¡³guantanameros² !
CHRONIQUE DE GUANTANAMO
3ème année - N° 3 - 15 octobre 2005

Publication bimensuelle du Collectif guantanamo, 5 rue de Douai, 75009 Paris

Tél. 00 33 (0)6 13 99 28 86 € Courriel : collectif.guantanamo@gwadaoka.org
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NOUS PRATIQUONS LE COPYLEFT : TOUT OU PARTIE DE CETTE CHRONIQUE PEUT ÊTRE REPRODUIT LIBREMENT, EN MENTIONNANT LA SOURCE

« La possibilité, pour le pouvoir exécutif, de jeter un homme en prison sans formuler aucune charge reconnue par la loi contre lui, et notamment de lui refuser le jugement par ses pairs, est odieuse au plus haut degré et elle est le fondement de tout gouvernement totalitaire, qu'il soit nazi ou communiste. »
Winston Churchill
15 octobre 2005 : CELA FAIT 1 373 JOURS
QUE NOS FRÈRES HUMAINS SONT RETENUS EN OTAGES À GUANTANAMO !

LES INFORMATIONS SONT CLASSÉES EN ORDRE CHRONOLOGIQUE DÉCROISSANT

AU SOMMAIRE DE CE NUMÉRO
15/10/2005 - Les avocats de détenus en grève de la faim réclament à une juge d'intervenir
14/10/2005 - À guantanamo, un officier américain, chinois et musulman, c¹est forcément suspect
12/10/2005 - Le témoignage de Sami Al Leithy : un Égyptien raconte Guantanamo, ses tortures et ses humiliationsŠ
11/10/2005 - Le CICR inquiet d'une grève de la faim à guantanamo
11/10/2005 - Les USA vont libérer prochainement 5 Koweïtiens de guantanamo
7/10/2005 - Le prisonnier égyptien Sami Al Laithi livré à l'Égypte
6/10/2005 - Malgré l'opposition de la Maison Blanche, le Sénat US interdit les sévices contre les prisonniers
6/10/2005 - L'ancien détenu de guantanamo Hamed Abderrahmane Ahmed condamné à six ans de prison en Espagne
5/10/2005 - Six des sept anciens détenus français de guantanamo seront jugés pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste"
28/09/2005 - Le nobélisable, RSF et le prisonnier, par Maxime Vivas
27/10/2005 - Éditorial de Quibla - Le verdict scandaleux de Madrid : le lundi 26 janvier 2005 restera un jour noir pour tous les humains épris de liberté.
22/09/2005 - Quand Guantanamo arrache son bâillon et celui de la presse, par Maxime Vivas

15/10/2005 - Les avocats de détenus en grève de la faim réclament à une juge d'intervenir
Les avocats de prisonniers en grève de la faim à Guantanamo, inquiets de la détérioration de leur état de santé, ont réclamé vendredi à la justice le droit de pouvoir leur rendre visite plus souvent et d'avoir accès à leurs dossier médical.
"L'accès aux clients dans cette grave situation ne peut pas consister en une visite une fois par mois. Nous avons besoin d'un accès plus fréquent", a plaidé l'avocate Julia Tarver, représentant quatre Saoudiens, devant la juge Gladys Kessler du tribunal fédéral de Washington.
"Nous avons besoin des dossiers médicaux", a-t-elle ajouté. Elle a également réclamé que les détenus puissent téléphoner à leurs familles et que les avocats se rendent à la prison militaire américaine de Guantanamo avec leurs propres médecins pour évaluer l'état de santé de leurs clients qui sont en grève de la faim pour protester contre leur détention indéfinie sans inculpation.
L'avocate, qui s'est rendue récemment au camp de détention, a jugé les conditions d'hospitalisation "plutôt dérangeantes". Selon elle, il n'y a pas de "surveillance médicale", le matériel n'est pas "stérilisé".
Julia Tarver a évalué le nombre de prisonniers nourris de force entre 20 et 30. Selon elle, 15 autres prisonniers pourraient bientôt également être nourris de force au moyen d'intraveineuses ou de tubes alimentaires.
L'avocat du gouvernement, Terry Henry, a en revanche affirmé que sept grévistes sont nourris de force à l'hôpital et que 17 autres sont en grève de la faim, dont certains nourris à l'aide de tubes mais pas hospitalisés.
Il a estimé que les accusations sur la façon dont ils sont traités relevait de "l'exagération" et du "malentendu". "Guantanamo fournit des soins médicaux appropriés", a-t-il dit, ajoutant qu'il y avait une "surveillance médicale".
"Au cours de l'été et jusqu'à maintenant, personne n'est mort", a souligné M. Henri. "Ce serait une catastrophe en terme de relation publique (pour le gouvernement) si l'un d'entre eux mourait", lui a rétorqué la juge Kessler.
Julia Tarver a dit à la juge qu'elle devait la croire. "Si vous aviez vu de vos propres yeux ce que nous avons vu, vous ne vous demanderiez pas si nos clients racontent des histoires", a-t-elle plaidé.
Selon le Centre pour les droits constitutionnels (CCR) pour lequel travaillent ces avocats, jusqu'à 200 prisonniers ont participé au mouvement de grève de la faim qui a démarré début août.
Des responsables du Pentagone ont indiqué que des groupes de prisonniers observaient la grève de la faim par roulement.
L'avocat John Chandler a raconté de son côté sa récente rencontre avec son client, un Yéménite âgé de 25 ans, Mohamed Bawazir, en grève de la faim depuis le 8 août et nourri de force. Il avait été capturé en Afghanistan, où il travaillait, selon ses affirmations, dans un orphelinat.
"Il était assis dans une chaise roulante, il frissonnait ... il avait un tube dans le nez pour le nourrir", a-t-il raconté. "Il m'a demandé de réclamer à la cour qu'on l'empêche d'être nourri de force. Je lui ai dit que ne pouvais pas faire cela... Il a dit qu'il voulait mourir à Cuba", a ajouté M. Chandler.
La juge Gladys Kessler a estimé que les accusations concernant le traitement médical des prisonniers étaient "très sérieuses". "Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement résiste tant à fournir les dossiers médicaux aux avocats", a dit Mme Kessler.
Elle pourrait annoncer sa décision la semaine prochaine, selon un des avocats.
Source : AFP, 14 octobre 2005

