Analyse
des relations Etats-Unis – Israël – Russie.
Général Dominique DELAWARDE (Ancien
chef du bureau Situation-Renseignement-Guerre Électronique »
de l’État major Interarmées de Planification
Opérationnelle).
http://www.aredam.net/analyse-des-relations-USA-israel-russie-general-dominique-delewarde.html
25
février 2017, par Comité
Valmy
L’étude
des relations bilatérales de ces trois pays, pris deux à
deux, est très intéressante car ces relations
conditionnent et expliquent bon nombre d’événements
géopolitiques majeurs qui agitent la planète
aujourd’hui.
On
connaît les excellentes relations USA-Israël sans en
connaître tous les ressorts, les relations très
froides teintées d’hostilité entre les USA et
la Russie sans en connaître non plus toutes les raisons,
mais ce dont on a moins conscience, c’est que ces relations
USA-Russie découlent pour une large part des relations
Israël-Russie dont le moins qu’on puisse dire est
qu’elles sont, malgré les apparences, tout sauf
cordiales.
Examinons
donc ces relations très particulières Israël-Russie
et voyons comment elles conditionnent largement les relations
USA-Russie, et pourquoi, malgré la volonté affichée
de Trump, ces relations USA-Russie auront beaucoup de difficultés
à s’améliorer.
*
* *
I
- RELATIONS RUSSIE-ISRAEL
Derrière
les poignées de main et les sourires de circonstance lors
des rencontres bilatérales entre Poutine et Netanyahu, la
relation entre la Russie et Israël, ne peut pas être
bonne pour au moins dix raisons.
1
– La Russie a reconnu, dès novembre 1988, l’état
de Palestine dans ses frontières de 1967 à l’ONU
en entraînant derrière elle tous ses alliés
des BRICS et de l’OCS (Organisation de coopération
de Shanghai) et de très nombreux états indécis
(137 pays au total à ce jour).*
2
– La Russie milite inlassablement, avec ses alliés
BRICS et OCS, pour la reconnaissance par le reste de la
communauté internationale (56 pays) du droit des
Palestiniens à un État. Ce point est régulièrement
évoqué dans les déclarations finales des
congrès annuels des BRICS.
3
– La Russie a toujours voté à l’ONU
pour les palestiniens, contre l’état hébreux
sur tous les projets de résolutions opposant les deux
parties, et notamment sur la résolution 2334 du 23
décembre 2016 dans le vote unanime du conseil de sécurité
de l’ONU (14 à 0, abstention US)condamnant la
poursuite des implantations israéliennes en Palestine
occupée.
4
– La Russie est un allié fidèle et solide de
la Syrie de Bachar el Assad, ennemi déclaré
d’Israël. Son intervention militaire, en soutien des
forces armées du seul gouvernement légal de Syrie,
a entraîné l’échec d’un
démembrement programmé de ce pays dont Israël
espérait tirer profit (en annexant, entre autre, le Golan,
château d’eau de la région).
5
– La Russie est un allié solide de l’Iran,
principal ennemi déclaré d’Israël,
auquel il livre de l’armement défensif (missiles
S-300, commande iranienne de 9,3 milliards de $ d’armement
en Novembre 2016 pour des chars T 90 et des avions).
Vladimir
Poutine soutient aussi la candidature de Téhéran
qui souhaite être membre à part entière de
l’OCS (l’Iran en est « membre
observateur » depuis plusieurs années). Une
appartenance de l’Iran à l’OCS et les
livraisons d’armes et de technologies russes pourraient
rendre plus délicate, voire plus coûteuse, une
intervention militaire préemptive du binôme
israélo-US. Quant à la remise en place, contre
l’Iran, de sanctions approuvées par l’ONU,
elle est peu probable car la Russie, elle même objet de
sanctions USA-UE, appliquerait son droit de veto et serait
probablement suivie par la Chine).
6-
La Russie entretient de bonnes, voire d’excellentes
relations avec la Turquie et l’Irak, l’Égypte
et la Libye, qui ne sont pas vraiment de grands amis d’Israël.
7
– La Russie a toujours condamné, avec ses alliés
des BRICS et de l’OCS, la politique de colonisation,
d’apartheid, de répression brutale et
disproportionnée de l’état hébreu en
Palestine, notamment à Gaza.
