Spartakus R, Le programme global de Contre Intelligence et ses effets sur la communauté noire africaine du Royaume Uni, Conférence prononcée à Londres le 23 11 1997 COINTELPRO UK (Spartakus R. est le rédacteur de Global Africa Pocket News, auteur de Violation et de The Maat Mystery) Introduction
Au nom de nos ancêtres, et dans l'esprit de Maat, Hotep à tous, frères et sours, et merci à frère Lester Lewis et à l'association Hackney Black People qui a permis cette rencontre : Une guerre est en cours, et vous êtes pris dedans ; plus exactement, vous êtes en première ligne ; il s'agit d'une guerre qui fait rage depuis plus de deux mille ans, la guerre entre l'Afrique et l'Europe [désormais à l'échelle globale, mondialisée ; pour simplifier, on peut dire entre monde noir et monde blanc, ndt]. Le programme de Contre Intelligence, plus connu sous le nom de Cointelpro, a été lancé par le FBI sous la présidence de Edgar Hoover, afin de coordonner et d'encadrer les campagnes éventuelles de neutralisation contre des individus et des organisations dissidentes des Etats-Unis. Evidemment, pour être effectif, ce programme avait besoin de la coopération secrète de toutes les agences d'intelligence, FBI, CIA, services militaires, ministère de la Défense , Maison Blanche, autorités municipales et forces de police, de façon à constituer des Red Squads, des « Escadrons Rouges » sur le terrain. Au départ, en 1956, la cible était le Parti Communiste, puis cela s'appliqua à d'autres organisations de la « gauche blanche » ; ensuite cela s'étendit aux « groupes blancs haineux », comme une couverture pour protéger en sous-main des organisations terroristes blanches telles que le Ku Klux Klan. A un moment donné, un quart des assassins du KKK qui terrorisaient la communauté africaine était composé d'agents actifs du FBI. En 1971, Cointelpro était censé avoir mis fin à ses agissements, mais une controverse internationale surgit lorsqu'un petit nombre de ses dossiers secrets parvint jusqu'aux médias. Par la suite, ce nom de Cointelpro n'a plus été utilisé, mais ses rouages à usage interne fonctionnent à une échelle internationale désormais, sous le contrôle de la CIA. En 1967, le FBI a démarré une action secrète de Cointelpro avec l'intitulé « Groupes noirs nationalistes haineux ». Ils ne faisaient pas de distinction : tout groupe afro qui s'exprimait ou agissait au nom de la communauté africaine était classé comme « groupe noir nationaliste haineux ». La guerre contre l'Afrique Globale est très ancienne. Ils ont eu l'impression qu'ils disposaient de l'arsenal nécesssaire pour contenir cette guerre entre Afrique et Europe dans le cadre qui leur convenait. Un grand nombre d'organisations militantes africaines noires est apparu, et ils admettent avoir déclenché 295 opérations contre la communauté africaine pendant quatre ans, dont 233 visaient le Parti des Panthères Noires ; évidemment, ils ne mentionnent pas celles qui ont raté ou qui étaient si infâmes qu'elles ne pouvaient pas être mentionnées. L'objectif explicite du Cointelpro était de : « Exposer, casser, fourvoyer ou neutraliser d'une autre façon les activités des organisations nationalistes noires haineuses, ainsi que leurs dirigeants, leurs porte-paroles, leurs membres et sympathisants, et de contrer leur propension à la violence et aux troubles publics ». Il y avait cinq objectifs à long terme (énoncés comme suit dans le même document) : 1) Empêcher toute coalition de groupes nationalistes noirs militants. L'unité fait la force, c'est bien connu, et c'est toujours important. Un front commun entre ceux-ci serait le premier pas vers un véritable « Mau Mau » en Amérique, le début d'une véritable révolution noire. 2) Empêcher l'apparition d'un « Messie » charismatique qui puisse unifier et électrifier le mouvement militant nationaliste noir. Malcolm X aurait pu le devenir ; il est devenu le martyr de mouvement, aujourd'hui. Martin Luther King, Stokely Carmichael et Elijah Muhammad peuvent tous prétendre au rôle de « messie ». Mais Elijah Muhammad est trop âgé ; Martin Luther King pourrait sérieusement y prétendre, au cas où renoncerait à son « obéissance » supposée aux « doctrines blanches libérales » de la non-violence, et s'il embrassait le nationalisme noir. Carmichael a le charisme nécessaire pour être une menace réelle. 3) Prévenir la violence de la part des groupes nationalistes noirs. Ceci est d'une importance primordiale, et c'est bien entendu l'un des objectifs de notre activité d'enquêteurs ; cela devrait également faire partie du Programme de Contre Intelligence. La contre intelligence devrait permettre de repérer les fauteurs de trouble et de les neutraliser avant qu'ils exercent leur potentiel de violence. 