14/10/2005 - À guantanamo, un officier américain, chinois et musulman, c¹est forcément suspect
À Gguantanamo, il suffit d'être musulman pour être jugé suspect. Le capitaine Yusuf alias James Yee, détenu pour espionnage avant d'être totalement blanchi, a fait les frais de cette paranoïa post 11-Septembre qu'il expose dans son livre "Pour Dieu et mon pays".
Arrivé sur la base militaire en 2002 comme aumônier pour les détenus comme pour le personnel, notamment les interprètes, ce diplômé de West Point, la plus prestigieuse académie militaire américaine, espérait dissiper les malentendus culturels comme les préjugés des militaires au sujet de l'islam. Dix mois plus tard, il repartait menotté, avant de passer 76 jours au secret.
Cet Américain d'origine chinoise, 37 ans, dont les deux frères et le père ont également servi dans l'armée, a depuis quitté l'uniforme. Il exige, dans son ouvrage de 240 pages, des excuses du Pentagone pour le "flagrant déni de justice" dont il dit avoir été victime.
"Je crains parfois que mon épreuve provienne simplement du fait que j'étais l'un d'entre eux, un musulman. J'étais un soldat, un citoyen et un patriote. Mais dans le regard d'une minorité suspicieuse et mal avisée, qui a perdu de vue la vocation d'intégration de l'Amérique, j'étais avant tout un musulman", écrit-il.
Les soupçons ont émergé rapidement. Un officier, écoutant un topo sur les grandes lignes de l'islam que le capitaine Yee avait préparé pour les nouveaux arrivants, glisse immédiatement aux autres: "Il est avec nous ou avec l'ennemi?".
Ensuite, le fait qu'il maîtrise l'arabe, qu'il fasse ses prières comme les prisonniers, qu'il les salue d'un "Salam Aleikum", qu'il dénonce le maniement irrespectueux du Coran par certains gardes: tout cela a renforcé ce sentiment.
"Certains soldats nous trouvaient trop sensibles aux conditions des détenus ou trop critiques de leur traitement", écrit le capitaine Yee, au sujet du personnel musulman, "ce qui a mené à cette idée que nous prenions leur parti".
Une fois lancées, "les accusations ont été répétées et exagérées lors des chaudes soirées cubaines, alimentées par l'ennui de jeunes soldats et la vodka à bas prix", ajoute-t-il.
Certains surnommaient son groupe "la clique musulmane" ou encore "le Hamas".
M. Yee cite aussi la dénonciation d'un traducteur, ayant assisté à un bout de conversation entre M. Yee et un détenu hospitalisé. "Il a rapporté que je m'étais moqué d'une affiche d'opérations psychologiques (...) L'affiche disait: 'Le temps est venu de coopérer', ce qui est difficile à traduire en arabe. Nous discutions de cela lorsque le linguiste nous a entendus et pensé que la conversation était subversive".
Lors de chacune de ses visites en cellules, les gardes criaient "Aumônier dans le bâtiment" à plusieurs reprises avant de le laisser entrer. "J'ai eu le sentiment que cela servait d'avertissement pour toute personne engagée dans un comportement dont on ne voudrait pas que je sois témoin", écrit-il.
M. Yee décrit également des scènes d'une violence inouïe, notamment la neutralisation d'un prisonnier par huit gardes surexcités et armés d'équipement anti-émeutes. Après l'opération, ils se félicitaient "en se frappant les mains ou torse contre torse, comme les joueurs professionnels de basket. C'était une étrange célébration de victoire pour huit hommes contre un", commente sobrement l'officier Yee.
Inculpé d'espionnage et risquant la peine de mort, M. Yee a été libéré en novembre 2003 sans explications, puis entièrement blanchi en avril 2004. Il avait écrit au président Bush pour se plaindre d'avoir été "traité comme un combattant ennemi et non comme un officier" de l'armée américaine.
Source : AFP, 13 octobre 2005

