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CHRONIQUE DE GUANTANAMO
3ème année - N° 7 - 15 décembre 2005

Publication bimensuelle du Collectif guantanamo, 5 rue de Douai, 75009 Paris

Tél. 00 33 (0)6 13 99 28 86 € Courriel : collectifguantanamo@yahoo.fr
Cette Chronique contient toutes les informations publiées au jour le jour sur le site http://quibla.net

NOUS PRATIQUONS LE COPYLEFT : TOUT OU PARTIE DE CETTE CHRONIQUE PEUT ÊTRE REPRODUIT LIBREMENT, EN MENTIONNANT LA SOURCE

« La possibilité, pour le pouvoir exécutif, de jeter un homme en prison sans formuler aucune charge reconnue par la loi contre lui, et notamment de lui refuser le jugement par ses pairs, est odieuse au plus haut degré et elle est le fondement de tout gouvernement totalitaire, qu'il soit nazi ou communiste. »
Winston Churchill
1 er décembre 2005 : CELA FAIT 1 445 JOURS
QUE NOS FRÈRES HUMAINS SONT RETENUS EN OTAGES À GUANTANAMO !

LES INFORMATIONS SONT CLASSÉES EN ORDRE CHRONOLOGIQUE DÉCROISSANT

AU SOMMAIRE DE CE NUMÉRO
15/12/2005 - Soupçons renforcés sur les enlèvements de la CIA
14/12/2005 - Gulagomobay
13/12/2005 - Les "Belges entre guillemets" exigent une sanction exemplaire contre Madame Lizin
08/12/2005 - Condoleezza Rice admet «une erreur» de la CIA
07/12/2005 - Sami Al-Arian partiellement acquitté ! Échec au Patriot Act
07/12/2005 - Al-Arian déclaré non coupable pour 8 des chefs d'accusation qui pesaient contre lui
07/12/2005 - Condi Rice persiste et signe
04/12/2005 - Plus de 300 vols de la CIA vers l'Europe auraient eu lieu depuis 2001
04/12/2005 - Plus de 430 vols secrets de la CIA en Allemagne, Berlin a la liste
3/12/2005 - "Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des vols" de la CIA en France, selon le Quai d'Orsay
3/12/2005 - Vols secrets de la CIA : escales en France, explications américaines attendues


15/12/2005 - Soupçons renforcés sur les enlèvements de la CIA
Terrorisme. Les soupçons se renforcent sur l'enlèvement et la détention par la CIA de suspects islamistes en Europe, hors de tout contrôle judiciaire, selon une enquête du Conseil de l'Europe dont le rapporteur a appelé hier les gouvernements à s'engager «dans la recherche de la vérité». «Les éléments récoltés jusqu'à aujourd'hui permettent de renforcer la crédibilité des allégations concernant le transport et la détention temporaire de personnes détenues, en dehors de toute procédure judiciaire, dans des pays européens», a affirmé ce rapporteur, le parlementaire suisse Dick Marty. Chargé d'enquêter sur les «allégations» visant la CIA, Dick Marty a fait un point sur ses recherches lors d'une réunion à Paris d'une Commission de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, qui regroupe 46 Etats membres. M. Marty explique avoir adressé des demandes écrites à deux pays membres, la Pologne et la Roumanie, qui auraient abrité des centres de détention secrets de la CIA, ainsi qu'aux Etats-Unis. «Des procédures judiciaires en cours dans certains pays semblent montrer que des personnes ont été enlevées et transportées dans d'autres pays sans respecter aucune norme d'assistance judiciaire», a affirmé M. Marty. «Force est de constater que les allégations n'ont jamais été formellement démenties par les Etats-Unis», a-t-il ajouté.
Source : Le Figaro, 14 décembre 2005

14/12/2005 - Gulagomobay
par Raja Chemayel, 13 décembre 2005. Traduit de l'anglais pour Quibla par Marcel Charbonnier

Ô, toi, Gulagomobay
Où le soleil ne se couche jamais,
Dans tes cellules.

Ô, toi, Gulagomobay
Où l'hospitalité made in USA ne connaît
Aucune limite.

Ô, toi, Gulagomobay
Où la démocratie made in USA supplante
La Justice.

Ô, toi, Gulagomobay,
Où les interrogatoires prennent trois ans,
Au minimum.

Ô, toi, Gulagomobay,
Où les droits de l'homme hibernent
Trois ou quatre hivers durant.

Ô, toi, Gulagomobay,
Où un suspect n'est jamais innocent,
A moins de détenir un passeport britannique.

Ô, toi, Gulagomobay,
Qui te trouves sur une île dont le chef d'Etat est qualifié de « dictateur »
Et où
Les geôliers-tortionnaires& preneurs d'otages aliènes
Viennent de la soi-disant « terre des hommes libres » !

Ô, toi, Gulagomobay,
Où le remède est pire
Que la maladie elle-même.

Ô, toi, Gulagomobay,
Toi qui viendras, très bientôt,
Quelque part,

Dans VOTRE propre voisinage ! ! !

Après Cuba,
La Roumanie et la Pologne.

Après la Roumanie et la Pologne,
? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

13/12/2005 - Les "Belges entre guillemets" exigent une sanction exemplaire contre Madame Lizin
par le Parti des Jeunes Musulmans, Bruxelles, 11 décembre 2005. source : http://www.mvjm.be

"... Nous allons aller voir (...) quelles sont les procédures appliquées aujourd¹hui à ceux qui y restent [à Guantanamo] puisque à l¹évidence un certain nombre de ces prisonniers ont été restitués. Nous avons les deux Belges entre guillemets qui étaient dans ce cadre et qui n¹étaient pas des enfants de ch¦ur..."
VERBATIM: http://www.mvjm.be/dossiers/SOCIETE/extraits_LIZIN_JT_RTBF_091205.html et
http://skynet.rtbf.be/index.html?page=reportages&pq=medium&pj=5902&pr=31969&parag=rep31969

