De Gilbert Leonard En Martinique, la population n'est pas dupe. Des élus et des syndicats mobilisés contre Sarkozy en Martinique FORT-DE-FRANCE Des élus et des syndicats martiniquais réunis dans un collectif d'une trentaine d'organisations ont appelé à une mobilisation contre la venue de Nicolas Sarkozy jeudi dans l'île. Ils dénoncent des déclarations du ministre de l'Intérieur à propos de la situation dans les banlieues, dont beaucoup d'habitants viennent des Antilles françaises - il a notamment parlé de "racaille" et de nettoyage "au karcher". "Lorsque que le ministre emploie ces mots, nous nous sentons visés, car il parle de nos frères et soeurs qui vivent dans les banlieues", a dit Garcin Malsa, maire indépendantiste de la commune de Saint-Anne, située à l'extrême sud de l'île. "Un haut responsable de l'Etat ne peut pas avoir de tels propos et fouler le sol d'un pays qui a un lourd passé colonial sans qu'on ne lui fasse savoir", a-t-il ajouté. Francis Carole, conseiller général et porte-parole du collectif, proteste également contre la loi du 23 février 2005 sur la colonisation, qui reconnaît "le rôle positif de la présence française outre-mer" dans les manuels scolaires. Plusieurs manifestations sont prévues sur l'île durant la visite de Nicolas Sarkozy, dont des concerts de klaxon lors de ses prises de parole. Le poète et homme politique Aimé Césaire a pour sa part annoncé lundi qu'il ne recevrait pas le ministre de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy avait prévu un entretien jeudi matin avec le chantre de la "négritude" - concept né dans les années trente, en réaction au système colonial français. L'auteur de "Toussaint Louverture" dénonce un "piège" dans lequel "il ne tombera pas". "Je n'accepte pas de recevoir le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy pour deux raisons. Première raison: des raisons personnelles. Deuxième raison: parce que, auteur du 'Discours sur le colonialisme', je reste fidèle à ma doctrine et anticolonialiste résolu. Je ne saurais paraître me rallier à l'esprit et à la lettre de la loi du 23 février 2005", écrit Aimé Césaire dans un communiqué. Les partis de gauche et les indépendantistes ont promis un séjour difficile au président du l'UMP. Durant son déplacement, le ministre de l'Intérieur a prévu de rencontrer des policiers, des gendarmes, des sapeurs-pompiers et des représentants de l'association des victimes d'un accident d'avion où ont péri de nombreux Martiniquais en août. Vendredi, il se rendra en Guadeloupe .
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