FINKELKRAUT NOUS POMPE L'AIR ET L'ESPACE

Cela m'étonnerait fort si Finkelkraut acceptait de débattre avec Dieudonné, comme ce dernier le lui propose. À mon avis, ce Monsieur n'est pas assez courageux, malgré toutes ses lamentations conjuguées sur tous les tons et sur toutes les antennes. Pourtant ce débat pourrait certainement faire avancer beaucoup de nos réflexions : sur nos critiques du colonialisme, de la négrophobie, du racisme, du sionisme, et nous permettrait de réfléchir sur le véritable antisémitisme. Un des plus gros problème de notre société est bien que nul ne peut actuellement entamer une discussion, répondre sereinement à des insultes ou contester des accusations erronées sans se faire traiter d' antisémite. Nous sommes arrivés sans nous en rendre compte à l'ère " du spectacle de la société " et un spectacle tout cuit, apporté par ceux qui se sont baptisés : penseurs, philosophes, chercheurs et donneurs de leçons… sans avoir vécu dans la société, ni compris les enjeux de ce siècle qui nous amène tant de catastrophes, car nous n'avons pas appris à vivre ensemble avec toutes nos différences et en respectant cette terre qui ne nous appartient pas. Nous manquons terriblement de débats, d'échanges, de contradictions, de liberté de parole. Je ne suis pas pour interdire Finkelkraut, ni aucun de ses amis de parole, même si je pense que ce sont des radoteurs. J'ai toujours été une acharnée de la défense de liberté d'expression - c'est ce que Les Verts m'ont souvent reproché - et ce n'est pas maintenant que je vais changer. Je demande que nous puissions répondre à ce personnage haineux, ainsi qu'à tous ceux qui nous insultent, et qu'ils acceptent la contradiction, sans traiter d'antisémites tous ceux et celles qui soutiennent la juste cause de la libération de la Palestine et le respect légitime du droit des autochtones sur cette terre. La société française est plurielle, le débat mérite aussi de l'être et concerne toute la société. Il ne doit surtout pas être réservé à des spécialistes ou qui se désignent pour tels. Et puis, une véritable citoyenneté se gagne par le combat de tous les jours, elle ne se décrète pas. Nous ne devons pas laisser le débat à nos " hommes politiques " qui passent leur temps à s'opposer sur des enjeux de pouvoir, alors que le feu dont ils sont à l'origine est déjà dans la maison France et risque de brûler tous les enfants (y compris les leurs).

Paris, 2 décembre 2005

Ginette Hess Skandrani.