Ce sont là les paroles du troisième plus haut personnage de l¹État, Anne-Marie Lizin ( PS ), la présidente du Sénat, prononcées au journal télévisé de 19h30 de la RTBF, ce vendredi 9 décembre 2005, en réponse au "précieux sésame américain" qui l¹autorise, en tant que "représentante spéciale à Guantanamo " de l¹assemblée parlementaire de l¹OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), à visiter "le célèbre centre de détention" de Guantanamo (paroles de la présentatrice, cette fois, qui semble croire, et en fait, on n¹en est pas si loin, que la Lizin a gagné au loto des mascarades humanitaires un séjour touristique qui exclut tout contact avec les détenus, actuellement plus de 400 "combattants non privilégiés" (unprivileged belligerent)   parqués là sans aucune espèce de droit ni d¹humanité.
Qui s¹étonnera de ce que cette "cheffe de file des islamophobes belges"(1) qui laissait entendre, le 24 février 2005, que " l¹argumentaire juridique américain est tout à fait tenable" (2) (mais qui dit présentement qu¹elle va "aller voir quelles sont les procédures appliquées aujourd¹hui à ceux qui y restent", à Guantanamo) stigmatise publiquement, à l¹évocation de ces deux jeunes gens retenus sans la moindre légalité, et que l¹on croyait Belges jusqu¹ici, l¹ensemble de cette composante nationale comme étant des "Belges entre guillemets" ?
Le PJM, et assurément la toute grande majorité des "Belges" (à lire, donc, "Belges entre guillemets") d¹origine immigrée turque et marocaine (les deux pays d¹origine de ces jeunes garçons détenus sans droits ni lois) dénoncent avec virulence cette nauséeuse bavure langagière à caractère outrancièrement raciste (ce n¹est pas la première) que cette misérable personne, au mépris des charges qu¹elle est censée assumer (là, non plus, elle n¹en est pas à sa première incartade), s¹est permise de proférer.
Le camouflet est trop énorme que pour ne pas lui être rendu. Ne pourrait-on la mettre, elle, une bonne fois pour toutes, entre guillemets, la dame Lizin, la faire chuter définitivement de ce perchoir qu'elle occupe, pour la plus grande honte du Sénat et du parti qu'elle ridiculise ?
Les Belges "d¹origine immigrée", ces Belges de seconde zone qui n¹étaient certes pas des Belges "à part entière" jusqu¹à ce jour, mais qui l¹étaient quand même vaille que vaille, en partie, dans des espaces mentaux et culturels confinés, ne sont donc plus du tout des Belges depuis que la Lizin les a mis entre guillemets ! Ce n¹est plus leur qualité de Belge qui fut mise en question, par elle, devant des centaines et des centaines de milliers de téléspectateurs. Ce n¹est même plus leur citoyenneté, toujours à conquérir, qui leur fut déniée. Non. Depuis ce vendredi 9 décembre, ils ne sont même plus discriminés : ils n¹existent plus ! C¹est Guantanamo qui est venu à eux, Guantanamo bay intra muros, par la grâce d¹une Lizin convertie (mais il n¹y avait pas à cet effet grand-chose à modifier dans sa personne) en maître matonne !
Mme Lizin, sous couvert d¹humanitaire, se fait la représentante, non pas de l¹OSCE, mais des bourreaux qui oeuvrent dans cet enfer off' shore, en sous-traitant chez elle (impossible à présent de dire chez eux ) ces racailles qui sont restées trois ans, pour rien, entre leurs mains, dans les mêmes conditions qu¹ils ont connues là-bas, de non-droits, de non-identité, de non-nationalité, de non-humanité !
Car enfin, ces "Belges entre guillemets" désignent forcément la communauté immigrée tout entière (de référence musulmane, bien évidemment) ! Rien ne justifierait que soient désignés ainsi des jeunes gens authentiquement belges, même coupables, même condamnés, qui ne seraient évidemment pas plus qu¹eux des "enfants de ch¦ur" !
Ainsi, le MRAX et, dans la foulée, le PS , qui exigent la levée de l¹immunité parlementaire de Filip Dewinter ( VLAAMS BELANG ) pour incitation à la haine raciale parce qu¹il a déclaré être islamophobe (2) , qui poussent ces mêmes "citoyens entre guillemets" à intervenir auprès des autorités marocaines pour qu¹elles ne lui accordent aucune entrevue (alors qu¹il ne transporte qu¹un message que tous les gouvernements de l¹Europe ne cessent de leur adresser pour réguler et mater les candidats à l¹immigration), Mme Lizin s¹en donne à c¦ur joie !
Le PJM fustige cette cécité, ces dénonciations orientées, répétitives et singulières d¹un racisme toujours estampillé du même sceau. Quand donc la LDH, le MRAX, le CECLR (4), les partis politiques traditionnels, PS en tête, le CAL, le CCLJ (5) et toutes ces associations pleurnicheuses antiracistes qui disent non à la haine de la façon la plus hypocritement raciste qui soit, cette fois, se manifesteront-ils contre les multiples déclarations islamophobes de leurs propres mandataires "démocrates" ?
Que n¹exigent-ils également la levée de l¹immunité parlementaire de Mme Lizin, avec la circonstance aggravante qu¹elle est un des personnages de l¹État les plus en vue, représentante d¹un parti de la majorité qui abrite une majorité d¹élus belges "entre guillemets" !
Et quand le PJM accuse ces associations, ces formations politiques de ne pas dénoncer le mal, tout le mal, le mal de tous, il reste encore très en deçà de la vérité ! C¹est de le partager sournoisement qu¹il devrait les inculper. C¹est de le propager. C¹est de l¹encourager.
Ainsi, vendredi passé, toujours. Des inféodés PS d¹origine marocaine, "belges guillemetés", il va sans dire, insistent pour que des représentants du PJM se joignent à eux pour manifester en faveur de la libération des otages en Irak. De tous les otages ? Que nenni ! Il s¹agit d¹un rassemblement de solidarité avec deux fonctionnaires de l'ambassade du Maroc à Bagdad, enlevés il y a quinze jours...
Les paroles de Mme Lizin peuvent abuser, celles de Mme Onkelinx ( PS ) (qui prit la parole lors de ce rassemblement), émouvoir. Mais les raisons qui auraient pu justifier cet exclusivisme compassionnel ne nous furent jamais données par les organisateurs, sauf celle-ci, qui décida du refus du PJM de se joindre à eux : "Ce sont des Marocains, cela ne vous suffit-il pas ?".