12/10/2005 - Le témoignage de Sami Al Leithy : un Égyptien raconte Guantanamo, ses tortures et ses humiliationsŠ
par Lamia RADI, AFP, 11 octobre 2005
Grand et mince, enveloppé dans une djellabah beige, cloué dans un fauteuil roulant, Sami Al Leithy, 49 ans, qui vient de passer quatre ans dans la prison militaire US de guantanamo, affirme que les gardiens US « prenaient plaisir à torturer » les détenus.
« Ils me soulevaient au bout de leurs bras et me laissaient m¹écraser sur le dos contre le sol », a raconté Al Leithy dans un témoignage diffusé par la télévision publique égyptienne. M. Leithy, libéré et remis à l¹Égypte début octobre, a affirmé avoir eu une lésion de la colonne vertébrale du fait de ces mauvais traitements. « Avant ma détention, j¹étais en bonne santé et je jouais au football », ajoute-t-il, en présentant des certificats médicaux afin d¹appuyer ses dires. « Pendant les interrogatoires, ils (les gardiens) dirigeaient une lumière crue sur nos yeux et frappaient ceux qui essayaient de les fermer pour se protéger. Ils diffusaient aussi des sons stridents dans le local », affirme-t-il.
« Les enquêteurs nous demandaient notre avis sur la politique US. Ils frappaient violemment ceux qui se prononçaient contre. Ils allaient même jusqu¹à écraser la tête des prisonniers sur le sol pour les punir de leur opposition » à Washington, précise l¹ancien détenu. Il affirme cependant n¹avoir jamais été témoin d¹un acte de profanation du Coran, car, a-t-il dit, il « sortait rarement de sa cellule ».
Les cellules de détention sont classées en quatre catégories de « A » à « D » et attribuées selon le niveau de « coopération » et de « soumission aux humiliations » des détenus, les meilleures cellules allant « aux plus soumis », indique-t-il. Dans les cellules « A », le détenu profitait de trois repas complets, deux couvertures, une brosse à dents, du dentifrice et du savon. « Ces avantages diminuaient progressivement jusqu¹à disparaître totalement dans les cellules ³D², les pires », ajoute-t-il.
Sami Al Leithy a raconté son périple en arabe littéraire, avec un accent non arabe, n¹utilisant aucune _expression propre au dialecte égyptien. Il raconte avoir « quitté Le Caire il y a 19 ans » pour poursuivre des études au Pakistan où son beau-frère, professeur de l¹Université islamique égyptienne d¹Al Azhar, avait été dépêché en mission. Après avoir obtenu un magistère en 1986 de l¹Université d¹Islamabad, il travaille dix ans au Pakistan. Devant le refus de l¹ambassade d¹Égypte à Islamabad de lui renouveler son passeport, il se dirige vers Kaboul (Afghanistan) où l¹ambassade lui en remet un nouveau.
Il travaille alors pendant six ans comme professeur à l¹Université de Kaboul, où il est blessé lors des bombardements US de la ville en 2001. Face à la pénurie de médicaments dans les hôpitaux de la capitale afghane, il est transféré avec un groupe de blessés vers la ville frontalière de Khosht. C¹est en tentant de fuir les bombardements de cette ville vers les montagnes qu¹il est arrêté par l¹armée pakistanaise et remis aux US, qui le transfèrent à guantanamo.
« En 2004, j¹ai finalement comparu devant un tribunal militaire US composé de quatre juges officiers, d¹un traducteur, d¹un procureur et d¹un officier » de liaison avec l¹accusé, précise-t-il. « Pendant l¹audience, ils ont refusé d¹ôter les chaînes qui me serraient les poings et les pieds », souligne-t-il. « Ils m¹ont dit que j¹avais été arrêté avec quinze autres Arabes et accusé d¹avoir envisagé de lutter contre l¹armée US. »
Sans information depuis cette audience, il aurait été avisé seulement en mai ­ plusieurs mois après l¹audience ­ qu¹il avait été reconnu innocent. « Malgré cela, j¹ai été maintenu en détention pendant six autres mois durant lesquels ils m¹ont fait subir des supplices moraux jusqu¹à ma libération », ajoute M. Leithy.
Son frère a affirmé que « la famille ignorait où il se trouvait durant les quatre dernières années ». Selon le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit, quatre Égyptiens sont encore détenus à guantanamo.

11/10/2005 - Le CICR inquiet d'une grève de la faim à guantanamo
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) confirme que des prisonniers observent une grève de la faim dans la base américaine de Guantanamo, à Cuba, et que la situation est grave.
Antonella Notari, porte-parole du CICR, a refusé cependant de réagir aux déclarations d'un avocat des détenus, selon lequel 200 des 500 prisonniers sont en grève de la faim et 21 nourris de force.
Le CICR, dont des représentants se sont rendus pour la dernière fois fin septembre à Guantanamo, est en contact avec les autorités américaines sur la situation des détenus, précise Notari. "Il y a une grève de la faim, la situation est sérieuse et nous suivons son évolution avec préoccupation", a-t-elle dit à Reuters.
Des représentants d'Amnesty International et l'avocat des droits de l'homme Clive Stafford Smith, qui représente une quarantaine de détenus, ont déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Londres que les autorités américaines nourrissaient de force 21 détenus.
"Les prisonniers sont attachés à leurs lits 24 heures sur 24 pour les empêcher d'ôter les tubes" qui les nourrissent, a dit l'avocat.
"Il s'agit de leur 56e jour de jeûne", a ajouté Stafford Smith avant de comparer leur situation avec celle de militants de l'Armée républicaine irlandaise en 1981. Dix d'entre eux avaient alors jeûné jusqu'à la mort pour protester contre la politique britannique en Irlande du Nord.
Source : Reuters, 7 octobre 2005

11/10/2005 - Les USA vont libérer prochainement 5 Koweïtiens de guantanamo
Les USA vont libérer "prochainement" 5 des 11 Koweïtiens détenus à la base US de guantanamo, a annoncé l'ambassadeur du Koweït à Washington, cité dimanche par l'agence Kuna.
"L'Administration US va remettre prochainement au gouvernement koweïtien cinq des Koweïtiens détenus au camp de guantanamo", a déclaré cheikh Salem Abdallah al-Jaber al-Sabah, sans préciser de date.
Il a indiqué que les deux pays discutaient "le mécanisme" du retour des prisonniers.
Après leur rapatriement, ils seront jugés devant des tribunaux koweïtiens, a encore dit l'ambassadeur.
Le président de l'Association des familles des détenus koweïtiens à guantanamo, Khaled Al-Ouda, interrogé dimanche par l'AFP, a indiqué s'attendre au rapatriement des cinq Koweïtiens avant la fin du mois d'octobre.
"Tout est prêt, y compris l'avion et l'équipe de sécurité qui devraient les ramener au pays. Nous avons encore besoin d'arrangements avec deux aéroports où l'avion devrait se poser durant le voyage", a dit M. Ouda.
Les autorités koweïtiennes et US discutent aussi de la libération des six autres détenus koweïtiens de guantanamo.
En janvier, les USA avaient remis au Koweït Nasser Najr al-Moutaïri, qui avait passé trois ans à guantanamo. Il a été ensuite acquitté par un tribunal koweïtien des accusations d'intelligence et d'agression envers un pays étranger.
Quelque 505 détenus, de 36 nationalités, sont toujours incarcérés à guantanamo. Ils ont été capturés pour la plupart lors de l'offensive militaire US de 2001 en Afghanistan.
M. Ouda a indiqué que six prisonniers koweïtiens à guantanamo s'étaient joints à une grève de la faim, déclenchée par quelque 200 détenus pour protester contre leurs conditions d'internement et leur détention indéfinie sans procès.
Selon un avocat US défendant les détenus koweïtiens, Thomas Wilmer, la plupart des prisonniers koweïtiens à guantanamo "ont été capturés par des chasseurs de primes en 2001 près de la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, avant d'être revendus aux USA".
Source : AFP, 9 octobre 2005