4) Empêcher les groupes nationalistes noirs et leurs dirigeants de gagner en respectabilité, en les discréditant dans trois directions : d'abord, auprès de la communauté noire responsable ; ensuite, au regard de la communauté blanche, tant la communauté des gens responsables que celle des « libéraux » qui ont des vestiges de sympathie pour eux simplement parce qu'ils sont noirs. Enfin, ces groupes doivent être discrédités aux yeux des radicaux noirs, des gens qui les suivent. Ce dernier domaine exige des tactiques entièrement différentes de ce celles qui conviennent avec les deux premiers groupes. La publicité sur les tendances à la violence et les mots d'ordre radicaux rattachent les nationalistes noirs au groupe des Noirs radicaux ; cela leur confère une « respectabilité » d'un autre ordre. 5) Un objectif ultime devrait être d'empêcher la montée en puissance d'organisations militantes noires nationalistes, particulièrement dans la jeunesse. Il faut développer des tactiques spécifiques pour empêcher ces groupes d'attirer les jeunes. Marcus Garvey était sous contrôle il y a trente ans. La Garvey-connexion Les attaques contre Marcus Garvey et son organisation, la Universal Negro Improvement Association (UNIA) ont constitué la première campagne de neutralisation globalement coordonnée contre une personne en particulier, grâce à la mise en ouvre de forces combinées de l'Europe Globale. Ceci a comporté au moins une tentative d'assassinat. A la tête de la plus grande organisation au monde, qui comprenait à une époque plus de six millions de membres, regroupés en 900 sections, et couvrant le monde entier, Garvey était reconnu comme l'ennemi numéro 1 de la Global Europe. Ils réagissaient instinctivement, négativement, à sa personne et à ses enseignements. Ce qui est arrivé à Garvey lorsque la puissance politique de chaque pays sous contrôle blanc a été mobilisée contre lui et ce qui s'est passé dans les années 1960 sous la direction de Cointelpro est exactement ce qui se passe aujourd'hui. La seule différence, c'est la dénomination et le degré de sophistication. Si vous étiez la CIA et si vous deviez mettre un nom aux actions coordonnées contre la Communauté globale africaine aujourd'hui, mais que vous deviez donner l'impression que vous êtes en train d'essayer de nous aider, vous parleriez probablement de Guerre à la drogue, Guerre contre le crime organisé, ou encore Guerre contre le terrorisme. Si vous tenez compte de la sensibilité extrême qui existe aux Etats-Unis autour du terme « guerre », et de la possibilité d'un retour de flamme, vous appelleriez votre programme « L'herbe et la graine » [la « mauvaise » herbe contre la « bonne » semence, ou encore « le bon grain et l'ivraie », ndt.], Weed and Seed, c'est le nouveau nom d'une série de campagnes qui sont en train de prendre racine aux Etats-Unis là où une communauté entière se voit promettre des investissements financiers faramineux (qui ne se matérialisent en général pas) en échange de leur coopération active, ou de leur complicité silencieuse, pour neutraliser la jeunesse, le secteur le plus actif, créatif, vibrant et volatile de la communauté. Leurs méthodes Comment ont-ils réussi à convaincre un secteur significatif et suffisant, dans la communauté africaine des villes principales du monde entier, y compris ici à Londres, pour qu'ils conspirent avec eux contre nos jeunes ? Ils ont utilisé tous les moyens à portée de leur imagination, sans se soucier de savoir s'ils étaient légaux ou non. Comme ils l'ont déclaré, l'efficacité de la contre intelligence dépend de la qualité et de la quantité d'information positive disponible au sujet de la cible, et de l'imagination et de l'initiative des agents qui mettent en ouvre le programme. Ces initiatives comprenaient les infiltrations et les agents provocateurs, les indics, la manipulation médiatique et la diffamation personnalisée, l'attentat physique, le harcèlement judiciaire, les conflits internes, les ragots à la base, les exclusions (par les chiens de garde), le contrôle de la perception, la surveillance électronique et téléphonique ou « Elsurs ». Egalement, les fouilles (spontanées, par surprise ou encore causant le maximum de dégâts et d'atteinte à la propriété). Ils organisaient des intrusions (afin d'installer des équipements ou de récolter des preuves pouvant servir à incriminer, ou encore pour voler des documents importants ou l'équipement nécessaire au fonctionnement de l'organisation). Le terrorisme n'était pas exclu (ceci fait partie intégrante de chaque opération de Cointelpro) ; souvent ce sont des groupes terroristes indépendants tels que le KKK qui sont utilisés afin de légitimer ensuite le terrorisme d'Etat. Enfin, ils ont provoqué des purges. Ces points seront développés ci-dessous. Voici quelques exemples : a) Infiltrés et provocateurs Virtuellement, toute organisation africaine a été effectivement infiltrée par le FBI et d'autres agences des services secrets. Vous vous souvenez de Gene Roberts, le « garde du corps » qui a été photographié en train d'étouffer Malcolm X après qu'on lui ait tiré dessus ? C'était un agent profondément double. Il a ensuite infiltré les Panthères