Notes :
(1) http://www.suffrage-universel.be , 23 février 2005 : "Une militante islamophobe désignée "représentante spéciale pour Guantánamo" !".
(2) http://www.dhnet.be/index.phtml?content=http://www.dhnet.be/dhinfos/article.phtml?id=133287
(3) A.-M- Lizin répondait dans sa conférence de presse à une question de Mohammed Boukourna ( PS ). Elle affirmait que la mission "ne cherche pas un contact direct avec les prisonniers. Nous (ne) nous intéressons à ce stade qu¹aux aspects juridiques des conditions de détention. Concernant le non-respect de la 3e Convention de Vienne, l¹argumentaire juridique américain est tout à fait tenable ! Ils font référence à la notion de combattants non-privilégiés". (Rapporté par Mehmet Koksal : http://fr.groups.yahoo.com/group/suffrage-universel/message/2570 )
(4) Ligue des droits de l¹Homme ; Mouvement contre le racisme, l¹antisémitisme et la xénophobie ; Centre pour l¹égalité des chances et la lutte contre le racisme.
(5) Centre d¹action laïque ; Centre communautaire laïc juif.

08/12/2005 - Condoleezza Rice admet «une erreur» de la CIA
par Pierre Bocev , Le Figaro, 7 décembre 2005]
À Berlin, aux côtés d'Angela Merkel, le secrétaire d'Etat américain a défendu l'agence de renseignements et refusé d'en dire davantage sur les vols secrets.
FIDÈLE A LA PARABOLE de l'Evangile, et poussée un peu par la nouvelle chancelière allemande, Condoleezza Rice a admis l'existence de la paille, mais c'était pour mieux nier celle de la poutre. On attendait le secrétaire d'Etat américain sur les vols clandestins de la CIA et les transferts de prisonniers vers des pays peu regardants sur la torture. Elle a tout éludé, en public à tout le moins. Mais force lui a été d'admettre que dans un cas précis, les Etats-Unis ont été coupables d'une regrettable «erreur» et que cela risquait de se reproduire dans le cadre du combat contre le terrorisme.

Il est vrai qu'Angela Merkel a joué un rôle dans l'affaire, elle qui veut remettre sur les rails les rapports germano-américains mis à mal par son prédécesseur Gerhard Schröder, tout en se voyant confrontée à une volée de critiques sur l'attitude peut-être trop complaisante de son pays, et notamment sur le dossier Khaled el-Masri, un Allemand d'origine libanaise qui a été enlevé par les services américains (lire ci-dessous).
Un seul cas évoqué lors de la rencontre
D'entrée de jeu, Angela Merkel déclare, dans cette conférence de presse commune, qu'elle est «heureuse» de constater que les Etats-Unis, par secrétaire d'Etat interposé, avaient reconnu «avoir fait une erreur à propos de ce cas individuel». Voire que Condoleezza Rice lui a «réitéré que si des erreurs sont commises, elles doivent immédiatement être corrigées». A ses côtés, la patronne du département d'Etat ne pouvait plus que confirmer de bonne grâce. «Toute politique peut parfois mener à des erreurs».

Cela étant admis, Angela Merkel a tout fait pour en rester à ce dossier précis. «Nous n'avons pas évoqué d'autres cas, a-t-elle répondu à une question pressante sur la pratique des «renditions», les transferts secrets de prisonniers. En foi de quoi, «je ne peux pas détecter le moindre schéma» d'ensemble dans ce que fait ou ne fait pas la CIA en Europe.

Sur ce point, Condoleezza Rice a défendu le rôle des services secrets. Leur action est «la clef du succès dans cette guerre» contre la terreur, et les dirigeants politiques ont «l'obligation de défendre nos populations en recourant à tous les moyens légaux de le faire». Comme par le passé, et en refusant une nouvelle fois d'entrer dans «les détails», elle a réaffirmé que Washington se conformait à la législation américaine et à ses «obligations internationales». De plus, les Américains respectent «la souveraineté» de leurs «partenaires», une phrase qui peut sans mal être comprise comme une allusion au fait que ces partenaires ne sont pas aussi ignorants qu'ils veulent bien le faire croire.

Germes d'une crise politique allemande
Pour l'Allemagne, cet aspect porte potentiellement les germes d'une crise politique. L'arrivée à Berlin de Condoleezza Rice a en effet été précédée de révélations du Washington Post selon lesquelles Otto Schily, le ministre de l'Intérieur du gouvernement Schröder, avait été mis au courant des dérapages sur le cas el-Masri et avait accepté de garder le silence à la demande des Américains. Inutile de dire que l'opposition s'apprête à faire ses choux gras de l'affaire, le parti libéral étant en pointe avec ses demandes d'explication.

Le cabinet Merkel n'est certes pas directement visé. Mais un de ses membres pourrait rapidement se trouver dans l'oeil du cyclone : Frank-Walter Steinmeier, le chef de la diplomatie, était ministre à la Chancellerie dans l'équipe précédente et, à ce titre, pouvait difficilement ne pas avoir été au courant. Il a été chargé hier par Angela Merkel de rendre compte devant la commission du Bundestag qui supervise à huis clos l'action des services spéciaux, façon d'assurer la «transparence» nécessaire sans pour autant «tout discuter en public».