7/10/2005 - Marche de Solidarité avec Taysir Allouni le 7 octobre à Tétouan (Maroc)
Hassan Barhon, président de l¹Association générale, militant du mouvement Baraka, fondateur de l¹Association de Défense des Droits de l'Homme et rédacteur en chef  d¹INTER INFO, a le plaisir de vous inviter à une Marche de Solidarité avec Taysir Allouni, le journaliste d¹Al Jazira condamné la semaine dernière à madrid à sept ans de prison pour ³complicité avec Al Qaïda, le vendredi 7 octobre à Tétouan (Maroc), à partir de 16h00
. Départ du Consulat Général d'Espagne vers la Place de la justice via le Boulevard Mohamed V et le Boulevard du 10-mai . Aprés la Marche , une conférence de presse aura lieu à  18h30 au Club culturel de Tétouan
Association générale: B.P. 52 Tétouan MAROC.Tel  +212.6162.0930, télécopieur  : +212.39.997.355, www.campagneinternationale.blogspot.com , Courriel : Barhon.Hassan@Gmail.com

7/10/2005 - Le prisonnier égyptien Sami Al Laithi livré à l'Égypte
Détenu à guantanamo depuis plus de 3 ans, l'Égyptien Sami Al Laithi a été transféré en Égypte durant le premier week-end du mois d'octobre, sans que son avocat en soit informé. Il y a quatre mois, il avait été blanchi de l'accusation d'être un "combattant ennemi". Son avocat avait fait valoir à deux reprises qu'un transfert en Égypte comportait des risques graves de torture, mais il n'a pas été entendu. Le Pentagone a déclaré sans rire qu'il avait reçu des "assurances appropriées" de l'Égypte, selon lesquelles Al Laithi "continuerait à être traité humainement", en Égypte comme à guantanamo. Donc : circulez, il n'y a rien à redire.


6/10/2005 - Malgré l'opposition de la Maison Blanche, le Sénat US interdit les sévices contre les prisonniers
Contre l'avis de la Maison Blanche et sans le soutien de la Chambre des représentants, les sénateurs, sous l'influence du républicain John McCain, ancien prisonnier de guerre au Vietnam, ont adopté par 90 voix contre 9 un amendement sur la "prohibition de traitements cruels, inhumains, ou dégradants" envers des prisonniers, une semaine après la condamnation de la soldate Lynndie England, symbole du scandale des sévices infligés dans la prison irakienne d'Abou Ghraib.
Cet amendement a divisé le camp républicain. L'administration Bush a menacé de mettre son veto au budget de la défense si les sénateurs votaient cette mesure tandis que l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell, ancien chef d'état-major interarmées, a soutenu la démarche du sénateur John McCain. Ce dernier a également reçu le soutien de l'organisation de défense des libertés individuelles ACLU.
L'amendement stipule qu'"aucun individu sous la garde ou le contrôle physique du gouvernement des Etats-Unis, quels que soient sa nationalité et son lieu de détention, ne doit être soumis à des traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants". Il fixe également une norme uniforme concernant les pratiques autorisées lors des interrogatoires de prisonniers. L'amendement précise qu'elles devront respecter les limites posées dans le règlement de l'armée de terre.

"CELA LIMITERAIT LA CAPACITÉ DU PRÉSIDENT"
"Cela limiterait la capacité du président, en tant que commandant en chef [des forces armées], à mener efficacement la guerre contre le terrorisme", a rétorqué le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, qui compte sur la navette parlementaire avec la Chambre des représentants, traditionnellement plus loyale envers M. Bush que les sénateurs, pour torpiller l'amendement.
De son côté, John McCain a indiqué que le vote du Sénat ne serait qu'"une première étape". Il a souligné que son amendement visait avant tout à protéger les militaires américains, plutôt que les prisonniers, et estime en outre que "les valeurs américaines devraient l'emporter contre toutes les autres dans toute guerre des idées, et nous ne pouvons pas laisser les sévices contre les prisonniers ternir notre image".
Les militaires sont interdits de procéder à des tortures et sévices sur des prisonniers. L'amendement stipule que "les hommes et les femmes menant les interrogatoires auront le confort de savoir qu'ils ont des instructions précises sur ce qu'ils peuvent faire et ne pas faire". M. McCain a cité le cas du capitaine Ian Fishback, à l'origine de révélations sur des abus dénoncés récemment par Human Rights Watch. "Pendant dix-sept mois, il s'était battu pour obtenir des réponses de ses supérieurs à une question de base : quelles normes s'appliquent au traitement des prisonniers ennemis ?", a expliqué M. McCain.
Neuf militaires ont été jugés et condamnés à la suite des premiers sévices révélés à la prison d'Abou Ghraib au printemps 2004. Lynndie England, devenue le symbole de ces abus à la suite d'une photo la montrant souriante devant un prisonnier irakien nu et tenu en laisse, a été condamnée à trois ans de prison.
Source : Le Monde, avec AFP, 6 octobre 2005

6/10/2005 - L'ancien détenu de guantanamo Hamed Abderrahmane Ahmed condamné à six ans de prison en Espagne
Hamed Abderrahmane Ahmed, baptisé par certains médias le "Taliban espagnol", a été condamné mercredi 5 octobre à 6 ans de prison pour appartenance à Al Qaïda par la justice espagnole. Il avait été libéré en février 2004 de la base US de guantanamo après deux ans de détention.
Les juges ont estimé qu'Abderrahmane avait rejoint les rangs d'Al Qaïda "en pleine connaissance du profil terroriste du groupe". La durée de sa détention provisoire en Espagne, de février à juillet 2004, sera décomptée de la peine, mais pas son séjour à guantanamo, de février 2003 à février 2004. Cette peine est inférieure à celle requise par le procureur de l'Audience nationale, qui réclamait neuf ans de prison.

