Texte écrit pour "Le Dossier Euro-Arabe" pour lequel je travaillais comme journaliste et qui m'a valu d'être gentiment remerciée. Ginette Hess Skandrani  

Conférence mondiale contre le racisme    

La Conférence des Nations-Unies contre le racisme, qui s'est tenue à Durban, Afrique du Sud, du 28 août au 8 septembre 2001, s'est terminée dans le désarroi, après une prolongation d'une demi-journée de débats pour arriver à un consensus qui aujourd'hui ne satisfait personne.

Le débat condamnant toutes les formes de racisme, les discriminations raciales, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, n'est certainement pas terminé et reste d'actualité.

Cette rencontre entre pays, mouvements et O.N.G.(Organisations non gouvernementales) du Nord et du Sud, d'Orient et d'Occident, malgré ses limites a été un premier pas qui ne demande qu'à être poursuivi.

Cette conférence a demandé une année de préparation dans différentes sessions et comités préparatoires ouvert à de nombreux participants dont : les Etats membres des NU, les organisations et commissions régionales des NU, les institutions spécialisées, les O.N.G. invitées et celles représentées en qualité d'observateurs.

Les échanges ont déjà été houleux lors de la préparation. Les amendements, les remises en question, les propositions ont été âprement discutés, entre les représentants des Etats.

Les O.N.G., représentants les associations de défense des droits de l'homme et humanitaires du Sud, comme du Nord, n'ont pas échappé à toutes sortes de confrontations et de manipulations. Le débat et les nombreux problèmes d'incompréhension entre les populations du Sud et celles du Nord (dont les grands de ce monde), restaient en suspens à l'ouverture de cette conférence.  

Le soutien des populations africaines à la lutte du peuple palestinien.   Le malheur du peuple palestinien, la condamnation du sionisme, la reconnaissance de l'esclavage et du colonialisme, thèmes que les occidentaux essayaient par tous les moyens de minimiser sont entrés sur le devant de la scène et ont mobilisé la rue ainsi que le forum des O.N.G., pendant toute la durée de la conférence.

Nous devons reconnaître que cette Conférence contre le racisme a eu le mérite d'exister et a réussi à interpeller ceux qui ne voulaient pas condamner Israël, malgré la modération imposée par les Etats Européens, sur la déclaration finale.

Les Etats-Unis et Israël avaient déjà quitté la conférence à partir du 4 septembre, montrant leur incapacité à dialoguer avec les 160 pays représentés ou le forum des Organisations Non Gouvernementales (O.N.G.) représentant la société civile. Durban doit être considéré comme une nouvelle approche, abordée péniblement, vers un nouveau dialogue Nord-Sud basé sur une redéfinition de toutes les formes de racisme et d'exclusion.

Nous devons remercier les peuples noirs d'Afrique, pour avoir associé la condamnation du sionisme au racisme et exigé l'arrêt du massacre des Palestiniens, tout en exigeant que l'esclavage et le colonialisme soient reconnus comme crime contre l'humanité.      

Les principes de la conférence   Pourtant, cette conférence partait sur des bons principes : "Le fanatisme, la haine, les préjugés, voici les horribles symptômes d'une maladie dont l'humanité a toujours souffert, partout dans le monde. Le racisme peut, doit et sera mis en échec"

Kofi Annan, secrétaire général des Nations-Unies, lors de la préparation de cette conférence. L'Assemblée générale des Nations Unies avait souligné que la Conférence devait être orientée vers l'action et se concentrer sur les étapes pratiques pour éradiquer le racisme et que la Conférence mondiale devait aborder de manière globale toutes les formes de racisme, y compris les formes contemporaines d'intolérance.

Le traité, adopté par l'assemblée générale des Nations-Unies en 1965 avait été ratifié par 155 pays.

Rappelons aussi que cette même Assemblée générale adoptait aussi, le 10 novembre 1975, la résolution 3379 qui détermine que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale. Le projet de résolution était adopté 72 votes contre 35 avec 32 abstentions.

Cette résolution, sur proposition des USA, a été annulée quelques années plus tard. Elle est restée dans de nombreuses mémoires.

Les manifestants de Durban l'ont souvent évoquée. C'était une des raisons pour laquelle les USA et Israël avaient quitté la conférence, refusant que l'Etat d'Israël, crée sur l'exclusion des Palestiniens soit condamné pour son idéologie sioniste.    

 

Les principaux points de la déclaration finale  

La déclaration finale adoptée à Durban reconnaît le droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination et à la création d'un Etat indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris d'Israël est loin de la proposition des O.N.G. qui attendaient une condamnation d'Israël pour son attitude génocidaire.

La conférence reconnaît que l'esclavage et le commerce des esclaves, en particulier la traite transatlantique constituent un crime contre l'humanité, mais a soigneusement évité la condamnation du colonialisme ainsi que les demandes de réparations qui devaient y être associées.

La conférence note que certains Etats ont pris l'initiative d'exprimer des regrets ou des remords, ou de présenter des excuses. Elle reconnaît la nécessité de mettre en place des programmes pour le développement des sociétés victimes de l'esclavage dans le cadre d'un nouveau partenariat. Les O.N.G., ainsi que certains pays africains ont exprimé leur déception, car le texte final ne propose Plusieurs participants ayant fait des réserves sur le texte minimal adopté le samedi 8 septembre, il a été convenu que chaque pays qui le souhaite pourra faire part de ses réserves sur les documents adoptés.

Ces objections seront relevés dans le rapport définitif qui sera remis à l'Assemblée générale des Nations-Unies. Le compromis final, conclu sur la base du plus petit dénominateur commun, ne peut que créer des mécontents et susciter de nombreuses réticences.    

Quelques points forts ... Durban a montré, comme l'avaient déjà démontré les mobilisations de Gênes, de Nice ou de Seattle contre la mondialisation, qu'il fallait dorénavant compter avec l'expression des populations.

La rue de Durban, rassemblant plus de 20 000 personnes et brandissant des affiches de soutien aux Palestiniens, mêlant des slogans : "sans-terre = racisme" et "Israël = apartheid", dénonçant la mondialisation et les privatisations, exigeant plus d'égalité sociale, proclamant l'espoir d'un monde meilleur, rassemblait les populations noires, les O.N.G. arabes et les mouvements musulmans. Espérons que le mémorandum qu'ils ont remis à Mary Robinson, en charge des droits de l'homme à l'O.N.U, ainsi qu'à des représentants de la conférence, sera pris en compte et ne tombera dans les oubliettes de l'histoire.  

Ginette Hess Skandrani La Pierre et l'Olivier, septembre 2001   Au moment ou je rédigeais ce papier, nous parvenaient les images atroces de l'effondrement des tours du "World Trade Center", suite à des attentats-suicide touchant également le Pentagone et faisant des dizaines de millier de morts. On ne peut que condamner ce genre d'attaque prenant en otage des populations civiles. C'est bien la première fois que les Américains vivent en direct ce que subissent d'autres peuples dans d'autres parties du monde. J'espère que dorénavant ils seront un peu plus à l'écoute des autres peuples, surtout palestiniens et irakiens.