La triste histoire de M. D, drogué et prostitué stalino-sioniste, délaissé par sa mère, rejeté par son père, ignoré par son hamster, et tombé dans le lucre et la délation grave ( pourquoi l'est-y si méchant, qu'est-ce-que la vie l'a fait ? pour qu'il aime personne ainsi ! celui-là ).
( Voir pour le portrait artistique, le fichier dit " Au double-menton ". )
Copie d'un fichier comique qui court sur l'Internet.
LA CAMPAGNE DU POL POT DE BANLIEUE CONTRE SERGE THION
Le négationniste habite au CNRS
Serge Thion, la taupe antisémite
par Didier Daeninckx
Paris, jeudi 13 avril 2000
Le 17 juin 1999, le syndicat Force Ouvrière des chercheurs du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) demande aux électeurs de ne pas voter pour la liste qu'il présente à la commission paritaire! On vient de s'apercevoir qu'un des candidats, Serge Thion, est un des plus actifs militants négationnistes français. Si la démarche du syndicat est louable, on peut s'étonner du retard mis à prendre conscience de l'activité principale de Serge Thion depuis vingt ans et cela au coeur même de la recherche: la propagande négationniste, la réhabilitation de l'antisémitisme.
Né en 1942, Serge Thion est d'abord connu pour ses travaux de sociologie et d'analyse politique sur l'Afrique ( Le pouvoir pâle ou le racisme sud-africain, Le Seuil 1969) le sud-est asiatique ( Des courtisans aux partisans, Gallimard 1971).
Dès qu'éclate l'affaire Faurisson, avec la parution d'un article dans Le Monde en décembre 1979, il fait partie de cette frange de l'ultra-gauche déjantée qui, autour de La Vieille Taupe, décide de soutenir le professeur de littérature lyonnais. Dans les mois qui suivent, il publie un livre " Vérité historique, vérité politique" et se porte en justice aux côtés de Faurisson en mettant en avant sa qualité de chercheur au CNRS. Dans la foulée, les éditions Edern Hallier lui offrent une tribune, "Khmers Rouges", un ouvrage dans lequel il nie, au temps présent cette fois, le génocide commis par les troupes de Pol Pot. Ergotant sur les chiffres, malmenant la démographie, il conclut concernant le génocide:
"Le mythe est lancé, rien sans doute ne l'arrêtera. on en connaît d'autres exemples qui ont aussi la vie dure. Si les mots ont un sens, il n'y a certainement pas eu de génocide au Cambodge".
En 1980, il parvient à faire passer un article dans Les Temps Modernes (n°404), s'attirant cette pique de Jean-Paul Sartre:
"Nous avons appris que Thion défendait les thèses du sinistre Faurisson qui nie, on le sait, la réalité de l'extermination et l'existence des chambres à gaz. Ceci nous amène évidemment à demander à nos lecteurs d'accueillir avec réserves les informations communiquées par Thion sur l'Indochine".
C'est Serge Thion qui négocie avec Noam Chomsky, autre négateur du génocide khmer rouge, une préface du linguiste américain au "Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire" de Robert Faurisson publié par la Vieille Taupe. Il se déplace aux États-Unis pour interwiever Chomsky, en compagnie de Pierre Guillaume. Le voyage à Boston, en juin 1981, de ceux qui se présentent encore comme d'intransigeants révolutionnaires sera financé par le patron du Figaro-Magazine, Louis Pauwels, qui accueille à cette époque tous les seconds couteaux de la Nouvelle Droite dans les colonnes de son hebdomadaire.
En 1985, Serge Thion, de retour d'un autre voyage, en Éthiopie, travaille avec le néo-nazi pédophile Michel Caignet (voir l'enquête "Négation des camps et promotion de la pédophilie") à la mise au point de la traduction d'un classique du négationnisme, "Le Mythe d'Auschwitz" de Wilhelm Stäglich pour le compte de la Vieille Taupe. Il ne se passe plus un an sans que Thion ne relance les thèses des négateurs. Articles dans "Les Annales d'histoire révisionniste", création d'une revue, "Maintenant le communisme" où Serge Thion figure en compagnie d'un militant bordelais d'extrême-droite, Jean-Christophe Alexandridis, responsable d'une revue néo-nazie Le Tonnerre et de Perspectives euro-arabes qui soutient Saddam Hussein. Serge Thion publie ensuite la " Gazette du Golfe et des banlieues" au moment du conflit avec l'Irak. La guerre contre Saddam Hussein le verra créer un comité de soutien à un vieil ami de Normandie, Gilles Perrault, qui vient d'appeler les soldats français à la "désertion" et "au sabotage de la machine de guerre".
Dès les débuts d'Internet, Serge Thion utilise le réseau mondial pour diffuser la propagande négationniste. Tout d'abord à l'aide d' un bulletin photocopié "Global Patelin", rédigé en piochant dans les sites américains. Cette lettre est directement liée au CNRS puisque l'adresse pour la correspondance est celle attribuée à Serge Thion: "thion@msh-paris.fr" (voir aussi l'article "L'internationale négationniste sur le Net").
Aucune réaction de l'institution, alors qu'on ne compte déjà plus, à ce moment, le nombre de salariés sanctionnés par leur employeur pour avoir utilisé le matériel informatique de l'entreprise à des fins privées. En 1996, probablement encouragé par cette impunité, le chercheur passe à une phase supérieure: la fourniture de nombreux textes au site Aaargh, un cri de bande dessinée dont les initiales, là, signifient " Association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste". Le site est hébergé par le fondamentaliste marocain Ahmed Rami, de Radio Islam, et pour tenter d'échapper aux lois françaises, ils émettent depuis un serveur américain d'Atlanta (Georgie). Cette base de données véritablement nazie propose pêle-mêle "Les Protocoles des Sages de Sion", les archives Thion, celles de Faurisson, de Pierre Guillaume, de Roger Garaudy, les textes interdits de Céline, ainsi que de véritables appels au meurtre comme celui qui visait le secrétaire national du Mrap, Mouloud Aounit, traité de "marionnette juive" à laquelle on promettait le sort des moutons, à l'Aïd!
