Actualité juive, N° 882 du 17/03/2005 page 28

Rubrique Actualité.

 

AAARGH : décryptage d'une revue online négationniste

 

NAUSEABOND . Huit associations ( dont J'Accuse, l'UEJF, le MRAP, SOS-Racisme, le Consistoire Central et l'Association des déportés d'Auschwitz, la ligue des droits de l'homme ) ont assigné en justice par voie de référé les hébergeurs américains et les principaux fournisseurs d'accès français du site AAARGH . La première audience a eu lieu lundi 14 mars, au tribunal correctionnel de Paris.

AAARGH, sigle qui signifie Association des Anciens Amateurs de Récits de Guerres et d'Holocaustes, met en ligne plusieurs sites internet en diverses langues, en premier lieu en français. En consultant l'adresse : www.geocities.com/ilrestodelsiclo . On peut ainsi trouver la « liste des publications mensuelles de l'AAARGH » et celle en italien titrée «Il Resto de siclo ». Laquelle déclare être vouée à « la crise du colonialisme au Moyen-Orient et la question du révisionnisme historique » ainsi qu'aux « guerres mondiales, les guerres coloniales d'aujourd'hui, les guerres futures ». C'est le négationnisme français Serge Thion qui est le principal responsable de AAARGH et de « Resto del Siclo » dans lequel on trouve en outre la signature de Robert Faurisson.

L'analyse des numéros du « Resto del Siclo » de l'année 2004 fait clairement apparaître un élément qui n'a pas suffisamment été mis en relief à propos de la version française de AAARGH : cette revue officie comme un carrefour des extrémismes. Extrémisme de l'ultra-gauche don S. Thion, venu du mouvement « conseillisme » La Vieille Taupe , est issu ; extrémisme de droite dans sa version néo-nazie ou fasciste non repentie ; extrémisme islamiste enfin.

A l'ultra-gauche, c'est principalement le Camp Anti-Impérialiste qui s'exprime dans « Il resto del siclo », à travers son animateur principal, l'ancien membre du groupe maoïste Potere Operaio, Moreno Pasquinelli. Plusieurs cadres de ce mouvement ont été arrêtés par la police italienne le 1 er avril 2004 dans le cadre d'une enquête sur les réseaux en Europe du mouvement terroriste turc DHKC. Le Camp Anti-Impérialiste, qui possède un site web en français ( www.antiimperialista.com/fr/ ), met en ligne les communiqués de l'Armée Islamique en Irak et prend la défense de l'Alliance Patriotique Irakienne, un groupe de résistance issu de la famille communiste.

A l'extrême-droite, la revue a donné la parole au Comité Mahler, fondé autour de l'Allemand Horst Malher, avocat de la bande à Baader dans les années 70, devenu par la suite un des théoriciens du parti néo-nazi NPD et de l'anti-sionisme-antisémitisme radical. Les ultras du néo-fascisme italien, comme Ugo Gaudenzi, Claudio Mutti et Carlo Mattogno, s'y expriment régulièrement.

Enfin, « Il resto del siclo » a publié un texte titré « Paragonare il sionismo al nazismo è offendere il nazismo » ( « Comparer le sionisme au nazisme, c'est offenser le nazisme »), écrit par feu le dirigeant du Hamas, Abdel-Aziz al-Rantissi. D'autres articles d'auteurs arabes non islamistes ont été repris, notamment du négationniste jordanien Ibrahim Alloush.

Comme sur à peu près tous les sites antisémites, de nombreux textes d'Israël Shamir sont également en ligne.

En plus de la jonction des extrêmes qui s'opère ici au nom de l'antisémitisme, la publication-sœur de AAARGH en italien consacre nombre d'articles à la guerre en Irak pour glorifier la lutte armée contre les Etats-Unis et leurs alliés. C'est donc aussi par la critique radicale de l'impérialisme américain et de la guerre en Irak que le négationnisme cherche à rebondir en se trouvant de « nouveau compagnons de route ».

Jean-Yves Camus.

 

Extrait de l'ouvrage de Jean-Yves Camus et René Monzat, " Les Droites nationales et radicales en France ", 1992, page 232.

Le Frondeur est un bulletin d'ultra-gauche qui a publié dans ses numéros 7 et 8 de 1981 et 1982, un long manifeste négationniste " La question concentrationnaire, histoire d'un mythe ". Le raisonnement est limpide : le procès de Nuremberg et le discours sur les camps ont pour fonction de cacher les crimes de guerre des alliés et " escamotent la critique du nazisme lui-même ". Car le nazisme " est un régime à abattre, il est une des pires formes d'ordre contraignant et totalitaire ", " même si l'on prouvait que le nazisme n'a tué personne en camp ". Le discours " en rajoutte pour ne rien critiquer ".

 

 

Photographie supposée de Jean-Yves Camus :

 

 

Le génocide de Palestine, vue de sa progression :