Mais rien n'indique que l'affaire s'arrêtera là. Après tout, il peut s'agir de l'enlèvement d'un ressortissant allemand par des agents d'une autre puissance, fût-elle alliée, et ce, avec le silence du gouvernement de Berlin pourtant au courant. Sur le plan intérieur, une crise politique de la coalition tout juste constituée serait délicate à gérer pour Angela Merkel, même si son ministre des Affaires étrangères fait partie de la moitié social-démocrate de son équipe.
Quant à l'affaire des avions de la CIA, on reste sur sa faim. Wolfgang Bosbach, un député de la CDU, a ainsi jugé «tout à fait positives» les assurances de Condi Rice qu'ils ne servaient pas à «transporter des prisonniers pour les faire interroger hors des Etats-Unis en violation des droits de l'Homme». Mais, dit-il, «la question de savoir à quoi ils servaient reste ouverte».

07/12/2005 - Sami Al-Arian partiellement acquitté ! Échec au Patriot Act
Après 13 jours de délibérations au terme d¹un procès de 5 mois, le jury du tribunal de Tampa qui le jugeait a acquitté le professeur Sami Al-Arian de 8 des 17 chefs d¹inculpation retenus contre lui, tandis qu¹il a constaté une impasse sur les autres charges. Deux co-accusés de Sami Al-Arian, Sameeh Hammoudeh et Ghassan Zayed Ballut, ont été entièrement acquittés, tandis que pour Hatem Naji Fariz, le jury l¹a reconnu innocent sur 24 chefs d¹inculpation et a constaté une impasse sur huit autres charges. La balle est maintenant dans le camp des procureurs : ou bien ils laissent tomber les chefs d¹inculpation sur lesquels le jury n¹a pu trouver un accord, ou bien ils les maintiennent et dans ce cas, il faudra à nouveau juger Sami Al-Arian et Hatem Naji Fariz.
Professeur d¹informatique à l¹Université de Floride du Sud, Sami-Al Arian avait été arrêté en 2003 et accusé d¹être un membre dirigeant du Jihad islamique palestinien.  Son affaire avait été la principale justification  à la nouvelle législation antoterroriste, le Patriot Act. Son acquittement est une grave défaite pour le département de la Justice.

07/12/2005 - Al-Arian déclaré non coupable pour 8 des chefs d'accusation qui pesaient contre lui
Aucune condamnation : l'ex-professeur de l'Université de South Florida et ses co-inculpés soulagés au terme d'une affaire longue et compliquée. L'impasse : les jurés ne parviennent pas à l'unanimité. "Il n'y avait pas l'ombre d'une preuve que ces gars étaient des terroristes."

par MEG LAUGHLIN, JENNIFER LIBERTO et JUSTIN GEORGE, St. Petersburg Times (USA), 7 décembre 2005.

Original : http://www.sptimes.com/2005/12/07/news_pf/Tampabay/8_times__Al_Arian_hea.sht ml . Traduit de l'anglais pour Quibla par MB.

