Maria.Poumier A courrier-des-lecteurs@lemonde.fr Objet : campagne contre cuba Réponse au Monde à propos des articles de Dominique Dhombres et de Paulo Paranagua , sur « l'apartheid » cubain (A Cuba, tout va bien, par Dominique Dhombres , 11 01 2006) et les emprisonnements politiques (Paulo Paranagua, 10 01 2006) : Même si les informations que donnent ces articles ne sont pas entièrement fausses, il me semble qu'elles sont formulées d'une façon qui introduit une falsification de l'image de Cuba ; faute de rééquilibrage, elles s'inscrivent scandaleusement dans un plan d'ensemble. En effet, le dénigrement de Cuba est indispensable pour une reprise en main de ce pays par les États-Unis, ou du moins par la faction sioniste-impérialiste qui dirige le pays en ce moment ; c'est un secret de Polichinelle, ce qu'on appelle le lobby cubain est une mafia explicitement liée à l'AIPAC et au lobby juif (celui qui se nomme lui-même ainsi); elle organise, à Miami, la persécution judiciaire des entreprises de toute nationalité qui signent des contrats avec des entreprises cubaines; le même lobby, qui protège des tueurs et repris de justice comme Orlando Bosch et Enrique Posada Carriles, gère les opérations de pression sur le Congrès des Etats-Unis, d'espionnage et de terrorisme contre Cuba, de désinformation et de propagande dans tout l'Occident. Le seul pays qui continue à voter en faveur de sanctions contre Cuba à l'ONU reste Israël, immuable dans sa volonté de détruire le gouvernement cubain issu de la révolution cubaine de 1959 [1]. Cuba restant le bastion de la résistance politique à cette même faction, une image négative de ce pays est brandie depuis des années comme une clé magique, qui devrait servir à casser l'élan de sympathie internationale envers les gouvernements populaires qui se multiplient sur le continent latino-américain, et qui refusent de s'associer aux campagnes de boycott de Cuba, renforçant au contraire leurs liens diplomatiques avec ce pays. On vient de constater que Le Monde s'est empressé de relayer les calomnies du Centre Simon Wiesenthal contre le président Chavez du Vénézuela, sur le thème de l'antisémitisme. Donner exclusivement des éléments d'information purement négatifs sur Cuba, en ce moment, c'est consolider un vaste projet de préparation de l'opinion publique française à des interventions militaires états-uniennes, dans le style de l'invasion de l'Irak, sous des prétextes qui ont été entièrement démasqués comme des opérations de propagande, par les journalistes états-uniens eux-mêmes. C'est le projet nationaliste de résistance à la re-colonisation par des puissances étrangères, celui du gouvernement cubain, qui explique le soutien de la population aux autorités, malgré les difficultés économiques et les contraintes policières qu'exige la situation d'un pays assiégé. Comme tous les êtres humains, les Cubains préféreraient être moins soumis à des restrictions et à des pressions policières. Mais ils refusent de basculer dans le sabotage de l'économie cubaine que recommandent les sionistes de Miami, organisateurs du blocus d l'île depuis les années 1960, par sentiment de leur dignité nationale. Flirter avec les touristes et avec les produits culturels en provenance des États-Unis, bien sûr, les tente. Nous, Français, qui succombons pieds et poings liés aux charmes de l'invasion culturelle et pornographique états-unienne, sommes particulièrement mal placés pour le leur reprocher. Mais les Cubains conservent une adhésion suffisante à leur gouvernement pour refuser d'aller au-delà. Vous devriez savoir que les artistes et intellectuels ont renforcé leurs liens avec le pays, ces dernières années, pratiquant abondamment les échanges culturels. Elle est à bout de souffle, l'opération « poupée gonflable » menée autour de la modeste romancière Zoé Valdés, promue sans limite par des éditeurs à gros moyens d'une part parce qu'elle se prête à la calomnie de son gouvernement sans modération, et d'autre part parce qu'elle donne de son pays une image très dégradante et très touristique (qui convient pour renforcer le préjugé selon lequel Cuba serait congénitalement incapable d'échapper à un destin de gigantesque bordel tropical pour touristes). En ce moment, dans