États-Unis
 
La tyrannie israélienne sur les États-Unis
 
par James Petras
 
Quel pays aurait des centaines d’espions, de taupes et de 
collaborateurs qui travailleraient aux États-Unis pour un 
gouvernement étranger impunément?
 
Selon d’anciens et d’actuels journalistes connaissant le sujet, et 
dont certains ont été récemment interrogés par le FBI (Bureau 
fédéral des investigations), les agents fédéraux pointent le Mossad, 
le service secret israélien, comme l’organisateur et le manipulateur.
 
L’année dernière, au cours de la plus grande enquête de 
contre-espionnage jamais effectuée par le FBI – plus de 100 agents 
des bureaux métropolitains à travers le pays – les enquêteurs ont 
interrogé des milliers de témoins, informateurs et suspects 
potentiels sur les activités d’espionnage d’Israël aux États-Unis.
 
Un ancien journaliste qui travaillait pour un hebdomadaire 
britannique m’a dit qu’en douze mois il avait été interrogé à deux 
reprises concernant la collaboration des mass media avec le Mossad 
à propos de la propagation de «désinformation» et de «nouvelles» 
favorables à Israël.
 
 
 
Expulsion massive?
 
À partir des conversations avec des journalistes interrogés par le 
FBI, il ressort un canevas de pénétration profonde et de grande 
envergure de la société étasunienne et de son gouvernement par 
des espions israéliens et leurs collaborateurs. Selon mes sources, le 
FBI enquêtait sur des réseaux espionnage israéliens depuis plus de 
30 ans, mais les enquêtes étaient entravées par des politiciens des 
deux partis à la solde des groupes de pression israéliens et de 
riches financiers de campagnes pro-israéliennes. Même le FBI a été 
infiltré selon un rédacteur de l’hebdomadaire britannique The 
Economist: un témoignage enregistré par l’écrivain au début des 
années 80, qui impliquait Richard Perle et Paul Wolfowitz dans la 
communication de documents à des agents du Mossad, «a été retiré 
des fichiers du FBI et a disparu.»
 
Au fur et à mesure des années les opérations des services secrets 
israéliens aux États-Unis, sont devenues de plus en plus effrontées 
et impertinentes. Les investigations ont porté sur des centaines 
d’Israéliens, des Israélo-étasuniens (à double nationalité) et leurs 
collaborateurs locaux (les «sayanin», sympathisants juifs des agents 
israéliens situés en dehors d’Israël). Le lendemain du 11 septembre 
2001 dans un coup de filet des centaines d’agents israéliens qui 
avaient libre accès aux bureaux gouvernementaux, ont été 
discrètement arrêtés et expulsés. Discrètement non pas parce qu’ils 
ne commettaient pas de crimes sérieux, mais plutôt pour éviter de 
donner le flanc à des attaques politiques aux principales 
organisations pro-israéliennes et leurs clients au Congrès.
 
L’expulsion de masse des espions israéliens était la rétorsion contre 
Israël, pour son manque de coopération, pour ne pas avoir aidé à 
prévenir le massacre à New York de milliers de personnes, le 11 
septembre 2001. Le FBI semble détenir les preuves que les services 
de renseignement israéliens avaient des informations détaillées 
concernant l’attaque terroriste du 11 septembre et qu’ils n’ont pas 
fourni l’information aux autorités étasuniennes. Ils ajoutent 
également que juste avant les attaques les Israéliens leur auraient 
transmis des informations déroutantes. Selon les enquêteurs du FBI, 
le Mossad possède le plus grand réseau d’espionnage et système 
de soutien de tous les pays qui opèrent aux États-Unis, et intérêt 
particulier, ses opérations pénètrent les plus hautes sphères du 
gouvernement des États-Unis, y compris de bureau du vice-président 
Cheney.
 