TAMPA - Le juge a énoncé les verdicts un à un, et les yeux de Sami Al-Arian se sont levés vers sa famille puis vers la Cour pour entendre les paroles qu'il attendait depuis des années. Alors que le juge énoçait le dernier "non coupable", Al-Arian a penché la tête en arrière, regardé le plafond et souri. Le visage plein de larmes, il a ôté ses lunettes pour s'essuyer les yeux avec un mouchoir. "Dieu bénisse les USA" a chuchoté Nahla, sa femme, depuis l'assistance. La lourde procédure fédérale engagée contre Al-Arian, 47 ans, et trois autres hommes accusés de financer et promuvoir le terrorisme moyen-oriental s'est effondrée mardi lorsque les jurés ont reconnu Al-Arian non coupable de 8 chefs d'accusation et que le juge a prononcé un non-lieu pour 9 autres. Deux dex co-accusés d'Al-Arian ont été complètement acquittés, et un troisième acquitté de la plupart des chefs d'accusation, les jurés ne s'étant pas prononcés sur les autres charges. En définitive, pas un seul verdict de culpabilité n'a été prononcé au terme des 6 mois d'un procès qui a mobilisé plus de 80 témoins et 400 transcriptions de communications téléphoniques et de télécopies interceptées.
Ces verdicts représentent une défaite sévère pour le gouvernement fédéral, qui avait qualifié la procédure contre Al-Arian comme une affaire majeure de terrorisme, et une victoire pour les avocats d'Al-Arian qui avaient considéré le dossier du gouvernement si vide qu'ils avaient refusé de plaider pour la défense. "Votre cauchemar est fini. Ces 10 années de cauchemar sont terminées" a dit à son client Linda Moreno, une des avocates d'Al-Arian, ex-professeur à l'université de South Florida. Mais le Département US de la Justice, qui a enquêté des années sur Al-Arian avant d'engager une procédure réfléchit actuellement à l'éventualité d'un nouveau procès contre Al-Arian et son co-accusé Hatem Fariz, en se basant sur les charges sur lesquelles le jury ne s'est pas prononcé. Une des accusations restantes, l'organisation d'extorsion de fonds, est passible de la prison à vie. Al-Arian a été réincarcéré après le verdict. Ses avocats pourraient bien obtenir une libération sous caution mais disent qu'alors ce seraient les services de l'immigration qui obtiendraient immédiatement son retour en prison. "Le Département de la Justice a enregistré une longue série de succès dans la poursuite des terroristes et ce ceux qui soutiennent des activités terroristes. Nous restons concentrés sur cette mission importante qui consiste à protéger notre pays par notre extrême fermeté dans les affaires liées au terrorisme," a déclaré Tasia Scolinos, responsable des procédures publiques au Département US de la Justice.
Les procureurs se sont refusés à tout commentaire sur cette affaire. Une porte-parole des services de douanes et de l'immigration a déclaré mardi que ses services travailleraient avec le Département de la Sécurité intérieure en vue d'expulser Al-Arian ,qui n'est pas citoyen US, au terme des procédures judiciaires. William Moffitt, avocat d'Al-Arian, considère cette démarche comme "purement vindicatoire" du moment qu'Al-Arian n'a été condamné pour aucun délit. Malgré tout, mardi a été un jour de soulagement pour Al-Arian, Fariz, 32 ans, et les deux autres accusés, Ghassan Ballut, 43 ans et Sameeh Hammoudeh, 44 ans, qui ont été reconnus non coupables pour toutes les accusations. "Je me sens soulagé comme si on avait ôté une tonne de brique de sur mes épaules, mais au fondamentalement ces 3 dernières semaines ont été un des plus grandes périodes de spiritualité de ma vie" a déclaré mardi soir Al-Arian au St. Petersburg Times depuis la prison de Hillsborough County. Un documentaire TV et des articles dans la Tampa Tribune sur les liens entre le terrorisme et le think-tank qu'il dirigeait à l'université de South Florida ont transformé en une décennie le professeur de sciences informatiques Al-Arian en personnalité internationalement controversée.
Le FBI l'a mis sur écoutes pendant 9 ans. Son domicile et son bureau a été perquisitionné deux fois, des dizaines de cartons de documents et des biens personnels saisis à chaque fois. Il avait été arrêté en février 2003 et licencié par l'université le même mois. Il a passé ces 3 dernières années en cellule, la plupart du temps à l'isolement, a fait l'objet de 17 chefs d'accusation rlatifs à des activités terroristes. Son jugement a débuté le 6 juin 2005 et s'est terminé mardi, exactement 6 mois plus tard. Ses avocats avaient frémi à l'idée d'un procès à Tampa, craignant que des années de publicité rendent impossible la constitution d'un jury impartial. Ils avaient insisté à plusieurs reprises pour un changement de lieu, ce qui avait été refusé. Mais mardi, ils ont fait l'éloge des jurés, déclarant que le système judiciaire avait fonctionné. "Je pense que le dossier du gouvernement était vide" a déclaré Al-Arian après le verdict. "Je le savais mais j'espérais que le jury saurait le constater."
As it turned out, the great majority of jurors wanted to acquit Al-Arian and the three co-defendants on all charges. But, they say, two to three others held out for conviction, which resulted in a hung jury on a combined 17 counts for Fariz and Al-Arian. Ce qui s'est passé, c'est que la grande majorité des jurés voulaient acquitter Al-Arian et les trois co-inculpés de toutes les charges. Mais, disent-ils, deux à trois autres penchaient pour la culpabilité, ce qui a donné un jury sans unanimité sur l'ensemble des 17 chefs d'inculpation contre Fariz et Al-Arian. "En général nous étions 10 pour l'acquittement sur les chefs d'inculpation, parfois 9" indique Ron, un juré de Pasco County qui n'a pas voulu que son patronyme soit cité. En raison du lien avec le terrorisme de l'affaire, le gouvernement a maintenu l'anonymat des jurés. "Bien sûr nous détestons le terrorisme" nous a dit Ron. "Mais il n'y avait pas l'ombre d'une preuve que ces gars étaient des terroristes." Au début certains jurés, six des jurés croyaient à la culpabilité des 4 accusés pour la plupart des chefs d'inculpation. Ils étaient accusés de lever des fonds pour le Jihad islamique Palestinien, qui a revendiqué la mort de centaines de personnes en Israël et dans les Territoires occupés. En plus de cette accusation passible de 20 ans de prison minimum s'ajoutaient des accusations de blanchiment d'argent, d'obstruction à la justice, de commerce interétatique illégal et de séjour irrégulier pour lesquelles Hammoudeh et Ballut ont été acquittés. Fariz et Al-Arian ont été acquittés pour la plupart des accusations mineures. Mais le jury ne s'est pas prononcé sur l'accusation principale, l'organisation d'une activité aux objectifs illégaux : la levée de fonds pour le Jihad Islamique palestinien. "Dix d'entre nous souhaitaient les acquitter complètement, mais deux autres, sans être capables de nous dire sur quelles preuves ils se basaient, étaient contre cet acquittement" explique Ron.
A un moment des délibérations, alors qu'elle regardait les montagnes de transcriptions, une jurée de St Petersburg qui a souhaité garder l'anonymat dit s'être exclamée : "une quantité monstrueuse de bois a servi à fabriqué tout ce papier. Dans quel but, je l'ignore."
Les jurés disent avoir été très influencés par les instructions qui leur ont été données. Ils se sont particulièrement souvenus de ces mots : "Nos lois ne criminalisent pas les croyances, ni même la simple appartenance à une organisation. Une personne en accord avec les buts légitimes d'une organisation mais ne cherche pas à atteindre ces buts par le recours à des activités illégales n'est pas sanctionnable pour son adhésion aux objectifs légaux affichés par cette organisation."
Tout en sachant qu'Al-Arian avait des conversations téléphoniques avec la direction du Jihad islamique Palestinien, les jurés ont persisté à ne pas constater de preuves d'actes illicites, d'autant que ces convesations s'étaient tenues avant que le Jihad Islamique soit déclorée organisation terroriste étrangère, rendant l'appartenance à celle-ci illégale. Les jurés ont beaucoup débattu de ce que l'accusation considérait comme une de ses meilleures preuves : une lettre écrite en 1995 par Al-Arian à un parlementaire Koweiti sollicitant de l'argent afin que des actions similaires aux attentats suicide à Gaza "puissent continuer." La lettre avait été trouvée au domicile d'Al-Arian lors d'une perquisition du FBI, et l'accusation l'a souvent citée comme preuve des intentions criminelles d'Al-Arian. Mais Ron, le juré, a observé que c'est l'original de la lettre qui a été trouvé au domicile d'Al-Arian, ce qui signigie qu'elle n'avait pas été envoyée. Et aucun témoin à charge n'a jamais certifié que cette lettre ait été envoyée.
"Il n'y avait pas de preuve pour rendre un verdict de culpabilité" explique le juré 112, Todd, un routier quadragénaire de Lakeland. "Les gens assument. Ils assument la culpabilité" déclare Todd. "Il faut vraiment bien réfléchir avant de prendre une décision. Il faut d'abord considérer les faits. "Je suis resté assis dans cette pièce pendant six mois Du moment que vous êtes assis dans un endroit comme celui-ci... vous ne pouvez pas vous asseoir dans votre voiture ou chez vous et prononcer tranquillement la culpabilité.".
D'origine palestinienne, né au Koweit, Al-Arian était bien connu ici pour son militantisme. Le soupçon sur ses liens avec des terroristes s'est éveillé en 1994, après qu'il ait été interviewé dans un documentaire TV intitulé Jihad in America et, plus tard dans une série d'articles du Tampa Tribune.
Les soupçons ont augmenté fin 1995 après que ramadan Shallah, qu'Al-Arian avait engagé pour animer un think-tank de Tampa connu sous le nom de World and Islamic Studies Enterprise, ait quitté le pays pour prendre la direction du Djihad Islamique Palestinien. Lorsque le Patriot Act et une décision de justice ont ouvert la voie à de plus grands échandges d'informations entre services de renseignements et forces de l'ordre, Al-Arian a été arrêté sur une accusation féférale globale de conspiration. Au cours du procès, les jurés ont entendu des témoignages allant de celui d'un parlementaire Palestinien à celui du père d'une jeune fille US tuée par le Jihad Islamique en Israël. Au-delà de la question de savoir si Al-Arian et ses co-accusés violaient les lois fédérales, le procès a mis en lumière certaines questions restées non résolues au sujet d'Al-Arian.
Les écoutes de conversations téléphoniques montrent clairement que, alors qu'il se présentait lui-même comme un défenseur indépendant des droits des Palestiniens, il était en fait fortement impliqué dans le Jihad Islamique, proposant des modifications dans sa structure de direction, sa stratégie générale ou sa gestion financière.Ces conversations ne portaient pas sur des actes de violence. De plus, des preuves montrent que des cadres de World and Islamic Studies Enterprise, dont le beau-frère d'Al-Arian, Mazen Al-Najjar, recevaient de l'argent du Djihad Islamique pendant qu'ils travaillaient à Tampa pour le think-tank et l'université.
Après cinq mois de parole aux témoignages de l'accusation, les défenseurs d'Al-Arian ont provoqué l'émoi lorsqu'ils ont restés silencieux et sans plaider. "Il existe un document nommé Constitution US - sauf à vouloir l'abroger - qui protège le droit à l'_expression du Dr Al-Arian, et le gouvernement n'a pas prouvé que le Dr Al-Arian ait fait autre chose que parler... Le fait que le Dr Al-Arian soit Palestinien ne le prive d'aucun droits civils" a déclaré Moffitt qui expliquait les verdicts. Les affaires des autres accusés ont été traitées rapidement et les jurés avaient commencé à délibérer dès le 15 novembre. Les jurés - sept hommes et cinq femmes, plus deux suppléants - ont dû faire avec un dossier très compliqué concernant quatre accusés différents, accompagné de 95 pages d'instructions pour les membres du jury. Les débats avaient été paisibles jusqu'à lundi quand ils dirent au juge qu'ils étaient arrivés à des verdicts pour deux accusés mais qu'ils étaient dans l'impasse pour deux autres...
C'est alors que mardi, une jurée a adressé un message au juge pour lui dire qu'elle se sentait l'objet de pressions pour la contraindre à changer sa décision. Le juge a demandé aux jurés s'ils pouvaient parvenir à l'unanimité sans transiger sur leurs convictions. Quand ils ont répondu qu'ils ne le pouvaient pas, le juge a constaté l'impasse pour ces deux affaires.. Les avocats d'Al-Arian ont déclaré que si leur client était lavé de toutes les accusations et autorisé à rester dans le pays, il avait des plans pour l'étape suivante de sa vie : il veut devenir avocat.