8
– La Russie a été, historiquement, terre de
très forte présence juive et surtout terre de
pogroms, notamment au XIXème et au début du XXème
siècle. Une émigration récente et
considérable des juifs de Russie (près d’un
million depuis 1990) vers Israël ou vers les pays de la
coalition occidentale a pu, à tort ou à raison,
être perçue comme une forme de désertion par
les autorités russes. Elle a considérablement
réduit l’effectif et donc le poids politique de la
communauté juive en Russie. En 1960 il y avait encore 2,3
millions de juifs en URSS (sur 212 millions d’habitants).
Ils ne sont plus que 200 000 aujourd’hui dans la Russie de
Poutine (sur 145 millions d’habitants).
9
– Pour assurer son pouvoir, Poutine a dû affronter
une nomenklatura et une oligarchie ayant une très forte
composante issue de la communauté juive (25% sur les 200
principaux oligarques, beaucoup plus sur la nomenklatura héritée
de Eltsine). Pour éliminer ses principaux opposants
membres de cette oligarchie, Poutine a dû frapper fort et
faire des exemples (Berezovski, Goussinski, Mikhaïl
Khodorkovski,Vladimir Yevtushenkov…..). S’agissant
de la nomenklatura, il aremplacé progressivement les
proches de Eltsine par des hommes à lui à tous les
postes clefs. L’influence du Congrès juif de
Russie s’en est trouvé, peu à peu,
considérablement réduite.
10-
Poutine sait depuis longtemps qui a monté, contre les
intérêts russes, le coup d’État de
Maidan en Ukraine alors qu’il préparait et tentait
de réussir ses jeux olympiques de Sotchi. Il sait que
Victoria Nulland, maître d’oeuvre US de ce coup
d’état, est une néoconservatrice pure et dure
d’ascendance ashkénaze. Il connaît les liens
très étroits qui lient les néoconservateurs
US à l’AIPAC (American Israeli Public Affairs
Commitee) et l’AIPAC à Israël. Il connaît
ceux qui, au Congrès US, s’opposent aujourd’hui
à toute amélioration des relations USA-Russie,
pourtant souhaitée par Trump. Il sait l’influence
qu’exerce Benjamin Netanyahu sur ces « néocons »
duCongrès US.
Au
total, le simple examen des faits ci dessus évoqués
montre que la Russie de Poutine et l’État Hébreu
de Benjamin Netanyahu ne peuvent être que des adversaires
irréductibles.
Ces
deux hommes qui ne respectent que la force et les chefs d’état
forts qui leur ressemblent, ne peuvent que se respecter, voire
s’estimer, tout en s’opposant farouchement et
froidement l’un à l’autre.
Tous
les moyens vont être utilisés par les deux partis
pour isoler, affaiblir, neutraliser l’adversaire.
S’agissant d’Israël ces moyens utilisés
vont inclure l’action conjointe de tous les lobbies qui le
soutiennent dans de grands pays (USA, France, GB, Canada,
Australie, mais aussi Russie, Brésil, Argentine). Ces
lobbies qui lui sont attachés sont particulièrement
actifs dans la politique, les médias , les affaires et
chez les people.
Le
russian bashing dans les médias occidentaux et l’attaque
systématique dans ces mêmes médias de tous
ceux qui, de près ou de loin, soutiennent la Russie ou
veulent simplement dialoguer avec, ou avec tout autre adversaire
d’Israël, peuvent facilement se comprendre ainsi.
*
* *
II
- RELATIONS USA-ISRAEL
La
relation « fusionnelle » entre les États
Unis et Israël est mieux connue, plus ouverte, mais rares
sont ceux qui en identifient tous les ressorts et connaissent la
véritable ampleur de l’influence de l’état
hébreu sur la politique étrangère US.
Il
faut se souvenir que le vote de la résolution 181 des
Nations Unies sur le plan de partage de la Palestine et la
reconnaissance d’un État juif n’a été
obtenu le 29 novembre 1947 qu’après plusieurs
tentatives infructueuses dont la première datait de
septembre 1947. Les votes favorables n’étant pas
suffisants en septembre et toujours pas le 25 novembre, le
Yichouv représentant le mouvement sioniste en Palestine, a
fait appel à la riche communauté juive américaine
et en particulier à la « Zionist Organization
of America (ZOA) » pour faire pression sur le
gouvernement US afin qu’il incite certains états, en
situation de dépendance, à changer leur vote.
Cet
appel a porté ses fruits puisque 8 états (dont la
France, fortement dépendante du plan Marshall) ont changé
leur vote en 4 jours, entre le 25 et le 29 novembre 1947
permettant enfin la reconnaissance de l’état
d’Israël. Notons, pour l’anecdote, que Staline,
croyant que Ben Gourion allait faire du nouvel état un
état communiste, a fait voter en faveur du plan de
partage.