"Vie détruite"
Abderrahmane avait affirmé que son séjour à Guantanamo avait "détruit (sa) vie, psychologiquement et physiquement". "Le seul espoir qui me reste repose dans la justice espagnole", avait-il ajouté. Il avait toujours nié tout lien avec Al-Qaïda et s'était défini comme "un martyr".
Selon les psychiatres qui l'ont examiné, "le taliban espagnol" comme l'a surnommé la presse, souffrait de stress post-traumatique, déclaré après son arrestation au Pakistan et aggravé par son passage par guantanamo.
L'avocat de l'accusé demandait la relaxe de son client.
Musulman originaire de Ceuta, Abderrahmane avait été arrêté en octobre 2001 au Pakistan, alors qu'il tentait de fuir le pays après les attentats aux USA.
Livré aux militaires US en décembre 2001, il avait été emprisonné à Kandahar (Afghanistan) puis transféré sur la base US de guantanamo, à Cuba, en février 2002. Il y était resté emprisonné jusqu'en février 2004, date de son retour en Espagne.
Emprisonné dans un premier temps à Madrid, il avait été libéré sous contrôle judiciaire en juillet 2004.
Source : NOUVELOBS.COM , 5 octobre 2005



5/10/2005 - Six des sept anciens détenus français de guantanamo seront jugés pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste"
La cour d'appel de Paris a validé mardi l'enquête sur les Français de Guantanamo dans laquelle six hommes sont mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Sept Français ont été arrêtés par les Américains ou les Pakistanais après l'intervention américaine à l'automne 2001 en Afghanistan puis détenus sur la base américaine de Guantanamo à Cuba.
Les juges d'instruction Jean-Louis Bruguière et Jean-François Ricard sont saisis depuis novembre 2002 d'une information judiciaire ouverte par le parquet après la découverte de Français parmi les prisonniers de Guantanamo.
La défense contestait notamment la légalité des auditions par la police française de ces six Français, détenus arbitrairement à Guantanamo. L'arrêt de la chambre de l'instruction n'était pas disponible mardi.
Nizar Sassi, Mourad Benchellali, Brahim Yadel et Imad Kanouni ont été remis aux autorités françaises en juillet 2004. Le Franco-Indien Mustaq Ali Patel, rapatrié début mars 2005 avec Ridouane Khalid et Khaled ben Mustafa, a été remis en liberté sans mise en examen.
Les six autres sont notamment poursuivis pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Imad Kanouni a été remis en liberté en juillet.
Source : AP , 4 octobre 2005


28/09/2005 - Le nobélisable, RSF et le prisonnier
par Maxime Vivas, écrivain, 28 septembre 2005
Le journaliste vedette de la chaîne Al-Jazeera (également
traducteur à l'agence espagnole EFE), l'hispano-syrien Tayssir Allouni,
célèbre pour avoir interviewé Ben Laden en 2001, vient d'être
condamné par le juge espagnol Baltasar Garzón à 7 ans de prison. La
sentence a été mollement désapprouvée par l'organisation Reporters
Sans Frontières qui « exprime sa surprise » et espère que des mesures
seront prises « afin que la détention du journaliste n'aggrave pas son
état de santé ». Le condamné ayant fait appel, « elle attend avec
impatience le nouveau verdict. » Et c'est tout. Comment faire moins
sans perdre tout crédit, même aux yeux des gogos ?
Qui est Tayssir Allouni quels sont les liens (organiques) qui
unissent RSF et le juge, et enfin : le prochain prix Nobel de la Paix
sera-t-il Espagnol ?
Bête noire du Pentagone en raison de ses reportages sur la
guerre et sur ses ravages parmi la population civile, Allouni a échappé
plusieurs fois à la mort. Son bureau en Afghanistan fut «
accidentellement » bombardé par l'US Air Force. En Irak, son bureau de
Bagdad fut encore « accidentellement » bombardé : un de ses
collaborateurs fut tué. Le bureau de ses confrères d'Abu-Dhabi TV où il
trouva refuge fut lui aussi « accidentellement » bombardé. Il crut trouver
un asile sûr auprès des autres journalistes logés à l'hôtel Palestine,
mais celui-ci essuya aussitôt un tir « accidentel » états-unien.
Finalement, Allouni a été arrêté en Espagne le 8 septembre 2003 sur
renseignements fournis au gouvernement de José-Maria Aznar par la
CIA qui l'accusait d'être un militant d'Al Qaeda.
S'insurgeant contre cette incarcération, Aidan White, secrétaire
général de la Fédération internationale des journalistes, avait aussitôt
déclaré : « Au cours des dernières années, une irritation des
Occidentaux, particulièrement des États-uniens, s'est exprimée à
l'encontre des médias arabes, et particulièrement d'Al-Jazeera. Ses
bureaux ont été attaqués militairement d'abord en Afghanistan, puis
deux fois en Irak. Avec cette arrestation, cela commence à ressembler
au développement d'une chasse internationale aux sorcières. »
Quant à Robert Ménard de RSF, il ne bougea pas. Pas plus qu'il
n'avait organisé le moindre rassemblement médiatisé pour alerter
l'opinion contre les tentatives d'assassinat visant ce correspondant de
guerre. Pis, il prétendit en octobre 2003 sur Canal Plus que le motif de
l'arrestation « n'est pas lié à sa qualité de journaliste, mais à sa
participation à des activités terroristes. » Ce verdict expéditif, prononcé
« à chaud », deux ans avant que la Justice n'ait instruit le procès, valait
condamnation à la prison à vie !  [1]
Il faudra attendre le 18 avril 2005 pour que Robert Ménard, invité
du Forum du Nouvel-Observateur amorce un virage2 :
« Internaute : Que pensez vous de l'incarcération de Tayssir
Allouni en Espagne ? Parce que c'est un journaliste d'Al-Jazeera ? Et si
c'était un journaliste de CNN aurait-il le même sort? Et ce que vous
suivez son dossier ?
Ménard : J'étais encore la semaine dernière au Qatar avec la
rédaction d'Al-Jazeera. Et RSF sera à Madrid lors de l'ouverture de son
procès le 22 mai prochain. »
Ainsi donc, pour le patron de RSF, le terroriste de 2003 est
redevenu journaliste en avril 2005, sa condamnation est surprenante
en septembre 2005 (et pourquoi donc s'il est coupable ? Elle est
clémente, au contraire) et il convient de bien le choyer en prison sans
pour autant réclamer son élargissement qu'on attend néanmoins « avec
impatience » sans bouger le petit doigt.
RSF a déploré que le procureur ait lourdement utilisé l'interview de
Ben Laden par Tayssir Allouni [3] comme élément à charge, amalgamant
ainsi acte de terrorisme et exercice normal d'un métier. Par bonheur,
RSF dispose d'une organisation interne, le Réseau Damoclès, chargée
de défendre la liberté des journalistes et leur droit à enquêter. En toute
logique, elle devrait intervenir. Elle ne le fera pas. Car (voici le scoop) :
le président d'honneur du Réseau Damoclès est le juge Baltasar Garzón.
La boucle est bouclée ? Pas tout à fait. La condamnation du
journaliste intervient quelques jours à peine avant que soit examinée à
Stockholm la candidature au prix Nobel de la paix d'un Espagnol : le
juge Baltasar Garzón, qui accéda à la notoriété en pourchassant
Pinochet (toujours libre), qui prétendit extrader les tortionnaires
argentins (toujours en Argentine) mais qui vient opportunément de
mettre sous les verrous un journaliste, au prétexte essentiel qu'il a
rencontré dans le cadre de son métier une des deux figures symbolisant
la guerre moderne (l'autre étant Bush, vainqueur en matière
d'assassinat d'innocents, mais il n'en sera pas question ici).
Un prix Nobel dont le prestige rejaillira sur RSF vaut bien un petit
sacrifice. Qui, à part Tayssir Allouni, prétendrait le contraire ? La
profession des journalistes peut-être ? A voir et à espérer.