L’importance de l’enquête et la récente attribution massive de 
ressources et d’agents pour l’affaire d’espionnage israélien, est 
précisément due à l’épineuse question des suspects situés dans les 
plus hautes sphères du gouvernement. Selon le FBI local de 
Philadelphie, un seul mauvais pas pourrait faire que la haute 
hiérarchie étouffe l’enquête. Ainsi donc les enquêteurs étendent 
leurs entretiens, couvrent toutes sortes de sources, accumulent des 
milliers de pages de transcriptions, de sommations, de déclarations 
sous serment, d’écoutes téléphoniques, de vidéos de tous ceux qui 
pourraient être impliqués de loin ou de près dans les opérations 
d’espionnage israéliennes.
 
Malgré l’intensification des investigations, des douzaines et des 
douzaines d’agents israéliens et de récentes recrues poursuivent 
leurs opérations, et beaucoup d’entre eux bénéficiant d’une 
«couverture de protection» de la part des évangélistes 
philo-sionistes ainsi que des sayanin. Une cible privilégiée de 
l’investigation du FBI, mais difficile à atteindre est le AL – une 
unité 
secrète de datsas (officiers du Mossad qui recrutent des agents 
ennemis comme c’est décrit par un ancien du Mossad, Victor 
Ostrovsky dans le livre By Way of déception (Au moyen de la 
déception).
 
Selon mes sources journalistiques, faire passer de la désinformation 
israélienne, comme dans le cas de Judith Miller, était une pratique 
courante tout le long des années 80 et 90. Beaucoup parmi les 
journalistes et les éditorialistes consciemment acceptaient et 
publiaient ou annonçaient à télévision et la radio, de la 
désinformation israélienne disséminée par des agents du Mossad 
agissant comme des officiers politiques de l’ambassade israélienne.
 
Pourquoi maintenant?
 
L’investigation des opérations d’espionnage israéliennes aux 
États-Unis par le FBI, doit son départ à plusieurs éléments.
 
Premièrement, après des années d’étroite collaboration entre les 
services secrets israéliens et le FBI, ce dernier a été accusé – de 
même que la CIA – de «défaillance de renseignement concernant le 
11 septembre 2001», sans toutefois mentionner l’absence de 
coopération, ni les désinformations dont ils ont fait l’objet de la 
part 
des Israéliens.
 
Deuxièmement, l’invasion effrontée de grande envergure par des 
opérateurs israéliens sur les plates-bandes du FBI (aux États-Unis) 
qui a sapé ses activités, érodé sa position comme agence de 
sécurité et tout particulièrement fragilisé ses opérations de 
contre-espionnage.
 
Troisièmement, la montée de Wolfowitz, Feith et Perle aux plus 
hauts échelons du Pentagone et de Elliot Abrams, Rubin et Libby au 
National Security Council (Conseil national de sécurité, le 
département d’état et le bureau du vice Président), a eu comme 
conséquence la fuite massive de documents confidentiels et le 
dévoiement de décisions délicates vers l’armée d’agents du Mossad 
et les officiers israéliens de renseignement de haut niveau aussi bien 
aux États-Unis qu’en Israël.
 
Le flux d’information des États-Unis en direction d’Israël s’est 
transformé en torrent incontrôlable, et pour le FBI, ce qui a été pire 
que tout fut de se trouvé marginalisé, même méprisé.
 
Mais le plus rageant pour le FBI a été d’avoir pas moins de cinq 
témoins prêts à témoigner contre Wolfowitz et Feith dans un incident 
d’espionnage antérieur, et à cause des hautes positions et du 
soutien présidentiel (particulièrement après le 11 septembre) dont 
bénéficiaient ces deux personnages hors portée. Le FBI était 
certainement conscient de la profonde infiltration des structures de 
l’état et du rôle clé joué par Israël en conseillant, en dirigeant et 
en 
faisant passer sa propagande et ses directives à ses agents, à ses 
collaborateurs et aux principales organisations sionistes, juste avant 
l’invasion de l’Iraq par les États-Unis.
 
