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Site internet Le Figaro Assassinats politiques à Tunis : les salafistes
désignés coupables Par Julie Schneider Publié le 26/07/2013 À l'opposition, qui les juge responsables des assassinats de Mohammed Brahmi et de Chokri Belaïd, les islamistes d'Ennahda au pouvoir répondent que ces crimes sont l'œuvre d'extrémistes. Lors d'une conférence de presse retransmise en direct sur la télévision nationale, le ministère de l'Intérieur a diffusé les clichés des principaux suspects, déjà exposés il y a quelques mois. L'un d'eux, Boubaker Hakim, est resté plusieurs minutes à l'écran. Il est présenté par Lotfi Ben Jeddou, le ministre de l'Intérieur, comme «un élément salafiste extrémiste», «un élément terroriste parmi les plus dangereux». Trente ans, né à Paris, le visage rond, crâne rasé, barbe et moustache noire selon le cliché diffusé, Boubaker Hakim était déjà recherché pour détention et trafic d'armes et soupçonné d'être impliqué dans l'assassinat de Chokri Belaïd, il y a près de six mois. Récemment, il aurait échappé à la police lors d'un assaut à son domicile. «Deux bombes artisanales, des munitions, un revolver et des armes blanches ont été saisis», a précisé de son côté le directeur de la sûreté publique, alors qu'une photo de l'arsenal, soi-disant trouvé, apparaît. Dans le bureau de Meherzia Laabidi, la vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, élue du parti islamiste Ennahda au pouvoir, une vingtaine de députés fixent religieusement l'écran, au fond du palais beylical, vide en cette journée de deuil national: «Je pense que ces jeunes, aussi extrémistes soient-ils, ne sont que des exécutants. On aimerait que le ministère de l'Intérieur nous dévoile les noms des commanditaires», souhaite Meherzia Laabidi. Elle se dit «profondément choquée» par l'assassinat de son «collègue», alors que son parti est pointé du doigt par les familles, les partisans d'extrême gauche de Chokri Belaïd et Mohammed Brahmi et les responsables de l'opposition. Dans le quartier des martyrs À travers les fenêtres du palais du Bardo, les slogans des manifestants arrivent jusqu'aux députés: «Ghannouchi assassin», lance la foule, en colère contre le «guide» d'Ennahda. «On termine la phase de transition. Jeudi, un consensus a été annoncé sur le chapitre le plus litigieux de la Constitution: celui des droits et libertés. L'instance de la justice a été élue. Celle des élections était sur le point de l'être. Qui peut croire qu'Ennahda est derrière cela? Ce serait vraiment nous tirer une balle dans le pied», se défend la députée islamiste Meherzia Laabidi. «Nous ne disposons d'aucun élément prouvant l'implication d'un parti politique» en Tunisie, surenchérit de son côté le ministre de l'Intérieur. «Les suspects sont des extrémistes radicaux, certains d'entre eux appartiennent à Ansar al-Charia», principal mouvement djihadiste en Tunisie, accuse ce ministre indépendant, nommé en mars à la suite de l'assassinat de Chokri Belaïd. «En tant que conseil de l'ordre des avocats, nous avons averti à plusieurs reprises: les criminels sont toujours dans les rues sans que la justice ne s'en prenne à eux», dénonce Me Mahdoudh, bâtonnier de Tunis, alors qu'il défile sous une chaleur étouffante sur l'avenue Bourguiba, en fin de matinée. Ils sont peut-être un millier, des avocats, syndicalistes, citoyens, et n'ont qu'un seul mot d'ordre: renverser le gouvernement et dissoudre l'Assemblée. Quelques heures après, des militants d'Ennahda, tenant des portraits de Mohammed Brahmi, scandaient: «Le peuple veut l'union nationale.» Depuis jeudi, le pays est secoué par de nombreuses manifestations. Samedi, les funérailles de Mohammed Brahmi se dérouleront à Tunis. Il devrait être inhumé au cimetière du Djellaz, dans le carré des martyrs, à côté de Chokri Belaïd.
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