(En 1989, j'ai été victime d'un empoisonnement, tandis que je me rendais en tant que principal conférencier à la 14ème conférence annuelle des étudiants afro-américains de Floride. J'ai subi une opération en urgence et l'ablation d'une partie de l'intestin ; faute de quoi, ma mort aurait figuré parmi les milliers d'assassinats déguisés dont on ne soupçonne même pas que la fourberie y ait pris part. Par deux fois, la police de Lambeth et les politiciens locaux ont offert des récompenses à d'autres dans la communauté afin de m'évincer moi et mon groupe, de bâtiments que nous avions occupés. Dans les deux cas j'ai reçu des menaces de mort. Dans un cas, alors que Linda Bellos présidait, j'ai été sévèrement frappé par trois voyous qui représentaient les poulains de deux femmes, Joan Cutino et Patricia Cotterel, inspirées par un individu douteux, du nom de Paul Adams, qui par la suite obtint un emploi dans le conseil, pour lequel elle n'était pas qualifiée. Le Conseil leur dit que s'ils arrivaient à se débarrasser de Spartacus, on leur donnerait le bâtiment ; et bien sûr les imbéciles l'avaient cru. A ce moment j'écrivis que :

« L'agent provocateur et salarié qui a manipulé et dirigé des énergies destructrices est issu des rangs des incompétents ambitieux, ignorants, megalos, envieux, jaloux, politiquement fanatiques et imbus de chauvinisme organisationnel ».)

e) Le harcèlement judiciaire

Cela a été mis en oeuvre pour la première fois avec une grande efficacité contre Marcus Garvey lorsqu'il lui fut refusé d'être libéré sous caution pendant trois mois et que la UNIA a dû annuler sa Convention annuelle de 1923. Cette pratique a atteint des niveaux inédits de naïveté à l'époque de Cointelpro. Les agents avaient l'ordre d'arrêter les individus visés ou les membres clé des organisations visées, sous les accusations les plus invraisemblables, qu'il y ait ou non la moindre preuve pour étayer l'accusation. Le résultat, c'est par exemple le cas de Mumia Abu-Jamal, qui languit toujours en prison ; on provoque la ruine financière de la personne visée ou de l'organisation, parce que les coûts de la défense deviennent astronomiques, et que cela distrait des ressources matérielles et vitales considérables, aux dépens du mouvement.

(Au cours des 20 dernières années, j'ai été arrêté au Royaume Uni au moins 30 fois. J'ai été poursuivi en justice 13 fois, et j'ai eu deux procès dans le cadre des « articles volés », qui m'ont coûté des milliers de livres et ont absorbé une grande partie de mes ressources. Au moment culminant de ce harcèlement, j'ai été arrêté et interrogé trois fois en une seule nuit, lors d'un trajet entre le nord-ouest de Londres et le sud de Londres, ce qui m'a retardé d'une heure et demie.)

f) Conflits internes

Si quelqu'un veut provoquer un conflit entre deux ou plus de gens qui ne saisissent pas la manoeuvre, le plus grave est qu'il y parviendra. Ainsi dans le cas du mouvement Black Power, le Mouvement pour les Droits civiques, et tout autre mouvance populaire contre laquelle le gouvernement US aura lancé une opération par procuration.

L'une des personnes coincée dans la guerre interne au parti des Panthères Noires fut Kathleen Cleaver, la femme d'Eldridge Cleaver et ministre de l'information. Elle a raconté que :

« Les médias ont fait en sorte que cela paraisse de façon accidentelle, comme s'il n'y avait pas de relation entre le plan du FBI et le fait que tellement d'entre eux, les Panthères, soient arrêtés, et que tant de mariages furent rompus. Pourtant, quand c'est à vous que ces choses-là arrivent, vous savez que ce n'est pas par hasard. Nous savions à l'époque qu'il y avait une conspiration, mais nous ne pouvions pas imaginer à quel point la coordination était sophistiquée. Nous ne savions pas que cela s'appelait la Cointelpro , et que cela impliquait le FBI, la CIA , le ministère de la défense, la Maison Blanche. »

(Ce qui m'a fait revenir à la question de la Global Cointelpro , c'est mon expérience récente avec un jeune frère africain du Soudan, appelé Deng K. Ajak, qui, sans raison apparente, menaça de me tuer et commença à s'y préparer sérieusement depuis une tribune publique. Plutôt que d'entrer en conflit direct avec ce frère, j'expliquai la situation à quelques membres de la communauté, et cela se régla à l'amiable avec l'aide d'un ancien respecté, le chef yorouba Adelkan, comme médiateur.