Profitant de l’hystérie guerrière et de la propagande 
«anti-terroriste» déversées par l’ensemble de l’appareil idéologique 
israélien, les agents israéliens dans le gouvernement opéraient 
ouvertement et impunément défiant aussi bien le FBI que la CIA en 
mettant en place, de leur propre Bureau de plans spéciaux (Office of 
Special Plans), «l’opération de renseignement» clé ayant pour tâche 
d’alimenter directement la Maison Blanche de désinformations 
israéliennes.
 
Le début de la guerre contre l’Iraq ainsi que son occupation ont été 
le point culminant de la tyrannie israélienne sur Washington. Les 
conseillers pro-Israël, les membres du gouvernement, les 
idéologues, les porte-parole, les membres de l’AIPAC (Comité 
d’action politique Amérique Israël) et leurs alliés à la CPJMO 
(Conférence des présidents des principales organisations juives) 
célébraient leur succès en aiguillant les États-Unis vers la 
destruction 
complète du principal adversaire d’Israël, l’Iraq, son armée, son 
économie ses systèmes administratif et éducatif, ainsi que son 
infrastructure.
 
La célébration de la victoire d’Israël sur le bon sens et l’intérêt 
national étasunien fut de courte durée. Alors que la résistance 
iraquienne gagnait en puissance, que les victimes étasuniennes 
augmentaient, que le coût de la guerre enflait; le public étasunien 
s’est détourné de la guerre, le soutien pour l’administration Bush 
chutait de manière vertigineuse. Avec ces changements politiques, 
les agents israéliens et leurs collaborateurs au gouvernement, les 
auteurs et les architectes de la guerre, ont perdu une partie de leur 
immunité face aux investigations.
 
Le FBI flairant le souffle politique favorable, augmenta sensiblement 
ses investigations. Des interrogatoires suivirent, ceux de Feith, de 
Wolfowitz, de Perle et d’autres siono-conservateurs identifiés 
proches des services secrets israéliens.
 
La toujours précautionneuse agence fédérale, se méfiant des 
attaques provenant des soutiens inconditionnels d’Israël au Congrès 
et au gouvernement (sénateurs Clinton et Lieberman, secrétaire 
d’état Condi Rice et Vice–président Cheney) s’est concentrée sur les 
violations commises par trois cibles pro-israéliennes notoires – Irving 
«Scooter» Libby du bureau du Vice président, pour avoir révélé 
l’identité d’un agent secret de la CIA, Larry Franklin, un officiel de 
second niveau du Pentagone lié à Feith et à Wolfowitz, pour 
espionnage au profit d’Israël; et de deux dirigeants du principal 
groupe de pression pro-israélien l’AIPAC, Rosen et Weissman pour 
avoir fourni des documents confidentiels à des agents du Mossad à 
l’ambassade israélienne et «de connaître» des journalistes de la 
communauté de presse de Washington.
 
Alors que l’investigation du FBI sur la connexion israélienne 
augmentait et atteignait des niveaux encore plus élevés dans la 
hiérarchie de l’état, Wolfowitz, dont l’ambition dans la vie était de 
devenir le numéro un du département de la défense, a soudain 
démissionné, puis été nommé à la tête de la Banque mondiale, Feith 
a aussi démissionné et rejoint une société d’avocats 
américano-israélienne, alors que l’enquête sur Franklin, un des ses 
principaux canaux de transmission d’informations vers Israël, 
progressait.
 
Le FBI a étendu son coup de filet national contre le vaste réseau 
d’espionnage israélien et ses collaborateurs à l’AIPAC, à la CPMJO, 
aux évangélistes christiano-sionistes et à bien d’autres 
organisations confessionnelles.
 
Nouvelle tâche
 
Entre-temps les planificateurs israéliens, les opérateurs du Mossad 
et les officiels gouvernementaux, ont intensifier leurs campagnes 
pour impliquer les États-Unis dans une nouvelle guerre contre l’Iran. 
Chacune des principales organisations pro-israéliennes, chaque 
idéologue et chaque officiel dans l’administration Bush, se sont fait 
l’écho de la ligne belliciste. Les sénateurs Clinton et Lieberman ont 
déclaré publiquement que les intérêts israéliens étaient le facteur 
déterminant dans la politique étasunienne moyen-orientale de 
«Bombarder l’Iran».
 
