PALESTINE   UNE SUCCESSION DE CONQUÊTES

par Ginette Hess Skandrani    

Pour faire comprendre la légitimité de la résistance palestinienne et essayer d'expliquer l'énorme injustice faite à ce peuple par nos sociétés dites civilisées, je pense qu'un petit rappel historiquue est nécessaire afin de remettre quelques pendules à l'heure.

La résistance d'un peuple ne s'est jamais faite en douceur et a souvent été incomprise. Mais elle est nécessaire et justifiée.    

Chronologie d'une histoire  

L'histoire de la Palestine , corne occidentale du croissant fertile, a toujours été déterminée, en grande partie, par sa situation géographique.

Pays très ancien, Jéricho est sans doute la plus vieille ville du monde, la Palestine a toujours été très convoitée.  

Le premier Etat palestinien apparaît vers 2500 avant J.C., créé par les Cananéens.

Les Hébreux guidés par Moïse hors d'Egypte vont ensuite, vers 1300 avant J.C. conquérir la "Terre promise"
[ Note du transcripteur : il semble d'après des historiens juifs eux-mêmes, que tout cela soit une pure légende, le personnage de Moïse étant fictif, comme la quasi totalité des personnages bibliques. La Bible n'est qu'un récit de propagande élaboré vers le 6 ème siècle avant J.C. Il n'y aurait jamais eu de déportation en Egypte. Il s'agit d'une mytologie inventée de toute pièce à la finalité de servir un pouvoir royal. Les personnages bibliques et les principaux récits bibliques de la création, du déluge et autres, sont copiés des mythes fondateurs sumériens antérieurs de deux milliers d'années, et de la vie de certains rois akkadiens. Voir " La Bible dévoilée " d'Israël Finkelstein, et " L'Histoire commence à Sumer " de Samuel et Noah Kramer ] .

Ils se heurterons aux Philistins qui ont laissé leur nom à la Palestine (Falastine en arabe).

Voie de passage obligée entre l'Asie et l'Afrique. façade asiatique de la Méditerranée, elle sera à l'origine de tous les enjeux géostratégique de la région, de l'Antiquité à nos jours. Elle aura, par conséquent, à subir tout au long de son histoire une succession d'invasions qui s'accompagneront de phénomènes de fixation d'une partie de ces masses migrantes. Certaines vont composer cette mosaïque de peuples dont les Palestiniens (qu'ils soient juifs, chrétiens, musulmans ou athées) sont aujourd'hui les héritiers.

La Palestine , couloir stratégique, sera constamment empruntée et convoitée par tous les empires, ( égyptien, babylonien, ottoman, britannique....). Cananéens, Hébreux, Perses, Grecs et Romains l'occuperont du III ème millénaire avant Jésus Christ, jusqu'au IV ème siècle après Jésus Christ. Suivront la période byzantine, la conquête arabe et les croisades.

En partie conquise par Salah Eddine (Saladin), Sultan d'Egypte, la Palestine connaît ensuite la domination des Mongols, puis des Mamelouks avant d'être conquise par les Ottomans en 1517. Jusqu'en 1917, elle reste sous domination ottomane, faisant partie de la région administrative Syrie-Palestine que se sont partagés la France et le Royaume-Uni par les accords secrets Sykes-Picot (1916). La Palestine étant "attribuée" aux Britanniques, les troupes d'Allenby entrent dans Jérusalem/Al Qods et occupent toute la Palestine.  

LES ORIGINES DU DESASTRE PALESTINIEN  

Le double jeu britannique et français a été à l'origine de tous les conflits contemporains dans cette région. Les promesses anglaises faites à Hussein de la Mecque , dès 1915, visant à créer un grand royaume arabe (hachémite) englobant l'Arabie, la Transjordanie , la Syrie , le Liban et l'Irak auront été annulées par les accords Sykes-Picot de mai 1916 qui instaurent le partage des dépouilles entre les deux convives en attisant toutes les haines.

Au terme de marchandages sordides, Anglais et Français ont procédé au dépeçage très équilibré pour les colonisateurs, la France s'octroyant la Syrie et le Liban, l'Angleterre gardant l'Irak et la Palestine (ratification par le traité de Sèvres août 1920, entériné par la Société des Nations, ancêtre de l'Onu, en juillet 1922).  

