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Monde - le 18 Février 2000

Jean-François Poirier l'indésirable

Jean-François Poirier, professeur de philosophie allemande à l'Institut supérieur des sciences humaines de Tunis, a été expulsé de Tunisie, le 15 février dernier. Pour les responsables de l'Institut, " le niveau pédagogique de l'intéressé n'était pas suffisant pour justifier un engagement permanent ". Ce serait donc pour ces raisons qu'il a été mis fin à sa " période d'essai " et qu'il aurait donc été contraint de quitter le pays.

La réalité est moins prosaïque que ne le prétendent les responsables tunisiens qui, par ailleurs, estiment que la pétition signée par 101 personnalités d'Europe et du Maghreb, dont 26 députés européens, dénonçant " la répression des universitaires en Tunisie ", " porte gravement atteinte à l'honneur de l'université tunisienne ".

En fait, en marge de son travail à l'université tunisienne, Jean-François Poirier était directeur littéraire d'une maison d'éditions tunisienne, Aloes, dont l'un des responsables n'est autre que Sihem Ben Sedrine, journaliste et membre fondatrice du CNLT (Comité national pour les libertés en Tunisie), non autorisé par les autorités du pays. Il préparait avec cette jeune femme, constamment harcelée par la police tunisienne pour son action en faveur des droits de l'homme, la sortie d'un livre de Jean-Pierre Foucault. De plus, en rapport avec le journaliste Toufik Ben Brik, également membre du CNLT, Jean-François Poirier a recueilli des témoignages, sur les émeutes sociales qui sont secoué le sud tunisien, notamment à Hamma et Gabès.

Les témoignages recueillis, la fréquentation de ces deux militants ont sans doute été dès lors les accélérateurs de son expulsion. L'universitaire a été convoqué au ministère de l'intérieur qui lui avait donné trente heures pour faire ses bagages. En bref, au pays du président Ben Ali, il n'est pas bien indiqué de s'intéresser aux droits de l'homme.

Hassane Zerrouky