristique. Elle s'est déjà servi de son influence en 1953 et en 1968 pour contrôler et étouffer deux grèves générales au potentiel révolutionnaire important. Par deux fois, elle se fit payer sa trahison par des concessions importantes pour les ouvriers. Mais sous l'effet de la mondialisation, la marge de manœuvre pour l'obtention de compromis sociaux a disparu et la CGT est passée avec armes et bagages dans le camp du gouvernement conservateur. C'est la seule interprétation possible des interminables conciliabules de la CGT avec Sarkozy et Bertrand.

Comment la LCR et LO ont soutenu la liquidation de la grève

Quand la grève a débuté, les syndicats étaient déjà fortement discrédités. Dans les assemblées générales régnait une méfiance évidente. La plupart des discussions tournaient autour de la question de savoir comment on pouvait empêcher une trahison de la part des appareils syndicaux. Les motions qui mettaient en garde contre un accord sans consultation de la base étaient fortement approuvées.

Pendant les douze dernières années, les travailleurs français ont maintes fois fait l'amère expérience de syndicats sabotant de grandes luttes sociales pour finalement les liquider.

1995 ne fut pas le succès qu'on en fait. À l'époque, des centaines de milliers de travailleurs firent grève pendant trois semaines et demie pour défendre la protection sociale, les retraites, la sécurité sociale et l'emploi. Des millions de personnes participèrent aux manifestations dans ce but. Les syndicats firent très attention à ce que le gouvernement de droite ne soit menacé et ils étouffèrent finalement le mouvement en négociant un compromis pourri. La partie la plus controversée du plan Juppé fut retirée tandis que toutes ses autres mesures restaient en vigueur. Juppé n'eut pas à démissionner et le président Jacques Chirac eut le temps nécessaire pour préparer en bon ordre l'alternance du gouvernement.

En 2003, le gouvernement entreprit une nouvelle attaque des retraites et s'imposa malgré la protestation de masse. La CFDT soutint ouvertement les plans du gouvernement, tandis que la CGT et FO suivaient une tactique de grève dispersée et dirent explicitement que ce n'était pas leur objectif de renverser le gouvernement. François Fillon, ministre du Travail à l'époque, remercia ultérieurement Bernard Thibault pour son « attitude responsable ».

Les syndicats ont pris part au mouvement anti-CPE (contrat première embauche) du printemps de 2006 uniquement pour de le contrôler et l'étouffer.

Le Parti socialiste et le Parti communiste sont tout aussi discrédités que les syndicats. Ils ne se sont jamais remis de la défaite de Lionel Jospin, battu au premier tour de l'élection présidentielle de 2002 par le candidat d'extrême droite, Jean Marie Le Pen. Et depuis, ils sont allés de plus en plus à droite

À l'élection présidentielle de mai dernier, le Parti socialiste a même cherché à dépasser Sarkozy sur sa droite. Après la défaite électorale, une partie des dirigeants du PS est passée directement dans le camp de Sarkozy. Pendant la grève des cheminots, le Parti socialiste n'a même plus cherché à faire croire qu'il défendait les intérêts des travailleurs. Il a soutenu le point principal de la réforme de Sarkozy, l'allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans minimum. Le chef du Parti socialiste, François Hollande a seulement critiqué le « style » de Sarkozy, trop en faveur de la confrontation, mais pas le contenu de sa politique. Il a expressément appelé les grévistes à retourner le plus vite possible à la table de négociations.

Le fait que les syndicats et les partis de la gauche officielle soient discrédités a donné une influence particulière à la gauche radicale. Lutte ouvrière et, de plus en plus ces derniers temps, la LCR, sont une partie intégrante de la vie politique officielle du pays. En 2002 presque 10 pour cent des électeurs avaient voté pour Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, les candidats de ces partis à l'élection présidentielle. Et cette année encore, un million et demi de personnes ont donné leur voix à Besancenot.

LO et la LCR se sont servis de leur influence pour couvrir la trahison des syndicats et de la gauche officielle et pour étouffer dans l'œuf une rébellion contre ces organisations. Ils portent la principale responsabilité de la trahison de cette grève. S'ils avaient utilisé leur influence pour contrecarrer la trahison des syndicats, pour mettre en garde les travailleurs et pour appeler à la résistance, cela aurait eu un impact. Mais c'est la dernière chose qu'ils voulaient. Ils se sont délibérément efforcés d'empêcher une rébellion contre les appareils bureaucratiques.

On cherche vainement dans les déclarations de la LCR et de LO une critique des syndicats ou bien une initiative aidant à surmonter l'influence paralysante de ces organisations. Leurs membres sur le terrain se comportent en membres loyaux des syndicats. SUD, où la LCR a une certaine influence, a donné, en participant aux négociations, le sceau de la légitimité à la trahison. Olivier Besancenot a adressé plusieurs appels au Parti socialiste et au Parti communiste pour qu'ils soutiennent la grève avec la LCR, bien qu'il sache pertinemment que ces partis étaient du côté du gouvernement.