Noires et il a été démasqué en 1971 quand il est apparu comme témoin appelé par l'accusation dans le procès de treize Panthères accusés de conspiration pour faire exploser des bâtiments. Le FBI à lui seul avait plus de 4000 Africains inscrits à la rémunération la première année de fonctionnement du Cointelpro. Cela ne parle guère en notre faveur, mais je garde confiance malgré tout. (C'est à cause de leur manque de succès pour infiltrer la communauté noire britannique, et parce qu'ils s'étaient trop souvent exposés en utilisant des informateurs peu entraînés contre nous, que le service secret britannique et la police nous ont alertés ouvertement et ont fait avancer l'idée qu'il fallait de nouvelles recrues dans la communauté noire. Le degré de réussite auquel ils sont parvenus sera visible dans les cinq prochaines années, quand ils auront entraîné et lâché parmi nous leurs agents empoisonnés). b) Indics Leur présence et leur nuisance est aussi vieille que l'histoire des résistances. Judas, celui du récit biblique, qui était le disciple de Jésus, pourrait parfaitement être un indic moderne. Avant même d'avoir institué Cointelpro, le FBI avait des douzaines d'indics. Pour un seul projet, le Programme Infos sur le ghetto, ils mirent en place un réseau de 3 248 traîtres de la communauté noire en un an. James A. Harrison, un assistant proche de Martin Luther King et dirigeant de haut niveau de la Conférence des Chrétiens du Sud (SCLC), était un indic apprécié du FBI. Julius Butler, toujours en vie, dirigeant ecclésiastique réputé, était l'informateur payé et envoyé par les Blancs, dont le faux témoignage servit à inculper Geronimo Pratt pour un meurtre dont le FBI savait qu'il ne pouvait pas l'avoir commis. (Durant mon procès pour utilisation d'articles volés, la police a révélé, à l'occasion d'un examen par recoupages, qu'un informateur payé avait été utilisé pour me vendre des biens volés en octobre 1992, dans le cadre d'une conspiration élaborée pour mettre en faillite mon commerce d'ordinateurs, m'enfermer et jeter la clé (Voir GAP News 4). L'un des facteurs clé dans cette cabale était un nègre kounichette du nom de Len Woodley, QC, qui était censé gagner les faveurs de son maître en agissant à la fois comme juge, juré et bourreau). c) La manipulation médiatique et la diffamation personnalisée Les médias sont parmi les armes les plus efficaces contre la communauté, mais ce sont aussi des outils décisifs à la portée des militants, particulièrement la presse indépendante et la radio. Les cadres de Cointelpro ont reçu des instructions pour que les militants noirs n'aient jamais accès aux médias. Dans le cas où le talent des militants parviendrait à contrer l'exclusion en s'auto-publiant et en organisant des actions autonomes, telles que des rencontres communautaires locales, l'agent a l'ordre d'agir comme suit : « La contre-attaque doit se produire dans un organe de diffusion massive capable de toucher toute la population noire. Il y a des journaux et des magazines qui pourraient être utilisés s'ils acceptent nos articles. S'ils refusent, il faut utiliser la radio et surtout la télévision. » (Exemple : au Royaume Uni, Jackass Howe, l'esclave du Démon, a démoli des frères et sours qui ne s'y attendaient nullement, tels le professeur Leonard Jeffries et le Dr. Betty Shabbaz, dans un programme de télé qu'il dirigeait, tandis qu'il refusait de donner l'antenne à Spartacus R., dont Jackass « le jacasseur » sait par expérience qu'il est redoutable sur n'importe quelle tribune). d) L'attentat (revendiqué ou par procuration) L'assassinat de combattants noirs pour la liberté a toujours été un facteur clé dans la relation entre Global-Europe et Global-Afrique. Toussaint Louverture, Nat Turner, Malcolm X, Martin Luther King, Shaka, Fred Hampton, Mark Clard, Maurice Bishop, Nzingha, Cudjo, Chris Har., Togagara, Steve Biko, Yaa Asante Wa, etc, les exécutions par la police de Panthères Noires, certains d'entre eux dans leur lit ; la Global-Europe a adressé le même message à la jeunesse de la Global-Afrique pendant des siècles. Et le message a été explicité à nouveau par le FBI en 1968 en ces termes : « Le Nègre veut avoir des sujets de fierté, il en a besoin. Il faut faire comprendre à la jeunesse nègre et modérée que si elle succombe aux prêches révolutionnaires, elle se retrouvera parmi les révolutionnaires morts. Aussi il vaut bien mieux être un héros sportif, un athlète professionnel bien payé, ou un amuseur dans le showbizz, ou encore un salarié modestement rémunéré, soit ouvrier soit employé, un homme de paix entouré d'une famille ou une personne bien intégrée, plutôt que d'être un nègre qui s'est fait connaître parce qu'il a porté un coup à l'establishment, mais qui a anéanti du même coup sa cellule familiale et qui a attiré sur lui et sur toute sa communauté la haine et la méfiance des Blancs pour toutes les années à venir. »
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