Pour épargner à la Tunisie les affres de la guerre civile Jugeons dès maintenant Ben Ali, sa famille régnante, et leurs complices Paris, le 17 février 2002 Il est clair que la décision que vient de prendre Ben Ali de changer la Constitution pour pouvoir se présenter à nouveau aux élections présidentielles a obéi non pas à une quelconque soif du pouvoir, mais plutôt à une nécessité vitale. C'est que le pouvoir est devenu le seul garant de la survie de ce dictateur sur terre. Ce n'est donc pas pour le plaisir du pouvoir que Ben Ali s'est empressé depuis l'année dernière, et trois ans avant l'échéance du dernier mandat, à garantir son maintien à Carthage. Il n'est pas non plus exclu que ceux qui sont à l'origine de cette initiative ne sont autres que ses complices au sein de sa propre famille, ou de celle de sa femme, ou encore du ministère de l'Intérieur. En tout cas, ce sont ces derniers qui se sont vus nommément visés l'année dernière quand les anciens ministres de l'Intérieur Abdallah Kallel et Habib Ammar ont fait l'objet d'accusation de crimes contre l'humanité notamment en Suisse. Ces accusations ont eu un effet désastreux sur le moral des criminels de l'Intérieur, au point que leur chef Ben Ali a dû leur rendre visite au siège du ministère de l'Intérieur pour les rassurer sur leur avenir immédiat. Cette visite qui s'est passée presque inaperçue pour les observateurs, (pourtant rapportée dans La Presse de Tunisie) constituait en fait un geste politique d'une importance capitale dans la gestion de la plus importante crise qu'ait connue le régime. Cette visite présidentielle au ministère de l'Intérieur a eu lieu en août 2001 et pour la première fois depuis le coup d'Etat du 7 novembre. Au cours de cette visite, Ben Ali s'est porté solidaire des cadres de l'Intérieur leur rappelant qu'ils étaient les vrais initiateurs du nouveau régime du temps où il était lui-même à l'Intérieur en leur rappelant qu'il a conduit le coup d'état à partir des bureaux de l'Intérieur. Il leur a indiqué que le choix de la politique sécuritaire (= la torture, etc.) a rendu service au pays et qu'ils ne doivent rien craindre du moment qu'il en assume lui-même la responsabilité et qu'il est nécessaire de continuer sur la même voie. En fait cet état d'âme des hommes de l'Intérieur ne pouvait porter à conséquence, car ils sont solidaires des crimes de leur chef et celui-ci est à son tour solidaire de leurs crimes. Bref, ils sont dans la même barque, ou plutôt dans la même galère et ils savent tous que le couperet de la justice tombera sur leur tête le jour même où le pouvoir leur échappera. Il en est de même de la maffia de Carthage : sa femme Leila, ses frères et certains membres de la famille Ben Ali qui ont commis des meurtres et des viols, pillé le pays, organisé des réseaux de trafic de drogue, de voitures etc., volé les biens de l'Etat et des citoyens… Tous ont en mémoire le sort de Ceausescu et de sa femme et ils savent que leurs centaines de milliers de victimes attendent avec impatience le jour où ils ne seront plus au pouvoir pour faire valoir leurs droits et pour que justice soit faite. Telle est la raison ultime des mesures anticipées pour prolonger le pouvoir de Ben Ali et de sa maffia. L'opposition tunisienne doit assumer ici sa responsabilité historique, en empêchant que la haine des millions de citoyens contre les hommes du régime ne débouche sur un bain de sang. Il faudrait que dès maintenant une liste des crimes de sang ou de haute trahison (relations avec l'ennemi sioniste, meurtre d'Abou Jihad, etc.) commis par les hommes politiques ou sous leur instigation ou leur couverture, une liste des voleurs et leurs complices soit dressée avec le maximum d'informations et de preuves sur leurs crimes et délits. Cette liste devra être rendue publique auprès du peuple tunisien afin que ces hommes du régime ne puissent pas échapper du pays et à sa justice et afin que leur procès puisse être instruit en toute sérénité, équité et fermeté, évitant par là la vengeance aveugle et de nouveaux drames. Laissons aux criminels le soin d'assurer leur réélection illusoire. Quant à nous, occupons-nous de leur jugement inéluctable. Mondher Sfar
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