22 janvier 2020,
L’Iran
captait l’attention du monde entier lors de ses
interventions devant les Nations Unies. Il portait haut les
couleurs des peuples face à l’impérialisme.
Il ne reste rien aujourd’hui de cet héritage. Le
président Mahmoud Ahmadinjed à la tribune de la
65ème session de l’Assemblée générale
de l’Onu, le 23 septembre 2010, remet en cause la version
officielle des attentats du 11-Septembre 2001 aux USA.
21:38 20.01.2020(mis à jour 10:28 21.01.2020)
Des documents, gardés secrets pendant plusieurs décennies et concernant la libération du camp de concentration nazi d’Auschwitz (Oswiecim), ont été déclassifiés par le Service fédéral de sécurité russe (FSB) en prévision de la Journée de mémoire des victimes de l’Holocauste, a annoncé la chaîne de télévision russe NTV. Il s’agit principalement de procès-verbaux des interrogatoires d’anciens gardiens d’Auschwitz. Les documents contiennent des schémas des chambres à gaz, des descriptions détaillées des traitements réservés aux détenus, ainsi que des informations sur des soldats et officiers SS arrêtés par l’armée soviétique, dont plusieurs Polonais, selon la chaîne. Des Polonais parmi les gardiensUn dossier est consacré à un certain Alfred Skrzypek, originaire de la ville silésienne de Krolewsko Huta (aujourd’hui, Chorzow), qui a été arrêté sur le territoire du camp, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Cracovie. Alfred Skrzypek a avoué avoir lui-même torturé des détenus, y compris des compatriotes. Un autre dossier pénal présenté
dans
le reportage de NTV est aussi dédié à un
Polonais, Willi (Willy) Steinborn. Arrêté par les
Allemands pour des activités antinazies, il a plus tard
été libéré à condition de
devenir gardien à Auschwitz. Selon ses dires, il a été
promu au grade de SS-Rottenführer pour son travail. D’après
un procès-verbal, «il a traité les
prisonniers de façon inhumaine, les a personnellement
abattus». Au-delà de l’épreuve de force à laquelle se livrent Washington et Téhéran, Thierry Meyssan met en évidence le changement profond de comportement de l’Iran. Ce pays, jadis sourcilleux sur le respect du Droit international, l’ignore aujourd’hui, rejoignant ainsi les États-Unis et Israël qui ne l’ont jamais admis. Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 21
janvier 2020 Par « Droit international » j’entends les procédures qui régissent les relations entre les États, pas celles qui, de Nuremberg au TPI, légalisent le jugement des vaincus par leurs vainqueurs (Ndlr : « tribunal des vainqueurs jugeant les vaincus » a été une expression créée par les historiens révisionnistes au sujet de Nuremberg pour disqualifier les attendus du jugement. Cela signifie que le tribunal est par essence partial, et donc qu'il ne dit ni la justice, ni la vérité). Trois membres de l’Onu affichent désormais leur incompréhension du Droit international, tandis que d’autres n’y font plus référence et, après avoir dénaturé le concept de « Droits de l’homme » [1], préfèrent un « multilatéralisme fondé sur des règles » [2]. Trois États hors du DroitLe premier, ce sont les États-Unis, qui depuis leur création il y a deux siècles, s’affirment une nation « à nulle autre pareille ». Selon leur mythe national, ils furent un refuge pour la secte puritaine des « Pères pèlerins » du Mayflower et le sont aujourd’hui pour tous les persécutés, religieux et politiques. Au nom de quoi ils ont toujours refusé d’appliquer les traités internationaux en droit interne ; jugent les comportements d’autrui avec sévérité, mais absolvent a priori leurs ressortissants qui agissent de même ; et refusent que toute juridiction internationale s’intéresse à leurs affaires intérieures [3]. C’est la raison profonde pour laquelle ils poussèrent les autres pays à adhérer à la Société des Nations, mais s’y refusèrent. S’ils acceptèrent les principes du Droit international durant la Guerre froide, de la création de l’Onu à la disparition de l’URSS, ils revinrent dès qu’ils le purent à leur comportement antérieur. Ainsi, en 1999, ils attaquèrent en toute illégalité la République fédérale de Yougoslavie, emportant avec eux leurs vassaux de l’Alliance atlantique. Puis, ils lancèrent sous de faux prétextes des guerres en Afghanistan, en Iraq, et en Libye. Leurs attaques contre des Iraniens, dans deux pays du Moyen-Orient, l’Iraq et le Yémen, le 3 janvier 2020, sont toutes aussi illégales. Le second fut Israël dès sa proclamation unilatérale, le 14 mai 1948, en violation du processus de partage de la Palestine géographique imaginé par les Nations Unies. Depuis soixante-dix ans, Tel-Aviv observe le Conseil de sécurité voter des résolutions qu’il bafoue. Chaque fois que des sanctions sont envisagées contre lui, il peut compter sur la protection des États-Unis et n’y est pas soumis. Il se considère comme éternellement menacé et ne peut survivre que par la guerre ; une position culturelle qui prendra peut-être fin lorsque ses citoyens se définissant comme juifs (Likoud) seront moins nombreux que ceux se définissant comme Israéliens (Blanc-Bleu). Il en existe désormais un troisième : l’Iran. Depuis toujours, Téhéran a exécuté ses leaders opposants à étranger, partout dans le monde, mais jamais des ressortissants étrangers. Par exemple, le shah Mohammad Reza Pahlavi fit assassiner le philosophe Ali Shariati à Londres puis, après 1978, le gouvernement islamique fit assassiner des contre-révolutionnaires en Europe. Jamais ces meurtres n’étaient officiellement revendiqués. Durant la