la discrétion, on assiste à un resserrement, dans la diversité, des liens entre Cubains vivant sur l'île et à l'étranger. C'est leur pays qui est agressé par tous les moyens, depuis l'étranger, alors qu'il n'en agresse aucun, et ils le savent. Le cas du maintien en détention de cinq prisonniers politiques cubains aux Etats-Unis, malgré les conclusions d'un tribunal états-unien, sans aucun motif, a fait reprendre conscience à tout le pays de l'arrogance des États-Unis envers ce qu'ils continuent à considérer comme une arrière cour qui leur échappe (Voir l'article de Leonard Weinglass dans Le Monde Diplomatique de décembre 2005). L'adhésion de la population à son gouvernement est une adhésion spirituelle, une fidélité à soi même ; toute personne au départ déroutée par les contradictions de ce pays doit se rendre à l'évidence : la rouspétance populaire est saine et limitée, elle est périphérique et elle est une expression de vitalité ; il ne s'agit pas ici de nier la souffrance occasionnée par toute pression policière, à Cuba comme ailleurs. Comme toute souffrance, elle peut déboucher sur une vitalité politique rénovée. Céder à une perestroika financée par la CIA a plongé la Russie dans le sous-développement, tandis que la mafia russe s'est emparée des richesses nationales, avec un vif soutien Usraélien. La même mafia, on le sait, cherche à acheter les hommes politiques en Europe, ainsi que les journaux. Ne pas commander de reportages qui fassent état de l'exemple que donne Cuba en matière de protection de la dignité nationale et des droits fondamentaux de sa population, de la part de Le Monde, c'est avouer un choix : celui du camp du plus fort, celui du néo-colonialisme Usraélien, contre le droit des peuples à garder le contrôle de leur territoire et de leur destin, et c'est favoriser la substitution, à terme, d'un gouvernement qui fait l'admiration générale par sa stabilité et son habileté, par l'implantation de mafias dans un pays où le gangster Meyer Lansky a été jadis un véritable vice-roi, avant d'être expulsé, de se reconvertir dans la création de l'industrie du jeu à Las Vegas, puis de prendre une retraite dévote en Israël, où il fut fort admiré par le journaliste et écrivain officiel du Mossad Uri Davis (voir le site officiel de la dynastie Lansky : www.meyerlanskymirabilia.com). D'ailleurs les entreprises israéliennes sont déjà très implantées dans le secteur touristique à Cuba, la construction de grands hôtels, les lotissements pour étrangers, bref, tout ce qui dynamise incontestablement la prostitution: seule une forte opposition gouvernementale et donc policière freine l'essor du jeu, de la pornographie, du trafic de drogue, de la criminalité et de la pédophilie, ce que regrettent certainement les contempteurs du gouvernement cubain. Le Monde chercherait-il à désespérer ses lecteurs sur la possibilité d'un contrôle démocratique de la part des Latino-américains sur leur destin, par l'accumulation d'articles de ce genre, qu'il ne s'y prendrait pas autrement Ce faisant, il se démasquerait comme un tenant du contrôle Usraélien sur tout le continent. La population, en France, comme à Cuba, n'est pas dupe. [1] Votes aux Assemblées Générales des Nations-Unies sur la nécessité de cesser le blocus des Etats-Unis contre Cuba Année Date Pour Contre votant contre 1992 24 Novembre 59 2 Etats-Unis, Israel 1993 3 Novembre 88 4 Etats-Unis, Israel, Albanie, Paraguay 1994 26 Octobre 101 2 Etats-Unis, Israel 1995 2 Novembre 117 3 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan 1996 12 Novembre 138 3 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan 1997 Octobre 143 3 Etats-Unis, Israel, Ouzbékistan 1998 Octobre 157 2 Etats-Unis, Israel 1999 Novembre 155 2 Etats-Unis, Israel 2000 Novembre 167 3 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall 2001 Novembre 167 3 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall 2002 Novembre 173 3 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall 2003 Novembre 179 3 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall 2004 Octobre 179 4 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau 2005 Novembre 182 4 Etats-Unis, Israel, Iles Marshall, Palau Nota : les abstentions ne sont pas comptées
|