Le pacifiste Mordechaï Vanunu, sorti de prison en héros, est toujours sous résidence surveillée par Ginette Hess Skandrani écolo pacifiste

L'homme, qui avait révélé au monde entier les secrets nucléaires d'Israël, a été libéré mercredi le 21 avril 2004 après 18 ans de réclusion.

L'ex-technicien atomique Mordechaï Vanunu a été libéré hier matin de la prison Chikma d'Ashkelon au sud de Tel-Aviv, après avoir purgé une peine de dix-huit ans d'enfermement pour avoir révélé les secrets du nucléaire israélien dans une série d'articles publiés par le SundayTimes des 5 et 12 octobre octobre 1986.

Enlevé par le Mossad alors qu'il se trouvait à Rome, Vanunu a passé les deux tiers de sa peine en isolement total. Il a cependant refusé toute libération conditionnelle et il est devenu le " héros " de nombreux groupes pacifistes et antinucléaires. " Durant ma détention, j'ai été victime d'un traitement cruel et barbare inspiré par le Shabak (la Sûreté générale israélienne,) et par le Mossad, pour me rendre fou " a-t-il déclaré. " Je ne regrette rien et je continuerai à me battre. " (JL Allouche Libé 22 04 04)

Nous devons le remercier et lui rendre hommage pour son courage et sa persévérance. Il est resté fidèle à lui-même et n'a jamais faibli au cours de ses longues et terribles années de détention. Ce qui est très rare par les temps qui courent. Sans lui, nous n'aurions jamais su ce qui se tramait et continue à se tramer dans le désert du Neguev.

L'armement nucléaire israélien toujours tenu secret C'est dans le complexe nucléaire de Dimona, planqué dans le désert du Néguev, ayant plusieurs étages souterrains qu'Israël a produit une centaine d'ogives nucléaires.

Ces ogives ont certainement triplé ou quadruplé depuis lors puisque personne, ni dans la région, ni parmi les pays "qui veulaient donner des leçons à l'Irak" ne s'en est inquiété. Le silence officiel, le mutisme de l'AIEA et des différents organismes de contrôle de l'armement nucléaire, dont la COCOVINU (commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies) celui de la presse spécialisée, reste à ce jour total.

L'usine est cachée dans le désert et produit des ogives nucléaires depuis 1966. Entre-temps, elle a certainement, d'après certains articles échappés dans une certaine presse israélienne, fabriqué des armes thermonucléaires d'une capacité suffisante pour détruire des villes entières.

Selon des sources israéliennes vers le milieu des années soixante, des physiciens et des techniciens de Dimona ont accompli, au moins, un essai nucléaire de faible puissance dans une caverne souterraine du désert du Néguev près de la frontière israélo-égyptienne.

Il semble que la déflagration ait ébranlé certaines parties du Mont Sinaï. (Opération Samson par Seymour M. Hersch paru en 1992).

Selon Vanunu, une usine d'extraction de plutonium, équipée du système français a transformé Dimona d'établissement de recherche en usine de production de bombes. La production de plutonium se situait dans les années 1986 de 40 kg par an, suffisamment pour produire 10 bombes.

Les informations sur la capacité d'Israël à fabriquer la bombe proviennent en grande partie de cet ingénieur israélien, Mordechaï Vanunu qui a travaillé comme technicien nucléaire pendant près de dix ans à Machon 2, le bunker souterrain top secret construit pour fournir les composants de base nécessaires à la production d'armements à Dimona, le centre de recherche nucléaire. Les preuves, ainsi que les photographies apportées par Vanunu avaient surpris le monde entier ainsi que les experts en armement nucléaire car elles avaient démontré qu'Israël était devenu, en toute impunité, une puissance nucléaire.

Tout en développant des techniques sophistiquées et hautement spécialisées, cet Etat avait construit un redoutable arsenal nucléaire. Théodore Taylor, un des experts américains les plus compétents avait estimé que le témoignage de Vanunu donnait à penser qu'Israël avait la capacité de produire 10 bombes atomiques par an, sensiblement plus petites, plus légères, et plus efficaces que les premiers types de bombes mis au points par les cinq grandes puissance nucléaires.

N'oublions pas la responsabilité de la France dans la production des armes nucléaires israéliennes. Elle a été interpellé sur sa participation à la bombe irakienne, (dont Israël a détruit le réacteur Osirak en 1981 tout en cachant sa propre production)) mais jamais sur sa collaboration avec Israël.

Lorsque Pierre Péan publiait son livre "Les deux bombes" "Comment la France a "donné" la bombe à Israël et à l'Irak" (paru en 1982 aux éditions Fayard), dans lequel il critiquait le lourd héritage de cette double responsabilité prise par la France, entre 1956 et 1975, d'aider successivement deux pays belligérants du Moyen-Orient, le livre n'a pas fait la une des journaux.

L'armement nucléaire d'Irak a été dénoncé, des mesures militaires draconiennes ont été prises pour son élimination, (sans les trouver) en utilisant des armes nucléaires (à uranium appauvri) condamnées par ailleurs.

Ce véritable acharnement a surpris tout le monde, surtout que ce même acharnement veille à ne pas dénoncer l'autre "belligérant". Pourquoi ne pas veiller au désarmement d'Israël ?

Pourquoi ce "deux poids, deux mesures" ? Il est temps, suite au démantèlement de l'armement irakien, de forcer également les Israéliens à démanteler toutes leurs installations d'armes de destructions de masses, afin de construire un Moyen-Orient dénucléarisé et débarrassé des armes chimiques et biologiques, afin qu'aucun pays ne puisse plus prendre les autres en otage.

Mordechaï Vanunu est toujours en résidence surveillée depuis sa libération. Il ne peut voyager, ni encore moins se déplacer dans son quartier. 10 décembre 2005