guerre imposée par l’Iraq, l’Iran fit attaquer des intérêts de ses ennemis à l’étranger ; par exemple, l’attentat contre les forces états-uniennes et françaises de l’Onu à Beyrouth en 1983. Mais celui-ci fut réalisé par des proxys libanais (qui plus tard participèrent à la fondation du Hezbollah) et dirigé contre les activités illégales de soldats de cette force (la réunion secrète régionale de la CIA). Or, depuis deux ans, des forces iraniennes ont plusieurs fois tiré, sans le revendiquer, des missiles sur Israël depuis le territoire syrien en violation du cessez-le-feu syro-israélien de 1973. Et, ce mois-ci, des missiles ont officiellement été tirés depuis l’Iran sur des forces états-uniennes en Iraq, en violation de la souveraineté de Bagdad [4]. Les États-Unis se pensent comme la nation des persécutés et ne sauraient donc recevoir de conseils des autres, les persécuteurs. Israël s’imagine comme le refuge d’un peuple menacé et ne saurait donc recevoir de conseils de ceux qui l’ont ignoré ou pire violenté. Mais l’Iran ? L’évolution de l’IranComment expliquer cette évolution, sinon par un changement profond du Pouvoir ? Tout a commencé à se dérégler fin 2013 et l’on assiste depuis 2017 à des manifestations, non seulement à Téhéran et à Ispahan, mais dans tout le pays. Petit à petit les institutions se sont transformées. Le système judiciaire indépendant de l’Exécutif et du Législatif est devenu un organe de répression politique [5], allant jusqu’à condamner à huis-clos à 15 ans de réclusion pour des motifs secrets l’ancien vice-président nationaliste Hamid Baghaie [6]. Le Conseil des Gardiens, qui —durant la Révolution— devait veiller à écarter des élections les agents de l’étranger, est devenu un organe de censure de l’opposition allant jusqu’à qualifier l’équipe de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad de « mauvais musulmans » (sic). Alors qu’en islam, la fonction cléricale est de dire le droit, nous assistons à une reprise en main du pouvoir par un clergé qui viole tous les principes juridiques. Nous ne cessons de le dire depuis 6 ans : ceci n’a rien à voir avec l’opposition entre pro et anti-Occidentaux, ni avec la question des croyances. C’est le retour du problème séculaire des Iraniens : la vénération aveugle de la fonction cléricale, quelque soit la confession dominante. Il n’aura pas de solution sans séparation constitutionnelle des pouvoirs civils et religieux. À toutes les époques, sous toutes sortes de religions dominantes, sous toutes sortes de régimes, il s’est posé. Je le répète, cela n’a rien à voir avec la Révolution de 1978, laquelle contrairement à une idée reçue en Occident, ne s’est pas faite avec le clergé, mais aussi contre lui. L’ayatollah Khomeiny avait été rejeté par ses pairs qui ne se sont ralliés à lui qu’après sa victoire. Ils ont alors fait du zèle pour faire oublier leurs excès antérieurs. Si nous nous référons aux documents officiels états-uniens déjà déclassifiés [7], le conseiller de Sécurité nationale d’alors, Zbigniew Brzeziński, considérait le clergé comme l’allié des USA face à un shah devenu trop gourmand. Il organisa le retour de l’imam Khomeiny en pensant à tort qu’il était comme les autres religieux. Il fut désappointé dès son discours anti-impérialiste au cimetière Behesht-e Zahra. De nombreux acteurs du Proche-Orient ont compris cette évolution à commencer par le Hezbollah et la Syrie. Ils ont tous deux pris leurs distances avec la politique intérieure iranienne. En pleine guerre, Damas n’a pas eu d’ambassadeur d’Iran pendant plus d’un an. Les Occidentaux, eux, n’ont pas perçu ce changement parce qu’ils sont prisonniers de leur propre propagande contre la Révolution de 1978. Ils interprètent les mouvements actuels en Iran en fonction de leurs innombrables tentatives de renversement de régime et pas en observant les comportements des Iraniens. Les explications des USA et de l’Iran devant le Conseil de sécuritéComme à chaque intervention militaire à l’étranger, après leurs échanges de bombes, les USA et l’Iran ont assuré le Conseil de sécurité qu’ils agissaient dans le respect de la Charte des Nations unies. La
lettre de l’ambassadrice Kelly Craft annonçant
l’assassinat du général Qassem Soleimani, le
2 janvier 2020, est surréaliste [8].
La lettre de l’ambassadeur Majid
Takht Ravanchi est tout aussi affligeante [11].
D’ailleurs, l’Iraq a immédiatement protesté contre les agissements des Etats-Unis et de l’Iran [12] L’intérêt du Droit internationalBeaucoup pensent qu’il n’y a pas de raison de respecter le Droit si les autres s’en moquent. C’est qu’ils le perçoivent comme une contrainte et non comme une protection. Dans son Léviathan, le philosophe Thomas Hobbes, qui avait vécu la guerre civile anglaise (1642-1651), montrait que les individus doivent tout entreprendre pour se protéger du chaos. Ceux qui ont affronté les armées jihadistes savent à quel point il avait raison, les autres, endormis par leur confort, l’ignorent. Hobbes allait même jusqu’à penser qu’il vaut mieux un État autoritaire que les affres du chaos. Il acceptait des dérives de l’État qu’il comparait au Léviathan, la bête monstrueuse qui ferme les enfers. Au demeurant, le Droit international n’a rien de
monstrueux. Il ne heurte aucune conscience. S’en écarter
menace la paix et donc notre vie à tous.
[1]
« Théorie
et pratique des Droits de l’homme », par
Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 1er
octobre 2019
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