07/12/2005 - Condi Rice persiste et signe
Avant et durant sa tournée en Europe, qui l¹a menée en Allemagne, en Roumanie, en Ukraine et doit s¹achever à Bruxelles, la secrétaire d¹État Condoleeza Rice a défendu avec acharnement les pratiques US, en particulier de la CIA, dans la ³guerre contre le terrorisme². Si elle a nié le recours à la torture, elle a reconnu que les USA pratiquaient les ³renditions² - les transferts de prisonniers - depuis des décennies, en collaboration avec leurs alliés. Ces ³renditions² ³permettent de neutraliser des terroristes et de sauver des vies² et, de plus, ³elles sont autorisées par le droit international².
Rice a ajouté que les agences de renseignement de pays alliés des USA avaient travaillé avec Washington sur des interrogatoires de détenus. "Les renseignements qui ont été ainsi récoltés ont permis d'empêcher des attentats et de sauver des vies, en Europe comme aux USA et ailleurs", a-t-elle dit.
Pendant ce temps, la station de télévision ABC a révélé que la CIA avait transféré 11 détenus gardés au secret en Pologne et en Roumanie vers un pays non spécifié d¹Afrique du Nord, après les révélations du Washington Post de début novembre sur les prisons secrètes de la CIA.


04/12/2005 - Plus de 300 vols de la CIA vers l'Europe auraient eu lieu depuis 2001
La polémique transatlantique sur les vols d'avions de la CIA en Europe ayant servi à transporter des prisonniers islamistes s'est intensifiée, mercredi 30 novembre, avec les informations publiées par The New York Times et The Guardian faisant état d'un nombre très important de vols. Ces deux journaux se basent notamment sur les indications des autorités américaines de l'aviation civile (FAA).
Le journal américain indique que les 26 avions qui volent sous les couleurs de compagnies contrôlées par l'agence de renseignements américaine ont effectué 307 vols en Europe depuis le 11-Septembre 2001. Sur ce total, 94 vols étaient à destination de l'Allemagne, 76 de la Grande-Bretagne, 33 de l'Irlande, 16 du Portugal, 15 de l'Espagne et 15 de la République tchèque. The Guardian avance des chiffres similaires, précisant que 2 vols de la CIA se seraient posés en France, un seul vol étant identifié en Pologne, un pays pourtant soupçonné d'abriter, avec la Roumanie, des "prisons secrètes" de la CIA. Ces deux pays ont démenti de telles accusations.

