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C.R.L.D.H. Tunisie
Comité pour le Respect des Libertés
et des Droits de l’Homme en Tunisie
21 ter rue Voltaire 75011 Paris- France fax : (33) 0169058961
E-Mail : crldht@aol..com http :// www.maghreb-ddh.sgdg.org
membre du Réseau Euro-méditerranéen
des Droits de l’Homme
INFORMATIONS
1. Déclaration de constitution du Comité
de soutien à Hamma Hammami
2. LES RERESAILES DES AUTORITES TUNISIENNS A l’ENCONTRE DE JEAN-FRANCOIS
POIRIER COFONDATEUR DE LA MAISON D’EDITION ALOES
3. Une pétition de soutien à Jean-François Poirier
et à la maison d’édition Aloès : Non à
la punition de la libre pensée
4. Lettre ouverte à monsieur le ministre de la justice
5. Mohamed Hedi Sassi victime d’un " rodéo " policier
6. Maitre Anouar Kousri continue de faire l’objet d’un harcelement
incessant. Le CRLDHT craint pour sa sécurité.
7. Communiqué de Daniel Mermet , journaliste à France Inter
8. Le Groupe de travail sur la Tunisie (GTT) réagit à LA
flagorneRie d’un ancien élu suisse
Déclaration de constitution du Comité de soutien à
Hamma Hammami
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Nous, signataires de la présente déclaration ,
Considérant que la Constitution et les Conventions internationales
garantissant à tout citoyen le droit à une vie familiale
sereine et le libre exercice de ses droits civiques et politiques,
Compte tenu du fait que M. Hamma Hammami, porte-parole du Parti Ouvrier
Communiste Tunisien (PCOT) condamné par contumace à plus
de neuf années de prison, à l’issue d’un procès
d’opinion se trouve traqué depuis deux ans par toutes les
polices de Tunisie.
Compte tenu de la contrainte faite à M. Hamma Hammami de vivre
séparé de sa famille et en particulier de sa fille Sarra
qu’il n’a jamais vue depuis sa naissance en juin 1999.
Considérant le harcèlement policier qu’endurent quotidiennement
son épouse, Maître Radhia Nasraoui, et ses trois filles,
Annonçons la création du Comité National de Soutien
à Hamma Hammami et appelons toutes les personnalités, toutes
les organisations nationales et internationales ainsi que les personnes
attachées au respect des droits humains, à se mobiliser
pour mettre un terme à cette injustice flagrante.
De même, nous appelons les autorités tunisiennes à
cesser de traquer M. Hammami et de terroriser sa famille, et à
opter pour une issue politique à cette affaire en classant définitivement
ce dossier.
Signatures :
Salah Hamzaoui, universitaire (Président du Comité)
Azzouna Jelloul, universitaire, Ben Jaafar Mustapha, Secrétaire
général du FDTL, Ben Salem Ali, Trésorier du CNLT,
Ben Sedrine Sihem, journaliste, Bida Jameleddine, avocat, Chaïeb
Mohamed Tahar, universitaire. Chammari Khemais, ex-vice Président
LTDH, Ellouze Mongi, fonctionnaire, Essid Béchir, avocat, Jemour
Mohamed, avocat, Jendoubi Kamel, porte-parole du CRLDHT, Hammami Ayachi,
avocat, Hosni Mohamed Nejib, avocat, Khiari Sadri, peintre, Kousri Anouar,
avocat, Ksila Fatma, enseignate Ksila Khemaïs, vice-président
LTDH, Marzouk Neji, éditeur, Marzouki Moncef, porte-parole du CNLT,
Mestiri Omar, secrétaire général du CNLT, Moada Mohamed,
Président du MDS, Trifi Mokhtar, avocat, Ziadi Habib, avocat, Zoghlami
Jalel, juriste,
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LES RERESAILES DES AUTORITES TUNISIENNS A l’ENCONTRE DE JEAN-FRANCOIS
POIRIER COFONDATEUR DE LA MAISON D’EDITION ALOES
Monsieur Jean Francois Poirier vit en Tunisie depuis le mois d’octobre.