LO est même allée jusqu'à annoncer en pleine grève qu'elle allait, pour la première fois dans l'histoire, présenter des listes communes avec le Parti socialiste aux prochaines élections municipales. Tandis que les grévistes étaient quotidiennement confrontés à l'hostilité du Parti socialiste, LO elle, lui donnait sa confiance !

Un meeting public à Paris le 22 novembre a montré de quelle façon cynique et délibérée la LCR a défendu la bureaucratie. Ce meeting où Besancenot était le principal orateur avait été préparé de longue date. Deux mille personnes ont participé à cette réunion dans la grande salle de la Mutualité au Quartier Latin.

La veille, les syndicats s'étaient assis à la table de négociation et le jour même la plupart des assemblées générales avaient décidé de ne pas continuer la grève. Mais Besancenot n'a pas dit un mot de la trahison des syndicats et il a essayé de présenter cette défaite comme un succès. Il a salué la grève comme l'expression d'un mouvement irrésistible qui allait continuer à croître et qui allait forcer Sarkozy à battre en retraite. Le mouvement social n'était pas terminé, a-t-il annoncé, il continuait et il était permanent. Il s'agissait à présent de « rassembler, que le pouvoir de la rue soit plus fort pour recéder les réformes »

Ce genre de discours victorieux fait partie du répertoire ordinaire de tout bureaucrate syndical. Elle sert à détourner l'attention de la responsabilité qui incombe à celui qui s'en sert, à tout brouiller quand il s'agit de tirer les conclusions politiques et à préparer la prochaine trahison. La LCR est une experte de cette sorte de démagogie.

Des partis petits-bourgeois

La LCR et LO sont qualifiés dans les médias de partis d'« extrême gauche » et de « trotskystes ». En fait, ce sont des partis petits-bourgeois. Leur trotskysme est de caractère tout à fait fictif. Ils n'ont absolument rien en commun avec l'héritage du mouvement trotskyste.

Quarante ans après les événements de mai-juin 1968, ils font intégralement partie de la vie politique bourgeoise. Ils ont des relations dans chaque coin de la politique et de la société. Leur vue du monde, leur style de vie et leurs intérêts sociaux les lient de mille façons à la bourgeoisie et à ses institutions. Dans les partis politiques, l'économie, la culture et les universités il y a des centaines d'anciens membres de la LCR, qui ont fait de brillantes carrières et qui n'ont jamais complètement coupé les ponts avec le parti de leur jeunesse.

Qui vient en France d'Allemagne ou des Etats-Unis s'étonne de voir avec quelle prévenance Besancenot est traité par les médias. Lorsque le 19 novembre, au beau milieu de la grève des cheminots et à une heure de grande écoute, il a été interviewé pendant trois quarts d'heure par France Inter et iTélé, Le Monde a publié sur trois colonnes un encart pour attirer l'attention sur cette interview de la star de la LCR.

L'élite dirigeante est consciente du vide qu'a laissé le déclin des syndicats et des partis officiels de la gauche. Elle doit absolument le combler pour prévenir une évolution révolutionnaire. C'est la tâche qui incombe à la LCR et à LO. Leur comportement n'a rien d'accidentel. Elles ne sont pas l'expression centriste d'un mouvement à gauche de la classe ouvrière et des jeunes. Elles ont délibérément conduit à l'isolement et à la défaite de la grève. Leur rôle faisait d'avance partie des calculs de la bourgeoisie.

LO n'a jamais rejoint la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste fondé par Trotsky. Elle n'y a jamais vu qu'un obstacle pour son adaptation au milieu national des syndicats.

Le secrétariat unifié pabliste, dont la LCR est la section française, a rompu en 1953 avec le programme du trotskysme. Il ne considérait plus la classe ouvrière comme une force révolutionnaire et se tourna vers le mouvement stalinien et petit-bourgeois nationaliste comme le FLN algérien, Fidel Castro, les sandinistes au Nicaragua et aujourd'hui Hugo Chavez et Evo Morales. En France, la LCR s'est efforcée pendant des années de mettre sur pied une alliance avec le PCF. C'est ainsi qu'elle s'est préparée à entrer dans la brèche laissée par le déclin du Parti socialiste.

En janvier prochain, la LCR veut fonder un nouveau parti, « anticapitaliste » qui ne sera pas, c'est dit explicitement, révolutionnaire, mais réformiste. Ce nouveau parti sera un parti « militant », mais pas un parti « d'avant-garde, élitiste », a expliqué Besancenot à la Mutualité. Il ne sera pas trotskyste, mais il reprendra ce qu'il y a de posititif dans toutes les traditions, libertaire, trotskyste, guévariste et communiste. La période qui a commencé avec la révolution d'Octobre de 1917 s'est définitivement achevée avec l'effondrement de l'Union soviétique. Il s'agit maintenant de développer un « socialisme du 21e siècle ». Nous vivons dans une nouvelle période qui requiert un nouveau programme politique et de nouvelles méthodes.