Le 17 septembre 1998, les membres de la commission des droits de l'Homme et Questions Éthiques du laboratoire de Physique se réunissaient pour protester contre la diffusion, à l'adresse personnelle de 39 chercheurs de l'Académie des Sciences, de tracts figurant par la suite sur le site Aaargh de Serge Thion. Ils attiraient l'attention du Comité d'Éthique du Cnrs sur l'activisme négationniste de ce chercheur en sociologie et soulignaient l'utilisation des moyens de l'institution pour diffuser ses thèses.
Dix-huit mois plus tard, le 27 février 2000, Serge Thion se félicitait en ces termes de voir le premier ministre, Lionel Jospin, agressé par des jets de pierres lors de son voyage au Moyen-Orient:
"Lirrépressible besoin des socialistes de se mettre à plat ventre devant tout ce qui pourrait avoir l'air juif..." et parlait ainsi du premier ministre israélien Ehud Barak: "Il (Jospin) s'enflamme pour de si parfaites répliques de l'élite nazie".
Cela fait donc vingt longues années que ceux qui ont en charge la recherche française tolèrent l'expression du racisme le plus violent, la publicité insistante des assassins de la mémoire, qu'ils acceptent, par leur silence, que les moyens mis à disposition par la République soient détournés de leur usage, que les titres de "chercheur au Cnrs" servent à impressionner les juges lors des procès, les lecteurs qui font confiance à ce sigle quand ils le voient au bas d'un article, d'une pétition.
Les protections dont bénéficie Serge Thion n'ont que trop duré!
L'assassin de la mémoire doit quitter le Cnrs.
CNRS: qui protège Serge Thion, le chercheur négationniste?
Par Didier Daeninck
Mercredi 17 mai 2000
Dans l'article intitulé "Le négationniste habite au Cnrs" (voir notre édition du 13.04.2000), Amnistia apportait les preuves que le principal assassin de la mémoire français, le chercheur Serge Thion, utilisait les moyens mis à sa disposition par l'institution scientifique pour mener un combat déterminé, sur Internet, contre la réalité de l'existence des chambres à gaz, pour diffuser des textes antisémites. Le journal "L'Humanité" du 30 avril a repris nos informations, et quelques jours plus tard, le Mrap a fait de même, publiant un communiqué dans lequel il est demandé avec force au Cnrs de prendre toutes les dispositions pour qu'il soit mis un terme au scandale de l'utilisation de son label pour couvrir l'activisme raciste de Serge Thion. Nous savons que le premier ministre Lionel Jospin, violemment attaqué dans une récente diatribe (voir "Des caillasses pour sa gueule") a transmis le dossier qui lui a été adressé par d'autres organisations, à Roger-Gérard Schwartzenberg, le nouveau ministre de la Recherche.
Jusqu'aujourd'hui, la réponse du Cnrs consiste en un silence pesant. Il semble bien que Thion bénéficie encore de protections très haut placées, et que certaines éminentes personnalités qu'il a été amené à croiser, dans les années soixante, avant son adhésion à la secte des chiffonniers de l'Histoire, persistent à mettre discrètement leur renommée à son service.
Pour tenter de brouiller les cartes, Serge Thion prétend qu'il n'a rien à voir avec le principal vecteur antisémite et xénophobe présent sur Internet et intitulé "aaargh", initiales de "l'association des anciens amateurs de récits de guerre et d'holocauste"! A la direction du Cnrs, on fait semblant de croire à cette fiction. Pourtant, les preuves de ce nouveau mensonge abondent.
Ainsi, dans notre premier article, nous avions publié la Une du numéro de 1995 de "Global Patelin", une revue de presse internet dont l'adresse électronique était celle de la Maison des Sciences de l'Homme. Cinq ans plus tard, dans sa page d'actualités du mois d'avril 2000, le site négationniste "aaargh" se réclame de... "Global Patelin", la feuille de Serge Thion domiciliée directement chez lui, à Chalô-Saint-Mars. Une consultation de l'annuaire de Yahoo donne trois adresses e-mail pour Serge Thion, celle de la Maison des Sciences de l'Homme qui héberge des laboratoires du Cnrs (thion@msh-paris.fr) ainsi que "tempus@speedy.grolier.fr" et "tempus@club-internet.fr". Cette dernière n'est autre que l'adresse du "Temps Irréparable" et de "Global Patelin" où l'on trouve aussi bien la prose de Thion que celles des Faurisson, Garaudy ou Pierre Guillaume. En fait ce "sociologue", rétribué par l'état, ne met pratiquement jamais les pieds dans son lieu de travail. Il consacre tout son temps à écrire des textes tombant sous le coup de la loi dans les organes qu'il a créés, "Le Temps Irréparable", "Global Patelin", "La Gazette du Golfe et des banlieues" et qu'il fait circuler en exploitant l'internet à travers le site "aaargh", et sur ceux de ses complices, "abbc", "radio islam". Les mêmes textes sont ensuite repris par tout ce que la toile compte de propagandistes d'extrême-droite comme "Zundel", "Graf", "Recht+Freiheit" etc...
Afin de profiter du vide juridique du web, et bénéficier de la législation américaine, ces sites vont se dissimuler sous pavillon de complaisance, aux États-Unis, de la même manière que les pétroliers pourris battent pavillon panaméen ou libérien. La maison-mère, "Codoh", est une énorme machine au service des pires extrémistes, et elle diffuse tous les textes en sa possession en une quinzaine de langues. La traduction est assurée par le moteur de recherche "AltaVista" qui accepte qu'on fasse sa publicité au milieu des hurlements de mort de ces antisémites et xénophobes. En faisant l'inventaire de ce que Serge Thion met en ligne internationale grâce à "Codoh", on s'aperçoit qu'il n'hésite pas à pirater des articles, des essais, à ses adversaires les plus déterminés afin de tenter de les discréditer. Ainsi, au mépris de toutes les lois, y compris américaines, des textes volés sur Amnistia , dans "Mauvais Temps", dans "L'Humanité" sont diffusés par Serge Thion sur son site de prédilection "aaargh".
Le scandale de la présence payée d'un négationniste, d'un antisémite, d'un pilleur, au Cnrs doit cesser. La responsabilité de la directrice, madame Catherine Bréchignac est, à compter d'aujourd'hui, directement engagée.
