Le
"Timbré" de service.
Ceci est le premier président de la République
française, et sans doute du monde,
à avoir eu son effigie reproduite en timbre poste, de son vivant,
et avant même d'avoir été élu.
(Ce texte est suivi de la repoduction des timbres,
et d'un article consacré
au Timbré, tiré du magazine de "Marianne")
Ce personnage unique et divin, ravissant et poilant,
sorte d'UBU grotesque et sinistre
représentant les intérêts de l'Axe américano-sioniste,
se nomme Nicolas SARKOZY.
Il a été élu en mai 2007, en Israël, un timbre
poste à son effigie était produit et
vendu dès janvier 2007.
Ainsi, il y a des endroits dans le monde où
on sait à l'avance qui sera le président de la
république en France.
Cette élection marque l'entrée de
la France en régime totalitaire sioniste, et le basculement de
l'Europe dans le camp sioniste, tant est que la France était le
dernier contrepoids d'importance
empêchant l'Europe de devenir qu'une simple région soumise
au régime hégémonique
totalitaire mondial sioniste, un simple jouet.
Il est reconnu que SARKOZY est un quasi malade
mental (voir l'article très documenté de "Marianne"
plus bas.
Ils n'ont trouvé que ce personnage pour
jouer le rôle de commis des intérêts sionistes en France.
C'est dire le peu de gens de qualité que
ce régime parvient à attirer.
Voici la reproduction de la planche de timbres
poste émis en janvier 2007, en Israël, soit
trois mois avant l'élection effective d'UBU SARKOZY.
Il vient de désigner les membres de son
gouvernement, sortes de fantoches sans colonnes
vertébrales de la collaboration. On y trouve de tout. Depuis l'harki
de service, jusqu'à des
transfuges du PS, et même un professionnel de la Charity Buisiness.
Il ne manque que Johnny Halliday, pour l'aspect
"domestique", "ancillaire", Enrico Mathias
pour la complainte chrevrotante du bourreau colonialiste, et le rapineur
de faillites des tribunaux
de commerce Tapie.
Ce gouvernement est une énumération
à la Prévert de fripouillons sur le retour.
On ne fait que commencer à rigoler.
Attachons nos ceintures.
Pour le moment, ils doivent avoir décidé
de se la jouer cool, histoire de
ne pas se dévoiler trop tôt.
Lire à la fin de cette page, les explications
fumeuses tirées du site desinfo.org,
qui comme honnêtement pour une fois, son nom l'indique est un site
de désinformation, un peu naïf,
c'est à dire un peu "juste", sioniste.
Article paru dans "Marianne"
Glaçant ! Il a dit glaçant. Mais
s’il ne l’avait pas dit ?
Car enfin, sept jours avant que François Bayrou ne laisse tomber
ce glacial jugement,
le généticien Axel Kahn avait déjà, dans Marianne,
agité le grelot. Ainsi Nicolas Sarkozy,
qui, déjà (ceci explique cela), voulait faire repérer
chez les marmots de 2 ans les bourgeons
de la délinquance, avait pu, dans Philosophie Magazine, déclarer
que, selon lui, la
pédophilie et le suicide des adolescents étaient d’origine
génétique, qu’on était en quelque
sorte biologiquement programmé pour la déviance ou l’autodestruction,
que l’action éducative
ou sociale n’y pouvait rien, le rachat ou la miséricorde
divine non plus - retour terrifiant du
concept eugéniste du gène du crime - sans que, pendant dix
jours, aucun journal quotidien ou
hebdomadaire, aucune radio ou télévision réagisse.
Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, avant la riposte bayrouiste,
notre confrère le Monde, que
des dérapages de Le Pen qui allaient beaucoup moins loin faisaient
immédiatement monter au
créneau, n’avait même pas consacré 10 lignes
réprobatrices à cette stupéfiante rémanence
de l’idéologie socio-biologique de l’extrême
droite païenne. Comme s’il était beaucoup plus
dangereux de tacler le patron de l’UMP que de stigmatiser le leader
du Front national.
Comme si Sarkozy faisait peur.
Or cette sortie intervenait après l’annonce de la création,
en cas de victoire de la droite,
d’un « ministère de l’intégration et de
l’identité nationale », annonce qui avait littéralement
sidéré, et pour cause, la presse allemande, et dont même
l’extrême droite autrichienne de
Jôrg Haider avait tenu à dénoncer les « nauséeux
relents ». Et, surtout, après la série de
furieuses philippiques, telles qu’on n’en avait plus entendu
depuis quarante ans, inimaginables
dans quelque pays européen civilisé que ce soit, relents
de propagande stalinienne des
années 50 et de rhétorique fascisante d’avant-guerre,
qui revenaient à décrire les concurrents
du leader UMP, qu’ils fussent centristes ou sociaux-démocrates,
comme les candidats protégeant
les délinquants, le vol et la fraude, donc du crime, les suppôts
des voyous, les représentants du
parti des malhonnêtes gens et de la dégénérescence
morale, l’anti-France enfin, c’est-à-dire l’incarnation
de la haute trahison. Or, cela n’avait nullement empêché
que Jean-Louis Borloo, même malheureux
comme les pierres, s’aplatisse ; que Simone Veil, fût-ce de
la plus mauvaise grâce possible, assure
la claque et, dans un premier temps au moins, que les médias, presque
tous les grands médias,
s’écrasent. Tant le personnage fait peur.
SES MOTS POUR LE DIRE
Pourquoi ? Parce que ses entreprises de séduction
envoûtent. Parce qu’il dispose, partout, et
surtout dans les médias, d’amis dans la place et très
haut placés ? Ou parce qu’on redoute la
brutalité de ses réactions ?
La preuve par l’affaire Azouz Begag. La
scène se passe en 2006 : le ministre délégué
à l’Egalité
des chances, interpellé à propos de quelques fortes saillies
du ministre de l’Intérieur, s’excuse :
« Je ne m’appelle pas Azouz Sarkozy. » En guise d’agression,
on a connu plus destructeur !
Aussitôt, explosion de fureur de Sarkozy qui menace « de casser
la gueule de l’insolent » et lui
hurle, par saccades rageusement répétitives, qu’il
est « un connard, un salaud, qu’il ne veut plus
jamais le voir sur son chemin ». On imagine, un instant, Malek Boutih
racontant, dans un livre,
que Ségolène Royal lui a aboyé à la figure
que François Hollande allait « lui casser la gueule »
parce qu’il aurait osé murmurer : « Je ne m’appelle
pas Malek Royal. » Aussitôt, invitation sur
tous les médias à raconter l’histoire, comme l’ex-socialiste
Eric Besson. Là, service minimum.
C’est Sarkozy qui a obtenu, comme toujours, le temps de parole.
Pour expliquer que ce d était là
qu’infâme menterie. D’ailleurs, a-t-il expliqué
sur iTélé, il « croit n’avoir jamais rencontré
Azouz Begag ». Surréaliste ! Depuis deux ans, ils font partie
du même gouvernement. On imagine ce
que signifierait le fait qu’effectivement, bien que siégeant
sur les mêmes bancs et participant aux
mêmes conseils, Sarkozy ait refusé de voir Begag !
Pour une fois, cependant, le démenti sarkozyen
fait flop. Tout le monde sait, en effet, que les mots
que rapporte Azouz Begag sont les siens et pas les pires ; que ces derniers
jours, par exemple, il n’a
cessé de traiter de « connards » ses propres conseillers
et animateurs de campagne, accusés d’être
responsables de la moindre difficulté de campagne. Un article qui
le défrise dans Libération ? Il
téléphone au propriétaire, qui est un ami : «
Vous êtes un journal de merde ! Avec des journalistes
de merde ! » Il refuse, contrairement à Royal et à
Bayrou, pourtant très maltraité par Libé, de se
rendre dans ce journal pour un entretien avec la rédaction : «
Libé n’a qu’à se déplacer ! ».
Il
considère qu’il n’a pas été reçu
à France 3 national avec les honneurs qui lui sont dus. A l’adresse
de la direction il hurle : « Si je suis élu, je vous ferai
tous virer ! »
INSULTES...