On ne peut pas exprimer plus clairement le renoncement au marxisme. Le « parti anticapitaliste » de Besancenot rappelle fortement le Parti de la gauche en Allemagne, le Parti Refondation communiste en Italie et le Parti des travailleurs de Lula au Brésil. Tous trois furent fondés en réaction à une évolution à gauche de la classe ouvrière. Tous trois ont poignardé la classe ouvrière dans le dos et ont pris des responsabilités dans des gouvernements bourgeois. Et à tous ces trois partis ont participé, dans chacun des pays concernés, les organisations qui partagent les idées de la LCR.

Besancenot, qui fait état de figure de proue du nouveau parti, incarne bien son caractère trompeur. Il a été préparé à ce rôle par le dirigeant de longue date de la LCR, Alain Krivine. Il doit donner l'image du jeune travailleur tout frais qui gagne sa vie en distribuant le courrier. Cela déjà n'est pas vrai. Ce père de famille de trente trois ans a un diplôme universitaire en histoire et a travaillé pendant deux ans comme assistant de Krivine au parlement européen. Son travail de facteur à temps partiel est surtout une affaire de propagande. Ce n'est pas d'un maigre salaire de facteur à mi-temps qu'il peut nourrir son fils. Sa compagne gagne, en tant que directrice littéraire d'une grande maison d'édition, beaucoup plus que cela.

Besancenot est une figure médiatique typique qui cache son ignorance et sa superficialité sous un certain talent à faire des phrases. Il n'a que mépris pour les traditions du mouvement trotskyste. Il vante Che Guevara, un opportuniste et un aventurier qui a incité de nombreux jeunes à tourner le dos à la classe ouvrière et à se consacrer à une guérilla sans issue, comme modèle à la jeunesse.

Une perspective internationale

La classe ouvrière est et demeure la force révolutionnaire décisive dans la société bourgeoise. Les grèves et les protestations qui ont lieu en France annoncent de violentes luttes de classes dans toute l'Europe. Des parties de plus en plus importantes de la classe ouvrière et de la jeunesse ont abandonné l'espoir d'une amélioration pacifique de leur situation. Le courage et l'opiniâtreté avec lesquels les cheminots français ont maintenu leur grève contre une pression publique massive et le sabotage des syndicats le montre.

Mais le problème central reste la question de la direction politique. Tant que la classe ouvrière sera dominée par des carriéristes et des opportunistes qui aspirent à obtenir une place dans la politique bourgeoise, d'autres défaites sont inévitables.

La situation sociale et politique s'intensifie rapidement. La guerre en Irak, la crise financière et les tensions internationales qui vont s'aggravant poussent la classe dirigeante à introduire en Europe des conditions américaines. La politique de grande puissance et le militarisme sont incompatibles avec des programmes sociaux financés par l'Etat ; la compétition internationale est incompatible avec de fortes dépenses sociales et fiscales. Tout ce qui fait encore obstacle au principe du profit doit être supprimé, les besoins sociaux les plus élémentaires, l'emploi, l'éducation, une assurance maladie et une assurance-vieillesse, des salaires convenables, tout cela doit être subordonné à la maximisation du profit et à l'enrichissement d'une minuscule élite.

On ne peut pas se défendre contre ces attaques dans le cadre national. La classe ouvrière doit s'unir au niveau européen et mondial. Elle est partout confrontée aux mêmes problèmes et aux mêmes adversaires.

En Allemagne, les conducteurs de train luttent depuis six mois pour de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Ils ne sont pas seulement attaqués par le gouvernement et la direction des chemins de fer, mais aussi par les grands syndicats, par le Parti social-démocrate (SPD) et le Parti de la gauche qui font de l'agitation contre les revendications des conducteurs de train et jouent ouvertement les briseurs de grève.

Une nouvelle direction politique doit être construite sur la base d'une perspective réellement européenne et internationale. La classe dirigeante s'est organisée de façon internationale depuis longtemps. Derrière Sarkozy, il y a l'Union européenne et les gouvernements européens. La classe ouvrière a besoin de sa propre organisation internationale, elle ne doit pas se laisser diviser plus longtemps pays par pays. A l'Union européenne des banques et des trusts, elle doit opposer les Etats unis socialistes d'Europe.

La croissance du chômage et de l'inégalité sociale ne peut être surmontée que par une politique socialiste, qui place les besoins humains au-dessus du principe du profit et qui transforme les trusts les plus importants et les plus vitaux en propriété sociale.

Le Parti de l'égalité socialiste en Allemagne et le Socialist Equality Party en Angleterre sont les sections du Comite international de la Quatrième Internationale (CIQI) qui fut fondé en 1953 afin de défendre l'héritage trotskyste contre l'opportunisme de Michel Pablo et Ernest Mandel. Nous appelons tous les travailleurs et les jeunes en France à se tourner vers les perspectives du CIQI, à les adopter et à construire une section en France.

Samedi 01 Décembre 2007

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