Il est professeur de littérature et de philosophie à l’Institut
Supérieur des Sciences Humaines : 26 avenue Darghouth Pacha 1007
et co fondateur de la maison d’édition Aloès où
il assure la fonction de conseiller littéraire et de directeur
de collection. Les responsables de la maison d’édition ont
fait l’objet de harcèlements, émanant d’un groupe
occulte, ainsi que de menaces à peines voilées pour les
impliquer dans une affaire de drogue, proférées, sous la
forme d’une " invitation à se méfier ",
par un fonctionnaire assermenté venu constater le cambriolage qui
a eu lieu dans la soirée du 8 décembre 1999 dans la chambre
occupée par Mr Jean François Poirier au 47, rue Abdelwahab,
1008 Tunis.
Mr Poirier qui vient d’être brutalement relevé de ses
fonctions d’enseignant exerce des activités purement pédagogiques
et culturelles et n’a aucune activité de nature à
provoquer le mécontentement des autorités tunisiennes. Son
seul tort est d’être associé avec Madame Sihem Ben
Sedrine, connue pour son engagement, ainsi que son épouse Omar
Mestiri , en faveur des libertés et les droits de l’homme
en Tunisie.
Dans une lettre adressée, le 12 janvier 2000, à Monsieur
l’Ambassadeur de France en Tunisie, Mr Jean François Poirier
écrivait après avoir rappelé la première lettre
qu’il a envoyée fin décembre à propos des vols
et menaces dont il a été victime depuis mon arrivée
à Tunis " que le harcèlement dont je me plaignais,
loin d’avoir faibli s’est au contraire intensifié.
Ainsi, la jeune maison d’édition Aloès dont je suis
l’un des cofondateurs et où je travaille comme directeur
de collection a été la victime d’un cambriolage dans
la nuit du 30 au 31 décembre 1999 et c’est cette fois l’ensemble
de notre matériel informatique et de nos archives qui a été
dérobé. La maison d’édition se réclame
de la culture méditerranéenne, elle a publié jusqu’ici
un roman de Ahmed Azouz et un livre scientifique sur les espèces
protégées de la Mer Méditerranée. Aloès
éditions envisage la publication d’un ouvrage sur Michel
Foucault en Tunisie, d’un recueil de textes du philosophe François
Châtelet qui a enseigné en Tunisie, d’une édition
d’essais historiques de Hichem Djaït, d’une traduction
en arabe des poèmes de Lorand Gaspar… c’est-à-dire
un programme strictement littéraire et scientifique qui ne peut
indisposer personne. Par ailleurs, j’ai eu l’extrême
surprise de m’entendre signifier hier 11 janvier 2000 par le Directeur
de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines (26 avenue
Dargouth Pacha, 1007 Tunis) qu’il était mis fin à
mes fonctions car le contrat que j’ai signé n’a pas
reçu l’agrément du Ministre. Or je n’avais été
recruté que parce que le Ministère avait donné son
accord oral mais formel à ma nomination en qualité d’assistant
à l’Institut, la signature des papiers définitifs
interviendrait plus tard m’avait-on assuré, mais il allait
de soi qu’elle ne pourrait être remise en cause et il m’a
d’ailleurs été délivré un certificat
d’exercice pour l’année 1999/2000. Je ne peux interpréter
ce refus que comme des représailles anti-françaises et une
réponse à la lettre de protestation que j’ai adressée
aux autorités de mon pays et qui a eu des répercussions
dans la presse française. La pression sur ma personne s’est
accentuée et ce sont maintenant mes visiteurs qui sont emmenés
de force au ministère de l’Intérieur et sont interrogés
sur mes faits et gestes, sur la nature de mes conversations et de mes
opinions. Je considère que ce sont là des procédés
intolérables et j’élève la plus vive protestation
contre le traitement qui m’est réservé. Je considère
que c’est à ma seule qualité de citoyen de français
que je dois de subir ces persécutions et je vous serai donc reconnaissant
de porter ces informations à la connaissance de Monsieur le Premier
Ministre de la France que j’ai déjà alerté
lors de mon séjour à Paris à la fin du mois de décembre
1999. Je souhaite en outre votre intervention pour que cesse le comportement
inqualifiable des autorités tunisiennes à mon égard
et pour que je sois immédiatement réintégré
dans mes fonctions d’assistant à l’Institut et rémunéré
sur la base qui était initialement prévue. Je vous demande
encore de faire en sorte que la sécurité de ma personne
et de mes biens soit assurée puisque des menaces explicites ont
été proférées contre moi. "
Le CRLDHT exprime son entière solidarité avec Mr Jean-François
Poirier et la Maison d’édition Aloès. Il demande aux
autorités tunisiennes de cesser les pressions et les intimidations
et de réintégrer Mr Poirier dans les fonctions pour lesquelles
il a obtenu l’accord formel des autorités compétentes.