Mais c'est la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 (rendue publique en 1920) promettant "l'établissement en Palestine d'un Foyer National pour le peuple juif" qui a mis le feu aux poudres et conditionné jusqu'à ce jour le destin du peuple palestinien.

A cette époque, (1914-18) sur les 730 000 habitants de la Palestine , 80 000 étaient d'origine juive, immigrés récents d'Europe et de Russie. Les 650 000 autres (de toutes confessions, juifs y compris) soit 90% de la population, partageant la culture et la langue arabe depuis des siècles, ce sont eux les descendants directs de ces cultivateurs, artisans et commerçants qui vivent sur cette terre de Palestine depuis le XVIIIè siècle avant J.C.  

L'immigration sioniste s'est développée, accrue après 1933 par les persécutions nazies en Europe et par les positions du "congrès sioniste" (crée par l'appel de Théodore Hertzl en 1897), dont le slogan mensonger " une terre sans peuple pour un peuple sans terre" va rapidement justifier la confiscation massive des terres.

Les sionistes achètent des terres aux riches propriétaires palestiniens absentéistes, installent des colonies agricoles et développent une économie séparée dont est évincée l'ensemble de la population musulmane et chrétienne.

Comment s'étonner dès lors que la résistance palestinienne à l'autorité mandataire qui autorisait la croissance de cette immigration juive, ne finisse par éclater violemment entre 1935-39.  

Cette rébellion prenait des allures de guerre et contenait en germe beaucoup d'éléments de la résistance nationale palestinienne à venir : organisation de grèves générales, manifestations, révoltes, mouvement populaire dirigé par Ezzedine El Kassem, le rôle de l'Association des Femmes Palestiniennes.

Par ailleurs le génocide nazi va fournir au programme sioniste la valeur d'un droit humain imprescriptible et urgent. La deuxième guerre mondiale a introduit des bouleversements profonds dans les rapports de force internationaux.

Les Etats-Unis, première puissance mondiale, talonnée de près par l'URSS jouent à fond et imposent largement la carte sioniste.    

LA PARTITION DE LA PALESTINE  

Le 29 novembre 1947 l'Assemblée générale la toute jeune ONU vote la partition de la Palestine par 33 votes pour, dont celles des Etats-Unis, de l'Union soviétique et de la France , 13 contre et 10 abstentions, dont celle du Royaume-Uni.

Il faut rappeler qu'à cette époque, une grande partie des peuples de la planète ne sont pas souverains et n'ont donc pas voix au chapitre.

Toutes les manoeuvres et pressions auront été bonnes pour obtenir la majorité requise des deux tiers.

La résolution 181 crée : ° Un Etat juif sur 56, 47% de la Palestine pour 498 000 juifs. ° Un Etat arabe sur 43,53% du territoire pour 807 000 Palestiniens et 10 000 juifs. ° Un régime de tutelle internationale pour Jérusalem avec 105 000 Palestiniens et 100 000 juifs.  

Cette résolution jugée illégale et illégitime a toujours été dénoncée par l'ensemble du Monde arabe car : ° Le peuple le plus concerné par ce vote, le peuple palestinien, peuple autochtone dans toutes ses composantes, n'a jamais été consulté sur le partage de sa terre. ° Le Monde arabe étant encore largement colonisé et ne pouvant donc s'exprimer officiellement alors qu'il était tout autant concerné par le devenir de cette région, n'a pu prendre part au vote. ° Et surtout l'ONU a outrepassé son rôle en créant artificiellement un Etat sur la terre d'un peuple qui s'y accrochait et continue encore aujourd'hui à s'y accrocher désespérément.  

Le mandat britannique prend fin la 14 mai 1948 et le lendemain est proclamé unilatéralement l'Etat d'Israël.

En quelques jours les Palestiniens deviennent minorité au sein d'une entité étrangère, sans changer de lieu, sans avoir été consultés.

La fin du mandat colonial britannique ne signifie pas pour eux, la fin de la colonisation encore moins le droit à l'autodétermination; elle annonce au contraire, leur aliénation existentielle.  