C’est d’ « enculés »
que se font traiter les confrères d’une radio qui lui ont
apparemment tapé sur
les nerfs... qu’il a sensibles. Il soupçonne un journaliste
d’être favorable à François Bayrou. «
Ils
couchent ensemble », commente-t-il. Evoquant certains de ses adversaires,
il prévient, carnassier :
« je vais tous les piquer. Les niquer ! » Plus macho, tu ouvres
un harem. Parlant de Michèle Alliot-Marie,
qu’il soupçonnait, à tort, d’avoir joué
un rôle trouble dans l’affaire Clearstream, ne l’appelle-t-
il pas
« la salope » ? L’économiste et expert financier
Patrick Artus critique certaines propositions du candidat
UMP Il reçoit aussitôt un mail de son chef de cabinet «
On s’en souviendra ! » Même expérience rapportée
par un industriel qui eut le malheur de déplaire « On se
retrouvera. On est pour moi ou contre moi ! »
« Je n’ai jamais été confronté, raconte
ce patron, à un entourage aussi agressif, aussi belliqueux. »
Pourquoi le préfet Dubois, responsable des relations presse de
la Préfecture de police, est-il débarqué
du jour au lendemain : parce qu’il aurait ricané des ennuis
conjugaux du ministre !
Une enquête télé avait été réalisée
dans les Hauts-de-Seine. Elle montrait l’incroyable pesanteur
des pressions (avec carotte et bâton, promesses et chantage) qui
se sont exercées sur les élus UDF
de ce « Sarkoland » pour qu’ils lâchent Bayrou.
L’enquête en question a été « trappée
», comme on dit,
sur ordre de la direction. Elle aurait déplu ! Sur une radio, interdiction
a été faite à un confrère de rappeler,
statistiques à l’appui, que le bilan du ministre en matière
de sécurité n’est pas bon. Ça eût dérangé
!
IL N’A PLUS BESOIN D’INTERVENIR
Or, comme on ne prête qu’aux riches,
on soupçonne systématiquement Sarkozy d’être
intervenu.
Mais, le plus souvent, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas la
peine. Il n’a même pas besoin. Quand Paris
Match avait publié un reportage sur les amours new-yorkaises de
Cécilia et de son chevalier servant,
il avait, effectivement, proclamé à la cantonade qu’il
aurait la peau du directeur de la rédaction,
Alain Genestar. Mais il en resta là. Mieux il obligea Arnaud Lagardère
à attendre plusieurs mois
avant de le virer. Au Journal du dimanche, mieux encore : parce qu’il
avait appris qu’on s’apprêtait à
virer le directeur de la rédaction du journal, soi-disant pour
lui complaire, il n’intervint cette fois, après
avoir reçu et sans doute retourné le confrère, que
pour exiger qu’il reste en place. Il a même tenu à
donner
son avis sur la journaliste politique que devrait embaucher une radio
et sur le directeur que ne devrait
pas engager Libération ! Ne prend-il pas un malin plaisir à
lancer aux journalistes qui lui font cortège :
« je connais très bien votre patron. Je sais ce qui se passe
dans votre rédaction. »
On s’interroge donc : outre ses très
fortes accointances avec les grands patrons des groupes de médias,
est-ce la crainte qu’il suscite, la peur des représailles
s’il est élu, qui expliquent cette relative impunité
dont bénéficie Sarkozy quand il tient des propos ou prend
des initiatives qui, venant de Le Pen ou de
Ségolène Royal, provoqueraient une irruption réprobatrice
dans le landernau ?
Pourquoi toutes ces angoisses affichées
en privé, peut-être excessives, mais qui ne s’expriment
jamais
en public : cette star de la télévision évoque, en
cas de victoire du candidat UMP, « un risque de contrôle
quasi totalitaire des médias » ; cette consœur de LCI
se dit « terrorisée à l’idée d’une
présidence sarkozyste » ;
cette journaliste du Figaro, qui connaît bien le candidat, et livre
une description effectivement assez dantesque
de son caractère. Mais pas question de se dévoiler. Il fait
peur. « Ma rupture avec lui, confie Jean-François
Probst, ex-secrétaire général adjoint du RPR des
Hauts-de-Seine et collaborateur de Charles Pasqua,
c’est le gaullisme. Je voulais, j’espérais qu’il
serait l’homme de rassemblement. Or, il ne cesse de semer
la division. Et j’ai passé l’âge de me laisser
impressionner par un Hortefeux hystérique. » Mais les autres
?
LES CONFRÈRES ETRANGERS OSENT, EUX !
Les confrères étrangers, eux, n’ont
évidemment pas ces pudeurs. Le correspondant à Paris d’une
radio suédoise interroge tout de go : « Sarkozy ne représente-t-
il pas un risque de dictature ? »
Un journaliste de la télévision croate qui a suivi le candidat
dans ses pérégrinations en dresse un
portrait, d’ailleurs exagéré, à faire dresser
les cheveux sur la tête. Le Süddeutsche Zeitung Munich
dépeint « un macho sans scrupule et brutal qui joue avec
la peur des gens ». Le Frankfurter Allgemeine
Zeitunglui décerne le prix de « l’homme politique le
plus ambitieux et plus impitoyable d’Europe qui n’a
pas de vraie conviction, mais s’aligne sur l’humeur du peuple
». Le quotidien espagnol El Pais voit en
lui un héritier populiste des « régénérationnistes
de la droite espagnole de la fin du XIX> siècle ». Le
Tageszeitung de Berlin (de gauche, il est vrai) décrit un George
Bush tricolore qui veut imposer en
France l’idéologie de la droite néoconservatrice américaine.
La presse italienne insiste sur sa proximité
avec la droite postfasciste de la péninsule (qui s’est, avec
Gianfranco Fini, ouverte à la modernité). Si
la presse conservatrice britannique identifie volontiers, avec admiration,
Sarkozy à Mme Thatcher,
la plupart des journaux européens, en particulier scandinaves,
l’assimilent plutôt à un aventurier
néobonapartiste qui représenterait une grave menace pour
la démocratie.
LA PEUR DE LA TRAPPE
En France, en revanche, tout se passe comme si
ce type d’analyse était indicible. On n’ose pas. On
a peur.
De quoi ? Des représailles si Petit César l’emporte
? De la trappe qui s’ouvrira aussitôt ?
Celle qui s’est ouverte, par exemple, sous les pieds de la députée
UMP Nadine Morano. Elue de Lorraine,
fervente sarkozyste, talentueuse femme de tempérament, n ayant
pas froid aux yeux, elle faisait partie de
la task force du candidat. Et, soudain, à la trappe ! Officiellement,
parce qu’un reportage diffusé sur
France 3 lui a attribué un rôle un peu ridicule. Mais il
se trouve qu’étant l’une des rares à oser s’adresser
avec franchise à son héros elle lui avait fait remarquer
que, entouré d’une nuée de courtisans qui passaient
leur temps à chanter ses louanges et sa gloire, il était
devenu allergique à la moindre remarque critique.
Elle s’était en outre inquiétée de sa tendance
à s’immerger compulsivement dans les sondages qui lui
renvoyaient constamment sa propre image. Résultat : out ! «
Cramée », disent les « bonnes camarades »
de la pécheresse. Il fait peur.
Eh bien, il est temps de soulever cette chape de plomb. De braver cette
conspiration du silence.
CATHERINE NAY ENTRE LES LIGNES
Il y a quelques mois, Guillaume Durand consacrait
deux heures de son émission « Esprits libres »,
au livre plutôt hagiographique
de Catherine Nay consacré à Nicolas Sarkozy. Les livres
hostiles au candidat
UMP, assez nombreux, n’ont jamais eu cette chance. Or la lecture
de cet ouvrage, honnête malgré tout,
laisse une impression étrange. Certes il est censé vanter
les qualités du « grand homme » ; mais, en même
temps, et au second degré, il en dresse un portrait psychologique
extraordinairement préoccupant : celui
d’un homme dont l’unique véritable sujet de préoccupation
est lui-même, sa propre saga et sa quête
obsessionnelle du pouvoir. L’histoire qui le fascine, c’est
la sienne ; de l’humanité, il ne retient que sa
part ; son ascension, à quoi se réduit son seul idéal,
débouche sur l’arrivée au sommet qui constitue son
seul rêve. Il ne lit qu’un livre, celui dont son ambition
constitue la trame. N’écoute qu’une seule musique,
celle qui lui permet sans répit de chanter son épopée.
Aucune ouverture sur une autre perspective que
celle dont sa personne dessine l’horizon, sur un autre monde que
celui dont il occupe le centre.
