ANTIFASCISME / FASCISME

En ce moment, il est de bon goût de parler de fascisme et d'antifascisme. Je n'aurai pas l'impertinence de déroger à cette nouvelle coutume. Sur ces sujets, j'apporterais quelques réflexions grace à l'apport de nombreuses revues. Mais ce sera à ma façon et il est fort possible qu'elles ne soient point toutes orthodoxes.

 

 

 

Fascistes et antifacistes  : alliance contre-nature ?

Chemises brunes et pantalonnades

Les femmes "clones" du F.N. (parue dans la Une)

LE FASCISME SERA BATTU SUR LE TERRAIN SOCIAL, PAS DANS LES URNES

Gaz à tous les étages le cas du Grand inquisiteur Didier Daeninckx

l’épouvantail fasciste...et les véritables menaces

"Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé " la société de consommation ", définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n'en est rien. Si l'on observe bien la réalité, et surtout si l'on sait lire dans les objets, le paysage, l'urbanisme et surtout les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation sont eux-mêmes les résultats d'une dictature, d'un fascisme pur et simple. Dans le film de Naldini, on voit que les jeunes étaient encadrés et en uniforme... Mais il y a une différence : en ce temps là, les jeunes, à peine enlevaient-ils leurs uniformes et reprenaient-ils la route vers leurs pays et leurs champs, qu'ils redevenaient les Italiens de cinquante ou de cent ans auparavant, comme avant le fascisme.

Le fascisme avait en réalité fait d'eux des guignols, des serviteurs, peut-être en partie convaincus, mais il ne les avait pas vraiment atteints dans le fond de l'âme, dans leur façon d'être. En revanche, le nouveau fascisme, la société de consommation, a profondément transformé les jeunes; elle les a touchés dans ce qu'ils ont d'intime, elle leur a donné d'autres sentiments, d'autres façons de penser, de vivre, d'autres modèles culturels. Il ne s'agit plus, comme à l'époque mussolinienne, d'un enrégimentement superficiel, scénographique, mais d'un enrégimentement réel, qui a volé et changé leur âme. Ce qui signifie, en définitive, que cette " civilisation de consommation " est une civilisation dictatoriale. En somme, si le mot de " fascisme" signifie violence du pouvoir, la " société de consommation " a bien réalisé le fascisme."Écrits corsaires de Pier Paolo Pasolini

nouvelles passerelles de l’extrême droite rry ThieMaricourt

 

Lutte antifasciste

Ce que plusieurs années de lutte "anti-fasciste" primaire avec des arguments simplificateurs n' avaient pas réussi, le FN seul a réussi à   l'accomplir : marginaliser son parti. Les "anti-fascistes" en s' attaquant presque exclusivement au seul racisme de ce parti mais jamais au caractère anti-social et anti-démocratique voire totalitaire n'ont jamais vraiment voulu le voir disparaître.

Le harcellement démocratique  par l'organisation de défilés anti-fascistes n'a fait qu'augmenter le vote FN. . Selon Marianne N°72 "Les vaillants partisans de l'antifascisme , Ras l'front, LCR ou basistes cocos ou socialos,(...)se persuadent déjà qu'ils font reculer le fascisme en allant se frotter aux CRS à chaque manifs du FN- étrange idée , qui transmute la police républicaine, bien obligée, en protectrice des fachos... " 

D'ailleurs c'est étrange : ceux-là mêmes qui, chez nous, hurlent à la complicité aussitôt qu'un libéral frôle la main d'un lepeniste conseillent ailleurs aux démocrates de se commettre avec les nazillons du fondamentalisme islamique. Ils traquent, en France, les intégristes cathos qui s'opposent à la libéralisation de l'avortement mais trouvent, ailleurs, toutes les excuses à l'intégrisme musulman ou juif. Attitude raciste en l'occurence, qui signifie" chez nous c'est affreux, mais c'est peut-être bon pour des Arabes"! (Marianne N° 69 du 17 aout 1998)

Presse antifasciste
Certains ont compris que l'antifascisme pouvait présenter un certain avantage sur le plan politique, pécunier et  médiatique car le FN est une "marchandise particulière(...) fabriquées par la nécessité de l'économie et le PS, sa marchandise repoussoir, qui finalement est devenue celle de tous, car tous ont le même besoin de trouver plus sale qu'eux. Et c'est curieux de voir des partis-associations venir greffer sur cette saleté.  Comment spécialistes de  l'affaire, ils la combattraient sans que rien ne change. Comment ils montrent leur incapacité à nuire à leur ennemi et comment se maintient le statu quo, l'équilibre entre eux. Le fascisme est pour eux la marchandise fétiche.(...)
Aussi clairement, tous ceux qui incluent dans le nom qu'ils se donnent le nom de leur "ennemi" précisent leur intention : celle de ne rien vouloir changer, car tout changement les amènerait à disparaître. On n'a  jamais vu de politicien, ni de bureaucrate vouloir perdre son pouvoir de représentant, ni donc vouloir changer quoi que ce soit.
(bulletin situationiste L'Achèvement)