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Une pétition de soutien à Jean-François Poirier et
à la maison d’édition Aloès
Non à la punition de la libre pensée
Nous avons appris avec une extrême surprise que Jean-François
Poirier qui enseignait la philosophie et l’histoire de l’art
depuis la rentrée 1999 à l’université de Tunis
s’est vu signifier le mercredi 12 janvier au cours d’une surveillance
d’examen que le contrat qu’il avait signé était
unilatéralement résilié. Cette fin brutale et non
motivée mise à ses fonctions ne peut s’expliquer autrement
que par son activité de directeur littéraire dans une maison
d’édition, Aloès, qui n’a pas l’heur de
plaire aux autorités parce que celle-ci compte parmi ses membres
des défenseurs des libertés publiques. La maison d’édition
qui se propose d’être à la confluence des cultures
méditerranéennes, doit publier prochainement un Foucault
en Tunisie, des recueils d’articles de François Châtelet,
Hichem Djaït, Abdallah Laroui, Jean-Luc Nancy, René Schérer,
Fathi Triki… autant dire un programme qui n’a rien de séditieux.
Nous protestons avec la plus grande énergie contre ces procédés
indignes d’une terre de culture comme la Tunisie et demandons aux
autorités tunisiennes la réintégration immédiate
de Jean-François Poirier comme professeur à l’Université
de Tunis.
Nom Qualité Signature
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Veuillez adresser vos signatures au CRLDHT ( crldht@aol.com ou par fax
331 69058961)
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Lettre ouverte à monsieur le ministre de la justice
(traduite de l’arabe)
Dans une lettre en date du 20 janvier 2000 adressé à Monsieur
le Ministre de la Justice , Khémaies Ksila écrivait : "
En l’absence des conditions d’un procès équitable,
j’ai été traduit en justice pour mes opinions et détenu
durant deux années dans des conditions carcérales inhumaines
puis relaxé le 22 septembre 1999 au bénéfice d’une
liberté qui reste conditionnelle. Ceci n’est que l’un
des aspects de l’injustice à laquelle je suis continuellement
soumis ainsi que ma famille ; ce n’est également qu’un
exemple de ce que continuent à subir dans mon pays les militants
des droits humains, les démocrates et les opposants politiques
de toutes tendances.
La période de détention quelle qu’en fut la dureté
et ce qui l’accompagna comme persécution systématique
de ma femme Fatma et de mes enfants par la police politique ne peuvent
cependant occulter les violations qui ont suivi ou qui lui sont antérieures
:
Ma voiture familiale a été saccagée suite à
un acte prémédité à l’aube du 5 décembre
1995, puis dans le but d’affamer ma famille, j’ai été
abusivement licencié de mon travail en février 1996 parallèlement
à la violation de mon droit de déplacement par la confiscation
arbitraire de mon passeport depuis le mois d’août 1996. Mon
épouse est aussi privée du sien et mes enfants interdits
de voyage depuis mars 1999.