Analyse-t-il les changements qui se produisent
autour de lui, dans la société ? Non... Mais, sans cesse,
il revient sur le seul changement qui l’obsède et rythme
ses discours : son propre changement, dont
il fait comme un ressort. « C’est vrai, explique-t-il à
Catherine Nay, j’étais égoïste, dépourvu
de toute
humanité, inattentif aux autres, dur, brutal... Mais j’ai
changé ! » Sans cesse ensuite, au grand désarroi
de ceux qui l’idolâtraient quand il était, à
l’en croire, si mauvais, il fera l’aveu de tout ce que lui
reprochent
ses adversaires pour mieux magnifier l’ampleur des métamorphoses
par quoi il se transcende. Quitte à se
révéler, à l’usage, plus égotique et
plus brutal encore. Au philosophe Michel Onfray il déclare, dans
Philosophie Magazine : « Je vais peut-être vous consterner,
mais je suis en train de comprendre la gravité
des choix que j’ai faits. Jusqu’à présent, je
n’avais pas mesuré. »
IL N’A PAS LE DROIT DE LE DIRE
Finalement, le livre de Catherine Nay, bien que
non suspect de malveillance, ne révèle-t-il pas une
certaine folie et des pulsions autocratiques chez cet homme qu’elle
qualifie elle-même de « bonapartiste » ?
L hypothèse formulée suscite, aussitôt, une levée
de boucliers indignée sur le plateau de l’émission.
On n’a pas le droit de dire ça ! Verboten ! Le directeur
du Point, Franz-Olivier Giesbert, siffle le hors-jeu.
Lequel Giesbert, pourtant, ne se gêne nullement pour déclarer
Dominique de Villepin passible de l’asile
d’aliénés. Un talentueux éditorialiste de droite
convient, en coulisse, qu’il y a « un vrai problème
! ». Halte là !
On n’a pas le droit de dire ça ! C’est tabou !
Pourtant, sur toutes les ondes. Eric Besson, l’ex-responsable
socialiste, a pu expliquer que Ségolène Royal,
Bécassine dangereusement allumée, déjà comparée
par Brice Hortefeux à Pol Pot, au fasciste Doriot
et à Staline, représente un mixte du maréchal Pétain
et du général Franco.
Concernant Chirac, Villepin, Le Pen ou José
Bové, on peut également tout oser. Ce n’est qu’à
propos de
Nicolas Sarkozy qu’on n’aurait « pas le droit de dire
ça ! ». Mais qu’en revanche il serait loisible, comme
Paris Match la semaine dernière, de lui consacrer, sur des pages
et des pages, des dithyrambes grotesques
dignes de Ceausescu, certains journalistes de ce magazine dussent-ils
nous avouer qu’ils en auraient « pleuré
de honte », mais qu’on ne peut rien contre un ordre d’en
haut ! (L’Express a même fait, sur deux pages,
ce titre ubuesque : « Sarkozy : il gardera son calme. »)
ET, POURTANT, EN PRIVE, ILS LE DISENT
Tous les journalistes politiques savent, même
s’ils s’interdisent (ou si on leur interdit) d’en faire
état,
qu’au sein même du camp dont Sarkozy se réclame on
ne cesse de murmurer, de décliner, de conjuguer.
Quoi ? Ça ! Lui confier le pouvoir, c’est, déclara
Jacques Chirac à ses proches, « comme organiser
une barbecue partie en plein été dans l’Estérel
». Claude Chirac a, elle, lâché cette phrase : «
J’aurais
préféré Juppé. Lui, au moins, c’est
un homme d’Etat. » Le ministre libéral François
Goulard ne le dissimule pas :
« Son égotisme, son obsession du moi lui tient lieu de pensée.
La critique équivaut pour lui à une déclaration
de guerre qui ne peut se terminer que par la reddition, l’achat
ou la mort l’adversaire. » Sa principale faiblesse ?
Son manque total d’humanisme. « Chirac, lui, a le souci des
autres, de l’homme. Sarko écrase tout sur
son passage. Si les Français savaient vraiment qui il est, il n’y
en a pas 5 % qui voteraient pour lui. »
Un des plus importants hiérarques l’UMP,
officiellement soutien fervent d candidat (comment faire
autrement ?) renchérit : « Sarkozy, c’est le contraire
l’apaisement. Chirac, vous verrez, on regrettera.
Lui, il n’a jamais eu de mots violents. » « Attention,
met en garde le minis de l’Agriculture, Dominique
Bussereau, on va très vite à la révolte aujourd’hui.
« La France, c’est du cristal », dit, inquiet
Jean-Pierre Raffarin.
Dominique de Villepin a mis sa langue dans sa
poche. Il n’en pense pas moins... que Sarko « a loupé
sa
cristallisation » ; que « sa violence intérieure, son
déséquilibre personnel, l’empêchent d’atteindre
à hauteur
de la présidence ». Les chiraquiens du premier cercle, Henri
Cuq (ministre délégué aux Relations avec le
Parlement) ou Jérôme Monod, le conseiller, ne veulent pas
déroger à la consigne du silence. Mais, en petit
comité, les mêmes mots reviennent : « Ce garçon
n’est pas mûr. Il n’est pas fini. Il a un compte à
régler avec
la vie qui le pousse à créer de l’affrontement partout,
et non à rassembler. » D’autres brodent « C’est
un
enfant qui n’atteindra jamais l’âge adulte. »
A quoi Roselyne Bachelot réplique : « Mais tous les hommes
sont immatures ! » On ne parle plus, on n’ose plus parler,
comme hier du moins tout fort -, de « malfrat » ou de
« petit voyou » (pourtant, ce qu’on l’a entendu
!). Mais, dans les coulisses de l’Elysée, on laisse simplement
tomber : « On fait confiance au peuple français ! »
Et, justement, il y a encore trois semaines, on se communiquait,
en jubilant, les sondages qui indiquaient une montée en puissance
de François Bayrou. Non point qu’on l’aime,
celui-là, ce « démocrate-chré tien jésuitique
» mais, enfin, on ne va pas « laisser la France tomber entre
les mains
de Catilina », dangereux aventurier populiste romain dénoncé
par Cicéron.
COMME UNE BANDE DES « CITES »
Un député UMP spécialiste
des problèmes juridiques, eut le malheur de s’opposer au
ministre de l’Intérieur à
propos des « peines plancher ». Il est, et reste, sarkozyste.
Pourtant, il fait part de son effarement. Cette
simple prise de distance lui valut d’être désigné
du doigt, menacé de représailles, ostracisé parle
clan avec
une violence « digne d’une bande des cités ».
C’est d’ailleurs un ex-haut responsable du RPR qui raconte
:
« En septembre 1994, aux journées parlementaires de Colmar,
alors que Balladur était donné gagnant par
tous les sondages, on eut affaire à la garde rapprochée
de Sarkozy.
Elle respirait l’arrogance, elle y allait
de toutes les menaces. On disait aux députés restés
fidèles à Chirac
qu’il allait "leur en cuire" »L’ancien vice-président
du RPR des Hauts-de-Seine Jean-François Probst
confirme : « Sarkozy croit toujours, comme en 1995, qu’il
peut intimider les gens. Quand je l’ai rencontré,
dans les années 80, il avait déjà ses qualités
- énergie, ténacité -, et ses défauts, dont
j’imaginais qu’il les
corrigerait. Je pensais, notamment, qu’il comblerait son inculture.
Bernique ! Il n’a fait que courir d’une
lumière l’autre. Il est fasciné par ce qui brille,
les nouveaux riches, le show off, les copains à gourmettes
même s’ils trichotent avec les règles communes, Tom
Cruise qu’il reçoit à Bercy, ébloui, et fait
raccompagner
en vaporetto. »
Bien sûr, si les chiraquiens maintenus,
les derniers villepinistes, les ultimes vrais gaullistes, quelques libéraux
ou ex-centristes ralliés à l’UMP confient, à
qui veut les entendre (mais les journalistes qui les entendent
n’en rapportent rien), que l’hypothèse d’une
présidence Sarkozy les terrifie ; qu’il y a « de la
graine de
dictateur chez cet homme-là » ; que, constamment, «
il pète les plombs », de très nombreux élus
UMP, les
plus nombreux, sont devenus des groupies enthousiastes de l’homme
qui seul peut les faire gagner et dont
personne ne nie les formidables qualités de battant. Et le courage.
Mais même eux n’étouffent pas totalement
leur inquiétude et soulignent volontiers sa violence. « Oui,
c’est vrai, reconnaît l’un d’eux, il antagonise,
il clive, il joue les uns contre les autres avec la plus extrême
cruauté. » « Il n’est vraiment totalement humain,
confie un autre, que quand il s’agit de lui-même. »
« Il a un problème de nerfs, de paranoïa, admettent-ils
tous,
mais il s’arrange, il mûrit, il se densifie. » Voire...