A
la suite de cette première réussite dans
l’instrumentalisation de la communauté juive
américaine, l’état hébreu a compris
tout l’intérêt d’organiser et de
cultiver sa relation avec les États Unis, pays
surpuissant, membre permanent du conseil de sécurité
de l’ONU avec droit de veto.
Dès
1951, l’AIPAC (American Israeli Public Affairs Comittee),
principal outil d’influence d’Israël sur le
gouvernement des États-Unis, est créé. Il se
donne six objectifs principaux :
• Faire
du lobbying auprès du Congrès américain et
de la Maison Blanche pour préserver lesintérêts
israéliens,
• S’assurer
du veto des États-Unis contre toute résolution de
l’ONU condamnant les actions israéliennes,
• Assurer
une aide financière et militaire généreuse
envers Israël,
• Préparer
la future génération de leaders US pro-Israéliens,
• Surveiller
les votes et les propos des élus américains
concernant les affaires liées de près ou de loin à
Israël,
• Coordonner
et orienter les donations des juifs américains pour les
candidats auxélections, notamment présidentielles.
Il
est important de noter que ce puissant lobby est riche,
bipartisan et plutôt transparent. Après plus de
65 ans d’existence, il est particulièrement efficace
tant chez les Démocrates que chez les Républicains.
Il ne cache pas grand-chose de ses objectifs et de ses
méthodes. C’est peut être, en partie, ce
qui fait sa force.
Il
est également important de noter qu’au travers des
donations aux candidats aux élections, l’AIPAC
« achète » évidemment le vote
du parlementaire élu grâce à son aide, ou la
position de politique étrangère du Président
des États-Unis élu grâce aux donations de ses
membres, ou des postes clefs de conseillers dans la haute
administration US, notamment dans la politique étrangère,
dans le secteur de la défense et dans le renseignement.
L’AIPAC
peut évidemment compter sur une très forte majorité
des médias qu’il contrôle et qui lui est
dévouée et sur de nombreux « people »
qu’il a contribué à promouvoir.
A
noter que ce système qui fonctionne de manière
ouverte aux USA, existe aussi, mais de manière plus
occulte, dans certains autres pays de la « coalition
occidentale ».
Pour
compléter ce dispositif, le Mossad a mis en place,
principalement aux USA mais aussi ailleurs, un dispositif très
efficace facilitant le renseignement et l’action directe.
Il s’agit du système unique des sayanims, individus
de bon niveau et bien placés dans la société,
membres de la diaspora et acceptant d’aider Israël. .
Ce système est parfaitement décrit par Jacob Cohen
dans sa courte conférence consultable sur You Tube :
https://www.youtube.com/watch ?v=2FYAHjkTyKU
Selon lui, ils seraient environ 15 000 aux USA.
Ce
dispositif est également évoqué par Victor
Ostrovsky, ancien agent du Mossad ayant fait défection, ou
par Gordon Thomas, dans son livre : « l’histoire
secrète du Mossad ».
Enfin
l’AIPAC, outil d’influence d’Israël au
coeur de la gouvernance US, est très lié à
l’idéologie néoconservatrice. Ce lien
apparaît clairement dans l’article de Laurent Guyenot
de mars 2013.
extrait :
« Le néoconservatisme, qui est généralement
perçu comme une droite républicaine extrême,
est en réalité un mouvement intellectuel né
à la fin des années 1960 au sein de la rédaction
de la revue mensuelle Commentary, l’organe de presse de
l’American Jewish Committee qui a remplacé le
Contemporary Jewish Record en 1945.
The
Forward, le plus ancien quotidien juif américain, écrit
dans un article de 2006 : « S’ily a un
mouvement intellectuel en Amérique dont les juifs peuvent
revendiquer l’invention, c’est bien le
néoconservatisme. Cette pensée horrifiera sans
doute la plupart des juifs américains, majoritairement
libéraux.
Et
pourtant c’est un fait qu’en tant que philosophie
politique, le néoconservatisme est né parmi les
enfants des immigrants juifs et qu’il est actuellement le
domaine particulier des petits-enfants de ces immigrants ».
L’apologiste du néoconservatisme Murray Friedman
explique cela par la bénéficience inhérente
au judaïsme, « l’idée que les juifs
ont été placés sur terre pour en faire un
monde meilleur, peut-être même plus sacré. »
On
peut effectivement constater que les principaux néoconservateurs
américains qui ont fondé le PNAC ( Project for a
New American Century ) en 1997, et rédigé son texte
de référence « Rebuilding America’s
Defenses » en 2000, sont d’ascendance juive
Krauthammer, Kristol, Podhoretz, Perle, Kagan, Horowitz,
Wolfowitz, etc.)