La direction du CNRS était au courant depuis 18 ans de la présence de chercheurs négationnistes
Par Enrico Porsia
Paris, mardi 6 juin 2000
"Je ne me suis jamais présenté comme un fils de la Shoah mais cette histoire a réactivé tout le passé". Sami Dassa, sociologue, chercheur au CNRS, a les larmes aux yeux quand il raconte. "En 1982 j'ai appris que Gabor Rittersporn, un attaché de recherche au CNRS à la section d'histoire qui s'était porté en justice, au même moment, aux côtés du négationniste Robert Faurisson, avait demandé d'intégrer notre section de sociologie. Recommandé par le professeur Hélène Carrère d'Encausse, aujourd'hui membre de l'Académie Française, son transfert avait été voté à la quasi-unanimité par la commission desociologie du CNRS. J'ai réagi immédiatement en alertant le directeur général. Dans ma lettre j'attirais son attention sur le fait que Gabor Rittersporn était connu comme l'un des co-responsables de la publication du livre de Serge Thion "Vérité historique ou vérité politique?". Je ne pouvais pas accepter l'idée que l'équipe de sociologues du CNRS puisse se faire complice des thèses néo-nazies de Faurisson en intégrant dans notre unité de recherche un de ceux qui avaient soutenu ce négationniste. A l'époque, je ne réclamais même pas de sanctions à son égard. Je croyais simplement que notre communauté scientifique se serait honorée à ne pas accueillir les falsificateurs de l'histoire à bras grands ouverts. Je ne pouvais pas accepter l'idée que l'on puisse refuser la réalité de leur mort à mes parents, déportés de France et tués dans le camp d'extermination d'Auschwitz en 1942, après qu'on leur ait refusé le droit de vivre. J'ai envoyé ma lettre le 24 mai 1982. A ce jour, je n'ai toujours pas eu de réponse. Je pensais néanmoins être soutenu par mon syndicat, le Sgen-Cfdt. Mais j'ai vite compris que je ne pouvais compter sur aucune institution : mon syndicat était plus préoccupé de sauver la place d'un collègue, malgré son soutien au négationniste Faurisson, plutôt que d'avoir le courage de s'opposer à des thèses inadmissibles."
Quelques jours plus tôt, Dominique Schnapper, directeur d'Etudes à l'E.H.E.S.S. (Ecole des hautes études en sciences sociales) avait adressé sa lettre de démission au directeur général du CNRS. Voici ses raisons: "Monsieur Rittersporn a écrit qu'il était "collaborateur" et "responsable" d'un livre publié sous la signature de Serge Thion ("Vérité historique ou vérité politique?" p.7) qui, après une préface de Serge Thion, rassemble des textes et des interviews de M. Faurisson, démontrant la non-existence des chambres à gaz pendant la deuxième guerre mondiale".
En juin 1983, la présidente de la section de sociologie, Madame Sabine Erbes Seguin, demandait un rapport à un groupe de chercheurs sur les activités négationnistes au sein de l'institution scientifique. Voici ce qu'on peut y lire: "Ne faut-il pas renvoyer les trois intéressés (Thion, Karnoouh et Rittersporn) devant la direction du CNRS et laisser celle-ci seule juge de l'attitude à adopter du point de vue de la promotion et de la réévaluation de ces dossiers puisque MM Thion, Karnoouh et Rittersporn se présentent devant les tribunaux en qualité de chercheurs au CNRS . (...) La proposition de blâme aux intéressés est une possibilité. Mais (...) elle donnerait aux intéressés l'occasion de montrer qu'ils sont professionnellement persécutés; or c'est en partie contre ce risque qu'ils se sont portés intervenants aux côtés de M. Faurisson devant le tribunal de grande instance de Paris (jugement du 1 juillet 1981). Par contre, si la commission de sociologie ne souhaite ni punir, ni rester indifférente, et si elle souhaite s'exprimer de façon concrète, elle peut faire pression sur le CNRS pour attribuer 3 postes nouveaux à des jeunes postulants à la recherche désireux de se rendre utiles sans se singulariser juridiquement; MM Thion, Karnoouh et Rittersporn relevant désormais alors directement pour leur carrière de l'administration du CNRS."
Les années passèrent et les directeurs du CNRS se succédèrent. Quant aux faussaires de l'histoire ils ne furent jamais inquiétés. Bien au contraire... La ligne de conduite du CNRS resta immuable dans sa continuité: l'indifférence était de rigueur.
Pourtant, qui pouvait affirmer ne pas avoir été au courant?
En juillet 1997, par exemple, l'association des utilisateurs d'internet (AUI) , animée par la chercheuse du CNRS Meryem Marzouki, refusa ainsi la demande d'adhésion présentée par Serge Thion en affirmant "son opposition aux thèses négationnistes et a leurs tenants."
Madame Catherine Bréchignac dirige le CNRS depuis l'automne 1997. A la suite de notre dernier article (voir notre édition du 17.05.2000), où nous la mettons nommément en cause, elle a décidé de se confier (jusqu'a ce jour) à un seul journaliste, Sylvestre Huet du quotidien "Libération"auquel elle déclare: "Je n'accuse pas Serge Thion, je souhaite demander à la justice de déterminer s'il a, en tant que chercheur CNRS, publié des textes négationnistes".
Nous nous permettons de souligner que , depuis la lettre envoyée par Sami Dassa au directeur général de l'époque, et toujours sans réponse, 18 ans se sont écoulés.
Combien de temps faudra-t-il à la direction du CNRS pour définir Serge Thion pour ce qu'il est : un négationniste notoire!
Exclusif Quand la directrice générale du CNRS se dérobe
Par Enrico Porsia
Paris, jeudi 8 juin 2000
Le 13 avril 2000 (voir notre édition), notre publication révélait l'étendue de l'activité de Serge Thion, une taupe antisémite, au Centre National de la Recherche Scientifique. Le 17 mai (voir notre édition) nous posions publiquement la question de savoir qui protégeait ce négationniste notoire. Alerté par nos articles, le Mrap décidait le 26 mai d'intervenir auprès du ministre de la Recherche, M. Roger-Gérard Schwartzenberg, l'invitant aussi à "retrouver sur notre site Web des renseignements intéressants."
Pendant ce temps la chaîne du service public France 3 nous contactait afin de réaliser un reportage sur ce sujet si sensible. Pour les journalistes de France 3, tout comme pour nous, le témoignage de Madame Catherine Bréchignac, la directrice générale du CNRS, était indispensable afin de pouvoir informer correctement le public. Nous avons donc contacté téléphoniquement la direction du CNRS en proposant une interview à Madame Bréchignac, en lui offrant la parole, d'autant plus que nous mettions sa responsabilité, de par la fonction qu'elle occupe, directement en cause. Malgré nos appels répétés, la directrice du CNRS faisait savoir, à nous comme à nos confrères de la chaîne nationale du service public, qu'elle était dans l'impossibilité de nous répondre, étant toujours "en réunion". Cette esquive silencieuse devait se prolonger... jusqu'à la fin du mois de mai, jusqu'à ce que Madame Bréchignac daigne enfin répondre personnellement à un de nos appels téléphoniques.