UN LOURD SECRET
Donc, il y aurait, s’agissant du caractère
de Sarkozy et de son rapport à la démocratie, comme un lourd
secret
qui, au mieux, préoccupe ses amis, au pis, angoisse ou affole ceux
qui savent, un terrible non-dit dont bruissent
les milieux politico-journalist iques, mais que les médias s’interdisent,
ou se voient interdire, de dévoiler.
Il fait peur ! La gauche elle-même participe de cette occultation.
Sans doute s’attaque-t- elle à Sarkozy,
parfois même avec outrance et mauvaise foi. Mais que lui reproche-t-elle
? D’être de droite, ou même,
stigmatisation suprême, une sorte de « néoconservateur
américain à passeport français », comme le
clamait
Eric Besson avant de retourner sa veste. Est-ce un crime ? La diabolisation
de la différence est aussi
contestable venant d’un bord que de l’autre. Le débat
démocratique implique qu’il y ait une gauche, un centre,
une droite, cette dernière n’étant pas moins légitime
que ses concurrents. De même qu’une partie de l’opinion
reproche au PS d’avoir trahi l’idéal socialiste ; de
même une autre partie, importante, estime que Jacques
Chirac a blousé son électorat en menant une vague politique
de « centre gauche » et exige un fort coup de
barre à droite.
C’est cette aspiration « à
droite toute » que Sarkozy incarne avec énergie et talent.
Le combattre
n’exige nullement qu’on criminalise a priori cette incarnation.
IL EST DE DROITE, ET APRES ?
Oui, Sarkozy, en son tréfonds - et même
si on l’a convaincu de ne plus rien en laisser paraître -,
est
« atlantiste » et entend rompre avec la politique gaulliste
d’« orgueilleuse » prise de distance à l’égard
des
Etats-Unis. Oui, il se réclama de George Bush à l’époque
où celui-ci triomphait ; oui, il est le candidat quasi
unanimement soutenu par le CAC 40, le pouvoir financier et la très
haute bourgeoisie ; oui, ses convictions
en matière économique et sociale en font plus le disciple
de Mme Thatcher que de Philippe Séguin ; oui, il se
sent beaucoup plus proche du modèle néolibéral anglo-saxon
que du modèle français mixte tel que l’ont façonné
les gaullistes, les sociaux-démocrates et les démocrates-chré
tiens. Le publicitaire Thierry Saussez, qui lui est
tout acquis, explique que « sa manière de faire de la politique
renvoie à ce que les patrons et les salariés vivent
dans leurs entreprises ». Tout est business.
Mais, finalement, en tout cela, il ne se distingue
guère des droites européennes qui, comme lui,
veulent démanteler l’Etat providence et approuvèrent
la guerre de George Bush en Irak.
Au demeurant, son pragmatisme, son cynisme même,
son « populisme » de tonalité bonapartiste, son
intelligence instinctive, ne permettent nullement de le décrire
en ultralibéral ou en idéologue illuminé.
Enfin, même si sa proximité avec la droite néofranquiste
espagnole ou berlusconienne italienne n’en fait
effectivement pas un « modéré », loin de là,
et même si la rhétorique agressivement extrémiste
qu’il déroule,
depuis quelques semaines, le déporte loin du centre, le qualifier
de « facho » ou de « raciste », comme s’y
risque l’extrême gauche, est une stupidité.
Pourquoi faudrait-il (à condition de ne pas abuser des camouflages
logomachiques comme le fait le
champion UMP quand il cite jean Jaurès ou multiplie les envolées
« ouvriéristes ») que se situer à droite
constitue, en soi, un délit ? On accuse également Sarkozy,
ici de soutenir « l’Église de Scientologie »,
et là d’avoir promis à Chirac une amnistie contre
son soutien. Mais il n’existe aucune preuve.
Donc, on ne retient pas.
CETTE VERITE INTERDITE
Le problème Sarkozy, vérité
interdite, est ailleurs. Ce que même la gauche étouffe, pour
rester sagement
confinée dans la confortable bipolarité d’un débat
hémiplégique, c’est ce constat indicible : cet homme,
quelque part, est fou ! Et aussi fragile. Et la nature même de sa
folie est de celle qui servit de carburant,
dans le passé, à bien des apprentis dictateurs.
Oh, évidemment, cela se murmure, au point
même de faire déjà, au sein de la couche supérieure
de la France
qui sait, et au fond des souterrains de la France qui s’en doute,
un boucan d’enfer. Les médiateurs savent,
les décideurs le pressentent. Mais les uns et les autres ont comme
signé un engagement : on ne doit pas, on
ne doit sous aucun prétexte, le dire.
Etrange atmosphère que celle qui fait que, dans cette campagne
électorale, ce qui se dit obsède peu, mais ce
qui obsède énormément ne se dit pas ; que ce dont
on parle au sein des médias et chez les politiques, les
médias, précisément, et les politiques n’en
parlent pas !
« Fou », entendons-nous : cela ne
rature ni l’intelligence, ni l’intuition, ni l’énergie,
ni les talents du personnage.
« Fou » au sens, où, peut-être, de considérables
personnages historiques le furent ou le sont, pour le meilleur
mais, le plus souvent, pour le pire. Ecoutons ce que nous confie ce député
UMP, issu de l’UDF, officiellement
intégré à la meute « de Sarkozy » : «
On dit qu’il est narcissique, égotiste. Les mots sont faibles.
Jamais je n’ai rencontré une telle
capacité à effacer spontanément du paysage tout,
absolument tout, ce qui ne
renvoie pas à lui-même. Sarko est une sorte d’aveugle
au monde extérieur dont le seul regard possible serait
tourné vers son monde intérieur Il se voit, il se voit même
constamment, mais il ne voit plus que ça. »
PLUS FORT QUE LUI...
Au fond, où est le mystère ? Sarkozy,
c’est peut-être une qualité, est transparent. Aux autres
et à lui-même.
Moins il regarde, plus il se montre, s’affiche, se livre. D’autant,
comme le reconnaît un publicitaire qui a
travaillé pour lui, qu’il ne sait pas se réfréner,
se contraindre. « Il est tellement fort, ajoute-t-il drôlement,
qu’il est plus fort que lui. » La raison ne parvient jamais
à censurer son tempérament. Prompt à interdire,
il ne sait pas s’interdire. Quelque chose en lui, d’irrépressible,
toujours, l’entraîne au-delà. « Sur un vélo,
rapporte Michel Drucker qui a souvent pédalé à ses
côtés, même quand il s’agit d’une promenade,
il se
défonce comme s’il devait constamment battre un record. »
Tous ses proches emploient spontanément
la même expression : « Il ne peut pas s’empêcher
» Par exemple,
de dire du mal de Chirac, même quand la prudence exigerait qu’il
s’en abstienne. Ainsi, en 1994, cette salve :
« L’électroencéphalogra mme de la Chiraquie
est plat. Ce n’est plus l’Hôtel de Ville, c’est
l’antichambre de la
morgue. Chirac est mort, il ne manque plus que les trois dernières
pelletées de terre. » Il ne peut pas s’empêcher,
non plus, de se livrer à un jubilatoire jeu de massacre en direction
de ceux, de son propre camp, qui ne sont pas
de sa bande ou de sa tribu. « Jamais, peut-être, un leader
politique n’avait aussi systématiquement pris son
pied- dixit une de ses victimes au sein de l’UMP-à assassiner,
les unes après les autres, les personnalités de
son propre camp pour, après le carnage, rester seul entouré
de ses chaouches. »
Après la défaite de 1995, ne s’est-il
pas livré, dans le journal les Echos, sous pseudonyme, à
une descente
en flammes de ses propres comparses : François Fillon ? «
Un nul qui n’a aucune idée. » Michel Barnier ?
« Le vide fait homme. » Philippe Douste-Blazy ? « La
lâcheté faite politicien. » Alain Juppé ?
« Un dogmatique rigide. Fabius en pire. » Quant à Villepin,
il s’est plu, si l’on en croit Franz-Olivier Giesbert,
à lui promettre de finir « pendu au croc d’un boucher
». Vis-à-vis des autres, fussent-ils des amis politiques,
aucune tendresse ! Jamais !
IL SUFFIT DE L’ÉCOUTER
Sarkozy, il suffit, au demeurant, de le lire ou
de l’écouter. De quoi parle-t-il ? De lui. Toujours.
Compulsivement. Psychanalytiquement . Que raconte-t-il ? Lui ! Qui prend-il
comme témoin ? Lui !