Déjà avant mai 1948, les persécutions anti-palestiniennes, marqués par le massacre de Deir Yassine dans la nuit du 9 au 10 avril où l'Irgoun de Beghin et le groupe Stern de Shamir massacrèrent plus de 300 civils endormis, entraîne la fuite d' environ 300 000 personnes, sans qu'aucun pays arabe ne proteste.

380 villages furent comme Deir-Yassine rayés définitivement de la carte. Après une tentative de trêve marquée par l'assassinat du médiateur de l'ONU, le Comte Bernadotte, par le groupe Stern, la première guerre Israélo-arabe consacrait la victoire d'Israël, les pays arabes préférant signer des armistices séparés en n'acceptant que des frontières de fait.

La défaite arabe a permis à l'Etat juif de s'agrandir et a redessiné une nouvelle configuration de la Palestine : ° L'Etat d'Israël avec 12% de Palestiniens restés sur place; ° Une Palestine sous influence égyptienne ( la Bande de Gaza) ° Une Palestine annexée à la Transjordanie dans le royaume hachémite de Jordanie ( la Cisjordanie ).

Ces deux morceaux de Palestine s'appelleront dorénavant "Territoires occupés".

La Palestine ancestrale a été atomisée, ses habitants exilés sur leur propres terres, dotés du statut de réfugiés, assistés par l'UNRWA (organisme d'assistance des Nation-Unies pour les réfugiés), parqués dans des camps concentrationnaires à Gaza ou en Cisjordanie qui en accueillent près de 700 000.

Dès lors, on distingue les Palestiniens de l'intérieur (restés en Palestine occupée) et ceux de l'extérieur ( la diaspora ).  

Le 11 mai 1949, Israël est admis au sein de l'Onu et est à ce jour, le seul Etat devenu membre sans avoir eu à déposer une carte de ses frontières.

Il contrôle environ 80% de la Palestine et rejette immédiatement l'internationalisation de Jérusalem votée par l'Onu.

Dans le même temps, en application de la "loi du retour", les juifs qui s'installent sont automatiquement naturalisés alors que les "réfugiés"( nouveau nom des Palestiniens) qui y sont nés n'ont pas le droit d'y revenir.  

UN PEUPLE QUI REFUSE DE DISPARAITRE  

La résistance s'est organisée dès 195O avec une lente maturation du mouvement national.

En 1951-52 des manifestations, souvent durement réprimées, eurent lieu contre les expropriations.

Le mouvement El Ardh ( la Terre ) a demandé l'égalité et la justice sociale.

En octobre 1956, a eu lieu la guerre Israëlo-Egyptienne, orchestrée par la France et l'Angleterre suite à la nationalisation du Canal de Suez par le président Nasser.

Le Fath de Yasser Arafat, dont le programme nationaliste affirme la nécessité d'une Palestine démocratique arabo-juive a été crée en 1956 au Koweït.

La création, à Jerusalem de l'Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.) et la rédaction de la première Charte nationale palestinienne devra attendre jusqu'au 30 mai 1964, la création de l'A.L.P.(Armée de libération de la Palestine ) jusqu'au 10 août de la même année.

En janvier 1965, entre en action "Al Assifa", branche militaire du Fath, suivies par d'autres organisations, mais toujours sous contrôle des pays arabes.  

Lors de la guerre des six jours le 6 juin 1967, les Israéliens occupent la totalité du territoire de la Palestine mandataire, plus le Sinaï égyptien et le Golan syrien et annexent Jérusalem.

De nouveaux réfugiés fuient vers les pays voisins. De nouveaux villages ancestraux sont détruits et plusieurs expulsions sont organisées. Les bases de l'O.L.P. en Cisjordanie et à Gaza sont détruites, mais elles se réorganisent.

Georges Habache crée le F.P.L.P. [Front populaire de libération de la Palestine] en décembre 1967, ce qui lui permet d'assurer la victoire des feddayin lors de la bataille de Karameh en mars 1968.

En 1969, l'O.L.P. présente une déclaration exposant les grands principes d'un futur Etat palestinien " indépendant et démocratique" où pourraient vivre des citoyens de différentes origines et confessions; cela implique la disparition d'un Etat et d'une citoyenneté fondée sur une appartenance religieuse.