Visiblement agacée, la directrice du CNRS nous expliqua alors qu'elle ne souhaitait pas nous rencontrer dans l'immédiat car "elle n'avait pas de temps à perdre avec ce genre de bêtises concernant les négationnistes" et qu'elle réservait une intervention, à la suite de notre article où nous la citions nommément, à la "vraie presse". Après, seulement, elle nous rencontrerait. Une date fut toutefois fixée: jeudi 8 juin, neuf heures trente. Les journalistes de France 3 étaient, eux aussi, condamnés à attendre. Et, pour cause: la directrice du CNRS avait entre-temps choisi "son journaliste", Sylvestre Huet qui travaille actuellement au service "science" du quotidien "Libération". "Vous savez, j'ai fait simplement une incursion dans ce sujet, moi je m'occupe du CNRS et non pas du négationnisme" devait-il nous affirmer au cours d'un entretien téléphonique, le jeudi premier juin. Le lendemain, nous découvrions son article: "Le CNRS finit par dire non au négationniste". Nous apprenions que, si la directrice avait pris la décision de "rompre avec la discrétion (...) c'est qu'elle était outrée qu'on puisse la soupçonner de la moindre indulgence vis à vis de Serge Thion..." Nous lisions également qu' il n'était plus question "de ce genre de bêtises", et nous apprenions, bien au contraire, que Madame Bréchignac avait bel et bien décidé... "d'agir" et cela pour des "raisons d'éthique..." bien que l'affaire de l'antisémite Serge Thion soit "très éloigné de (ses) préoccupations..." Nous apprenions aussi le sens de son action. Elle avait créé une commission d'enquête qui, sous la direction de François Bédarida travaillait depuis... deux ans et dont le rapport serait livré "très bientôt". Mieux vaut tard que jamais (voir notre édition du 06.06.2000). Enfin, nous apprenions, et avec stupeur, que l'enquête interne diligentée à l'encontre de Serge Thion portait essentiellement sur le rendement du travail de ce dernier car, si "il utilise son temps de travail pour d'autres activités que la recherche il doit être sanctionné comme n'importe quel chercheur." Seulement, Serge Thion n'est pas n'importe quel chercheur. En invoquant une "faute professionnelle", Madame la directrice du CNRS, donne l'impression de ne pas vouloir se confronter au fond du problème: la présence d'une taupe antisémite dans ses labos! En s'appuyant sur l'argument de "la faute professionnelle", Madame Bréchignac applique aux négationnistes la même méthode, hypocrite, que certains juges appliquent à certains mafieux. Ils ne sont pas condamnés en tant que criminels, mais simplement pour des banales évasions fiscales. En outre, nous nous permettons de souligner le danger d'une telle méthode: demain, elle pourrait aussi bien servir comme prétexte pour licencier un chercheur dont les travaux dérangeraient le pouvoir en place. Tel n'est pas le cas du négationnisme, qui n'est ni une idée, ni une opinion, mais tout simplement la négation d'une vérité historique établie. Le négationnisme, forme moderne de l'antisémitisme est un délit.
Après la publication de l'article de "Libération", "Le Monde" a répercuté à son tour l'information, tout comme le "Canard Enchaîné". Difficile donc pour Madame Bréchignac de se dérober vis à vis de nos confrères de France 3, qui réussirent à l'interviewer dans l'après-midi du mardi 7 juin. A Amnistia, nous attendions patiemment notre rendez-vous prévu pour ce matin à neuf heures trente.
Hier, à 15 heures 55, le téléphone sonne. Monsieur Jean-François Sabouret, directeur de la Délégation à l'Information Scientifique et Technique du CNRS est au bout du fil. Il me confirme le rendez-vous et ensuite, le plus naturellement du monde, il m'annonce qu'il souhaiterait connaître les questions que j'envisage de poser à Madame Bréchignac. Je crois rêver! Notre conversation me paraît surréaliste et je lui fais remarquer que, déontologiquement, l'idée de lui communiquer mes questions à l'avance est irrecevable.
Une heure plus tard, un nouveau coup de fil. C'est la secrétaire de la directrice du CNRS cette fois. Elle m'annonce, avec une candeur sidérante, que Madame Bréchignac a brusquement eu "un empêchement de la dernière minute, qu'elle est dans l'obligation d'annuler l'entretien" et qu'elle est, bien sûr, "désolée".
Alors, de quoi a peur Madame Bréchignac?
Qu'on lui demande son avis sur l'activisme négationniste de Serge Thion? Qu'on lui demande si ça lui paraît normal que le livre -aux éditions du CNRS- de Georges Pinault, le druide nazi de Lyon III (voir notre édition du 31.01.2000), soit encore bien en évidence dans le site web de son institution? Qu'on insiste pour qu'elle nous dise enfin si elle a eu l'occasion d'avoir entre les mains l'enquête de sécurité "invisible" qui a coûté la condamnation à l'historien, chercheur au CNRS, Philippe Videlier, aux éditeurs Syllepse et Golias, à France Culture? (voir notre édition du 07.06.2000)
Madame Bréchignac invoque l'éthique.
Il faut donc qu'elle ait le courage d'assumer ses responsabilités.
Il faut qu'elle admette publiquement, avant le 14 juin, avant que la Cour de Cassation statue sur cette affaire, que l'enquête-sécurité concernant le passé de François Robert (voir notre édition du 07.06.2000) n'existe pas. Ou alors, qu'elle la montre à la Justice!
Madame la directrice du CNRS, vous avez le choix entre la vérité ou le silence. Un silence qui serait la caution du mensonge.
Appel à un rassemblement devant le CNRS
Paris, dimanche 11 juin 2000
A la suite des diverses informations révélées par notre publication et relayées par la presse sur l'étendue de l'activité du chercheur négationniste Serge Thion au CNRS, et d'une "enquête-sécurité" escamotée concernant un autre employé de cette institution qui a milité également dans un groupe négationniste,
nous appelons à manifester mardi 13 juin à 18 heures
devant le siège du CNRS, 3 rue Michel-Ange, 75016 Paris.