Qui donne-t-il en exemple ? Lui ! Il est, jusqu’au délire
parfois, sa propre préférence. Jamais hors « je ».
Ce « je » qui, à l’entendre, est forcément
« le seul qui », « le premier à », «
l’unique capable de »,
« le meilleur pour ». Comme si l’univers tout entier
était devenu un miroir qui ne lui renvoie plus que son
reflet, quitte à entretenir constamment chez lui l’angoisse
que le miroir lui dise un jour, comme à la
marâtre de Blanche Neige, qu’il n est « plus la plus
belle ».
C’est pourquoi, d’ailleurs - et même
ses proches s’en effarent-, il vit constamment immergé dans
les enquêtes
d’opinion, qui, plusieurs fois par jour, ont pour objet de le rassurer
sur l’évolution de son image. Un argument
ne passe pas ? On y renonce. Un mot fait tilt ? On le répète
à satiété. Une peur s’exprime ? On la caresse
dans le sens du poil. Le public veut des expressions de gauche ? On lui
en servira. Une musique d’extrême
droite ? On la lui jouera. Il a même été jusqu’à
faire l’éloge de la violence sociale... des marins pêcheurs.
Il commande tellement de sondages qu’il
est devenu le meilleur client de certains instituts, qui, du coup,
ont quelques scrupules à ne pas satisfaire son contentement de
soi. Il a même réussi à inspirer à l’Ifop
des sondages, publiés dans le Figaro, dont les questions quasiment
rédigées par son entourage (sur l’affaire de
Cachan ou la polémique avec les juges) ne permettaient pas d’autres
réponses que celles qui le
plébiscitaient.
IL EST « LE SEUL QUI... »
Etrangement, si, constamment confronté
à son reflet, il ne cesse d’intervenir pour en corriger les
ombres,
sa capacité d’écoute (ou de lecture) est extrêmement
faible. Invite-t-il des intellectuels médiatiques à
déjeuner au ministère de l’Intérieur que l’un
d’eux, Pascal Bruckner (qui pourtant le soutient), explique que,
loin de s’imprégner de leurs analyses, il a pratiquement
parlé tout seul. Reçue par lui, la démographe Michèle
Tribalat lui écrit « J’ai pu apprécier votre
conception du débat. Vous n’imaginez pas qu’un autre
point de vue
(que le vôtre) présente un quelconque intérêt.
» D’ailleurs, il refuse les débats. Lors de ses prestations
télévisées, on s’arrange pour qu’il n’ait
jamais de vrais contradicteurs pouvant exercer un droit de suite.
Le plus souvent, il choisit, d’ailleurs, lui-même les autres
intervenants.
Cette abyssale hypertrophie du moi, à l’évidence,
entretient chez Sarkozy cette hargne de conquête, de
contrôle, cette boulimie de pouvoir exclusif, le conduit à
éradiquer toutes les concurrences potentielles
et à neutraliser, à étouffer contestations et critiques.
Il suffit, d’ailleurs, de l’écouter, mais aussi de
le regarder
« être » et « faire ». Jamais il ne se résout
à n’être qu’un membre, fût-ce le premier,
d’un collectif.
Forcément l’unique, le soleil autour duquel tournent des
affidés. D’où sa prédilection pour un entourage
de groupies de grandes qualités et de grands talents, à
la vie à la mort, « une garde rapprochée » comme
on dit, mais aussi de porte-serviettes et de porte-flingues, de personnages
troubles encombrés de
casseroles et de transfuges. Avec eux, peu de risques !
DOUBLE DISCOURS
Il y a, chez Sarkozy, une incroyable dichotomie
du discours (ou plutôt du double discours). Seul peut l’expliquer
le
fait que le rapport à lui-même est, chez lui, à ce
point central que cette centralité de l’ego épuise
en elle-même,
et donc en lui-même, toute contradiction. Ainsi, au lendemain de
ses brutales tentatives de criminalisation de
ses concurrents, Bayrou l’ayant épinglé sur l’affaire
du déterminisme génétique, il déclare benoîtement
« Un candidat devrait s’abstenir de toute attaque contre ses
adversaires ! » Le jour même où il décide de
jouer à fond, contre les candidats qui lui sont opposés
- et avec quelle violence ! -, la stratégie guerrière de
l’affrontement manichéen, il présente un opuscule
dans lequel il explique (sous la rubrique « J’ai changé
»)
qu’il eut, certes, sa phase brutale, mais qu’il est désormais
totalement zen et apaisé. Azouz Begag, dans son
récit, rapporte que, lorsqu’il osa critiquer l’emploi
du mot « racaille », le ministre de l’Intérieur
hurla qu’il
s’agissait d’un scandaleux manque de solidarité gouvernementale,
qu’il était inconcevable qu’un ministre
critique un collègue. Or, depuis des mois, il avait lui-même
déclenché un tir nourri contre Chirac et Villepin,
son président de la République et son Premier ministre.
D’une façon générale,
il en appelle volontiers à une solidarité sans faille des
siens, tout son camp devant se
mettre à sa disposition, mais, pendant la crise du CPE, alors qu’il
avait lui-même, le premier, préconisé ce
type de contrat de travail, non seulement il en pointa soudain l’inanité
et exigea son retrait, mais, en outre,
il incita l’un des leaders de la révolte estudiantine à
« tenir bon ». Il s’agissait, évidemment, d’achever
Villepin.
COMME ON ASSASSINE TOUS LES CONCURRENTS...
A entendre les chiraquiens, même ceux qui
se sont ralliés à son panache, c’est lui, Sarkozy,
qui, ministre
du Budget de Balladur, lança la justice sur la piste du scandale
des HLM de Paris après que, dans
l’espoir d’un étouffement, l’industriel Poullain,
le patron d’une société de revêtement, e emmené
le dossier
à son lieutenant, Brice Hortefeux. Objectif ? Abattre Chirac !
C’est lui encore, prétendent-ils, qui aurait fait
révéler, au Canard enchaîné, l’affaire
d l’appartement d’Hervé Gaymard, en qui voyait un adversaire.
C’est lui encore q fit distiller, dans la
presse, de quoi faire continuellement rebondir le feuilleton du scandale
Clearstream transformé e machine à broyer et achever Dominique
de Villepin. Quand, dans un grand meeting
parisien, il lança que la victoire d oui au référendum
européen permettrait de sortir, enfin, du modèle social
fiançai n’était-il pas conscient qu’il favorisait
de sorte le camp du non et, par voie de conséquence, plombait le
pauvre Jean-Pierre Raffarin ? Autrement dit, soyez avec moi qui ai profité
de toutes les occasions pour être
contre vous. En fait Sarkozy vit ses contradictions comme une cohérente
unicité de parcours dès lors que
c’est lui, l’unique, le point central, qui porte et justifie
cette cohérence. Ainsi, lorsqu’il accuse ses concurrents,
de gauche ou centristes, d’être les candidats de la fraude,
de la voyoucratie et de la dégénérescence morale,
c’est le jour où Tapie, l’un des rares affairistes
qui lui manquait encore, se rallie à lui.
FAILLITE MORALE, DIT-IL
Quelle capacité d’auto-amnistie cela
révèle !
Car, enfin, se faire, fût-ce en partie,
offrir un luxueux appartement aménagé par le promoteur qu’on
a systématiquement favorisé en tant que maire, et dans l’espace
dont on a, toujours comme maire, financé
l’aménagement, est-ce un exemple d’attitude hautement
morale ? Permettre, après qu’on fut devenu ministre,
à son ancien cabinet d’avocats, en partie spécialisé
dans les expulsions de locataires après vente à la
découpe, de continuer à porter son nom - société
Arnault Claude Nicolas Sarkozy-, ce qui s’avère
d’autant plus intéressant qu’on continue à détenir
un gros paquet d’actions et à toucher des dividendes -,
est-ce le modèle même du comportement impitoyablement moral
? Publier un livre consacré à l’ancien
ministre Georges Mandel qui se révèle, pour partie au moins,
être un plagiat coupé-collé de la thèse
universitaire de Bertrand Favreau, certaines erreurs comprises, est-ce
la quintessence du
moralisme intégral ?
Est-ce une moralité sans faille qui permit
à Thierry Gaubert d’organiser son vaste système de
gestion
arnaqueuse du 1 % logement dans les Hauts-de-Seine à l’ombre
des réseaux sarkozystes dont il fut,
un temps, l’un des principaux rouages ? Est-ce sous le drapeau de
la moralité qu’on envoya de gros
clients très évasifs au banquier suisse Jacques Heyer qui,
d’ailleurs, consuma leur fortune (celle de
Didier Schuller en particulier) ? Les rapports d’affaires (ou de
tentatives d’affaires) avec
l’intermédiaire saoudien Takieddine étaient-ils placés
sous le signe de l’intégrisme moral ?