"PRISONS SECRÈTES"
Ce décompte ne prouve pas que des prisonniers islamistes ont été transportés dans tous ces avions pour être emmenés dans des pays où ils auraient été détenus, mais il ajoute à l'émotion ressentie en Europe à propos de cette affaire, et à l'embarras de certains gouvernements qui auraient tolérés de telles pratiques.
L'administration américaine a promis mercredi de répondre à la lettre que Jack Straw, ministre britannique des affaires étrangères, dont le pays préside l'Union européenne, a adressé à son homologue américaine, Condoleezza Rice, pour demander des explications. "Nous allons nous efforcer de répondre du mieux que nous pouvons" , a indiqué le porte-parole du département d'Etat, en précisant que celle-ci "parle d'informations publiées dans la presse et qui ont provoqué une attention considérable parmi le public européen et les Parlements" . Tout en précisant que cette démarche des Vingt-Cinq a été décidée lundi lors du conseil des ministres européens des affaires étrangères, M. Straw a souligné qu'en attendant une réponse américaine, il n'y avait pas de raison "de spéculer sur des allégations faites de ce côté ou de l'autre de l'Atlantique" . Le gouvernement de Tony Blair, traditionnellement très proche de l'administration américaine, est spécialement sur la sellette. The Guardian indique que des avions civils utilisés par la CIA auraient fait escale sur le territoire britannique environ 80 fois depuis le 11-Septembre, et évoque 130 survols supplémentaires. Liberty, l'une des principales associations britanniques de défense des droits de l'homme, a évoqué la possibilité que des "crimes graves" aient eu lieu "sur le sol britannique" .
En Espagne, le chef de l'exécutif, José Luis Rodriguez Zapatero, a assuré que "s'il existait un indice d'actions illégales" en Espagne, son gouvernement serait "le premier à mener avec l'ensemble de l'UE les actions opportunes" .
Source : Le Monde, 3 décembre 2005

04/12/2005 - Plus de 430 vols secrets de la CIA en Allemagne, Berlin a la liste
Plus de 430 vols secrets de la CIA transportant des prisonniers soupçonnés de terrorisme sont passés par l'Allemagne et Berlin dispose aujourd'hui d'une "liste détaillée", affirme l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi 5 décembre 2005, jour de début d'une visite de Condoleezza Rice en Allemagne.
Il s'agit à la fois de "mouvements" d'avions des services secrets américains dans l'espace aérien allemand et d'atterrissages sur des aéroports situés en Allemagne, selon un communiqué publié samedi par le magazine.
"De tels avions devaient servir à convoyer des terroristes présumés et à les placer dans des lieux secrets", écrit Der Spiegel.
La liste a été fournie par l'Office pour la Sécurité de la navigation aérienne allemande, qui a répondu à une demande adressée par le groupe parlementaire du Parti de gauche (gauche contestataire).
Un porte-parole du gouvernement allemand a confirmé l'existence d'une liste fournie par cet office, observant toutefois que celle-ci permettait seulement de savoir "combien de fois quels avions de quelles compagnies aériennes avaient emprunté l'espace aérien allemand ou atterri sur des aéroports allemands".
L'Office pour la sécurité de la navigation aérienne ne fournit "aucun indice sur les clients des appareils affrétés par des compagnies aériennes privées et aucune donnée sur la destination des vols", a ajouté le porte-parole.
Selon Der Spiegel, deux avions de la CIA ont utilisé à eux seuls l'espace aérien allemand ou ont atterri dans des aéroports situés en Allemagne en 2002 et en 2003, à respectivement 137 et 146 reprises, essentiellement à Francfort (ouest), Berlin et sur la base américaine de Ramstein (ouest).
L'Allemagne concentre le plus grand nombre de bases américaines en Europe.
L'organisation des droits de l'Homme Amnesty International Allemagne a pour sa part reproché aux autorités allemandes d'avoir été informées des vols de la CIA sur son territoire.
Une affirmation contestée par Wolfgang Bosbach, un dirigeant de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), parti de la chancelière Angela Merkel. Si les autorités allemandes avaient été informées, ce serait une "atteinte grave" à la Convention européenne des droits de l'Homme, a-t-il dit.
Les Etats-Unis sont accusés d'avoir utilisé depuis 2001 des aéroports ou des espaces aériens européens pour le passage d'avions de la CIA transportant des personnes soupçonnées de terrorisme vers des pays pratiquant la torture.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice entame lundi soir à Berlin une tournée européenne alors que ses interlocuteurs attendent des explications sur cette affaire ainsi que sur l'existence présumée de centres de détention américains pour islamistes en Europe de l'est.
Mme Rice a assuré vendredi qu'elle s'exprimerait sur les activités controversées de la CIA avant d'entamer lundi une tournée en Europe.
Elle doit rencontrer mardi Angela Merkel. Le gouvernement allemand a toutefois indiqué vendredi qu'il n'exigerait pas dès mardi des explications sur des vols controversés de la CIA en Europe, affirmant ne pas vouloir faire "pression".
Mais toujours selon Der Spiegel, le gouvernement craint en fait que cette affaire ne débouche sur un débat de fond sur l'utilisation de l'espace aérien allemand par les Etats-Unis pour la guerre en Irak et sur le stationnement de troupes américaines en Allemagne.
De plus, l'Etat allemand va devoir informer d'ici au 21 février le Conseil de l'Europe à Strasbourg (est de la France) de ce qu'il a entrepris dans les cas concrets "d'enlèvements", après en avoir été informé, poursuit le magazine.
Le ministère allemand des Affaires étrangères dispose ainsi depuis juin 2004 d'un document de l'Allemand d'origine libanaise Khaled el-Masri, faisant état de mauvais traitements à bord d'un avion de la CIA.
Les autorités américaines ont confirmé de manière informelle début 2005 cet "enlèvement", ajoute Der Spiegel.  
Source : AFP, 4 décembre 2005

3/12/2005 - "Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des vols" de la CIA en France, selon le Quai d'Orsay
Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des vols" , a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi. Ce dernier fait référence aux affirmations du quotidien Le Figaro , sur les escales en France d'avions affrétés par la CIA pour le transport de prisonniers islamistes.
"Il y a chaque jour des centaines d'avions qui décollent de France. Quant aux conclusions à en tirer, c'est tout autre chose" , a-t-il dit. "Nous avons pris note des indications de presse concernant ces deux vols [...] qui auraient été affrétés par la CIA. Nous sommes en train de vérifier ces informations avec les services concernés, principalement les services de l'aviation civile" , a-t-il ajouté.  "La question est de savoir ce que transportaient ces avions" , a encore dit le porte-parole du Quai d'Orsay.