Malgré les investigations du FBI, AIPAC a lancé une de ses plus 
virulentes et agressives campagnes de propagande de diabolisation 
de l’Iran, en faisant circuler des désinformations israéliennes 
concernant la menace de l’arme nucléaire iranienne – qui n’existe 
même pas – et poussé avec succès le Congrès à aboyer en 
obéissance à la voix de son maître. Malgré l’épouvantable débâcle 
qui a succédé l’invasion de l’Iraq - dans laquelle les collaborateurs 
israéliens ont joué un rôle décisif - ils poursuivent la même mise 
scène pour provoquer une guerre contre l’Iran, inventant des armes 
de destruction massive et des menaces à la sécurité des États-Unis.
 
AIPAC a fait circuler des photos aériennes de laboratoires 
expérimentaux iraniens qui sont bien connus et déjà inspectés, 
comme des «sites nucléaires secrets» à tous les membres du 
Congrès. Tous les grands idéologues siono-conservateurs ont débité 
des articles où ils répétaient comme des perroquets la ligne du parti 
israélien au pouvoir évoquant la «menace iranienne» et la nécessité 
urgente de sanctions ou d’une frappe militaire.
 
Aujourd’hui l’appareil pro-israélien - contrairement à l’attitude des 
plus grandes compagnies de pétrole aux États-Unis et à l’extérieur - 
est la force politique la plus influente à pousser pour une 
confrontation militaire avec l’Iran.
 
Selon un journaliste qui travaillait pour l’éditorialiste Jack 
Anderson, 
et qui a subi un interrogatoire de six heures avec le FBI, l’agence 
fédérale avait obtenu la coopération de Lawrence Franklin – ancien 
officiel du Pentagone condamné pour espionnage en faveur d’Israël 
– pour qu’il témoigne au prochain procès des anciens dirigeants 
d’AIPAC, Rosen et Weissman. Le FBI est maintenant entrain de 
négocier un arrangement avec ces derniers pour atteindre les plus 
hauts échelons du pouvoir d’AIPAC et du gouvernement fédéral. 
Toutefois le processus d’investigation des activités d’espionnage 
israéliens est lent et fastidieux précisément parce qu’il plonge 
profondément dans les plus importantes affaires de gouvernement 
et se prolonge sur un large réseau d’organisations de la sociétés 
civile. Étant donné la forte poussée des Israéliens pour une attaque 
militaire imminente contre l’Iran, il est fort improbable que les 
investigations seront en mesure d’affaiblir cette poussée vers la 
guerre.
 
La tyrannie
 
Il est toutefois plus probable, que les conséquences politiques, 
économiques et militaires, déplorables d’une guerre contre l’Iran – 
ajoutées aux pertes en Iraq et en Afghanistan – soulèveront encore 
plus d’animosité contre l’administration Bush et l’appareil 
pro-israélien. Un retour de bâton du public pourrait fournir une plus 
grande impulsion pour arrêter et inculper des fonctionnaires 
occupant des postes élevés, ainsi que parmi les millionnaires et 
opérateurs pro-guerre des réseaux israéliens.
 
Des guerres désastreuses au service d’Israël pourraient amener les 
citoyens étasuniens à réfléchir et réagir à la tyrannie d’Israël sur la 
politique étrangère étasunienne. Éventuellement nous pourrions 
peut-être même voir la refondation de la République étasunienne - 
et citant George Washington - «libre d’embrouilles avec l’étranger» 
et des «Benedict Arnolds» qui paradent comme des sénateurs des 
États-Unis 
 
Note
 
*Le nom de «Benedict Arnold» est synonyme aux États-Unis de 
«traître» [NdlR].
 
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[Source: PalestineChronicle.com]
 
[Traduit par Alexandre MOUMBARIS]