Le soutien constant apporté aux intérêts du groupe
Barrière dans les casinos et les machines
à sous ne fut-il dicté que par des considérations
moralistes ? Pourquoi, enfin, avoir promis de
rendre public son patrimoine et être le seul à s’en
être abstenu ?
UN SYSTEME CLANIQUE
Sarkozy n’est pas du tout un malhonnête
homme. Simplement il est, fût-ce à son corps défendant,
le pur
produit d’un système, celui du RPR des Hauts-de-Seine, dont
Florence d’Harcourt, l’ex-députée gaulliste
de Neuilly, a crûment décrit l’irrépressible
mafiosisation, renforcée par le déferlement des flux financiers
immobiliers générés par le développement du
quartier de la Défense, dont Sarkozy tint d’ailleurs à
présider
l’établissement public.
Son suppléant, en tant que parlementaire,
fut d’ailleurs le maire de Puteaux, Charles Ceccaldi-Raynaud,
puis sa fille qui, bien qu’adjointe à la mairie de Puteaux,
bénéficia en même temps d’un emploi fictif à
la mairie de Neuilly. Quand Sarkozy voulu récupérer son
siège de député, hop ! , on la nomma au Conseil
économique et social. Devenu, à tort ou à raison,
le symbole d’une certaine « ripouïsation » d’un
demi-monde de politiciens locaux, Ceccaldi-Raynaud, petit dirigeant socialiste
en Algérie française,
dû regagner précipitamment la métropole à la
suite des graves accusations dont il était l’objet, y compris
d’avoir toléré des mauvais traitements dans un camp
de prisonniers dont il était responsable. En France,
élu de la gauche SFIO à Puteaux, il passa à droite
et, lors de l’une de ses premières campagnes électorales,
ses gros bras tuèrent un militant socialiste et en blessèrent
d’autres.
Ensuite, il traîna derrière lui tellement
de casseroles (dernière affaire : il est mis en examen dans une
affaire
de marché truqué de chauffage urbain) qu’il devint
une sorte de mythe. Sarkozy, ce qui plaide peut-être
en faveur de son sens de la fidélité, ne l’a jamais
lâché, même quand, ministre des Finances, il aurait
pu
ou dû. Quand la fille Ceccaldi-Raynaud, députée-maire
à son tour, mécontente des critiques d’un journaliste
blogueur, laisse publier sur le site de la mairie une lettre laissant
supposer une inclinaison infamante,
Sarkozy ne moufte toujours pas. Il resta pareillement fidèle à
son grand ami le député-maire de Levallois
Patrick Balkany.
Quand ce dernier, archétype lui aussi du
roi de la magouille affairisto-municipa le, employeur à son seul
profit du personnel de la mairie, accablé par la justice et accusé,
en prime, de se livrer à des fellations
sur menace de revolver, écarté du RPR, est défié
par un gaulliste clean, Olivier de Chazeaux, qui
soutint Sarkozy ? Patrick Balkany. C’est-à-dire le délinquant.
Notons que les Levalloisiens, par suite
d’une gestion que soutient Sarkozy, supportent une dette de 4 000
à 6 000 € par habitant. C’est, d’ailleurs,
le cabinet d’avocats Sarkozy qui défend, en autres, la mairie
de Levallois, laquelle accumule les contentieux.
QUI SONT SES SOUTIENS ?
Faut-il rappeler que ses principaux et premiers
supporteurs dans le monde politique ne furent et ne
sont pas spécialement vêtus de probité candide Alain
Carignon, Gérard Longuet, Thierry Mariani, Manuel
Aeschlimann (150 procédures, 600 000 € de frais d’avocats
par an) et même Christian Estrosi n’ont pas
précisément défrayé la chronique à
cause de la blancheur immaculée de leur curriculum vitae.
Il paraît même que Pierre Bédier en pince désormais
pour lui.
Quant à son fan-club, qui prétendra
qu’il n’est constitué que de parangons de vertu : Doc
Gyneco,
chargé comme un sherpa, Johnny Hallyday qui répudie la France
pour ne plus payer d’impôts, comme
Jean-Michel Goudard, l’un de ses principaux conseillers en communication,
Antoine Zacharias, le Napoléon
des stock-options ?
Certes, à l’image de Simone Veil
ou de l’écrivain Yasmina Reza, de très nombreuses
personnalités de
grande qualité, représentant tous les milieux et toutes
les professions, soutiennent également Sarkozy,
y compris certaines en provenance d’une haute intelligentsia réputée
de gauche, mais droitisée par leur
soutien à la guerre d’Irak. Reste que le profil de ses partisans
les plus enthousiastes et les plus engagés,
y compris les plus faisandés des ex-petits marquis mitterrandolâ
tres, ne font pas nécessairement de Sarkozy
(dont il n’est pas question de mettre en doute l’intégrité
ou l’allergie à la déviance) le mieux placé
pour
dépeindre l’ensemble de ses adversaires en défenseurs
de la fraude, de la délinquance et de la décadence
morale.
« L’IDENTITÉ NATIONALE »,
PARLONS-EN...
Est-il, en revanche, fondé à se
proclamer seul défenseur de « l’identité nationale
» ? Mais qui se déclarait
« fier d’être surnommé Sarkozy l’Américain
» ?
Qui affirma, aux Etats-Unis, qu’il s sentait
souvent « un étranger dans son propre pays » ?
Qui regretta que la France ait bran son droit
de veto pour s’opposer à la guerre d’Irak ?
Qui stigmatisa, depuis l’Amérique
« l’arrogance » dont aurait fait preuve Dominique de
Villepin lors
de son fameux discours devant le Conseil de sécurité de
l’ONU ?
Qui, avant de confier au chiracoséguiniste
Henri Guaino le soin de rédiger ses interventions, opposa
sans cesse le ringardisme du « modèle français »
à la modernité du modèle anglo-saxon ?
Nicolas Sarkozy pourrait d’ailleurs largement
figurer dans la rubrique « Ils ont osé le dire », tant
ses propos,
depuis quinze ans, illustrent éloquemment tout ce qui précède,
c’est-à-dire une dichotomie rhétorique
qui se cristallise dans l’unicité de son exaltation du moi
!
Citons, presque au hasard : « Il y en a
combien qui peuvent se permettre d’aller à La Courneuve ?
Je suis le
seul [toujours le seul !] à être toléré dans
ces quartiers. Je suis le seul ! » « J’irai systématiquement,
toutes les semaines, dans les quartiers les plus difficiles et j y resterai
le temps nécessaire » (2005).
« Kärcher en septembre, 200 000 adhérents
[à l’UMP] en novembre. » « Racaille, le vocable
était sans doute
un peu faible. »
« Vous savez pourquoi je suis tellement
populaire ? Parce que je parle comme les gens » (avril 2004).
« Maintenant, dans les réunions publiques,
c’est moi qui fais les questions et les réponses et, à
la sortie,
les gens ont l’impression qu’on s’est vraiment parlé
» (le Figaro, mai 2005).
« Les gens qui habitent Neuilly sont ceux
qui se sont battus pour prendre plus de responsabilité s, pour
travailler
plus que les autres. »
« Si je ne faisais pas attention, tous les
jours je serais à la télévision jusqu’à
ce que les téléspectateurs en aient
la nausée » (1995).
« Le rôle du politique est de tout
faire pour ne pas exacerber les tensions. Plus la société
est fragile,
moins le discours doit être brutal. La meilleure façon de
faire avancer la société, c’est de la rassurer,
non de l’inquiéter La réforme doit être comprise
comme un ciment, non comme une rupture » (juillet 2006 dans
Témoignages).
« Je n’aime pas étaler ce qui,
finalement, appartient à ma vie privée. »
« La France souffre de l’égalitarisme
et d’un état de nivellement. »
« Dans un monde où la déloyauté
est la règle, vous me permettrez d’afficher, de manière
peut-être provocante,
ma loyauté envers Jacques Chirac » (juin 1992).
« Je refuse tout ce qui est artifice pour
façonner à tout prix une image, les photos avec femme et
enfants,
la success-story, vouloir se faire aimer, poser en tenue décontractée.
»
On nous dira, ensuite : il faut lui faire confiance,
il faut le croire. Mais où est le filet de sécurité
?