Notes :
1 - Les trois paragraphes ci-dessus sont extraits de « Les
Etats-Unis DE MAL EMPIRE », Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj, Maxime
Vivas, éditions Aden, septembre 2005. On trouvera également dans cet
ouvrage une analyse du rôle de l'Espagne de J-M. Aznar dans le conflit
irakien, dans le coup d'Etat anti-chaviste au Venezuela et en faveur
d'une américanisation de l'Union européenne.
2 - http://www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_284.html
3 -  L'interview n'a d'ailleurs pas été diffusée par Al-Jazeera mais par
par une agence US qui avait réussi à se la procurer.

27/10/2005 - Éditorial de Quibla - Le verdict scandaleux de Madrid : le lundi 26 janvier 2005 restera un jour noir pour tous les humains épris de liberté.
Ainsi donc, le journaliste d¹Al Jazira Taysir Allouni a été condamné lundi 26 septembre par l¹Audiencia Nacional de Madrid à sept ans de prison pour ³collaboration avec un groupe terroriste², en l¹occurrence la désormais mythique Al Qaïda. Les preuves de cette ³complicité² fournies par l¹accusation étaient pour le moins légères. La seule chose qu¹on puisse reprocher au journaliste hispano-syrien, arrêté en 2003, c¹est d¹avoir interviewé Oussama Ben Laden le 21 octobre 2001 dans les montagnes afghanes. L¹interview avait été filmée par Al Qaïda et n¹avait jamais été diffusée par Al Jazira. CNN en avait diffusé des extraits, la chaîne de Ted Turner s¹étant procurée, par des moyens illégaux, une copie de la vidéo. Logiquement, tous les journalistes qui ont interviewé Oussama Ben Laden ou l¹un de ses hommes devraient donc passer en jugement pour ³complicité avec Al Qaïda². le juge Baltazar Garzon, devenu mondilament célèbre pour ses poursuites contre Augusto Pinochet, n¹a pas de quoi être fier.
24 hommes comparaissaient devant la justice espagnole pour le plus grand procès de terroristes depuis le 11 septembre 2001. 18 d¹entre eux ont été condamnés à des peines de 6 à 27 ans de prison, 6 autres ont été acquittés. Le Syrien Imad Eddine Barakat Yarkas a été condamné à la peine la plus lourde pour avoir organisé, selon le tribunal, la réunion de juillet 2001 en Espagne au cours de laquelle l¹opération du 11 septembre aurait été préparée. Le Marocain Driss Chebli a été condamné à 6 ans de prison. Quant au Syrien Syrien Ghasoub Al Asbrash Ghalyoun, accusé d¹avoir fourni à Al Qaïda une vidéo des tours jumelles, il a été acquitté, ayant pu convaincre le tribunal qu¹il n¹avait filmé les tours que pour garder un souvenir d¹un séjour touristique à New York.
"C'est un jour sombre pour la justice espagnole qui a dévié aujourd'hui de toutes les normes de la justice internationale", a déclaré le rédacteur en chef d'Al Jazira, Ahmed Al Cheikh.
Tous les condamnés vont faire appel de leur condamnation.
Al Jazira compte donc désormais deux ³prisonniers de guerre² : outre Taysir Allouni, Sami Al Haj, caméraman soudanais de la chaîne qatariote, est enfermé sans jugement ni inculpation à guantanamo depuis janvier 2002. Il a été enlevé par les forces d¹occupation US en Afghanistan le 15 décembre 2001, alors qu¹il n¹y faisait que son travail d¹information.
Il y a belle lurette que Reporters sans Frontières a oublié Sami Al Haj. Les defenseurs professionnels des droits humains vont-ils garder le silence après le verdict scandaleux de Madrid ? C¹est sûr et certain : les condamnés sont des Arabo-Musulmans barbus. Ils peuvent donc crever dans une prison démocratique.
La rédaction de Quibla