Depuis
septembre 2001, ce sont bien les néoconservateurs qui ont
initié la politique d’ingérence US tous
azimuts et tous prétextes de Bush (Irak, Afghanistan), et
qui ont continué, à un moindre degré sous
Obama, à influencer la politique étrangère
(printemps arabes, Libye, Syrie, Yémen, Ukraine). Si le
PNAC est bien mort en 2006 suite au conflit irakien, l’idéologie
néoconservatrice, elle, imprègne encore les esprits
dans la politique et la haute administration US.
Obama
n’a réussi à échapper à cette
influence « néoconservatrice-AIPAC »
qu’à troisoccasions, lors de son second mandat,
alors qu’il ne cherchait plus la réélection :
le
refus d’appliquer des frappes sur les forces du régime
syrien du 30 août 2013,
l’accord
sur le nucléaire iranien du 14 juillet
2015,
l’abstention
US lors du vote du Conseil de sécurité de l’ONU
condamnant la poursuite des implantations israéliennes en
Palestine occupée du 23 décembre 2016.
L’influence
incontournable et la puissance de l’AIPAC se sont
clairement exprimées lorsque Benjamin Netanyahu a pu se
faire inviter par le président du Congrès US à
prononcer un discours, devant les parlementaires, le 3 mars 2015,
contre la volonté du Président Obama, cequ’aucun
autre chef d’état au monde n’est capable de
faire, et ce qu’il a probablement payé le 23décembre
2016.
Quid de la
relation entre l’AIPAC et Trump aujourd’hui ?
Le
21 Mars 2016, Hillary Clinton et Trump ont effectué leur
« grand oral » à la conférence
annuelle de l’AIPAC. Le flamboyant Trump a fait un tabac
auprès des congressistes mais pourtant, c’est la
prévisible et plus « docile »
Hillary qui a été adoubée par la direction
de l’AIPAC au grand dam de ses militants.
Notons
au passage un élément important de ce choix :
H. Clinton affichait son hostilité, voire une véritable
agressivité à l’égard de la Russie
tandis que Trump proclamait qu’il fallait s’entendre
avec les russes et coopérer avec eux dans la lutte contre
le terrorisme.
La
position de Trump sur la Russie ne pouvait qu’indisposer
l’AIPAC, représentant les intérêts
d’Israël, adversaire de la Russie, et les
néoconservateurs (liés à l’AIPAC),
partisan d’une suprématie sans partage des USA et
donc d’une lutte sans merci contre tout « challenger »
pouvant contester leur monopole de superpuissance.
Conformément
aux objectifs qu’il s’est fixé, l’AIPAC
a orienté les donateurs vers les deux candidats, en
privilégiant très fortement H. Clinton. Dans les
dix derniers jours de campagne, anticipant une possible victoire
de Trump, l’AIPAC a fait un petit effort en sa faveur pour
faire valoir son image bipartisane et surtout pour ne pas mettre
tous ses oeufs dans le même panier. Bien lui en a pris.
Plusieurs
journaux de l’état hébreu tel Haaretz, le
Jerusalem Post, JSS News, se sont réjouis du niveau des
donations de la communauté juive américaine aux
deux candidats : Selon JSS News et le Jérusalem Post,
50% des donateurs de Clinton et 25% des donateurs de Trump
étaient juifs. Selon Haaretz qui nous a livré
leurs noms, les 5 plus gros donateurs de Clinton étaient
également juifs. Cela donne une idée du niveau de
l’investissement de l’AIPAC, représentant les
intérêts d’Israël, dans la campagne
présidentielle US. Cela donne aussi une idée du
niveau des retours sur investissement attendus par l’AIPAC.
Quels
ont été ces retours jusqu’à présent ?
Ils semblent à la hauteur de l’investissement mais
sans plus. Il y a :
La
promesse de campagne de transférer l’ambassade US de
Tel Aviv à Jérusalem, dont nul ne sait si Trump la
tiendra,
Le
projet de décret présidentiel contre l’ONU
qui a osé défier Israël par une condamnation
de la politique d’implantation en Palestine occupée,
à l’unanimité du conseil de sécurité
(14 à 0, abstention US). Nul ne sait encore si Trump va
signer ce décret.,
La
nomination comme ambassadeur en Israël de David Friedman,
soutien de la colonisation israélienne en Cisjordanie et
adversaire déclaré d’une solution à
deux Etats,
La
nomination comme conseiller spécial sur les affaires du
Proche et Moyen orient de Jared Kushner, 36 ans, gendre de Trump
et mari d’Ivanka, juif orthodoxe, soutien assumé
d’IDF (Israeli Defense Forces), sayan dont l’impartialité
sur le problème israélo-palestinien est loin d’être
évidente.