C'est au cours du processus de médiation que les détails de la conspiration que je soupçonnais se sont révélés. Il devint clair pour moi que frère Deng avait reçu des « indications » de la part de membres de l'université d'East London, où il travaillait ainsi que d'autres, proches de lui. J'arrivai à la conclusion que ces gens sont soit des agents eux-mêmes qui font un travail, soit des instruments inconscients d'agents très rusés).

g) Les ragots

Ceci inclut le colportage de méchancetés gratuites, la désinformation et les mensonges effrontés sur des sujets hautement passionnels, tels que : le détournement de fonds de l'organisation, les mouchards à solde, l'homosexualité, les abus sexuels sur enfants, etc. Il s'agissait de miner le Black Panther Party et cela, que les faits existent ou pas, pour donner lieu à des accusations. S'il y a des faits patents, cela aide au succès de l'opération, mais le bureau considère que l'entreprise peut réussir même s'il n'y a le moindre fait sur lequel s'appuyer.

Un exemple célèbre de ceci est la mauvaise réputation qui a été faite à Kwame Ture (qui s'appelait alors Stokely Carmichael) par l'intermédiaire d'un infiltré appelé Peter Cardoza (et qui était son garde du corps) et d'autres. Un document du FBI indique :

« Il faut donner l'impression que Carmichael est un informateur de la CIA. Cela aidera à faire éclater l'entente entre Carmichael et la communauté noire. On suggère aussi d'informer un certain pourcentage de criminels de confiance et d'indicateurs noirs que « nous savons de source sûre que Carmichael est un agent de la CIA ». On espère que les informateurs répandront la rumeur dans plusieurs vastes communautés noires de tout le pays.

(Je ne mentionnerai pas certains mensonges que j'ai entendus, autour du nom de Spartacus R, parce que cela ne servirait qu'à accréditer certaines saletés qui sont parmi les plus incroyables que j'ai jamais entendues, et cela contribuerait à perpétuer la légende).

h) Les exclusions par les chiens de garde

Le militant africain révolutionnaire est un proscrit du fait de la nature même de son environnement. Nous vivons dans un environnement hostile et dans une culture étrangère qui cherche à nous démoniser aux yeux de notre propre peuple. Le pire c'est quand des gens de notre propre communauté conçoivent leur rôle comme celui de chiens de garde, pour nous empêcher d'inter-agir avec notre communauté et de l'informer.

Quelques uns de ces frères et soeurs sont des agents ou des indics convaincus, mais ce n'est pas le cas de la majorité. Ils sont avant tout mal guidés, désinformés, et ce sont des individus ambitieux qui voient plus d'avenir dans le monde des Blancs que dans le nôtre. Ces individus, à cause de leur position dans la société ou leurs ambitions, peuvent se sentir menacés par la seule présence d'un militant révolutionnaire qui pourrait révéler leur double-jeu et leur conduite réactionnaire.

Voilà pourquoi des membres de la National Association for the Advancement of Coloured People (NAACP) et d'autres « nègres au service de l'establishment » ont démarré une campagne sur le thème « Garvey doit partir », et ils ont écrit des lettres au Procureur des USA en le suppliant de déporter Garvey d'urgence. Voilà pourquoi Malcolm X s'est vu interdit de parole par Elijah Muhammad, et pourquoi les « Kounichettes », comme il les appelait, l'ont mis au rancart et ont essayé de le faire taire.

(Et c'est comme cela que Koro Salah, Kwame Ture et Louis Farrakhan sont encore à ce jour bannis en Grande Bretagne. Et des gens comme Bernie Grant, Diane Abbot, Trevor Phillips, Darcus Howe, Lee Jasper du Trust bien doté financièrement en 1990, l'Adotey Bing du Africa Center et d'autres, stipulent que Spartacus R. devrait être exclu de certains rassemblements et manifestations publiques.