22/09/2005 - Quand Guantanamo arrache son bâillon et celui de la presse
par Maxime Vivas, Toulouse, 22 septembre. Courriel : vivas.maxime@wanadoo.fr
D¹après l¹agence Reuters, un quart des détenus de la base militaire américaine de Guantanamo, à Cuba, ont entamé une grève de la faim pour protester contre le caractère illimité de leur détention. Dix-huit ont dû être hospitalisés dans la prison du Camp Delta. Treize sont alimentés par voie nasale et cinq le sont par intraveineuse.
Selon le Centre pour les droits constitutionnels (CCR) dont les avocats représentent des dizaines de détenus, ce sont 210 prisonniers qui observent la grève de la faim.
Certains ont arrêté de s'alimenter depuis le 8 août et neuf d'entre eux ont été hospitalisés mais sont dans un état stable, a déclaré le colonel Brad Blackner à l'Associated Press.
Les autorités militaires de la base américaine parlent de 76 détenus en grève de la faim, tout en assurant qu'ils sont traités « aussi bien que possible » (Hum !). Dans un communiqué, le CCR dénonce la réticence du Pentagone à autoriser les avocats à rencontrer ces détenus et le silence obstiné du ministère américain de la Défense sur la grève de la faim
Les prisonniers ont pris cette décision parce que ce ministère est revenu sur ses promesses de mettre le camp de détention en conformité avec les normes de la Convention de Genève. Les grévistes de la faim, dont certains sont détenus depuis plus de trois ans et demi, réclament aussi d'être jugés ou libérés. En effet , « Depuis janvier 2002 [date de l'ouverture du centre de détention], le Pentagone a refusé aux prisonniers l'accès aux tribunaux ou aux avocats pour éviter d'avoir à justifier les fondements de leur incarcération », dénonce l'avocat Gitanjali Gutierrez.
Le camp de Guantanamo compte près de 600 détenus de 43 nationalités, capturés pour la plupart lors de la guerre en Afghanistan (quelques-uns étaient alors mineurs). Certains sont détenus depuis l'ouverture de la prison, en janvier 2002. Seuls quatre ont été inculpés. Aucun n'a été jugé.
Des avocats de détenus ont soutenu la semaine dernière devant une cour d'appel qu'ils devraient avoir le droit de prouver qu'ils ont injustement été qualifiés de « combattants ennemis » et que leur détention est illégale. La cour d'appel rendra son jugement l'année prochaine, et celui-ci sera ensuite porté devant la Cour suprême.
Le Pentagone affirme que 246 détenus de Guantanamo ont été renvoyés chez eux depuis l'ouverture de cette prison.
Dans une note datée de 1er août 2005 Amnesty International rendait compte ainsi d¹une première grève de la faim : « Le mouvement, qui a débuté aux alentours du 7 juillet et concerne un nombre inconnu de détenus, vise à protester contre les conditions de détention : au secret, sans aide médicale convenable, et avec diverses atteintes à la religion, telles que annonces au haut-parleur pendant l'appel à la prière, sans parler de la profanation présumée du Coran. L'un des détenus aurait expliqué son attitude par ces mots, à l'attention des autorités américaines : « Que l'on nous traite comme des êtres humains, ou que l'on nous laisse mourir en paix ».
La grève de la faim paraît avoir débuté à Camp V où les conditions de détention s'apparentent à celles des prisons américaines de haute sécurité, en cellule individuelle, éclairées en permanence, et ventilées par de grands ventilateurs dont le bruit empêche les détenus de communiquer entre eux. »
Grâce au côté spectaculaire et médiatique de la grève de la faim (surtout aussi massive), tous les organes de presse nous parlent enfin aujourd¹hui en première page de l¹enfer de cette prison militaire. Le grand public découvre ainsi que des malheureux sont encagés sans procès. Pourtant, dès janvier 2004, un article paru dans Le Monde Diplomatique (« Les droits humains bafoués, Dans le trou noir de Guantanamo ») sous la plume d¹Augusta Conchiglia [ http://www.monde-diplomatique.fr/2004/01/CONCHIGLIA/10996?var_recherche=conchiglia ] décrivait avec beaucoup de précision les conditions de détention, rapportait des cas de suicide et de grève de la faim. Mais à l¹époque, le reste de la « grande » (hum !) presse n¹avait pas repris les informations. Elle le fait plus de vingt mois après les révélations d¹Augusta Conchiglia et presque quatre ans après l¹ouverture du camp. Entre temps, des innocents libérés ont raconté leur calvaire (1).
Ici, nous venons d¹exposer les faits que chacun tient désormais pour vrais.
Reste donc à poser les questions qui en découlent et dont on s¹étonne qu¹aucune ne soit venue à nos éditorialistes en vue, parangons de vertus démocratiques et détenteurs du « monopole du c¦ur » :
1- Si un pays emprisonne sans jugement, soumet à des mauvais traitements hors de toute législation, peut-on le qualifier de « plus grande démocratie du monde » ? Peut-on  s¹exclamer : « Nous sommes tous Américains ! » comme le fit le Monde au lendemain du 11 septembre 2001 ? Et si non, depuis quand refusons-nous cette naturalisation et pourquoi ?
2- Si, au fil des ans, des détenus (brisés) sont libérés (246, selon le Pentagone) car déclarés innocents, pour quelle raison aucune instance internationale (aucune) ne porte plainte contre leurs ravisseurs et bourreaux ? Qui indemnisera les victimes et selon quels barèmes ?
3- Un pays qui enlève des innocents par centaines, à des milliers de kilomètres de chez lui, qui les maltraite dans une base militaire occupée par la force dans un pays tiers et qui se soustrait ainsi aux Conventions de Genève et à toute espèce de législation, nationale ou internationale est-il un pays terroriste ?
4- Quel organisme serait à même de mener une enquête indépendante sur ce qui se passe à Guantanamo et dans d¹autres prisons de l¹US Army ? Aucun ? Ne serait-il pas temps alors de constater que l¹empire applique impunément la loi du plus fort au mépris de toute morale et que, par conséquent, il importe de passer de l¹allégeance frileuse à la résistance ?
5- Parmi les détenus, l¹un d¹eux au moins aurait dû connaître une grande médiatisation : il est journaliste. Or, on sait que la profession se mobilise avec panache à la moindre prise d¹otage. Pourquoi le sort de Sami Al Haj, arrêté et enlevé le 15 décembre 2001 alors qu¹il était en reportage en Afghanistan, est-il ignoré du grand public ? Parce qu¹il est Soudanais ? Parce qu¹il travaillait pour une télévision arabe (Al Jazeera) ? Parce qu¹il est l¹otage, non pas des arabes mais des Américains ?
Pourquoi, Reporters Sans Frontières qui s¹est « indignée » de son arrestation il y a quatre ans a-t-elle fini par l¹oublier (il ne figure pas dans son rapport annuel 2005).(2) Pourquoi cette organisation qui dispose d¹un budget considérable, de correspondants aux USA, qui s¹est dotée d¹un service chargé de poursuivre les tortionnaires des journalistes, ne lance-t-elle pas une grande campagne de presse pour la libération de Sami Al Haj avec un dépôt de plainte à la clé ? Pourquoi RSF qui, contrairement aux autres ONG (et en particulier Amnesty International) bénéficie d¹un côte d¹amour maximale (et peu discrète) aux States n¹envoie-t-elle pas son Secrétaire général Robert Ménard à Guantanamo. Il connaît Cuba pour s¹y être déjà rendu afin de recruter avec des ruses d¹un James Bond un « journaliste indépendant » qui s¹avéra être un agent de la sécurité cubaine (Ménard, apprenant bien plus tard la supercherie, comprit alors pourquoi, le bougre, malgré l¹octroi de deux fois la paie d¹un ministre cubain, refusait obstinément de traiter Fidel Castro d¹ assassin dans ses articles bidouillés).
Donc, l¹idée serait la suivante : Ménard arrive devant Guantanamo, s¹enchaîne aux grilles comme il le fit naguère à celles de l¹ambassade de Cuba à Paris, dénonce, devant les journalistes accourus du monde entier « le goulag tropical yankee, zone de non droit et de torture » et il refuse de repartir sans Sami Al Haj. Les militaires US ne peuvent pas lui tirer dessus (pas sur lui, voyons, pas sur lui !) et Bush est obligé de promettre l¹examen du cas Al Haj. Dès lors, Ménard déclare qu¹il est « fou de joie » et il repart en faisant une escale à La Havane pour recruter, la nuit, dans un square, un « journaliste indépendant » qui, moyennant 100 dollars par mois, un ordinateur portable et un passe pour l¹accès permanent à la Mission (équivalent d¹une Ambassade) des USA accepte de soumettre au Chargé de Mission US (ambassadeur) ses articles, lesquels sont des pamphlets terribles contre Cuba, sa « dictature » et la terreur ambiante. Mais cette action étant secrète, le monde entier retiendra du voyage de Ménard que RSF confesse une évidence : le terrible camp de concentration des Caraïbes, lieu de souffrances sans nom, n¹est pas l¹île castriste, mais la portion de son territoire qui lui a été volé (on vit mieux et plus longtemps tout autour).
L¹avantage de ce scénario grandguignolesque est que Robert Ménard ferait la démonstration tant attendue qu¹il n¹hésite pas à se dresser contre le pays qui a tué le plus de journalistes ces dernières années, il prouverait son indépendance et, s¹il perdait alors pour 2006 les subventions de l¹Oncle Sam, il peut espérer que l¹Union Européenne qui lui a coupé les crédits en 2005 reconsidèrera sa position.
Ainsi ravalé de la façade, RSF pourrait recommencer à taper de plus belle sur la presse pauvre des pays pauvres à l¹exclusion de tout autre, avec une prédilection pour ceux dont Bush veut la peau et avec la complicité active de la presse riche des pays riches(3).
Ce noble dessein obligerait momentanément RSF à renoncer à prioriser Cuba dans ses campagnes idéologiques, le temps de faire oublier son lourdingue acharnement passé. Mais il ne s¹agirait là que d¹un entracte, pause par laquelle les pitres reconstituent leurs forces au Grand Théâtre des Médias.