La presse antifasciste se situe aussi bien, à gauche avec Ras l'Front,  dans les milieux anarchistes avec Réflex ( une guerre a  d'ailleurs éclaté entre ces deux associations par l'intermédiaire de Daeninckx et Perrault) et aussi 'à droite avec Vigilance Républicaine.Cette revue dirigée par JP Moinet travaille en partenariat avec le CERA. Comme à l'acoutumée, J-Y Camus détient des informations de premier plan fournis par des responsables de l'extrême droite ( pour se faire de la publicité et de l'argent, l'extrême-droite n'hésite pas à balancer quelques informations).

Bien sur le P.S. s'est aussi investi dans des associations antifascistes . En 1993,Cambadélis a fondé le manifeste contre le Front national. Selon l'AFP  daté du vendredi 3 décembre 1999 une peine de huit mois à un an de prison avec sursis et 500.000 francs d'amende a été requise vendredi à Paris contre l'ancien numéro deux du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, jugé pour "recel d'abus de biens sociaux". La justice lui reproche d'avoir perçu indûment, entre mars 1993 et septembre 1995, 442 000 francs de salaire d'AGOS, une filiale de l'Agence des foyers et résidences hôtelières (AFRP), dirigée par Yves laisné (ex-dirigeant du FN) chargée, à l'époque, de gérer vingt-sept foyers pour travailleurs migrants. la défense « n'a pas été en mesure, tout au long de l'information, de rapporter la preuve de l'exécution de cette mission : ni notes de synthèse, ni rapports, ni même un bout de nappe déchirée, puisque, semble-t-il, les entretiens (avec Yves Laisné) se déroulaient souvent à l'occasion d'un repas ». ( Le Monde du 4 décembre).

Le numéro 51 de Réflex est très clair sur la collusion de cette revue avec la police et les Renseignements Généraux. Le texte "l'oeil de Damas" fait  d'ailleurs référence aux rapports des  R.G. Cela n'est pas si étrange lorsque l'on sait que Reflex dispose d'une page dans le mensuel Searchlight pour exposer la situation française. Le responsable de cette revue anglaise Gerry Gable avait affirmé  dans Jewish Chronicle du 23/10/87 "Nous ne travaillons pas pour la police, nous travaillons avec la police"

D'ailleurs le N° 60 de Ras l'front  publie des analyses tout aussi consternantes les unes que les autres.En novembre 1998 ce journal n'hésite pas à déclarer que ."l'affrontement entre Le Pen et Mégret, dont nous ne nous lassons pas, ne doit malheureusement pas laisser croire que le FN est au bord de l'autodissolution ou même de l'éclatement."  lorsque l'on sait  ce qu"il est advenu un mois plus tard, il y a de quoi rire. Il suffit d'aller aux réunions ( de moins en moins fréquentées ) de Ras l'front pour se rendre compte de la pauvreté de leurs analyses. Pour cette association le vote F.N s'explique par la montée du chomage . Jamais la violence n'est mis en cause alors que  justement la carte de la violence recoupe celle du vote F.N.
Mais la revue antifasciste Belge "RésistanceS" se distingue en analysant la montée de l'extrême-droite par la perte des repères gauche/droite "La dictature du parti unique menace. Dictature "soft". Mais dictature quand même. Jadis, le débat était consistant. La gauche était vraiment la gauche. Et la droite jouait cartes sur tables(...) Le consensus mou est devenu la règle(..)et mine la démocratie. Il est l’une des causes - et non la moindre - des succès de l’extrême-droite."(RésistanceS N° 5)

Le Monde a aussi publié un supplément dans l'édition du 28 mars 1998 intitulé 31 écrivains face à la haine (disponible sur son serveur).  A ce sujet , on peut regrettter que la plupart de ces écrivains utilise le même discours scatologique que Le Pen, ce qui n'ajoute rien à l'efficacité de leurs démonstrations. Seul l'excellente contribution de Marc Petit  sort du lot. Je me demande comment ce texte a pu échapper à la vigilance de ce journal. Le texte de D. Noguez mérite aussi la lecture.

Dénonciation
Mais l'habitude de tout dénoncer entraine des excès. Des groupes"anti-fascistes"  ont dénoncé aux flics des anarchistes au québec.

