L'esclavage est un crime contre l'humanité 23 mars 2005 Ginette Hess Skandrani
Un homme réduit en esclavage n'est plus tout à fait un être humain. L'esclave est un homme nié, une femme niée. En déniant à l'esclave son humanité, le maître et tous ceux qui participaient à la déportation et au trafic humain qui y étaient attachés, se déshumanisaient également. Pour que le maître redevienne un homme, il faut que l'esclave le redevienne. Seul l'esclave qui brise ses chaînes peut libérer le maître. L'esclavage a bien sûr été définitivement aboli en 1848, mais cette abolition n'était qu'une étape dans l'émancipation. Il a fallu attendre 150 ans pour la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité. L'étape suivante : la réparation des dommages subis par les populations africaines, un véritable contrat de coopération égalitaire avec U.A, ainsi que l'indépendance des derniers confettis de l'empire colonial français, n'est toujours pas atteinte. Le sera-t-elle un jour ? Il faut le croire. Jamais le maître,– la République française - ne pourra être l'espace rêvé d'égalité, de liberté, de fraternité, tant que des Antillais, des Guyanais, des Mélanésiens, des Polynésiens, des Kanaks seront assujettis, ou Dom-Tomisés (nouveau nom pour désigner les colonisés). Dans cette sous-France que sont les dernières colonies françaises, ils vivent une forme particulière d'oppression et de déculturation. Ils sont certes reconnus comme hommes, mais le sont-ils comme citoyens ? Ce n'est pas sûr, car ils ne sont pas maîtres de leur destin, les décisions les concernant étant encore toujours prises en " Métropole ". L'esclavage aboli ne se poursuit-il pas insidieusement sous des formes, certes atténuées mais toute aussi efficaces de domination ? Et pourquoi d'ailleurs ne limiter l'exigence de réparations qu'à l'Etat français ? Les monarchies Danoise, Suédoise, Espagnole, Hollandaise ou Anglaise ne sont-elles pas les héritières directes de régimes esclavagistes ? L'Europe est donc autant concernée par la reconnaissance et la demande de pardon pour ce terrible crime contre l'humanité La pire des hontes a été d'imposer une " dette " à l'Afrique et d'exiger son remboursement, alors que nous leur sommes redevables de toutes nos avancées. Toutes les richesses amassées découlant de la traite négrière, du colonialisme, du pillage des ressources et d'un modèle de développement imposé ont alimenté la " fameuse " civilisation occidentale et ses " années lumières " au détriment de ceux qui à mesure où les richesses s'accumulaient au Nord, devenaient de plus en plus pauvres dans le Sud. TOUT MOUN SE MOUN (Tous les hommes sont libres et égaux) Paris, avril 2005
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