LE VRAI DANGER
On évoque obsessionnellement le danger
Le Pen. Il existe un risque, en effet. Un terrible risque que,
comme en 2002, le leader de l’extrême droite déjoue
tout les pronostics et porte ainsi un nouveau coup à
notre système démocratique. Mais tout le monde sait que
Le Pen, lui, ne sera pas élu président de la
République. Heureusement, il ne dispose, lui, contrairement à
son adversaire - concurrent de droite
(à l’égard duquel il fait preuve d’une certaine
indulgence), ni du pouvoir médiatique, ni du pouvoir
économique, ni du pouvoir financier. Pouvoirs qui, en revanche,
si Sarkozy était élu - et il peut l’être -,
ainsi que le pouvoir policier et militaire, seraient concentrés,
en même temps que les pouvoirs exécutif
et législatif, entre les mêmes mains, lesquelles disposeront,
en outre, d’une majorité au Conseil
constitutionnel, au CSA et au sein de la plupart des institutions du pays.
Hier, le journal la Tribune trappait un sondage
parce qu’il n’était pas favorable à Sarkozy
; une publicité
pour Télérama était interdite dans le métro
parce qu’elle était ironique à l’égard
de Sarkozy ;
un livre était envoyé au rebut, le patron d’un grand
magazine également, parce qu’ils avaient importuné
Sarkozy ; Yannick Noah était censuré, parce que ses propos
déplaisaient à Sarkozy. Aucun journal,
fût-il officiellement de gauche, n’a échappé
aux efficaces pressions de Sarkozy.
Voter Sarkozy n’est pas un crime. C’est même un droit.
Nous ne dirons pas, nous, que ce candidat
représente la fraude, la délinquance, l’anti-France
et la faillite morale.
Nous voudrions simplement qu’on se souvienne
plus tard - quitte, ensuite, à nous en demander
compte - que nous avons écrit qu’il représente pour
la conception que nous nous faisons de la
démocratie et de la République un formidable danger.
14 au 20 avril 2007 / Marianne
Tiré du site :
http://www.toutsaufsarkozy.com
Ci-dessous, les explications au sujet du timbre
du timbré, explications qui n'expliquent rien,
tirées du site sioniste de désinformation "desinfo.org"
(ou, la thèse de l'employé de la poste
distrait et vénal, des responsables de la poste qui ne regardent
pas la télévision, et ignorent
qui est Sarkozy, et ignorent qu'en France il va y avoir des élections,
de la faute à
l'informatique ... tout peut se faire en ligne, et autres et autres et
autres ... ) :
Les Protocoles des Postes de Sion, ou
comment « un timbre israélien à l’effigie
de Nicolas Sarkozy » a fait délirer les antisionistes
français
30 mars 2007 - Par Jean Vidal, L’Arche
Saviez-vous que l’État d’Israël
a décidé de manifester son soutien à Nicolas
Sarkozy, président de l’UMP et candidat à
la présidence de la République française,
en faisant imprimer un timbre à son effigie ? Oui, de même
que les timbres britanniques sont ornés du portrait de
la reine, il y a désormais un timbre israélien portant
l’image de Nicolas Sarkozy... C’est du moins ce qu’ont
cru - et fait croire - une petite clique d’antisionistes
acharnés. Et le plus intéressant, dans l’histoire,
n’est pas tant de savoir comment la rumeur a été
lancée que de voir qui s’y est laissé prendre.
Mais commençons par le commencement.
La Poste israélienne (Doar Israël)
a, comme un certain nombre de ses homologues dans le monde, le
besoin de renflouer ses caisses. D’où cette idée
déjà ancienne, et pas vraiment originale : proposer
au public, moyennant finances, l’impression de timbres personnalisés.
Ce service s’appelle « Mon timbre » (en hébreu
: Haboul Sheli) et il est offert sur le site internet de la Poste
israélienne.
C’est très simple, et cela
peut même s’effectuer en ligne. Vous transmettez à
la Poste une illustration de votre choix. Vous déterminez
la quantité, vous payez le prix correspondant. ? Et, clic,
votre timbre part à la fabrication.
Si vous vous contentez d’une ou
deux planches de douze timbres chacune, il vous en coûtera
37 shekels (6,70 euros) la planche. Au-delà de 50 planches,
le prix unitaire descend à 30 shekels (5,50 euros). Ce
n’est pas très cher, et cela peut faire un beau cadeau
(1).
Cerise sur le gâteau, les timbres
ainsi fabriqués peuvent servir à l’envoi de
lettres à l’intérieur d’Israël.
Pour cela, le timbre personnalisé est associé, depuis
2003, à un timbre standard agrémenté de l’inscription
Mazal Tov (« Bonne chance ») et de l’image d’un
paquet-cadeau, puisque c’est en général pour
fêter un heureux événement (naissance, bar-mitsva,
mariage, anniversaire) que l’on commande ce genre de timbre.
Le timbre standard, à la différence du timbre personnalisé,
porte les inscriptions légales qui permettent de le coller
sur une enveloppe pour expédier celle-ci, porteuse d’une
invitation ou de l’annonce d’une bonne nouvelle, à
des amis ou connaissances. Bref, de la convivialité pour
les Israéliens et des bonnes affaires pour leur Poste nationale.
Un Israélien d’origine française,
nommé Sylvain Semhoun, a voulu mettre cette initiative
commerciale au service de ses convictions politiques. Il a donc
commandé un timbre ayant pour motif... le portrait de Nicolas
Sarkozy. ?
Le timbre a apparemment été
réalisé à l’occasion de l’anniversaire
du président de l’UMP, le 25 janvier - ce qui correspond
bien à la formule traditionnelle de vœux, Mazal Tov.
Notons au passage que M. Semhoun a, dans son enthousiasme partisan,
quelque peu triché avec les instructions de la Poste israélienne.
En effet, il est précisé sur le site internet de
« Mon timbre » que, pour des raisons évidentes
de droit à l’image, l’illustration du timbre
personnalisé doit représenter exclusivement le commanditaire,
ou ses enfants âgés de moins de 18 ans, ou ses proches
au premier degré, ou ses animaux de compagnie. M. Semhoun
n’entretient manifestement aucune relation de cet ordre
avec M. Sarkozy ; mais l’agent de la Poste israélienne
qui a reçu sa commande n’a pas vu la différence
(peut-être a-t-il cru que la photo de M. Sarkozy était
celle de M. Semhoun).
Le bénéficiaire de ce geste
de sympathie était-il informé de l’hommage
qui lui était ainsi rendu ? À l’avance, certainement
pas, d’autant qu’à notre connaissance M. Semhoun
n’a aucun titre officiel pour représenter en Israël
l’UMP ou son président. Après coup, il est
probable que le timbre a été adressé à
Nicolas Sarkozy pour son anniversaire, mais on ne sait pas s’il
l’a réellement vu. Quoi qu’il en soit, il s’agit
d’un épisode qui n’a pas suscité en
Israël un émoi particulier. Pour dire les choses crûment
: à peu près personne n’en a entendu parler.
D’autre part, il va de soi - faut-il le préciser
? - qu’en raison de la nature purement commerciale du service
« Mon timbre », ni la Poste israélienne, ni
à plus forte raison l’État d’Israël,
n’a de responsabilité dans l’édition
d’un pareil timbre. Mais cela n’empêcha pas
les fantasmes de proliférer, comme on le verra dans la
suite de cet article.
Le 25 février, une reproduction
du timbre à l’effigie de M. Sarkozy fut ajoutée,
sans doute par son auteur, dans l’« album photo »
du site internet francophone israélien Terredisrael, avec
en légende l’indication du téléphone
de M. Semhoun pour qui voudrait acheter le timbre. Mais l’album
photo de Terredisrael comprend des centaines de photos prises
par des internautes, dont la plupart ont pour sujets des paysages
d’Israël. C’est dire que, là encore, le
timbre-souvenir à l’effigie de M. Sarkozy créé
par M. Semhoun n’a pas été l’événement
du siècle. En fait, la chose aurait pu rester à
jamais limitée au cercle des amis et connaissances de M.
Semhoun.
Mais, le 1er mars 2007, l’agence d’informations israélienne
francophone Guysen diffusa un article qui faisait état
de ce timbre, dont elle venait d’apprendre l’existence.
L’article attira, à son tour, l’attention d’un
site internet français nommé La Banlieue S’exprime
(LBS). ?Un drôle de site, au demeurant, né dans la
mouvance Dieudonné et dont le responsable, Ahmed Moualek,
a suivi la même trajectoire que Dieudonné, jusques
et y compris le ralliement à l’extrême droite
(2). Et là, soudain, l’innocente gaminerie de Sylvain
Semhoun revêt une dimension cosmique.