Suite à ma libération, la situation
s’est encore dégradée : ma ligne téléphonique
est coupée depuis septembre 99, mon courrier est confisqué
et en plus de diverses tentatives d’intimidation, les services de
police politique intensifient leurs filatures rapprochées et la
surveillance constante de mon domicile.
En date du 17 décembre 99, ces graves abus dont je suis victime
ainsi que ma famille se sont transformés en une sérieuse
menace à ma vie. A cette date, après m’avoir suivi
dans une voiture banalisée portant immatriculation étrangère,
un agent en tenue civile est venu provoquer une collision occasionnant
à mon véhicule d’importants dégâts constituant
par là un acte volontaire et criminel visant mon intégrité
physique.
Monsieur le Ministre,
Je vous relate ces faits, puissiez vous saisir en tant que premier responsable
de la justice en cette période cruciale de l’histoire de
notre pays, l’injustice frappant tout citoyen convaincu d’opinions
autres que celles du pouvoir et attaché à son droit naturel
de les exprimer pacifiquement par les moyens civiques.
Je vous présente cela sachant que vous
n’êtes pas sans savoir tout ce qui précède,
ma lettre étant ouverte, afin de témoigner publiquement
et prendre l’opinion publique à témoin.
Je voudrais enfin, avant d’aborder l’objectif premier de cette
lettre ouverte trancher deux points importants se rapportant l’un
au principe du " respect des lois ", soient-elles mauvaises
et inconstitutionnelles, l’autre au respect de la réputation
du pays.
J’adopte personnellement ces principes comme étant des préalables
initialement revendiqués par les démocrates et les défenseurs
des droits humains qui appellent les gouvernants dont votre ministère
à s’y contraindre.
Nos interpellations sont nombreuses :
La confiscation des passeports de militants démocrates, d’opposants
ou même de leurs familles est-elle faite dans le respect des formes
légales ?
- Notre persécution policière et l’écoute de
nos téléphones quand ils ne sont pas coupés sont-elles
légales ?
Les licenciements abusifs et la privation de familles entières
d’une vie paisible et digne sont-ils légaux ?
Certaines publications orientées et douteuses bafouent-elles impunément
notre honneur dans le respect du droit ?
Qui porte la responsabilité de nuire à l’image de
notre pays à l’étranger ?
Est-ce ceux qui sont derrière toutes ces violations et d’autres
plus graves ou ceux qui les condamnent, en dénoncent les responsables
et appellent au respect des lois, des libertés et des droits humains
?
La réponse quant à la responsabilité du ternissement
de l’image du régime et du non respect des lois est maintenant
connue de façon éclatante. Il suffisait de poser les bonnes
questions.
Monsieur le ministre,
J’en reviens maintenant à l’objet de ma lettre ouverte.
Le 5 décembre 1995, je déposais plainte auprès du
poste de police de l’Ariana pour le saccage prémédité
de ma voiture familiale perpétré à l’aube du
même jour. Mes avocats ont déposé plainte auprès
de monsieur le Procureur de la République près du tribunal
de première instance de la même ville sous le numéro
34191/5 en date du 19/12/95.
A la suite de l’accident provoqué par la police à
l’aide d’une voiture à l’immatriculation connue
et communiquée, visant mon intégrité physique, j’ai
aussi enregistré une plainte auprès du Procureur de la République
près du tribunal de première instance de Tunis sous le numéro
51936/5 en date du 21 décembre 99.
Monsieur le ministre de la Justice
Des avocats témoignent que de nombreuses plaintes déposées
par des tunisiennes et des tunisiens dont le seul crime est d’être
des opposants, des parents d’opposants ou des militants des droits
de l’homme croupissent encore dans les tiroirs de messieurs les
procureurs de nombreux tribunaux.
Nous nous interrogeons sur le devenir de ces dossiers restés sans
suite ni instruction ni même classement respectant les formes, nous
trouvant ainsi devant une violation grave, celle du droit sacré
au recours utile et à l’accès à la justice.