"ON ATTEND DES EXPLICATIONS"
Il a rappelé que le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, avait demandé, au nom de l'UE, des explications sur ces vols en Europe, dans une lettre adressée à son homologue américaine Condoleezza Rice. "On attend des autorités américaines qu'elles nous donnent des explications de façon générale sur cette affaire des survols. Mme Rice a indiqué qu'elle le ferait lors de sa visite en Europe la semaine prochaine" , a dit M. Mattéi. La secrétaire d'Etat américaine, effectue à partir de lundi 5 décembre, une tournée de cinq jours en Europe qui la conduira successivement en Allemagne, en Roumanie, en Ukraine et en Belgique. Les Etats-Unis ont promis mercredi de donner une réponse "opportune" et "directe" aux Européens
Selon Le Figaro , un biréacteur Learjet a décollé de Keflavik, en Islande, à destination de l'aéroport de Brest-Guipavas (ouest), d'où il serait reparti pour la Turquie, le 31 mars 2002. Le second vol est arrivé le 20 juillet 2005 à l'aéroport de Paris-Le Bourget en provenance d'Oslo, rapporte Le Figaro , citant l'hebdomadaire norvégien Ny Tid. Il s'agissait d'un Gulfstream III.
Les informations selon lesquelles la CIA convoyait par avion des terroristes présumés dans des pays où ils risqueraient d'être torturés, tels que l'Egypte, la Jordanie, le Maroc ou la Syrie, après avoir survolé ou fait escale dans des aéroports européens, ont été révélées en février par la presse américaine et européenne. La CIA est par ailleurs sur la sellette en raison de l'existence supposée de camps de détention secrets en Europe de l'Est.
Source : AFP, 2 décembre 2005

3/12/2005 - Vols secrets de la CIA : escales en France, explications américaines attendues
Des avions affrétés par la CIA et susceptibles d'avoir convoyé des prisonniers islamistes ont fait escale en France à au moins deux reprises, en 2002 et 2005, affirme le quotidien Le Figaro dans son édition du vendredi 2 décembre.
Le premier vol identifié date du 31 mars 2002. Il s'agit d'un biréacteur Learjet qui a décollé de Keflavik, en Islande, à destination de l'aéroport de Brest-Guipavas (ouest de la France) d'où il serait reparti pour la Turquie. D'après la direction de l'aéroport de Brest, interrogée par le journal, l'avion a mis le cap sur Rome pour une nouvelle escale. L'équipage avait indiqué aux autorités aéroportuaires qu'il était seul à bord.
Le deuxième vol est arrivé le 20 juillet 2005 à l'aéroport de Paris-Le Bourget en provenance d'Oslo, rapporte Le Figaro , citant le quotidien norvégien Ny Tid . Au Bourget, les avions gouvernementaux américains sont d'ordinaires accueillis par Aéroservice, selon le quotidien, qui juge "vraisemblable" que le jet a été reçu ce jour-là par une société d'assistance implantée dans une "zone plus discrète".
Plus de 300 vols affrétés par la CIA ont atterri en Europe, a affirmé, jeudi, The Guardian . Selon le journal britannique, 96 vols ont été enregistrés en Allemagne et 80 en Grande-Bretagne.

MME RICE S'EXPLIQUERA EN EUROPE
La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, fera une déclaration sur l'affaire des supposés vols secrets de la CIA la semaine prochaine, lors de son voyage en Europe, a indiqué le ministre irlandais des affaires étrangères, Dermot Ahern, à l'issue d'une rencontre au département d'Etat, jeudi 1er décembre. Mme Rice "va répondre à la lettre" de demande d'explications de l'Union européenne sur les informations faisant état de l'utilisation par la CIA de plusieurs pays européens pour le transport ou l'incarcération de prisonniers islamistes, a-t-il précisé.
Les Etats-Unis "nous ont donné l'assurance catégorique que l'aéroport irlandais de Shannon n'avait pas été utilisé de façon préjudiciable" . "J'accepte totalement les assurances catégoriques qu'ils m'ont données aujourd'hui" sur le fait qu'aucun prisonnier islamiste de la CIA n'a transité par l'aéroport civil irlandais, utilisé régulièrement par les vols militaires américains pour leur ravitaillement en carburant, a-t-il ajouté.
Shannon a été emprunté par près de 270 000 militaires américains entre janvier et octobre 2005, et près de 160 000 en 2004. L'Irlande n'effectuera pas d'enquête sur ces allégations car elle a confiance dans la parole de l'administration américaine, a poursuivi le chef de la diplomatie irlandaise. "Nous suivons la pratique qui a été suivie par tous les gouvernements irlandais depuis cinquante ans" , a-t-il déclaré. "Nous acceptons les assurances catégoriques d'un Etat souverain."

ENQUÊTE EN BELGIQUE
Selon le ministre irlandais, Condoleezza Rice compte expliquer que les Etats-Unis n'ont violé aucune loi internationale sur les droits humain.
Mme Rice effectuera à partir de lundi une tournée de cinq jours qui doit la conduire en Allemagne, en Roumanie, en Ukraine et en Belgique.
La Belgique a annoncé le même jour qu'elle avait ouvert une enquête pour vérifier si des aéroports belges, militaires ou civils, avaient accueilli des avions américains transportant des prisonniers islamistes.
L'enquête ouverte la semaine dernière a montré qu'aucun aéroport militaire n'avait accueilli un tel vol, mais les vérifications se poursuivent pour les aéroports civils, dont le nombre de vols est beaucoup plus important, a précisé le ministre  des affaires étrangères belge, Karel De Gucht.
Source : AFP, 2 décembre 2005