Ethique en toc au CNRS
Editorial, par Enrico Porsia
Paris, mercredi 14 juin 2000
Pendant que nous manifestions, hier après-midi, devant le siège du CNRS, Madame Catherine Bréchignac était barricadée dans son bureau, et cela, même si elle nous faisait savoir qu'elle était en rendez-vous extérieur. A la veille du passage de l'affaire concernant l'historien du CNRS, Philippe Videlier, devant la Cour de Cassation, la directrice générale du CNRS devait, en fin d'après-midi, prendre enfin la décision de donner accès aux avocats de l'historien à l'enquête-sécurité "invisible" qui avait aussi coûté la condamnation aux maisons d'édition Syllepse et Golias, ainsi qu'à France Culture (voir notre édition du 07.06.2000). Nous savons que cette enquête, jusque là escamotée, concernant le passé du "guerrier social" François Robert (voir notre édition du 24.01.2000), est constituée par un document extrêmement mince. Nous savons également que le ministre de la Recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg avait eu connaissance, dans la journée de vendredi 9 juin, de ce document très léger, d'une légalité plus que douteuse, et d'une inconsistance manifeste.
Nous faisions donc confiance, en ce matin du 14 juin, à la Cour de Cassation qui , à la connaissance de la minceur de cette pièce "maîtresse", aurait logiquement dû conclure à une cassation des jugements précédents. Mais, il n'en fut rien. Les juges en avaient décidé autrement. Le jugement fut rendu sur le champ, fait rarissime pour une Cour de Cassation qui, normalement, se prend un délai de quatre à six semaines pour délibérer.
Dans cette affaire le CNRS en sort avec une éthique en toc.
Tout d'abord, nous pouvons affirmer que le Comité d'éthique (Comets) de cette institution "prestigieuse" a brillé par son absence. Jamais cette instance est intervenue au cours de ces longues années, en avalisant ainsi la carence totale de transparence qui semble régner à l'intérieur du CNRS. Nous pouvons donc affirmer que le Comité d'éthique a perdu, là, une bonne occasion pour justifier son existence, sa raison d'être. En choisissant de se cacher derrière un long silence, le Comets a tout simplement démontré son insignifiance.
Ensuite, nous pouvons affirmer que la direction du CNRS s'est illustrée, dans sa continuité, en choisissant la sauvegarde de son institution, la défense d'une logique mandarinale, plutôt que de s'engager dans la voie de la transparence et de la vérité (voir notre édition du 08.06.2000).
Nous pouvons enfin affirmer, que même le nouveau ministre de la Recherche a préféré le statu quo plutôt que la mise en cause d'une procédure opaque (voir notre édition du 13.06.2000).
Nous étions une trentaine de personnes a manifester hier après-midi devant le siège du CNRS. Des representants des associations "Mémoire 2000" et "Archipel 93" étaient, eux aussi, présents. Nous avons distribué un tract et une délégation composée par Maître Bernard Jouanneau, avocat et Président de "Mémoire 2000", Didier Daeninckx, écrivain et journaliste à Amnistia!, et Enrico Porsia, directeur de la rédaction d'Amnistia!, ont été reçus par Madame Françoise Pierre, secrétaire générale du département de SHS qui, toutefois, n'a pas souhaité répondre à nos questions relatives à l'affaire de l'enquête escamotée du CNRS, en invoquant le "secret judiciare".
Serge Thion, le chercheur négationniste, révoqué par le CNRS
Par Didier Daeninckx
Paris, jeudi 13 juillet 2000
Le 4 juillet dernier, la Commission Administrative Paritaire des personnels chargés de recherche du CNRS, qui réunit des représentants de l'administration et des syndicats a consacré de longues heures à l'examen des activités négationnistes de Serge Thion, l'un des principaux activistes faurissonniens français. Une majorité des participants à cette réunion avait pris soin de placer dans son dossier un tirage des articles et des documents publiés au cours des trois derniers mois sur ...amnistia (voir notre dossier "CNRS: des taupes négationnistes dans les labos")
Serge Thion qui avait la possibilité de venir défendre son point de vue et de se faire assister d'un conseil, n'a fait qu'une brève apparition, dédaignant le fonctionnement légal de l'institution. Les preuves abondaient qu'il ne s'était pas privé d'utiliser les moyens mis à sa disposition par le CNRS et la Maison des Sciences de l'Homme pour développer sa propagande antisémite. Au moment du vote, les seize personnes présentes ont voté de manière unanime la demande de révocation de Serge Thion du CNRS. Madame Bréchignac devrait contresigner cette décison dans les prochains jours.
Quelques minutes avant la réunion de la commission, un tract prenant la défense de Serge Thion a été distribué à quelques dizaines d'exemplaires au siège de la direction du CNRS. Le rédacteur du texte jugeait que "les reproches d'ordre professionnels sont faibles", que "L'activité extraprofessionelle négationniste de ce chercheur relève de la Justice" et "qu'aucun élément incriminant l'activité de ce chercheur ne figurait dans son dossier". Le plus surprenant était que ce texte portait l'entête du syndicat CGT de la Recherche Scientifique! Il s'agissait, en fait, d'un faux rédigé par un seul adhérent, Michel Pierre, au mépris des règles de fonctionnement du syndicat. Il a aussitôt été désavoué par un communiqué du SNTRS-CGT rappelant que ses élus avaient voté la demande de révocation du chercheur négationniste.
On se souvient qu'il y a quelques mois, Serge Thion avait réussi à se présenter aux élections sur les listes de FO, obligeant ce syndicat à demander à ses électeurs de ne pas voter FO!
Faux tract, faux candidat, faux chercheur, mais vrai falsificateur!
Toute cette cataracte d'âneries, plus stupides les unes que les autres, se trouve sur un site de types recherchés par la police: www.amnistia.net
Un commentaire qui ne vient pas de chez nous (et sur lequel nous aurions à dire):
Gaz à tous les étages
La Publication par les éditions Reflex de textes réunis sous le titre "Libertaires et « ultra-gauche» contre le négationnisme "apporte d'intéressantes précisions sur l'évolution du négationnisme, la maladresse de certains, soupçonnés d' avoir été négationnistes et surtout, sur la triste dérive de quelques autres, issus de l' ultra-gauche.
