Les Ulis - Projet de mosquée : le bras de fer continue
SAMEDI MATIN. Les manifestants n'ont pas pu se réunir comme d'habitude devant
la mairie, protégée par les forces de l'ordre.
Benjamin Jérôme
Le Parisien , lundi 22 novembre 2004
http://www.leparisien.com/home/maville/essonne/article.htm?articleid=245920126
SOIXANTE-DIX gendarmes mobiles, mais aussi une trentaine de policiers nationaux
et municipaux : les forces de l'ordre étaient présentes en nombre samedi matin
autour de l'esplanade de la mairie des Ulis pour en contrôler l'accès. Cet
impressionnant dispositif de sécurité avait été mis en place pour faire
respecter un récent arrêté préfectoral interdisant à la communauté musulmane de
manifester sur l'esplanade.
Le rassemblement des musulmans interdit par la préfecture Chaque samedi matin
depuis début septembre, des centaines de musulmans se rassemblent devant
l'hôtel de ville à l'appel de l'Acmu, l'Association cultuelle des musulmans des
Ulis, pour protester contre le refus de la municipalité d'agrandir la future
mosquée.
Le maire MRC Paul Loridant propose 1 520 m 2 (surface au sol) pour l'édifice
religieux tandis que les manifestants estiment avoir besoin de 1 800 m 2 , pour
installer des salles de cours, une bibliothèque ou encore une salle de
conférence. Seulement voilà, le préfet a interdit le rassemblement de samedi
dernier. « Toute manifestation doit être déclarée préalablement. Or cela n'a
jamais été le cas pour ces rassemblements, explique François Marzoratti,
sous-préfet. Jusque-là, nous avons fait preuve de tolérance, mais les élus nous
ont alerté de plaintes d'habitants. Et dès lors que nous constatons un risque
de trouble à l'ordre public, cela justifie un arrêté d'interdiction. » Mais
plus que ce problème d'autorisation, il semblerait que ce soit la manifestation
du 13 novembre qui ait déclenché la décision préfectorale. Ce samedi-là, à
l'occasion de la fin du ramadan, plus de 1 200 fidèles se sont retrouvés sur
l'esplanade pour prier. « Ils ont franchi une limite en sortant les tapis
devant la mairie. Beaucoup de gens ont été choqués, s'exclame le maire Paul
Loridant, qui ne compte pas renégocier la surface de la mosquée. La religion,
c'est d'ordre privé. Prier sur le parvis, c'est ce qu'il ne fallait pas faire.
Maintenant, la république se défend. » « M. Loridant espère museler
l'expression citoyenne par la force, réagit Abdelhakim Sefrioui, porte-parole
de l'Acmu. Il voit plus de mille personnes faire la prière et il a la rage
parce qu'il ne peut plus prétendre que nous n'avons pas besoin d'une grande
mosquée. » Samedi matin, les 200 fidèles qui n'avaient pas rebroussé chemin à
la vue des forces de l'ordre se sont réunis dans le calme, sur le terrain
réservé aux forains, à une centaine de mètres du centre. « Nous n'irons pas à
l'affrontement », ont précisé les musulmans. Alors que l'Acmu prévoyait de
suspendre la mobilisation quelques semaines le temps de relancer des
négociations, la présence de ce cordon policier a fait changer d'avis ses
responsables. « Devant l'attitude du maire, nous avons décidé de continuer les
rassemblements, indique Abdelhakim Sefrioui. Et pour samedi prochain, on va
faire les déclarations nécessaires. »