En France Charlie-Hebdo (N 328) a publié une lettre d'un lecteur "L. Hoover "particulièrement odieux intitulée Techno-Parade les fachos du " bloc 46 ". En   nommant ainsi son label ce  DJ ne pouvait être que  nazi car selon L. Hoover le " bloc 46 " était le N° d'un batiment d'un camp de concentration où se pratiquait des " expériences ". Une semaine plus tard Charlie-Hebdo s'est excusé d'avoir publié cette lettre. Le bloc 46 était en fait le N° d'un bloc de HLM où il avait résidé. Ce DJ était de plus actif dans le milieu anti-fasciste.

Ainsi des lecteurs peuvent dénoncer leurs voisins dans Charlie-Hebdo sans  que ce "journal" vérifie la source. C'est une attitude bien française depuis l'époque de "Je suis partout".  Les français, mouchards dans l'ame ont besoin d'exorciser leur propre sentiment de culpabilité depuis cinquante ans.

"On redécouvre pour la "bonne" cause la manipulation des chiffres, car le FN stagne, alors on évoque les infiltrations fascistes dans diverses tendances, chez les écologistes notamment. Et toute cette représentation politique, construite sur des fondations archi-fausses, fonctionne bon an mal an. Tel groupe antifasciste se crée ici et l'on saute de joie. Tel journal publie les noms et adresses de militants fafs et on exulte. On critique Vichy mais on ne recule pas devant ses méthodes : pour contrer l'hydre brune, même les anti-autoritaires ont recours à la délation. Quel gâchis ! Et quelle propagande pour les fafs : car la politique antifaf, étant entachée de mensonges et de méthodes extrèmement critiquables, fait le jeu de ses "victimes". On ne construit une politique antifasciste efficace qu ' à partir d' une politique révolutionnaire cohérente s' occupant avant tout de forger ses bases plutôt que d'attaquer des ennemis secondaires. Secondaires car tigres de papier! Le vrai pouvoir faf, c'est le pouvoir de la bourgeoisie."(Front mars 1994)

En ce moment toute personne contestataire est considéré comme fasciste. C'est la nouvelle technique des "tolérants". Ainsi selon le grand inquisiteur Daeninckx, Gilles Perrault serait un fasciste. Selon les inrockuptibles, le collaborateur de Marianne Philippe Cohen serait hithlérien parce qu'il rapelle dans son livre  le Bluff républicain  qu'"à leur façon ", les nazis sont venus à bout du chomage. Le critique d'art  Philippe Dagen essaye de démontrer dans son dernier ouvrage que tous ceux qui" contestent tel aspect de l'art contemporain  sont des vichystes des pétainistes, bref des fachos.."

L'antifascisme a-t-il tant besoin de s'inventer de nouveaux ennemis? Peut-être, car le F.N ou le M.N risque de disparaître . Même Waechter a été accusé de s'être compromis avec l'extrême-droite.

Méfiez-vous esprits libres, un jour ou l'autre les gens de pouvoir utiliseront vos "tendances fascistes" pour nier l'expression de votre pensée. Le Point d'Interrogations mars 1992

L'utilité du FN pour le pouvoir

« Pour en finir avec toutes ces vieilles formes d’opposition (...) qui gênaient tant les anciens despotes, l’Etat moderne doit créer lui-même son opposition, l’ enfermer dans des formes convenables et y attirer les mécontents. » Michel Bounan

"Toute société doit se désigner un ennemi, mais elle ne doit pas vouloir l'exterminer" Jean Baudrillard in  CoolMemories II

Le pouvoir  (en particulier le P.S) est conscient de l'utilité du F.N. C'est un moyen bien facile, pour d'une part escamoter le débat, masquer ses propres responsabilités et d'autre part faire ainsi l'économie de réfléchir à une politique économique et sociale contrecarrant le terrain sur lequel celui-ci ne peut que prospérer. Il l'utilise comme épouvantail au gré de leurs besoins  électoraux en  le gonflant, le dégonflant ou le divisant. Le pouvoir a ainsi créé une opposition qui n'est pas contre l'état mais contre le FN. L'état n'ayant donc plus de réelle opposition il peut tout se permettre.Ainsi plus personne n'ose attaquer le pouvoir en place sous peine de faire le jeu du F.N. Les "opposants " au système en particulier "l'extrême-gauche" développent une psychose de l'extrémisme de droite qui se revèle préjudiciable au véritable travail révolutionnaire de mobilisation et de politisation. Le pouvoir se félicite de "l' efficacité"de ces associations  s'accrochant ainsi à l'état pour recevoir de lui différents subsides.
 Il serait très facile de réduire le vote F.N. Ainsi Finkielkrault dans l'émission Répliques du 27/03/99 révélait que selon un sondage du Figaro de mai 1998   si le vote blanc était exprimé, les voix du F.N. s'écroulerait de moitié.

Nous avons maintenant un pouvoir qui peut tout se permettre et des partisans du FN ainsi que des antifascistes se croyant révolutionnaire. Ainsi tout le monde peut rentrer chez soi, content d'avoir rempli son role dans ce système

 

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