En ce qui me concerne, je revendique le droit de vous demander de veiller
à l’efficacité de mon droit naturel et constitutionnel
de recours à la justice.
Monsieur le Ministre,
De telles attitudes de votre département contreviennent à
l’alinéa 3 de l’article 2 du Pacte international relatif
aux droits civiques et politiques signé par l’Etat tunisien
le 18 mars 1969 et ratifié le 23 mars 1976 intégrant ainsi
l’arsenal juridique national. Il stipule que :
" Les états parties au présent pacte s’engagent
à :
a - Garantir que toute personne dont les droits et libertés reconnues
dans le présent pacte auront été violés disposera
d’un recours utile, alors même que la violation aurait été
commise par des personnes agissant dans l’exercice de leurs fonctions
officielles.
b - Garantir que l’autorité compétente, judiciaire,
administrative ou législative, ou toute autre autorité compétente
selon la législation de l’Etat, statuera sur les droits de
la personne qui forme le recours et développera les possibilités
de recours juridictionnel.
c - Garantir la bonne suite donnée par les autorités compétentes
à tout recours qui aura été reconnu justifié
"
Comment prétendre aux conditions minimales de la citoyenneté
sans droit au travail et alors que moi-même et ma famille sommes
spoliés de nos droits à la libre circulation, au passeport,
au téléphone et à la correspondance ?
Comment monsieur le ministre puis-je rendre effectif mon droit d’expression
d’une opinion différente à l’abri des procès
et de l’emprisonnement ?
Dans quelle situation se trouve le citoyen tunisien privé de tous
ces droits, subissant toutes ces violations, quand votre ministère,
ajoutant à cela, ne garantit pas le dernier de ces droits : le
recours à la justice ?
Monsieur le ministre,
Je vous rends responsable de l’entrave faite à mon droit
et à celui de ma famille de recours à la justice et vous
informe ainsi que l’opinion publique que je n’épargnerais
aucune voie légitime pour la défense de mes droits et ceux
bafoués de mes concitoyens au sein des forces de progrès
dans leur combat pour la liberté et pour une citoyenneté
effective.
Khemaïs Ksila*
Khemaïs Ksila, vice-président de la Ligue Tunisienne pour
la Défense des Droits de l’Homme, membre du conseil d’administration
de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme.
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Mohamed Hedi Sassi victime d’un " rodéo " policier
Mohammed Hedi Sassi, ancien prisonnier d’opinion, s’est rendu
le vendredi 21 janvier à Bizerte (Nord) pour assister aux obsèques
d’un de ses amis décédé en Allemagne dont la
dépouille mortelle venait d’être rapatriée.
A la cérémonie de condoléances, il rencontre maître
Anouar Kousri, qui, vu l’heure avancée de la nuit, lui propose
en sa qualité d’ex-défenseur et ami de passer la nuit
chez lui, quitte à reprendre la route le lendemain tôt le
matin. Ce qui fut fait. Le jour suivant, samedi 22 janvier, sur la route
Bizerte-Tunis, une voiture banalisée de location, cette marque
utilisée habituellement dans les " rodéos " des
agents de la Sûreté de l’Etat contre les opposants,
a fait une queue de poisson au véhicule de Mohammed Hedi Sassi,
pour le contraindre à se garer. Surpris et croyant avoir affaire
à des malfrats, ce dernier parvient à se dégager,
mais, peine perdue, quelques minutes plus tard, il fut rattrapé
par la gendarmerie nationale cette fois-ci. Conduit au poste de police
d’Utique (30 km de Bizerte), il s’est vu confisquer son véhicule
et sa caméra vidéo, ensuite interrogé brutalement
sur les raisons de sa visite à Bizerte et sur ses liens avec Maître
Anouar Kousri.
Plus tard dans la journée, il fut ramené à Bizerte
pour indiquer aux agents de la Sûreté l’endroit où
il avait passé la nuit en l’occurrence la nouvelle résidence
de Maître Anouar Kousri sis Route Al Rima située à
cinq km de Bizerte.