Voilà pourquoi en 1989, quand Nilou Hawthorne et moi avons démarré le mouvement populaire pour la justice électorale, afin d'élire le premier membre de Parlement noir et indépendant, Lee Jasper et David Muir (à l'époque membre salarié du parti travailliste) se joignirent à la campagne comme agents catastrophiques. Ils réussirent à nous marginaliser, Nilou et moi, qui avions tous les deux investi de l'argent dans l'aventure, et la campagne fut tout de suite paralysée.

Voilà pourquoi lorsque, à peine quelques semaines plus tard sur la station de radio Genesis, avec mon talk-show au nom de Global Eyes, j'étais l'un des présentateurs les plus populaires de la station, et j'ai été viré par le directeur, un certain Coolie, sans raison aucune hors le fait que c'était quelque chose de « personnel »).

i) Le contrôle de la perception

Ceci a été développé en tant que projet à financement particulier par le Bureau dirigé par le général africain aveugle Colin Powell en 1987. Leur définition du concept, selon Jamaal Goree est celui du « contrôle de ce que considérons comme vrai ; il ne s'agit pas forcément de ce qui est vrai, mais de ce que les gens perçoivent comme tel, parce que cette perception est ce qui dicte leurs comportements. Et de toute évidence, le contrôle de la perception s'exerce sur nous depuis vraiment longtemps, bien avant la représentation de Dieu, du Christ et de tous ses anges comme des Européens, par Michel ange par exemple. Ce contrôle est à l'origine de la version du FBI au sujet du Livre des couleurs des Panthères Noires.

j) Le détournement de la correspondance

Ceci inclut l'interception du courrier et l'enregistrement de son contenu, la réécriture de messages et leur envoi à des gens à qui ils ne sont pas destinés, le détournement du courrier afin qu'il n'arrive pas à destination, la création de documents et de lettres avec des en-tête falsifiés, la rétention et le retard des messages urgents et la destruction de lettres qui ne parviendront jamais à leur destinataire.

k) Rappel des autres types d'agression

Surveillance électronique et téléphonique ; cambriolages et dégâts, atteintes surprise à la propriété et attentats. Intrusions, pour installer un équipement , pour constituer des preuves, ou pour voler des documents importants ou des équipements nécessaires à la bonne marche de l'organisation.

l) Terrorisme

La pratique terroriste est intégrée à chaque opération de Cointelpro ; souvent des groupes terroristes « indépendants » tels que le Ku Klux Klan sont utilisés pour légitimer le terrorisme d'Etat.

m) Organisation de purges et de confinements

Les évictions ont pour effet d'isoler la personne bannie de la communauté sur laquelle on craint qu'elle puisse avoir une influence positive. Toute personne africaine, telle Winnie Mandela, dont on voit qu'elle est capable d'avoir une influence sur la communauté afin de la faire agir dans un sens contraire aux intérêts de ceux qui veulent la contrôler, doit être écartée, empêchée d'agir dans la communauté, ou parquée dans une zone restreinte de celle-ci. Avec les moyens électroniques, il est maintenant encore plus facile et économique de contrôler les mouvements individuels.

Marcus Garvey a probablement été la personne la plus marginalisée de l'histoire des déplacements internationaux. Il a été proscrit de chaque région d'Afrique. A un moment donné, Kwame Ture était interdit dans 35 pays, y compris à Trinidad, son lieu de naissance, et en Angleterre, où il reste interdit, et où il est sans doute la seule personne au monde à avoir été interdit de séjour deux fois.

Certains des Pnthères Noires ont été chassés de leur propre voisinage, là où résidaient les autres membres de leurs familles.

(En Angleterre, tandis que je menais mes campagnes de boycott contre la commercialisation des produits d'Afrique du sud, avec un succès total, je me suis vu interdire l'accès au centre de Brixton, où j'habite et où je faisais habituellement mes courses, et ceci sans avoir été poursuivi pour le moindre crime).

