Site internet http://www.aredam.net

 

Voir les nouveautés sur le site : http://www.aredam.net/divers.html

 

Titre de cette page :
http://www.aredam.net/conditionnement-enfermement.html

 

Conditionnement et enfermement

Il m’a semblé utile d’informer sur les motivations réelles qui sous-tendent ma démarche politique.

Dès la reprise de mes études d’architecture, j’ai fait le choix de m’orienter vers la recherche, et cela dans le domaine politique.

Ces études, totalement pluridisciplinaires, que nos professeurs définissaient comme étant la dernière discipline humaniste (dans l’ancienne acceptation du terme, signifiant englobant tout), s’y prêtaient. Je me souviens que lors du discours d’accueil des étudiants, en première année, avoir entendu que les études d’architecture menaient à tout, à condition d’en sortir. On nous conviait ouvertement à passer ce diplôme pour créer de nouvelles voies.

Toute recherche se définit par quatre éléments :

1 – L’objet de la recherche. Dans mon cas, il s’agit du conditionnement, et de l’enfermement dans la répétition qui en résulte, de l’incapacité à changer, à évoluer, à se transformer, à s’ouvrir à autrui et à d’autres modes de pensée et d’être, à s’écarter d’une ligne de conduite, et même à rechercher systématiquement à intégrer une prison mentale. C’est typiquement le cas de ceux qui veulent œuvrer politiquement pour le progrès et la liberté, et qui intègrent l’idéologie marxiste, par exemple.

2 – Le domaine de la recherche. Dans mon cas, il s’agit du domaine politique ; la politique étant à prendre au sens large, c'est-à-dire non pas celui de la classe politique du type occidentale, qui n’est que le service d’encadrement de la masse populaire pour le compte des tenants du pouvoir, qui est économique, mais tout ce qui intéresse les affaires publiques.

3 – La méthode de travail. Cette méthode ne peut qu’être celle scientifique, c'est-à-dire fondée sur la seule observation et l’expérimentation, la collecte de faits et de documents, et la comparaison.

4 – Le quatrième élément de la recherche est facultatif. Il s’agit du but de la recherche. Le but d’une recherche apparaît lors des recherches dites « appliquées ». On peut faire une recherche purement fondamentale. Par exemple comprendre ce qu’est le conditionnement. Dans le cas du conditionnement, ce but co-existe d’emblée avec l’objet de la recherche, car comprendre ce qu’est le conditionnement provoque forcément la disparition du conditionnement et la libération de l’enfermement. Aussi, dans mon cas, il n’y a pas à rechercher spécifiquement ce but.

Il est évident que cette recherche heurte au plus profond le pilier unique sur lequel repose toute société humaine, et évidemment provoque des réactions de défense de la part de la société. C’est comme tâter un faisceau de nerfs sans anesthésie.

De plus il est impossible d’avancer dans cette voie sans devoir affronter son propre conditionnement, sans sortir de son propre enfermement, lesquels sont intriqués avec les conditionnement et enfermement généraux.

Il faut rappeler là que le terme « conditionnement » définit avant tout ce qui se rapporte à la situation dans l’échelle sociale. La « condition » est la place occupée à une certaine hauteur de la pyramide humaine. Un homme dans l’ancien temps était défini comme de « bonne condition », par opposition à l’homme « de rien ».

La caricature de société humaine pyramidale est la société indienne de castes, dont la plus élevée, est celle des brahmanes, et la plus basse, celle des intouchables, des « hors castes ». La classe des hors castes contient une infinité de sous groupes, car il y a toujours, presque magiquement, un groupe inférieur à un autre, encore plus dépourvu de droits, et que les hors castes supérieurs peuvent dominer et mépriser. Les hors castes en Inde représentent environ 1/5 de la population.

Dans notre régime occidental, nous possédons l’équivalent indien, sous la forme de ces élus similaires aux brahmanes et des intouchables, qui sont dénommés nazis.

Il faut là comprendre que l’idée de condition implique la conception de l’état humain, lequel est binaire, manichéen, constitué de deux pôles antinomiques, qui s’excluent. C’est une conception exclusive de l’existence. Il y a fondamentalement la situation de celui qui est intégré dans l’échelle sociale, et celui qui est exclu de cette échelle.

Celui qui est intégré dans l’échelle sociale, à quelque niveau que ce soit, possède des droits et une existence reconnue.

Celui qui est exclu de cette échelle, n’est rien. Il ne possède aucun droit.

Tout se passe entre être intégré, faire partie, soit être, ou être exclu, soit ne pas être.

Le conditionnement est le façonnage de l’individu pour qu’il s’adapte à une condition sociale prédéterminée, qu’il gagne « sa » place dans la pyramide sociale.

Ce façonnage est réalisé par ce que les psychologues nomment le renforcement positif et négatif.

Chacun peut ressentir ce renforcement par la petite angoisse qui pointe lorsque l’on décide de faire ce qui s’écarte de la règle, ou par le plaisir qu’on ressent à accomplir ce qui entre dans la règle.

C’est ce qu’on nomme la carotte et le bâton.

Le bâton fondamental, appliqué à tout individu nouvellement apparu au monde, est celui de la menace d’être exclu, de devenir un hors caste, soit une proie désignée implicitement comme telle, à la merci de tous ceux qui sont intégrés. Le milieu familial est en charge de manipuler cette menace (« Tu ne feras jamais rien dans la vie … »).

La carotte fondamentale est à l’inverse du bâton, la perspective donnée d’une bonne intégration, et de ses jouissances, une bonne situation, un bon métier.

Implicitement, on inculque à celui qui s’intègre qu’il sera un chasseur et non une proie.

Le conditionnement est donc fondé sur la peur d’être tué, et sur le plaisir de tuer.

Cette peur et ce plaisir sont le plus profondément incrustés dans l’appareil psychique humain, cela dès la naissance.

Chaque tentative pour s’écarter de ce déterminisme provoque une angoisse d’autant plus incoercible, qu’elle n’apparaît pas comme étant causée par un évènement visible.

Il faut réaliser que les conséquences du conditionnement sont multiples.

La vision du monde pour l’être conditionné est uniquement d’un monde vertical, d’un monde partagé entre un bas et un haut, où la dimension horizontale n’existe pas, un monde sans substance, sans corporalité, une abstraction.

Le conditionnement produit des êtres coupés de l’univers, hors le monde.

On commence à en voir concrètement les effets.

Michel DAKAR, Paris, le 4 mai 2010.