Dans l’après-midi, la voiture de police a bord duquel se
trouvait Mohamed HADI Sassi prend la direction de Sousse pour joindre
la petite ville de Lamta à 250 Km de Bizerte , lieu de résidence
de l’interpellé . Au commissariat de police de Lamta Mr Hadi
Sassi fut contraint par la force à remettre aux agents les clefs
de son domicile et pendant qu’on l’interrogeait , la police
se livrait en toute illégalité à une perquisition
chez lui, ne trouvant rien qui puisse lui permettre de l’inculper
il fut relâché tard dans la nuit du dimanche 23 janvier 2000.
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Maitre Anouar Kousri continue de faire l’objet d’un harcelement
incessant. Le CRLDHT craint pour sa sécurité.
Maître Anouar Kousri, défenseur des droits de l’homme,
avocat et membre de la section de Bizerte de la Ligue tunisienne pour
la défense des droits de l’homme ( LTDH) fait l’objet
depuis trois ans d’un harcèlement et d’une survenance
policière insupportable : privé de passeport, filé
en permanence dans tous ses déplacements, son cabinet mis sous
surveillance stricte et toutes les allées et venues sont contrôlées
; les rares clients qui osent fréquenter son bureau sont soumis
à des intimidations et à des chantages pour les dissuader
d’y revenir. Dernièrement, un policier en tenue est en faction
à quelques mètres de son domicile. Chaque jour, l’étau
se resserre un peu plus autour de lui. Anouar Kousri craint pour sa sécurité
et pour celle de sa famille . Il est d’autant plus inquiet que le
logement qu’il vient d’occuper dans la banlieue de Bizerte
, de part son isolement, offre une cible de choix pour une " Mudahama
" ( descente) dont la Sûreté de l’Etat a fait
une spécialité de triste renommée.
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Communiqué de Daniel Mermet , journaliste à France Inter
Daniel Mermet Tel : 01 42 30 44 59/Fax : 01 42 30 41 07/ Email :dmermet@radiofrance.francenet.fr
.
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Notre matériel journalistique saisi par la police à Tunis
Au terme d'un voyage en Tunisie en vue d'une série d'émissions
sur la question des droits de l'homme, nous avons été arrêtés
à l'aéroport de Tunis le dimanche 23 janvier 2000 à
13h15.
Notre matériel journalistique, carnets de notes, répertoires,
bandes magnétiques, disquettes ainsi que des effets personnels,
ont été saisis par les autorités. Promesse nous a
été faite que ce matériel nous sera retourné
dans les 48 heures sans que les policiers aient satisfait notre demande
de s'engager plus formellement.
Nous sommes tout d'abord très inquiets pour ceux qui nous ont confié
leur témoignage : militants des droits humains, témoins
de la répression en Tunisie, personnes ayant subi la torture ou
des internements abusifs. Nous apprenions hier soir que l'annonce de cette
saisie a accru la peur qui règne dans les milieux de l'opposition.
Même s'ils nous ont confié leur témoignage en toute
connaissance de cause, des opposants déjà quotidiennement
harcelés se seraient enfuis dans la crainte de nouvelles répressions.
Nous appelons à ce que tout soit fait pour que l'opinion soit informée
de leur situation. Pour nous, en attendant que notre matériel nous
soit restitué dans son intégralité, nous dénonçons
avec vigueur des mesures qui constituent une entrave manifeste à
la liberté d'informer.
En dix années de reportages à travers le monde, jamais nous
n'avions subi une telle atteinte à notre travail d'information.
Selon les forces de police qui nous ont arrêtés, nous ne
pouvions travailler "sans autorisation des autorités".
Cette allégation ne peut être retenue : nous avons constamment
été suivis, de jour comme de nuit, par des policiers en
civil qui ne sont à aucun moment intervenus attendant le terme
de notre travail pour le saisir et l'utiliser contre ceux qui ont le courage
de témoigner.
