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Tribu Ka : La parole est à vous

Ce mercredi soir, 13 Juillet, du côté deBelleville, nous avons rencontré trois représentants de Tribu Ka, anciennement Parti Kemite : Kemi Seba, Hor Aha et Ayad.

Je connaissais déjà le parti Kemite, ayant participé à la marche en hommage au petit Ibrahim, le 7 août 2004 organisée par eux.

Le petit Ibrahim était cet enfant tué suite au nettoyage imprudent d'une arme par un policier qui avait " oublié " d'enlever les balles.

Le parti Kemite avait organisé cette marche, alors que l'ensemble de la classe politique - y compris gouvernementale - et associative française brillait par son absence de solidarité avec les parents d'Ibrahim.

Le Parti Kemite avait réussi, en pleine période estivale, à rassembler près d'un millier de personnes, en majorité des jeunes afin de soutenir la douleur des parents et amis.

Cela faisait un moment que j'avais envie de les rencontrer afin mieux les connaître tout en essayant de comprendre leur organisation.

GHS : Je vous remercie de participer à cette interview. Pourriez-vous m'expliquer ce que veut dire " Tribu Ka " et surtout la raison du changement de nom de votre structure ?

T K : Tribu renvoie à la notion de famille, de groupe avec une connotation guerrière. KA est l'abréviation de Kemite Atonien en référence au culte d'Aton africain. La Tribu Ka, structure spirituelle et monothéiste existe depuis des siècles en Afrique. La Tribu Ka s'appuie évidemment sur cette spiritualité monothéiste africaine pour défendre les intérêts du peuple Kemite (noir). Le Parti Kemite avait une connotation uniquement politique, donc trop restreinte, sachant que nous ne faisons pas que de la politique. Notre combat est avant tout un mode de vie et non un métier.

GHS : Vous avez la réputation d'être anti-blanc. Enfin c'est l'étiquette qu'essaie de vous accoler certaines personnes. D'où vous vient cette connotation ?

TK : En France, prétendu pays des " droits de l'Homme " , dès qu'un noir déclare qu'il veut lutter contre le système qui l'opprime, il est immédiatement catalogué d'anti-français et donc par extension d'anti-blancs. La tribu Ka pense qu'il est nécessaire que les noirs s'organisent entre eux. Cela ne veut pas dire que nous détestons les blancs. Mais dès qu'une famille a été divisée et brisée, elle doit d'abord songer à s'unir entre elle avant de songer à s'unir avec d'autres.

GHS : C'est bien de la famille Kemite dont vous parlez ?

TK : Evidemment. Toute famille a un noyau. Toute civilisation a une base culturelle, un socle sur lequel elle s'appuie pour exister. L'Occident s'appuie sur la civilisation gréco-romaine, le Monde Arabo-musulman s'appuie sur l'Islam pour exister. Les Noirs sont les seuls de l'histoire de l'humanité qui se retrouvent éparpillés dans des cultures autres que les leurs. Un arbre sans racines ne peut tenir.

GHS : Est-ce que cet éparpillement ne serait pas le résultat direct de la traite négrière, de la mise sous esclavage, du colonialisme et du pillage des ressources qui a été à l'origine de la déculturation du continent africain ?

TK : C'est évident que la situation actuelle du peuple Kemite est le résultat direct d'une planification de destruction de notre peuple organisée par les Hébreux en 398 avant JC. Organisée par l'un des leurs, en l'occurrence Esdras, un scribe sacrificateur qui a rédigé la malédiction de Cham. Cette malédiction nous a poursuivi pendant des siècles et a été responsable du fait que des générations entières ont été décimées. Elle a abouti à l'esclavage programmé et institutionnalisé pour finalement aboutir au colonialisme.

GHS : Si je comprends bien c'est à cause de cette malédiction, que personne n'a jamais pu prouver, que les Kemites (noirs) ont été considérés pendant plusieurs générations comme des êtres humains inférieurs aux autres ? Ce qui a permis à toutes les Institutions, y compris aux églises de couvrir ce marché honteux ?