En revanche, le cas du Grand inquisiteur Didier Daeninckx n'est pratiquement pas abordé, qui nous semble pourtant assez trouble. D'autant que sa politique de dénonciation alimente généreusement la polémique sur les négationnistes, qui en sont forcément les premiers bénéficiaires. On comprend mal que cet individu qui admet ne connaître l' ultra-gauche que depuis peu se laisse aller à donner des leçons de morale et de rectitude politique, dans la mesure où lui-même, relève du plus plat stalinisme. Cette engeance, qui ne craint aucun ridicule, s' active à restaurer partout les pratiques policières dont elle était le défenseur zélé en des temps plus cléments (pour elle-même). Ces stals se refont même une virginité en hurlant plus fort que quiconque contre le stalinisme " historique" et se trouvent souvent les premiers à accéder aux archives soviétiques si longtemps interdites. Vitupérant le négationnisme, Daeninckx pourrait s' employer à nous éclairer sur son propre compte, puisqu'il semble toujours prêt à braquer ses projecteurs sur les origines des uns et des autres. Le politically correct version Daeninckx ressemble aux théories esthétiques d'un Jdanov.
On a tout intérêt à traiter comme il le convient les Daeninckx oeil-d'après-Moscou et on est en droit de s'interroger sur la mollesse d'une certaine ultra-gauche qui n'a pas su dire qu'il s'agissait tout bêtement d'une de ces opérations de déstabilisaion dont les stals sont coutumiers et dont l' efficacité est avérée (pensons à la guerre d'Espagne, exemple des plus connus). Un Guillaume leur permet d'
accréditer leur opération de délation: les salopes contribuant au fond au même résultat, le dernier nommé ayant, non sons habileté, joué un rôle assez semblable, mais avec d'autres moyens,par rapport à l' ultra-gauche. Foutant le merdier cherchant à mouiller tout le monde.
Répondre à la confusion habilement entretenue par les Daeninckx et les Guillaume, n'implique pas la création de fronts anti-fascistes » et autres couillonnades dont les stals ont le brevet ! On nous reprocheara sûrement de pratiquer l' amalgame entre stals et nazis, laissons à d'autres le détail et l'établissement d'une ligne de démarcation. S'il est malsain de plaisanter comme je le fais sur un sujet aussi sérieux que le négationnisme, il n' est pas moins douteux d' en exagérer les ramifications jusqu'à le considérer comme un surgeon naturel et plein d'avenir de l'ultra-gauche,en utilisant
la méthode paranoïaque d'assimilation : les amis de tes amis sont tes amis. Autrement dit, puisqu' une minorité ou sein de l'ultra-gauche développa des thèses révisionniste et négationnistes, toute l' ultra-gauche est susceptible de contracter le virus, si ce n'est déjà fait. NuI doute, oeil Daeninckx que tes éditeurs apprécieront à sa juste valeur ton art des relations publiques, tant qu'il se trouvera
des organes tels que Le Monde pour te servir complaisamment de chambre d' écho. Le jour où les indics voleront, tu seras chef d'escadrille.
En dehors de ton propre cas, relativement banal et fort trivial, plus sérieuse que l' étalage de potins aurait été 1'étude de ce qui aamené une fraction de l'ultra-gauche, aussi minime soit-elle, à pousser aussi loin le bouchon. Elle aurait permis de ramener au grand jour quelques phénomènes peu analysés, propres à la situation des intellectuels Et dont George Orwell eut la ferme intuition.
Dons la perspective de l' extrémisme c'est assurément le sentiment d'impuissance qui crée le renégat et c'est dans les époques de reflux de la révolution -- en Allemagne a la montée du nazisme ou en Italie à celle du fascisme, par exemple -- que s'opèrent des conversions des plus spectaculaires , ou nom d'une autre révolution (souvent de signe inverse); d' autant que le passage dans le camp opposé n'implique pas forcément l'abandon du camp prolétarien !
Pour choisir un terrain historique moins tragique, la fin des années 70 signifia pour l' ultra-gauche, en France au moins, l'entrée dans l'indifférence, l'ébullition provoquée par Mai 68 était retombée, ce qui se traduisit symboliquement par l'avènenent du socialisme, la caricature la plus aboutie de l'idée de gauche.
Faute de pouvoir développer de manière plus extrême sa théorie en relation avec une pratique -- plus ou moins de bâtir une théorie du reflux utilisable -- l'ultra-gauche dut céder le pas à une méta-critique (dont Baudrillard est l'exemple le plus significatif, critique grimpant sur ses propres épaules et qui n'en finit plus de décrire le (son) vide absolu : cet au-delà du Tout, du spectacle, de l'
économie, du politique, de la modernité, de tout ce qu'on veut. N'ayant plus affaire qu'à elle- même, elle se meut en un ciel critique en comparaison duquel le post-hégélianisme décrit par Marx , dans « La Sainte Famille » ressemble à un terrain vague. Cette critique -là appartient à l'université et n' en sortira jamais, l' ironie c' est qui elle puisse être considéré comme le nec plus ultra de la théorie
révolutionnaire.
On conçoit que 1'ultra-gauche traditionnelle éprouvât un vif agacement, ses idées ne suscitant plus grand engouement. (« les thèses de l'ultra-gauche sur le capitalisme, la démocratie, le communisme et la Gemeinsweisen, rappela avec humour François-Georges Lavaquerie, rencontraient peu d'échos »), certains estimant que la place de l'IS. restait à prendre, bien que tous se défendirent de le
dire et parfois même de le penser!
Las de parler dans le vide et de ne plus intéresser qu' eux-mêmes, certains forcèrent le jeu du dévoilement jusqu'à se convaincre de découvrir que le mensonge le plus abouti du capital était le «mensonge juif», visant à justifier le triomphe définitif du capitalisme après la seconde guerre mondiale, les vainqueurs étant donc l' Amérique et la puissance de « l'argent juif ».