Notes :
(1) Sur les enlèvements de suspects dans les pays envahis et dans d¹autres (y compris en Europe), sur les conditions de détention à Guantanamo, à Abou Grhraib et dans d¹autres prisons « externalisées », sur le sort des prisonniers français et l¹inertie de notre classe politique, sur la sous-traitance de la torture dans des zones de non-droit, voir « Les Etats-Unis De mal empire » de Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj, Maxime Vivas, aux éditions ADEN, septembre 2005.
(2) Pour la journaliste US Diana Barahona qui a révélé, preuves à l¹appui, que RSF est financé par des organisations états-uniennes liées à la CIA « non seulement Al-Haj a physiquement disparu, mais a aussi disparu toute référence à lui sur le site internet de RSF, où il n¹est mentionné qu¹une seule fois depuis un communiqué sur Al-jazeera du 27 janvier. Par contraste, RSF lance régulièrement de grandes campagnes pour les journalistes européens enlevés par la résistance Irakienne. »
(3) « On trouvait des journalistes pour moins cher qu¹une bonne call-girl, pour deux cents dollars par mois. » Un agent de la CIA, sur le recours aux journalistes pour propager des articles de la CIA. Katherine The Great, de Deborah Davis, Sheridan Square Press, 1991.
Cité dans ³Les Etats-Unis De mal empire²ouvrage où est également analysée la complicité de notre presse avec les exactions des USA.