Qu'est-ce qui pousse une personne à agir contre son propre intérêt et dans l'intérêt de ses ennemis ?

Voilà une question difficile parce qu'il y a de nombreuses raisons combinées, autant de raisons, peut-être, que l'on en a de se trahir soi-même. Parmi les motivations les plus courantes que l'on met en avant, soit pour diminuer l'importance de la trahison, soit pour l'aggraver, citons :

L'ambition (dans le domaine politique, social ou professionnel)

Le chauvinisme (religieux, politique, organisationnel, lorsque l'alliance avec l'ennemi est censée rapporter des bénéfices au groupe qui en conséquence apparaîtra comme plus performant que les autres)

L'ego (malmené par la personne ou l'organisation qui a été trahie, mais largement alimenté par les sycophantes et la flatterie des médias de l'ennemi)

La jalousie (envers la personne ou l'organisation qui a été trahie)

La peur (de conséquences graves, de l'échec, de pertes, de blessures, de la marginalisation)

La cupidité matérielle (parfois juste un emploi)

Le goût du pouvoir (sur une section de votre communauté, ou au regard de l'ennemi)

Le manque d'éducation ou la mauvaise éducation (certains ne savent pas faire mieux) La pauvreté (« je n'avais pas le choix »)

Les promesses (généralement non tenues, suivies de pièges)

La vengeance (pour des actes perçus comme erronés, ou effectivement regrettables, de la part de la personne ou de l'organisation trahie)

La haine de soi (généralement combinée avec une divinisation de l'ennemi)

Quelles que soient les raisons ou excuses offertes, on en revient toujours à une base fondamentale : l'ignorance.

Bien sûr, il y a des gens qui savent exactement ce qu'ils font et qui choisissent consciencieusement le camp de l'ennemi, en vue d'un profit individuel à court terme. Mais c'est un calcul qui relève aussi de l'ignorance.

Si je dis tout cela, c'est parce que nos Ancêtres nous ont appris que la connaissance de soi est la clé de l'existence. Et ils ne le disaient pas seulement par rapport à la conscience individuelle, mais aussi par rapport aux groupes dont nous faisons partie. Ils disaient, et c'est ce que je dis, que si vous connaissez la vérité sur vous mêmes, votre histoire, la réalité de votre situation présente, vous vivrez ; parce que si vous avez l'information nécessaire, vous prendrez toujours, j'insiste, toujours, la décision correcte pour la conduite à tenir, au sens le plus étroit ou le plus large.

Pour simplifier :

Sans information, vous mourez ; avec une information erronée, vous vous tuez vous même ; avec l'information correcte, vous êtes vivant pour toujours.

Comprenez-moi bien : je ne dis pas que l'ignorance est une excuse. Il n'y a jamais aucune excuse pour se trahir soi-même parce que quelle que soit l'information dont nous disposons, quand nous choisissons de voir ou d'ignorer, nous restons responsables des conséquences de nos décisions. Donc, même si l'ignorance est compréhensible, en tant que raison principale de toute trahison, et de la trahison à soi-même, l'ignorance n'est jamais une excuse acceptable.

A quoi ressemble un traître ?

Contrairement à la croyance populaire, la personne africaine qui trahit la communauté africaine ressemble exactement à vous et moi. Ils n'ont pas de cornes ni de queue rouge et fourchue. C'est ce qui rend le traître si utile à notre ennemi et qui lui permet de réussir si bien ; ce sont vos voisins, vos amis, vos collègues de travail, vos amants, vos frères, vos frères, vos parents, vos enfants, vos proches et vos connaissances, vos camarades en politique ou dans vos clubs. Ce sont des gens normaux qui pour une raison ou une autre croient ou espèrent qu'il sera de leur intérêt de vendre ou de donner de l'information à l'ennemi, de vendre ou de livrer un individu ou un groupe, de travailler à neutraliser ou à miner le travail d'individus ou de groupes, à l'intérieur de notre communauté. Certains d'entre eux ne perçoivent aucun avantage visible en retour, tandis que d'autres connaîtront immédiatement une amélioration de leur sort : promotion, argent, meilleur poste de travail, installation