En septembre, Yasser Arafat a été confirmé comme président du Comité exécutif de l'O.L.P.. La même année l'Onu reconnaît l'existence d'un peuple palestinien.  

Après des affrontements entre Palestiniens et troupes libanaises en 1969, après la meurtrière attaque jordanienne en septembre 1970 ( Septembre noir) où le pouvoir hachémite liquide la résistance palestinienne, les Palestiniens se retrouvent à nouveau isolés.

Le Conseil National Palestinien rejette en 1972 l'idée d'un Royaume Arabe Unifié (associant Jordanie et Cisjordanie) tout comme celle d'un gouvernement palestinien en exil.

La guerre du Kippour, 4e guerre Israëlo-arabe du 6 au 25 octobre 1973, devenait de fait , une demi-victoire pour les Palestiniens.

La résolution 238 adoptée par le Conseil de Sécurité de l'ONU demande l'application de la résolution 242 adoptée le 22 novembre 1967 qui affirme "l'inadmissibilité de l'acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d'oeuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque état de vivre en paix dans la région".  

L'Egypte entame alors un processus de paix séparée qui aboutira en 1978 aux accords Begin/Sadate/Carter de Camp David, puis en mars 1979 au traité de Washington qui aboutira à l'évacuation du Sinaï et ajournera d'autant le volet palestinien.  

En 1974, après la reconnaissance de l'O.L.P. par l'URSS, l'O.L.P. (Fath, F.D.P.L.P et Saïka) acceptait l'idée "réaliste" d'un mini-Etat palestinien "sur toute partie du territoire palestinien", a côté et non à la place de l'Etat d'Israël.

Du coup l'O.L.P. mettant fin au rêve d'une Palestine réunifiée et démocratique, acquiert une reconnaissance internationale et obtiendra un statut d'observateur" à l'ONU, comme unique et légitime représentant du peuple palestinien.

Au même moment le F.P.L.P. groupait une coalition désignée sous le nom de "Front du Refus" rejetant toute idée de solution partielle négociée avec Israël et s'opposant au mini-Etat palestinien.

En novembre 1975 les US commençaient à mentionner discrètement "les droits légitimes des Palestiniens". En juin 1977 la CEE reconnaissait la "nécessité d'une patrie pour le peuple palestinien".

Si la cause palestinienne avançait à petits pas au niveau international, grâce ou à cause des compromis de l'O.L.P., les menaces contre les Palestiniens étaient loin d'être écartées.

Au Liban, ils étaient menacés par les attaques des Phalangistes libanais (prenant en août 1976 le camp de Tell El Zataar) qui demandaient l'intervention des Syriens puis des Israéliens après mars 1978.

A l'offensive phalangiste puis syro-libanaise contre la résistance palestinienne en 1973-1975-1976, qui sera à l'origine de la guerre du Liban, succédera l'offensive israélienne de 1978 et 1982.

Le Sud-Liban devenait le champ clos d'un affrontement direct entre les forces palestiniennes et Israël. Les deux temps forts seront mars 1978 et septembre 1982. En mars 1978, l'armée israélienne occupe le Sud-Liban jusqu'au fleuve Litani. Le 6 juin 1982, l'opération israélienne " Paix en Galilée" avait pour but d'achever le nettoyage syrien de 1976 et de démanteler l'O.L.P. en pilonnant Beyrouth.

L'opération culminera dans l'horreur en septembre lors des massacres de Sabra et Chatila, après avoir, sous la protection de l'ONU fait évacuer l'O.L.P.. En décembre 1983, c'est Tripoli que devra évacuer Arafat et ses troupes à la suite d'une attaque syrienne. Désormais coupée de sa base libanaise (environ 600 000 Palestiniens) l'OLP devenait une institution politico-administrative en exil à Tunis.  

L'INTIFADA  

Le 9 décembre 1987, débutait le soulèvement de tout un peuple qui décidait de prendre en charge sa propre organisation économique, sociale, culturelle et politique. "La guerre des pierres" a été l'explosion d'un peuple anéanti, exclu, réduit à l'état de "réfugiés" sur son propre sol, oublié par la communauté internationale et refusant de disparaître.

Le monde entier a pris conscience tout à coup de ces enfants lançant des pierres contre l'armée la plus puissante de la région.