Derrière ce gratte-ciel théorique. on aperçoit le vieil et sinistre édifice de l'antisémitisme de toujours, dont David Bosc nous rappelait tout récemment l'existence, parlant de « l'antisémitisme anarchiste, peu militant mais fortement rivé, dès ses origines. « Depuis Proudhon jusqu'aux théoriciens anarchistes qui « prirent appui sur l'assimilation de « juif » à «grand Capital » (...) On parlait ainsi
du « mouvement socialiste judaïsant » pour désigner les adeptes de Marx et da Lossalle. » Georges Darien ). Bosc rappelle en outre «a quel point furent proches les socialistes-antisémites, rangés derrière Drumont,. et les libertaires -- dont certains, comme Malato et Zévaco. rêvaient d'une coalition»
Aujourd'hui, le vieil antisémitisme se trouve doté d'une nouvelle théorie, flambante, bien que moins neuve qu'il n'y paraît, assimilant pourtant certains aspects de la modernité. A force de rechercher le scandale d' une subversion pour eux introuvable, l' ultra-gauche version Pierre Guillaume, accoucha d'un vrai scandale, celui , qui rendait innacceptable l'ultra-gauche : le négationnisme fut son épate-bourgeois. Chez Pierre Guillaume et quelques ex-ultra-gauchistes le processus est logique : tant que l'on parle d' eux, on concourt a perpétuer une politique du scandale où ils ont toujours plus à gagner qu'à perdre. Leur extrémisme enfin connu leur semblera toujours préférable à leur obscur passé.
Découvrant un complot juif à la racine de tous nos maux et surtout du mensonge global de l'après- guerre, ils atteignirent à l'insupportable et telle était leur version de la dialectique qu'ils touchaient là, et enfin, à la vérité absolue puisque radicalement inacceptable et donc totalement tue. Les chambres a gaz n'avaient jamais existé, l'intoxicateur était le juif pardon le sionisme. A force d'effets de manche et de publicité bien comprise, le clan Guillaume se retrouva sur le terrain solide, connu, de l'antisémitisme international, institutionnel et populaire, qui pouvait fort bien s'accommoder de tels enragés et même y trouver quelque profit, tant ils mettaient d' acharnement à multiplier les écrits.
La poignée de révisionnistes issue de l' ultra-gauche trouva à ses côtes le petit peuple de la droite extrémiste, pas si petit d'ailleurs quand on considère son implantation populaire, et pour des gens qui avaient généralement perdu tout contact avec qui que ce soit (en dehors de leur secte) ce devait être là un sentiment bien nouveau et très revigorant. Enfin, la critique déchaînait les passions et trouvait même un ennemi déclaré. La publicité faite à Faurisson et le déchaînement d'une gauche bien pensante réclamant censure et sanctions transforma des délires peu consistants en vérités extrêmes.
Plutôt que de se pâmer devant un tel déploiement d'idées choc et d' engager le combat sur le terrain à jamais miné des médias, il aurait mieux valu considérer de près ta mutation qui s' était opérée au sein de nos sociétés. voir comment toute une partie de la clientèle de la gauche avait pu passer dans le camp opposé -- non que cette gauche fût en quoi que ce soit révolutionnaire, s'il est utile de le préciser --, comprendre aussi que la diabolisation du fascisme était une réponse grossière et même une erreur.
L'ultra-gauche ne sut pas toujours appréhender le « mouvement prolétarien » c ' est-à-dire aussi le mouvement interne au prolétariat, non celui qui l' entraînait mécaniquement vers une issue révolutionnaire. Le temps n' est plus et n' est jamais aux coquetteries de fonctions : libertaires et ultra-gauchistes ont accompli tant bien que mal, leur tour de XXe siècle, Ils sauront se fondre dans le mouvement général afin de devenir eux-mêmes ou disparaître.
François B
Texte extrait du N°6 de dissensus
DÉLATEUR À CINQ PATATES PAR MOIS
RÉFORMÉ POUR "DÉFICIENCE MENTALE"
L'HAGIOGRAPHIE DU JOURNAL "LIBERATION"
Par LUC LE VAILLANT
Le 14/3/97
Il aurait pu rédiger des thèses d'histoire, il écrit des polars. Et c'est beaucoup plus efficace. Auteur reconnu du genre, Didier Daeninckx se sert du roman noir pour refaire surgir des événements passés sous silence. Pour lui, il y a toujours des choses cachées derrière les choses, des occultations policières, des mystifications d'Etat. Ce fils d'Aubervilliers entend raviver la mémoire de la «piétaille oubliée», des «figurants de l'arrière-scène». Son flic fétiche, l'inspecteur Cadin, terne et fatigué, se doit d'être l'«éclaireur des dysfonctionnements démocratiques». Mais Daeninckx-écrivain vit en siamois avec Daeninckx-citoyen. Et ce dernier se fait fort de remonter des pistes tout aussi troubles. En fox-terrier crochant dans les jarrets du passé, Daeninckx-citoyen piste les «rouges-bruns», fait feu sur les négationnistes et scrute les arrière-fonds des convictions. Quitte à viser juste mais aussi à répandre le soupçon. Quitte à finir en Saint-Just de la pensée et à se perdre dans un désir de perfection qui, par ailleurs, le voit réécrire un roman de jeunesse pour n'avoir plus à en rougir (1).
La mémoire longue. La démarche de Daeninckx tient dans cette assurance qu'«en oubliant le passé, on se condamne à le revivre». Alors, via la fiction, il exhume les manifestants algériens jetés à la Seine en 1961 par la police du préfet Papon. Il retrouve les Maliens perdus des charters Pasqua. Il débusque les accointances coupables entre anciens communistes et néofascistes. Et parfois, tout à sa poursuite d'une pureté de trajectoire, tout à son éradication des embardées idéologiques et des pas de clerc pas très clairs, il s'en prend même à Gilles Perrault, qu'il considéra longtemps comme l'un de ses maîtres. Au risque, en s'acharnant sur un proche, de contenter le lointain...
La mémoire seule. Daeninckx aime l'enquête tatillonne et ne déteste pas la solitude. Stature passe-partout mais barbiche façon d'Artagnan, il vibre de se dresser sous la vindicte de la salle et, leveur d'omerta, de clouer ses arguments avec un martelé profus. Ah, débusquer l'infamie, prêcher dans le désert et puis, enfin, qu'on se rende à ses raisons... Un militant d'extrême gauche, agacé: «Daeninckx se voit en redresseur de torts, en rédempteur. Il croit qu'il a une mission à accomplir.» Patrick Raynal, directeur de la Série noire, plus nuancé: «Didier est double. C'est à la fois un traqueur implacable et le plus gentil des hommes. Un des seul écrivains qui s'intéresse tellement
peu à son ego qu'il a toujours le coeur sur la main.»