Le jour même, le 1er mars donc,
LBS répercute l’information de Guysen, en ces termes
: « Un appel est lancé aux Français juifs
de voter pour la candidature de Nicolas Sarkozy pour le bien d’Israël
». Le forum de LBS reçoit aussitôt un déluge
de messages indignés - par exemple celui-ci, daté
du 2 mars, dont la logique n’échappera à personne
: « Ce timbre est une honte aussi bien qu’une trahison
et prouve une chose : tous les Israéliens sont appelés
à voter Sarkozy, autrement, pourquoi serait-il imprimé
principalement en hébreu ? ».
Pourquoi, en effet ? Le 3 mars 2007, c’est la « maison-mère
» des sites pro-Dieudonné, Les Ogres, qui reprend
le flambeau. L’annonce qu’il existe « un timbre
“Sarkozy” en Israël » y est assortie de
considérations rédigées dans le style quelque
peu... timbré qui caractérise certains des responsables
de ce site. Extrait : « Le sionisme militant possède
une organisation de propagande qui asservit un État tout
entier : absolutisme. Le sionisme militant aime l’union
sacrée, il lui faut et un Dieu et des Héros : totémisme.
La participation de Sarkozy comme Noble et Juste de l’Empire
fait ni plus ni moins des sujets du royaume d’Israël,
des serfs. Par ailleurs, coller un timbre est un rite culturel,
auquel on se soumet. Si nous savons tous qu’il faut faire
des efforts pour atteindre un but, nous savons tous aussi en nous-mêmes
qu’il n’y a pas de mystère dans le fait que
Sarkozy soit adulé par la poste israélienne. »
Et, là aussi, les commentaires
fusent sur le forum du site. ?Le 4 mars, un contributeur annonce
que « le timbre est vendu 30 shekels ». ?En réalité,
nous l’avons vu, le prix de 30 shekels est celui d’une
planche de douze timbres lorsqu’on en commande plus de 50
à la fois. On ne sait d’ailleurs pas où ce
fidèle des Ogres a trouvé le prix de 30 shekels,
car il ne figure pas dans l’article de Guysen - ni, évidemment,
sur le timbre lui-même. Mais l’intervention suscite
le commentaire d’un autre fidèle des Ogres : «
Comme qui dirait 30 piastres monnayés par Judas pour la
peau de Jésus de Nazareth ! C’est bizarre ! ».
Cet internaute-là a de drôles de références.
On ne compte plus, dès lors, les internautes qui croient
dur comme fer que les auteurs des Protocoles des Postes de Sion
ont diffusé une consigne de vote. Des ex-gauchistes ralliés
à l’extrême droite, on passe bientôt
aux fascistes purs et durs, pour qui le complot ne fait pas l’ombre
d’un doute. Ainsi, le site Altermedia, dont la graphie gothique
indique bien l’inspiration (sous-titre : « Nouvelles
mondiales pour des personnes d’ascendance européenne
»), claironne : « Un timbre à l’effigie
de Sarko en Israël ». Novopress, un organe de la droite
de l’extrême droite qui exprime de longue date sa
connivence avec Dieudonné et Kémi Séba, surenchérit
: « Un timbre à l’effigie de Nicolas Sarkozy
a été édité en Israël et est
maintenant disponible dans tous les bureaux de poste ».
Les antisionistes fanatiques d’EuroPalestine
ne pouvaient manquer d’être de la fête. Leur
titre est identique, à deux lettres près, à
celui d’Altermedia : « Un timbre à l’effigie
de Sarkozy en Israël ». Pour faire bonne mesure, ils
ont ajouté un point d’exclamation. Sur le site Palestine-Solidarité,
un certain Robert Thompson, « avocat honoraire au Barreau
de Boulogne-sur-Mer », publie une Lettre ouverte à
Madame Ségolène Royal où l’on peut
lire : « L’État sioniste célèbre
déjà, par le moyen de l’émission d’un
timbre à son effigie, assorti de félicitations,
un de vos adversaires, que ce même État décrit
souvent comme son candidat naturel dans notre élection
».
Toujours sur internet, le site ouvertement
nazi Stormfront (des intervenants y illustrent leurs contributions
d’une croix gammée) contient d’intéressants
commentaires sur l’« affaire ». L’un souligne
la proximité idéologique avec « le site d’immigrés
» LBS ; un autre se réjouit (avec, au passage, une
petite faute d’orthographe) de « cette nouvelle »
qui prouve la « justesse » de l’analyse des
antisémites. ?
De l’internet on passe bientôt à la presse
écrite. Le 8 mars, dans l’hebdomadaire altermondialiste
Politis, le chroniqueur Bernard Langlois (dont la réputation
n’est plus à faire) ponctue une diatribe contre Nicolas
Sarkozy par l’annonce que « la poste de cet État
[l’État d’Israël, ndlr], qui sait distinguer
ses vrais amis, vient de sortir un timbre à son effigie
! ».
Le 12 mars (donc, après avoir pris
le temps de la réflexion), le quotidien communiste L’Humanité
recopie à son tour le titre inventé par d’autres
: « Un timbre à l’effigie de Sarkozy en Israël
». La journaliste, Marie Barbier, commence par écrire
que cette information qui « court depuis plusieurs jours
sur la Toile » a « des allures de canular tant elle
paraît improbable ». Mais elle aggrave son cas en
affirmant que, « vérification prise [sic] »,
il n’y a « nulle plaisanterie à l’horizon
» et que « depuis fin janvier, les Israéliens
disposent effectivement d’un timbre à l’effigie
de Nicolas Sarkozy ».
La passion de nos confrères de
L’Humanité pour la « vérification »
ne leur a manifestement pas permis de découvrir ce qu’en
deux minutes un bon journaliste aurait pu apprendre, à
savoir que tout un chacun peut éditer, dans des circonstances
analogues, un timbre israélien à l’effigie
de n’importe qui. ?Il suffit pour cela d’ignorer,
comme l’a fait M. Semhoun, la clause restrictive quant à
l’identité de la personne représentée
qui figure sur le site internet de la Poste israélienne.
Par exemple, les admirateurs israéliens
de Marie-George Buffet, candidate du PCF à la présidentielle,
ont encore le temps de lui offrir un timbre israélien à
son effigie.
NOTES
1. NDLR : Claude Wainstain a récemment
présenté, dans sa rubrique philatélique de
L’Arche, un exemple très familial d’une initiative
analogue, qui provenait en l’occurrence d’une société
américaine.
2. M. Moualek a fait partie, cet automne,
d’un voyage au Liban, aux côtés de Dieudonné,
Alain Soral et Thierry Meyssan. ?Un voyage dont il s’est
dit avec insistance qu’il avait été organisé
par l’extrême droite et qu’il s’inscrivait
dans un mouvement de ralliement dont l’épisode le
plus spectaculaire fut l’apparition, à visage découvert,
d’Alain Soral dans l’équipe de campagne de
Jean-Marie Le Pen. Pour sa part, Ahmed Moualek a publié
sur son site internet (LBS) une interview complaisante du président
du Front national.
Le 16 mars 2007, le site LBS publiait (non pas dans le cadre d’un
forum, mais dans sa partie proprement rédactionnelle),
un article où l’on pouvait lire ces propos dénués
de toute ambiguïté : « Tous les jours que Dieu
fait, on nous bassine avec la misère des Juifs, considérez,
je vous prie la patience de Dieu qui, il y a 2000 ans, fut condamné
à la crucifixion par ces mêmes Juifs. Mais revenons
aux misères de notre époque, l’occupation
israélienne en Palestine où la torture et la désespérance
est le quotidien d’un peuple asphyxié. Aucun média
chapeauté par les Juifs sionistes du PS, UMP et UDF, n’en
parle chez nous. Préférez-vous l’Irak, déchirée
par la guerre menée par les États-Unis où
le lobby juif est très puissant, qui chaque jour apporte
son lot de morts, ils sont arabes. (...) Aucun politique n’est
sincère hormis Monsieur Le Pen qui va conduire avec nous
ce combat pour la liberté. ?Pourquoi cet homme, dont je
ne partage pas les idées, simplement parce qu’il
ne fait pas partie du système instauré voilà
plus de 2000 ans par les Pharisiens avides d’argent et de
pouvoir. »
Extrait de L’Arche n° 588, avril 2007 Numéro
spécimen sur demande à info@arche-mag.com
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