Ces enfants qui avaient grandi sous occupation, qui ne connaissaient que la violence, la répression, les couvre-feux où ils étaient enfermés souvent pendant des semaines dans des baraques, volets fermés, électricité et eau coupées.

Ces enfants qui n'avaient pas souvent le droit d'aller à l'école, n'avaient pas le droit de jouer, de courir, de s'épanouir, de vivre ou tout simplement d'être des enfants, ont dit un jour : Basta! Ils ont prouvé, avec l'ensemble de la population, qu'en s'unissant, même sous une occupation drastique, un peuple peut se faire entendre.

Ce qui était moins connu c'est que cette Intifada, outre la révolte des pierres, a aussi été un mouvement d' innovation, de créativité, d'imagination de ces jeunes, ces femmes, ces hommes, de toute une population, intellectuelle ou paysanne, ouvrière ou commerçante, sans distinction sociale, de sexe ou de religion.

Nous avons eu la surprise de trouver tout un peuple en marche. Nous devons rappeler que l'Intifada, c'était aussi : - l'organisation du boycott des produits israéliens malgré la pauvreté et la misère qui sévissait dans les camps, - la floraison de tous ces réseaux de solidarité entre les camps, les villages, les quartiers, - l'entraide par les soins, la prise en charge de la santé, la fourniture des médicaments - l'organisation de coopératives agricoles, puis alimentaires, de petites unités de vente, de troc, d'échange de nourriture, - l'ouverture d'écoles parentales palliant la fermeture des écoles, - les comités populaires, les associations féminines.      

La répression de l'Intifada

La répression fut terrible, des morts par centaines, des blessés par balles par milliers, des estropiés de plus en plus jeunes, des milliers de prisonniers sans jugement, des centaines de bannis, des familles séparées, des orphelins, des sans-abri suite au dynamitage de leurs maisons par les forces d'occupation. L'occupation fut de plus en plus dure, le harcèlement par l'armée quotidien, la destruction des maisons s'accentuant, la construction de colonie de peuplement s'accélérant.  

L'Intifada a été, en cette fin de siècle, une des luttes les plus originales d'un peuple qui a littéralement explosé contre un oppresseur ne sachant utiliser que la violence bornée et vite désemparé par cette forme de lutte.

Elle a malheureusement été brisée par le couvre-feu permanent instauré sur l'ensemble des territoires palestiniens durant un mois et demi, pendant la guerre du golfe début 1991.

Ce couvre-feu , qui a transformé les territoires palestiniens en une grande prison, a coupé les liens entre tous les réseaux, a mis en sommeil les comités populaires et a fini par désespérer l'ensemble de la population.

Les négociations, les pressions subies par leurs dirigeants ou les pays arabes "amis", ont fini par venir à bout de cette forme de combat qui par sa pratique de la démocratie directe et participative avait réussi à faire peur à nombre de dirigeants palestiniens ou monarques voisins.  

LES NEGOCIATIONS  

Lors de la réunion du Conseil National Palestinien à Alger, le 15 novembre 1989, l'O.L.P. proclamait l'Etat de Palestine et reconnaissait les résolutions 181, 242 et 338 de l'Onu, c'est-à-dire qu'elle reconnaissait la partition de la Palestine et en même temps réaffirmait la condamnation du terrorisme.

En décembre les USA acceptaient de discuter avec l'O.L.P. enfin soumise et dénudée après qu'Arafat avait reconnu et accepté la colonisation de la terre de Palestine.

Le 30 octobre 1991 débutait la première conférence sur la paix à Madrid après qu'Arafat ait déclaré "caduque" la charte de l'O.L.P. pour pouvoir y faire inviter les représentants de l'O.L.P. dans la délégation jordanienne.

Cette conférence qui préconise des rencontres multilatérales se déroule au moment où s'intensifie l'immigration des juifs soviétiques renversant la balance migratoire et accélérant l'implantation des colonies sionistes dans les territoires palestiniens.

Le texte signé le 13 septembre 1993 à Washington était une déclaration de principes, d'intention. Nous pouvons comprendre que certains Palestiniens se soient réjouis de ces accords signés.