TK : C'est à cause de cette malédiction que nous sommes perçus comme cela. Avant cela, on ne retrouve aucune trace historique d'infériorité du peuple Kemite. Puis la rédaction du Code noir a été une deuxième justification de l'esclavage et du colonialisme.

GHS : Ce n'est que récemment que cette référence à la malédiction de Cham a été dénoncée par plusieurs historiens noirs. Pourquoi durant ces dernières décennies, n'avons-nous eut aucune connaissance de cet événement ?

TK : Je veux faire un parallèle entre la maladie du sida : beaucoup de gens étaient atteints et personne n'a su identifier la maladie. Pour nous cela revient à dire : ce n'est que lorsqu'on s'est penché sur nous-mêmes que nous avons su identifier les racines du mal. À savoir, à une certaine époque, notre civilisation ancestrale était en déclin. Les Hébreux qui ont volé une grande partie de notre histoire ont, afin d'exister, à l'image de ce que dit Freud, asséné un coup fatal à leur père (en l'occurrence l'Afrique) en le maudissant.

GHS : Vous revenez toujours à cette malédiction de Cham, mais vous n'êtes pas les seuls. Lors de la conférence d'Afrikamat, plusieurs intervenants avaient également soulevé ce sujet. Cette référence est-elle très importante pour vous ?

TK : Cham, étymologiquement parlant vient de l'égyptien ancien : Kem, qui signifie noir. Cham est un personnage fictif qui a été crée dans le seul but de pouvoir nous asservir un moment donné. Il n'y a aucune preuve historique que Noé, ses enfants Sem, Japhet et Cham aient vraiment existé.

GHS : Après ce petit détour historique, pourrions-nous revenir à nos jours ? Quels sont vos objectifs et actions à venir ?

TK : A l'image des prédicateurs musulmans, qui vont vers les leurs, nous allons là où les jeunes noirs se situent en France, c.a.d. dans les cités, les foyers afin de pouvoir leur diffuser le message de la connaissance de soi.

GHS : Avez-vous beaucoup de sympathisants ?

TK : Il suffit de voir le dernier meeting au Théâtre de la main d'or où il n'y avait plus de place car la salle était archi pleine.

GHS : Ques sont vos rapports avec Dieudonné ?

TK : Dieudonné a compris avant beaucoup de gens que nous n'étions pas les racistes pour lesquels certains voudraient nous faire passer. Il a compris, même s'il est en désaccord sur la forme, que nous ne voulons que la défense de l'intérêt de notre peuple. Lui propose le métissage et le multiculturalisme alors que nous proposons le regroupement entre nous, Kémites avant d'aller vers les autres. Quand nous serons reconstruits culturellement et spirituellement, alors nous pourrons songer à nous unir avec les autres. Mais ne nous leurrons pas, cette idée est encore très lointaine.

GHS : Ne pensez-vous pas que l'apport d'une autre culture pourrait également vous apporter un plus ?

TK : Nous sommes déjà dans toutes les autres cultures et nous voyons le résultat. Concentrons nous sur nous-mêmes afin de mieux regarder les autres. Le meilleur moyen pour les non-noirs de nous aider est de conscientiser les leurs, pas de venir s'incruster dans nos actions.

GHS : Lors de la Marche pour l'Honneur et le Respect du 22 mai dernier, il y a eu un incident dont on vous a attribué la responsabilité. On vous a reproché d'être intervenu sur scène pour dénoncer qu'à une manifestation pour l'honneur et le respect de notre peuple, un discours qui n'avait rien à voir avec le thème de la marche a été tenu par une non-Kemite. Notre action, ce jour-là consistait à faire comprendre que les noirs ne sont pas des enfants. Ils n'ont pas besoin d'être maternés par des gens qui ne comprennent pas leur combat.

Paris 14 juillet 2005 Ginette Hess Skandrani Avec la contribution de Joseph E. J'ai respecté le plus fidèlement possible le sens de cette interview, même si certains thèmes abordés peuvent paraître dérangeants.

Pour tout contact : Tribu_ka@yahoo.fr 06 23 66 31 81