LES ISRAÉLIENS
S’INQUIÈTENT DE LA "TENDANCE À DÉLÉGITIMER
ISRAËL EN TANT QU’ETAT JUIF, EN EUROPE ET AUX USA Publié le 16-07-2007 Israël en manque d’affection ? Ce qui parait en tout
cas évident, et les dirirgeants israéliens n’ont pas
manqué de le remarquer, c’est que le chantage à l’antisémitisme
ne peut porter ses fruits éternellement. A force d’en user
et d’en abuser, il perd des on efficacité. Des voix de plus
en plus nombreuses s’élèvent en Europe et aux Etats-Unis
pour critiquer Israël en tant qu’Etat juif. Olmert : Tous les juifs ne souhaitent pas émigrer en Israël AMIRAM BARKAT Le Premier ministre Ehoud Olmert a déclaré jeudi
que bien qu’il tînt "dans son âme et son coeur,
l’immigration en Israël pour la réponse ultime",
il reconnaissait que tous les juifs n’aspiraient pas à vivre
en Israël. S’exprimant jeudi lors d’une conférence sur l’avenir du peuple juif, qui se tenait à Jérusalem, Olmert appelait les dirigeants juifs à trouver une voie pour aider Israël à construire une identité juive qui fasse de ce pays un lieu chargé de sens et d’espoir. La conférence, à laquelle participent des universitaires,
des dirigeants d’organisations juives et d’importants politiciens
israéliens, a été organisée par le Jewish
People Policy Planning Institute (JPPPI, Institut pour les Perspectives
politiques du peuple juif). La tendance à délégitimer l’existence
d’Israël comme Etat juif croît, non seulement en Europe
mais aussi aux Etats-Unis, selon des universitaires et des dirigeants
de la communauté juifs étasuniens. Les attaques anti-israéliennes,
ont-ils affirmé, sont même en train de commencer à
affecter ceux qui soutiennent Israël, accusés de tenter d’empêcher
tout débat public. Cette tendance à la délégitimation
a été un des sujets débattus à la conférence
sur l’avenir du peuple Juif qui s’est ouverte à Jérusalem
mardi matin (10 juillet, NdT). Avinoam Bar-Yosef, directeur général du JPPPI,
a déclaré que les attaques contre Israël aux Etats-Unis
constituaient une « menace à long terme » contre le
statut d’Israël, ainsi que ceux des organisations juives américaines
et du lobby pro-israélien. « L’attention du public
est maintenant focalisée sur l’Europe, à cause de
certaines initiatives comme le boycott universitaire britannique »,
a-t-il affirmé. « Aux Etats-Unis, le problème est
encore sous contrôle. Mais en tant qu’institut de planification,
nous croyons qu’il est nécessaire d’élaborer
une politique sur cette question, dès maintenant ». Le président de l’Université Brandeis, Jehuda
Reinharz, a déclaré à Haaretz que les universitaires
étasuniens sont en première ligne de ceux qui dénient
à Israël le droit d’exister en tant qu’Etat juif.
Aux vieux partisans de cette position, comme Tony Judt et Noam Chomsky,
se sont joints l’an dernier Stephen Walt et John Mearsheimer, tous
deux enseignants dans des institutions universitaires réputées,
lesquels ont accusé l’ American Israël Public Affairs
Committee (AIPAC) de dicter la politique extérieure étasunienne. Leur article, qui a déclenché une tempête,
sera développé dans un livre dont la publication est prévue
pour septembre prochain. Le fait qu’un éditeur respecté
a versé par avance une somme se montant à des centaines
de milliers de dollars montre combien il trouve le sujet brûlant,
a déclaré Reinhartz. Ajoutant : « Mon sentiment et
celui de nombreux autres observateurs qui suivent les publications de
Walt, Mearsheimer et d’autres, est que nous nous trouvons au début
d’une nouvelle ère dans l’attitude à l’égard
d’Israël aux Etats-Unis ». Abraham Foxman, directeur national de l’Anti-Diffamation
League (ADL) croit que le livre de Jimmy Carter ’Palestine : Peace
Not Apartheid’, sorti en novembre dernier, a eu un impact beaucoup
plus grand que d’autres publications. « Dans le passé,
les gens qui affirmaient que les partisans d’Israël contrôlaient
les médias et la politique étaient marginaux », a
déclaré Foxman. « Mais depuis que l’ex-président
l’a dit lui aussi, cette idée a gagné en légitimité
dans le discours dominant ». « Aujourd’hui,
le débat porte déjà sur des questions telles que
: Dans quelle mesure les juifs dominent-ils ? » Foxman a déclaré que les juifs qui essaient de
s’opposer aux attaques contre Israël s’entendent accuser
de miner la liberté d’expression. « J’ai reçu
des lettres de professeurs universitaires dans lesquelles ceux-ci déclarent
que quand j’accuse quelqu’un d’antisémitisme,
je tente de réduire au silence un débat public »,
dit-il. « Quand le président de l’Université
de Harvard a dit que la délégitimation d’Israël
aidait les antisémites, il a été accusé de
réduire le débat public au silence ». « Personne
n’aurait porté contre lui pareille accusation s’il
avait parlé de racisme et de xénophobie ». Reinhartz a déclaré être préoccupé
par l’absence de réponse efficace aux publications anti-israéliennes.
« Je ne vois pas d’effort conjugué des organisations
juives pour lutter contre cette tendance, et, à la vérité,
moi-même je ne vois pas comment on pourrait faire », a-t-il
déclaré. Edition de mardi 10 juillet de Ha’aretz Traduit de l’anglais par Marie-Ange Patrizio |