Après 43 ans de combats incessants, de rejets de reconnaissance de leurs légitimes revendications, d'une survie à travers les camps de concentration ou en exil, il était tout à fait normal qu'ils aient saisi l'occasion d'ouvrir un débat pouvant, croyaient-ils, déboucher sur de véritables négociations.

Mais tous les Palestiniens ne partageaient pas l'euphorie ambiante et avec le recul nous devons reconnaître qu'ils avaient raison..  

Les différentes négociations, les compromis, les pressions internationales, les atermoiements des pays arabes défendant leurs propres intérêts, la guerre du Golfe qui a isolé l'O.L.P., l'éclatement de la Ligue arabe ont fait que l'O.L.P. s'est précipitée dans des accords de paix concoctés par ceux que l'Intifada et l'organisation de la résistance en démocratie directe dérangeaient.

Le résultat est, que ces accords de paix, négociés par les dirigeants extérieurs n'ont pas amélioré la vie des Palestiniens toujours sous occupation, même si quelques confettis semi- autonomisés ont été accordés. Ils ont au contraire aggravé leurs conditions de vie et de survie - ce que les représentants de l'O.L.P. sont les premiers à reconnaître Ils ont surtout divisé la lutte du peuple palestinien. Ils ont cassé l'espoir des populations, brisé beaucoup d'illusions, radicalisé la résistance - les actions kamikaze en témoignent - tout en renforçant la colonisation des terres et l'agressivité des colons russes, ouest européens ou américains.  

A ces accords est venu s'ajouter le volet Wye Plantation du 23 octobre 1998, qui devait permettre de récupérer moins de 13% des terres occupées, officialiser la présence de la C.I .A. sur les lieux et surtout casser toute forme de résistance à la colonisation des terres.

Netanayou et son gouvernement ont cherché tous les prétextes, comme a continué à le faire celui d'Ehud Barak qui non seulement n'a pas rendu les terres volées, mais a continué et accentué la création de colonies de peuplement et truffé toute la Palestine de routes de contournement, sous l'oeil bienveillant des USA qui ont poursuivi leur politique de favoritisme en continuant allègrement à lui verser des dividendes.

Par la suite, son successeur, Ariel Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, n'a eu qu'à continuer la route tracée par la politique de ses prédecesseurs.

La mascarade de Camp David du 2 juillet 2000, voulait avant tout faire pression sur l'Autorité palestinienne pour l'empêcher, comme annoncé, de déclarer unilatéralement la création de l'Etat palestinien le 13 septembre et de ce fait rassembler l'ensemble des organisations politiques, résistance y compris, autour de cet acte et surtout permettre à Bill Clinton de quitter son mandat de président des USA avec les honneurs de missionnaire de la paix.  

La façon dont ont été traité les négociateurs palestiniens, Yasser Arafat a leur tête, carrément pris en otage par les dirigeants américaino-sionistes, ont montré que les Palestiniens n'étaient toujours pas reconnu comme des partenaires capable de négocier l'avenir de leur peuple.

Les USA et Israël ont voulu leur faire porter l'échec de Camp David n°2, alors qu'il n'y avait aucune avancée dans les propositions.

Accepter de signer cette mascara c'était se condamner à accepter une reconnaissance de la colonisation des terres.

Alors que que depuis plus de cinquante ans Tsahal crée la désolation en Palestine en lui donnant le nom de "Paix" et l'expantionnisme sioniste se camoufle derrière l'imposture du prétendu processus de Paix imposé par les USA. la judaïsation systématique de la Palestine et le développement conjugué des colonies juives s'effectue desormais avec la bénédiction et la collaboration honteuse de l'Autorité palestinienne ainsi que des Etats arabes inféodés à l'impérialisme occidental. (certains comme l'Irak, la Libye, la Syrie etc. résistent encore.Pour combien de temps...)

En cette fin d'année 2000 le peuple palestinien contrôle moins de 5% de sa terre historique. Mais les Palestiniens, le petit peuple des camps, des villes et des villages occupés ou semi-libérés sait pertinemment et depuis bien longtemps déjà qu'il ne pourra compter que sur lui même s'il veut libérer la Palestine et vivre comme tous les peuples du monde.

Les Libanais, à travers la résistance du Hezbollah ont montré qu'ils ont été capable de se débarrasser de l'occupation israélienne.