La mémoire désobéissante. Mais qu'est-ce qui pousse celui qui pourrait se contenter d'organiser son passage vers la littérature en habits, à se faire puisatier de vérité au risque de se fracasser sur la margelle de sa paranoïa? Le télescopage des origines peut-être. Daeninckx est issu d'une irréconciliable opposition entre anarchisme et communisme. Côté paternel, c'est des désobéissants, des réfractaires à l'ordre des choses, des cracheurs de mépris aux pieds des souliers à clous, de ceux qui auront toujours maille à partir avec la bêtise galonnée. L'ancêtre flamand déserte l'armée belge, juché sur son cheval et campé sur son honneur. Lille, la route des Flandres, la banlieue nord. Le grand-père menuisier-ébéniste déserte en 1917 après un frère mort au combat et trois ans de tranchée. Il échappe aux pelotons d'exécution. A son petit-fils, il lègue le refus de toute implication hiérarchique: «Fais gaffe, lui disait-il. Ne deviens jamais petit chef de quoi que ce soit. Ils s'appellent contremaîtres mais en fait, ils sont pour» (2). Le père, lui, travaille dès 14 ans dans l'usine Hotchkiss, moteurs et mitraillettes. Il est enrôlé dans la première armée française de l'après-guerre. Il contracte la tuberculose, on lui refuse une pension d'invalidité. Il intente
un procès. Ne leur lâche pas les basques. Ça dure douze ans. Il gagne, touche un petit pactole. Mène la vie, hante les champs de course, ouvre portes et fenêtres. Daeninckx, lui, sera réformé P4. «Pour déficience mentale».
La mémoire ordonnée. Côté maternel, c'est des communistes. Les hommes de la lignée sont cheminots et élus locaux. La mère est cuisinière à la cantine municipale, mais aussi discrète porteuse de valises républicaines dans l'Espagne de Franco. On loge en HLM à la cité Robespierre, on serre la main à Youri Gagarine, on héberge des émissaires de Hanoï dans sa chambre, et on est fier d'être de cette «ceinture rouge» qui ne devrait pas tarder à étrangler le bourgeois. Et, bien sûr, on appartient au Parti communiste. Daeninckx le quittera en 1982, écoeuré, dit-il, par le «vote révolutionnaire» pour Giscard. Auparavant, il en aura avalé de belles sans déglutir. Pour compenser, il insiste sur son grand-père maire de Stains avant-guerre et mis à l'index pour refus du pacte germano-soviétique. Il rappelle comment sa mère fit office de garde-malade auprès de Waldeck-Rochet, «rendu fou, raconte-t-il, par les trahisons du soviétisme brejnévien» (2). Il affiche sa proximité avec les refondateurs comme Jack Ralite. Il parle de sa compagne d'origine italienne, fille d'opposants à Mussolini. Mais il pourrait aussi bien dire l'échec scolaire du «fils d'ouvrier "formaté" pour devenir instituteur», l'imprimeur de 19 ans qui vit dans une piaule sinistre et qui regarde les étudiants de 68 avec un mélange de fascination et de hargne, la difficulté à écrire et à se faire publier quand on n'est pas du sérail et la contre-société communiste qui rassure quand les ciels personnels s'assombrissent.
La mémoire du lieu. Ses parents étaient divorcés. Lui n'a jamais recollé les morceaux anarchie-communisme. Ces couples de forces contraires le font avancer, au risque de le faire tourner en bourrique. Pour continuer à se tenir droit, il a refusé de quitter sa banlieue nord.
Aubervilliers, c'est son honneur et son bonheur. Petite maison de trois étages, chaussons dans l'escalier, la grand-mère malade en bas, le bureau en haut. Dans sa bibliothèque idéale: Desnos, Queneau, Zola, Aragon, Céline, Martin Eden de Jack London. «Et aussi Francis
Ponge». Dehors, une ville tout à lui. Il y jardine le souvenir des abattoirs et de ces étés d'avant où «une odeur lourde de chairs surchauffés, d'exploitation de cadavres, venait se bloquer sur le bitume» (2). Il y salue ses potes de toujours: «Il y a dans la ville ouvrière, et peut-être plus encore à Aubervilliers, une conscience qu'on y arrivera tous ensemble, et que le ciment de cette échappée vers
le haut s'appelle la dignité» (2).
Il y croise les ombres de Tillon, chef FTP, mais aussi de Doriot ou de Laval qui kidnappèrent les suffrages du coin ? d'où son hypersensibilité aux glissements rouges-brun. Ici, il y aussi l'église qu'il regarde avec «une totale indifférence» et les rades où il aime boire de la bière. Et il a beau avouer des revenus confortables (environ 50 000 F mensuels), il reste pour toujours un «gars d'Auber». Un de ceux qui sont nés à «contresens».
(1) Mort au premier tour, Ed Denoël.
(2) Ecrire en contre , (entretiens) éd. Parole d'Aube.
Libération
http://www.liberation.com /quotidien/portrait/daen.html
( Note du responsable du site aredam.net : Amnistia.net se trouve au 111 rue Ordener à Paris 18ème, métro Jules Joffrin, ligne 12 Porte de la Chapelle - Mairie d'Issy, dans un tranquille immeuble cossu, en pierres de taille, aux cuivres bien astiqués, aux boiseries et au parquet bien encaustiqués, bien bourgeois, juste à côté de l'entrée de la Mairie du 18ème et de l'entrée
du métro. Didier Daeninckx. n'habite donc plus dans sa banlieue populaire, avec ses odeurs, son non-droit, ses métèques révoltés, ses rambo-pénistes des Brigades anti-criminalité aux sirène hurlantes et aux bavures légales, ses encadreurs sociaux, et ses HLM décrépis. Didier Daeninckx a sûrement réussi matériellement, mais a-t-il réussi sentimentalement ? La rédaction du site aredam.net se pose la question, et accueillerait avec gratitude, toute information au sujet de la vie sentimentale, affective, spirituelle, émotionnelle, et très éventuellement sexuelle ( fait-il souvent tremper son haricot flageolet flageolant - avant cuisson ? ) de Didier Daeninkcx, car seule une frustration immense, intense et sans fond, peut expliquer l'incommensurable méchanceté incrustée dans les ongles de l'âme de ce pauvre Didi, qu'il faut avant tout comprendre, plaindre et aider, tant ça va mal pour lui, sûr alors ! ).
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