• ou comment une langue revit par l'utilisation d'autres moyens que des contrats avec des gens pas capables de les tenir comme des ministres de l'éducation ou des recteurs; comme en sont réduits à le faire les défenseurs de la langue et de la culture alsacienne en Alsace (une sorte de Palestine sans sionistes, sans purification ethnique, sans Tsahal et sans mur)
  • ou comment Cahterine Trautmann avait donné carte blanche à son adjoint culturel Engel, qui avait prévu de dépenser des millions pour créer un centre de culture yddish à Strasbourg, avec une université d'été tous les ans, notamment pour des yddischphones d'Amérique du Sud, et comment Robert Grossmann mit un terme à cette folie (mais fit des compensations par ailleurs
  • ou comment un juif polonais, après avoir occupé pendant 28 ans au moins une place d'un Palestinien, comme quelqu'un chez lui-chez-autrui, trouve qu'il est aujourd'hui bien mieux à Strasbourg; comme, Michel Warschawski, le fils de l'ancien grand-rabbin du Bas-Rhin, amené par son père en Israël pour devenir un meilleur juif, vit aujourd'hui principalement en France; après avoir rompu ses relations avec le dieu de son père, en voyant ce qu'il y avait à voir en Israël. Comme quoi, pourrait-on dire, après un  siècle de folie, les choses redeviennent normales et les juifs reviennent là où ils doivent être naturellement ( 1 ) dans les pays ayant une bourse, comme le dit Nahum Goldmann dans sa biographie; ou, en d'autres termes, dans les pays où il y a des gens qui travaillent et qui épargnent, avec de l'ordre, des policiers et des juges.

( 1 ) Nahum Goldmann est Co-fondateur, avec le rabbin Wise, du Jewish World Congress :

" La diaspora est une sorte de garantie, de réserve. On m'a dit un jour : « Les Juifs sont les plus grands spéculateurs du monde. Ils courent toujours s'établir là où se crée le centre de la civilisation. Quand le centre était au Proche-Orient, ils étaient en Palestine, puis à Babylone, ensuite à Alexandrie. Quand les Romains ont conquis le Proche-Orient, ils allèrent en Europe, à Rome, en Rhénanie. Aujourd'hui que le Proche-Orient redevient un centre important, les voilà de retour. Ils sont toujours là où se situent les grandes valeurs boursières de l'histoire. ». Naturellement, tout cela était exprimé de façon plutôt prosaïque et vulgaire. "
Citation tirée du livre " Le paradoxe juif, Conversations en français avec Léon Abramowicz ",. Edition Stock 1976, page 98.


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© Dernières Nouvelles D'alsace, Vendredi 17 Juin 2005.. Tous droits de reproduction réservés
Le prix Cuikermann de Rafaël Goldwaser


Rafaël Goldwaser. Prix Cuikermann 2005.(Photo DNA - Bernard Meyer)



Entre New York et Israël, où il séjournait ces temps-ci, le lauréat 2005 du prix Cuikermann savoure son bonheur : Rafaël Goldwaser a adopté Strasbourg il y a quinze ans.

Le prix Cuikermann récompense des caractères qui s'investissent dans la défense et promotion du yiddish. Des chercheurs, traducteurs, linguistes ou artistes sont ainsi récompensés - une initiative des frères Cukierman (dont Roger, président du Conseil représentatif des institutions juives de France).
  Lauréat 2005 de ce prix, Rafaël Goldwaser fête ces jours prochains avec ses amis strasbourgeois (ce 20 juin à la Galerie Insight, 10 rue Thomann, à 18 h 30) une distinction qui lui est officiellement remise le 7 juillet à Paris. Et y voit la reconnaissance, en effet, d'un « engagement ». Un héritage, aussi - son père, émigré polonais, jouait au théâtre yiddish de Buenos Aires en Argentine.

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Installé ensuite en Israël, Rafaël y resta 26 ans, tout en complétant sa formation théâtrale à Paris. Et c'est à Strasbourg qu'il choisit de vivre, après que des amis l'y eurent invité en 1990 pour une lecture de textes yiddish. Il y a créé le Théâtre en l'Air / der LufTeater, y monta des pièces de Sholem Aleykhem ou d'Isaac Bashevis Singer. Dans l'amitié d'Astrid Ruff, Isabelle Marx ou Doris Engel, encourageant ces dernières dans leurs propres aventures artistiques.
  Rafaël a plaidé la cause du yiddish au sein d'Universités d'été animées à Strasbourg ainsi qu'à Paris et Bruxelles. Car cette langue née dans la vallée du Rhin aux alentours du Xe siècle, et parlée dans une grande partie de l' Europe avant la Shoah, connaît un réel renouveau - Goldwaser, à 58 ans, est serein : « A New York, où j'ai donné deux monologues au Bronx et à Manhattan, à Los Angeles, dans un centre de culture juive : un public de gens âgés, mais aussi, de bien plus jeunes que moi ! Des immigrés de la troisième génération, qui grandissent dans le yiddish. »
  Et depuis son port d'attache alsacien, il défend la cause du yiddish dans le monde entier. Des cycles universitaires de yiddish réunissent à Vilnius des jeunes, juifs ou non-juifs, d'Italie, d'Allemagne, de Grande- Bretagne, de Pologne, de Moldavie ou d'Ukraine : « On écrit partout de nouveaux romans, de la poésie, des pièces de théâtre, des nouvelles. » En Israël, le yiddish a retrouvé place grâce aux cultures de l'immigration, ou palestinienne : « Je crois que la paix viendra par les artistes... »
  Toujours blessé par l'échec, à Strasbourg, d'un projet de Centre européen des cultures yiddish, il se réjouit d'autres avancées : un documentaire de France 3 Alsace sur le Théâtre en l'Air/ Der LufTeater a toutes les chances d'être traduit et présenté dans plusieurs festivals du film yiddish, en Amérique comme en Israël. Et en novembre prochain, à Strasbourg, il monte Yiddish en Pologne, autour d'un grand chantre de Cracovie assassiné par les nazis. Avec Isabelle Marx il a travaillé à une évocation par des enfants de l'école Lucie-Berger, ce dimanche dans le cadre de l'inauguration du Mémorial de l'Alsace-Moselle à Schirmeck, du destin tragique de Hana Brady - une écolière de Tchécoslovaquie morte à 13 ans à Auschwitz. Sa valise, envoyée en 2 000 au Musée de la Shoah de Tokyo, permit à Fumiko, sa directrice, de reconstituer l'histoire de Hana : elle retrouva son frère George, qui vit au Canada. Avec ses photos et souvenirs intacts.

Marie Brassart-Goerg

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