Leur résistance, souvent douloureuse, a porté ses fruits.

Quelque soit le gouvernement israélien, de droite comme de gauche, sa politique reste sioniste. Le but déclaré ou caché reste le même : continuer à se servir de l'Autorité Palestinienne pour éliminer toute forme de résistance à l'occupation, veiller à diviser la lutte pour mieux régner. Combien de temps Yasser Arafat pourra-t-il tenir son rôle de gendarme ? Il faudra bien que l'Autorité palestinienne rende un jour des comptes au peuple palestinien qui lui, non seulement n'a profité d'aucun accord, mais du fait de la démission de certains de ses chefs historiques a vu sa lutte confisquée et son avenir compromis.  

PALESTINE "MIROIR DU MONDE" entre mondialisation et sionisme  

Quatorze ans après la naissance de l'Intifada dans le ghetto de Gaza, deux ans après le début de la deuxième Intifada, celle appelée d'Al Aqsa, car elle a débuté à Jérusalem, cinquante quatre ans après la première partition, la longue marche du peuple palestinien semble suspendue.

Tous les chemins sont minés.

Tout a été fait -répression, mensonges, corruption, manipulations politiques et médiatiques - pour casser ce peuple, pour briser les liens organiques entre les directions politiques, la population et sa résistance populaire.

Il est vital que la raison l'emporte, que les Palestiniens réapprennent à dialoguer entre eux, toutes tendances confondues. pour trouver une solution, une nouvelle forme de lutte avant de chercher à négocier avec ceux qui ne veulent de toute façon pas abandonner leurs conquêtes.

Cette nouvelle forme de lutte, réconciliant le peuple palestinien et capable de mobiliser le monde arabe, pourrait se mettre en place autour du statut de Jérusalem/Al Qods.

La capitale palestinienne - ville des trois religions du livre - annexée illégalement par Israël représente un enjeu régional et international.  

La nouvelle Intifada  

Et voilà, qu'en cette fin d'année 2000, le 28 septembre, à l'entrée du troisième millénaire, l'Intifada reprenait, avec ses terribles répressions, le bouclage des territoires autonomes, le massacres des petits lanceurs de pierre, l'élimination organisée. et, aussi la résistance de tout un peuple meurtri après tant d'années de luttes.

Il a suffi d'une étincelle : la visite d'Ariel Sharon le bourreau de Sabra et Chatila pour que l'espoir, malgré les 1000 morts, les milliers de blessés, d'estropiés, revienne et nous renvoie, à travers nos petits écrans ces jeunes combattants, si fiers d'être "Palestiniens".

Les accords d'Oslo, morts-nés, qui devaient rendre 22% de leur terre aux Palestiniens, ont prouvé qu'Israël ne voulait rien rendre. Les sionistes tenaient juste à se débarrasser de ceux qui remettaient leur hold-up en question, tout en se faisant passer auprès de la communauté internationale comme une éternelle victime. "Ceux qui ont subi les massacres nazis ne pourront jamais être traités de coupables".

Les accuser de commettre des massacres, d'organiser les déportations des autochtones, de pratiquer un ethnicide est forcément une accusation antisémite.

Pendant combien de temps pourront-ils encore manipuler les consciences occidentales?

La Palestine , oubliée de tous, absente des grandes déclarations humanitaires, victime de ceux qui veulaient mener le monde à leur guise pendant des décennies, redevenait, grâce à la lutte courageuse de ses jeunes "le Miroir du Monde".

Elle a amené à travers la résistance de ses "chebabs" et grâce à la télé du Qatar "El Jazera" déferlant via les communautés arabo-musulmanes en Europe, dans bien des foyers, une raison de se battre contre cette mondialisation abrutissante dont Israël est un des symboles les plus flagrants.

Jénine, après les massacres de Sabra et Chatila, il y a vingt ans, est devenu aujourd'hui le symbole de la résistance d'un petit peuple à une des armées la plus féroce du monde.

Les Palestiniens nous ont démontré et nous démontrent tous les jours qu'ils continuent, malgré toutes les pressions, y compris celles de leur Autorité, à résister.

Ils ont besoin de notre soutien.

Juin 2002