En 1941, Robert Heinlein, un ancien marin de l’US Navy devenu auteur de science fiction, publia « Solution non satisfaisante », une nouvelle dans laquelle il décrivait les conséquences géopolitiques sur pourraient avoir les armes nucléaires. Quatre ans, donc, avant Hiroshima et Nagasaki. Plus tard, Philip K. Dick fit encore plus fort en imaginant une guerre entre des humains et des robots [« Nouveau modèle »]… Or, cette perspective est désormais à portée de main. Au point que les Nations unies a lancé une discussion sur ce sujet, alors que de nombreux scientifiques, entrepreneurs et spécialistes de l’intelligence artificielle ont lancé un appel pour interdire les « robots tueurs ». En 2010, un autre romancier, Norman Spinrad, publia le roman « Oussama », dans lequel il imaginait l’avènement d’un « califat » aux activités terroristes ainsi que des combats avec des essaims de drones et des blindés autonomes utilisés pour surveiller les installations stratégiques. Les évènements qui suivirent, avec l’émergence de l’État islamique [EI ou Daesh] ou encore les travaux en matière d’intelligence, eurent sans doute un goût de « déjà vu » pour ceux qui avaient lu le livre de l’écrivain américain. Cela étant, dans la patrie de Flaubert, les oeuvres d’anticipation [ou de science-fiction] sont souvent considérées comme faisant partie d’un genre « mineur ». Et même si quelques romanciers ont connu de grands succès populaires, comme Jules Verne. D’ailleurs, combien se sont lancés dans la grande aventure de l’aéronautique, au début du XXe siècle, après avoir lu « Robur le Conquérant »? Reste que, de nos jours, la science fiction française se porte plutôt bien, avec des romanciers comme Alain Damasio [dont le dernier roman, « Les furtifs« , peut intéresser les armées…], Thierry di Rollo [lire « La profondeur des tombes« ], ou encore Olivier Paquet [avec, par exemple, « Les machines fantômes« ]. Et l’Agence de l’innovation de Défense [AID] ne s’en plaindra pas, à l’heure où elle vient de lancer le recrutement d’auteurs spécialistes du genre pour la « Red Team » qu’elle entend mettre en place, comme annoncé dans son Document d’orientation de l’innovation de défense [DOID], publié en juillet.
Ainsi,
dans un communiqué publié ce 12 décembre,
l’AID a appelé les auteurs et les scénaristes
de science-fiction souhaitant rejoindre cette « Red
Team » à se faire connaître et à
lui envoyer leurs CV, accompagnés d’une lettre de
motivation. La date limite a été fixée au 15
février 2020 [ceux qui seraient intéressés
peuvent envoyer les documents exigés à cette
adresse :
Le
colonel Jean-Christophe Boeri, adjoint « Forces armées
» de l’Agence, nous en dit plus sur cette #redteam
qui
devra imaginer les conflits de demain « La Red Team sera composée, en particulier, de prospectivistes et d’auteurs de science-fiction pour ‘Imaginer au-delà' », rappelle l’AID. « Ses travaux classifiés de prospection auront pour objectif d’orienter les efforts d’innovation du ministère des Armées en imaginant des capacités militaires disruptives [aux plans opérationnel, technologique et organisationnel] », précise-t-elle. Pour animer cette Red Team, l’AID a lancé un appel public à la concurrence, via la plateforme « marches-publics.gouv.fr » afin de trouver un opérateur. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 15 janvier pour faire acte de candidature. « Nous attendons un maximum de candidatures, à la fois de la part des opérateurs chargés d’animer les équipes que des auteurs de science-fiction et prospectivistes eux-mêmes, dont nous attendons les idées et les CV », a résumé le colonel Jean-Christophe Boeri, l’adjoint « Forces armées » d’Emmanuel Chiva, le directeur de l’AID.
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