En dénonçant cette atteinte à la liberté d'informer,
nous demandons que tout soit mis en œuvre pour connaître le
sort réservé à ceux qui, en Tunisie, luttent au prix
de leur vie pour le respect des libertés.
Paris, le 24 janvier 2000
Nous nous référons, entre autre, à l'article 6 de
la Déclaration des Nations Unies du 9 décembre 1998 relative
au droit de promouvoir et de pratiquer les droits de l'homme et les libertés
fondamentales universellement reconnues :
Chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres :
De détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations
sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales
en ayant notamment accès à l'information quant à
la manière dont il est donné effet à ces droits et
libertés dans le système législatif, judiciaire ou
administratif national;
Conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits
de l'homme et autres instruments internationaux applicables, de publier,
communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations
et connaissances sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés
fondamentales;
D'étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect,
tant en droit qu'en pratique, de tous les droits de l'homme et de toutes
les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens
appropriés, d'appeler l'attention du public sur la question.
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Le Groupe de travail sur la Tunisie (GTT)
réagit à LA flagorneRie d’un ancien élu suisse
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UN SUISSE DANS LE BOURBIER TUNISIEN
C’est avec un étonnement consterné que le GTT apprend
l’initiative prise par M. Bernard Comby en Tunisie.
Ancien élu helvétique, président d’un institut
international des droits de l’Enfant (IDE), M. Comby, convié
au palais du général Ben Ali, a remis au dictateur un diplôme
de membre d’honneur dudit institut. Poussant la flagornerie à
des limites rarement atteintes dans un domaine où des records ont
pourtant été établis, notamment par M. Philippe Séguin,
M. Comby a déclaré que c’était la première
fois dans l’histoire (sic !) de son institut qu’une telle
dignité est accordée.
Alors que l’institut en question est strictement privé, la
presse tunisienne aux ordres a présenté la cérémonie
comme un hommage officiel de la Confédération helvétique
au général Ben Ali. Le 12 janvier, la grande majorité
des médias tunisiens consacraient leur " une " à
ce non-événement. Ainsi de la Presse de Tunisie, organe
du parti au pouvoir, qui titrait sur la " considération du
Parlement helvétique au Chef de l’Etat ", M. Comby peut
d’autant moins se targuer de représenter le Parlement helvétique
qu’il n’en est plus membre depuis les dernières élections.
L’impudence est d’autant plus forte si l’on se souvient
que l’Etat suisse avait refusé de recevoir officiellement
le dictateur tunisien lors de sa visite au BIT en 1995.
Une fois de plus, le GTT s’élève contre les complaisances,
voire les complicités de prétendus démocrates qui,
en se compromettant avec un régime dénoncé par les
organes relevant de l’ONU, les ONG et le Département d’Etat
des Etats-Unis, notamment à propos du sort réservé
à certaines catégories d’enfants, porte préjudice
au peuple tunisien et contribue à faire perdurer une situation
inacceptable.
La farce jouée à Tunis par M. Comby s’inscrit dans
cette déplorable tradition. Nul doute qu’elle sera jugée
comme il convient par tous ceux qui ont à coeur le respect des
droits de l’homme et de l’enfant.
Pour le Groupe de Travail
Gilles Perrault
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COMMUNIQUE publié à Sainte-Marie du Mont, le 14 janvier
2000
GTT - Gilles PERRAULT 50480 Sainte-Marie-du-Mont
Tél : 02 33 71 58 13 Fax : 02 33 71 01 46
Le GTT est un groupe informel de réflexion et de proposition sur
la Tunisie. Il est né de la conviction partagée par ses
membres, que les Tunisiens méritent bien mieux que le sort qui
leur est fait depuis plus d’une décennie.
Le GTT est animé par Mgr. Jacques Gaillot, évêque,
François Gèze, éditeur, Dr. William Goldberg, président
de la LDH du Rhône, PR. Albert Jacquart, universitaire et l’écrivain
Gilles Perrault.
Paris, le 27 janvier 2000
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