La
nomination de quelques membres du cabinet : Steven Mnuchin,
secrétaire au Trésor, Gary Cohn, directeur au
budget entre autres.
Mais
Trump a également mis en place de puissants
contre-pouvoirs en nommant Steve Bannon, haut conseiller à
la stratégie. Directeur de campagne de Trump mais trop
indépendant de l’AIPAC, Bannon dérange au
point qu’une campagne est organisée contre lui pour
obtenir son départ. Il est qualifié de raciste, de
suppôt de l’extrême droite et d’antisémite
par ses opposants dont il n’est pas très compliqué
de savoir qui les instrumentalise en sous-main.
Trump
a également nommé au département d’État
(ministère des affaires étrangères) Rex W
Tillerson, un proche de Vladimir Poutine, décoré
par lui de l’ordre russe de l’amitié en 2013.
Ceci ne fait les affaires ni de l’AIPAC, ni d’Israël.
Lors de son audition par la commission des affaires étrangères,
Tillerson a dû simuler une prise de distance suffisante
avec la Russie pour pouvoir obtenir sa confirmation mais il a du
aussi promettre de prendre Elliot Abrams, candidat de l’AIPAC,
comme adjoint.
Sur
le conseil de Steve Bannon, Trump a refusé d’attribuer
le poste d’adjoint de Tillerson à Elliot Abrams,
néoconservateur pur et dur, gendre de Norman Podhoretz,
gourou de l’idéologie néoconservatrice et
membre éminent du lobby pro-israélien. C’est
un échec de l’AIPAC qui tentait d’infiltrer
l’un des siens au plus haut niveau de la politique
étrangère US. Les choses sont parfaitement
claires : Trump et Bannon ne veulent pas d’une
politique étrangère inspirée par les néocons
et par l’AIPAC.
Enfin
Trump a nommé à des poste clefs 4 généraux
(un record) qui ne semblent pas avoir de liens avec l’AIPAC.
Flynn, conseiller à la Sécurité Nationale ;
Mattis, secrétaire à la Défense ;
Kelly, secrétaire à la sécurité du
territoire ; Zinke, secrétaire à l’intérieur.
Lors
de la période de transition et alors que Trump était
en conflit avec la CIA sur l’ingérence présumée
des russes dans la campagne électorale US, c’est le
directeur du MOSSAD Yossi Cohen qui est venu, le 17 décembre
2016, exposer à l’équipe de Trump sa vision
de la situation internationale, notamment au Proche et Moyen
Orient et sur le conflit israélo-palestinien, en présence
de Yaakov Nagel, chef du conseil de sécurité
national israélien et de Ron Dermer, ambassadeur israélien
aux États Unis. C’est encore Israël qui a lancé
la première invitation pour une visite d’État
au nouveau président US.
Ceux
qui souhaitent creuser le sujet des relations USA-Israël
peuvent se référer à l’excellent
ouvrage de John Mearsheimer et Stephen Walt, deux universitaires
de très haut niveau en science politique des l’universités
de Chicago et d’Harvard : The Israel Lobby and U.S.
Foreign Policy « Le lobby pro-israélien et la
politique étrangère américaine ».
(résumé en français
sur : http://republique-des-lettres.fr/10050-mearsheimer-walt.php
Les
deux universitaires ont évidemment perdu leur poste et
leur carrière (la liberté d’expression a des
limites aux USA et les vérités ne sont pas toutes
bonnes à dire), mais cela donne de la crédibilité
à l’ouvrage qui est intéressant et très
argumenté.
Compte
tenu de ce qui vient d’être dit, examinons maintenant
où en sont les relations USA Russie et leur possible
évolution.
*
* *
III-
RELATIONS USA-RUSSIE.
Sous
l’influence des néoconservateurs US, démocrates
et républicains, liés à l’AIPAC, et
avec l’appui quasi unanime des médias états-uniens
dont on sait qui les contrôle, le Russian Bashing
(dénigrement systématique de la Russie), est devenu
très à la mode Outre-Atlantique. Dans ces
conditions, les relations USA-Russie ne peuvent être bonnes
et auront bien du mal à s’améliorer.
Il
y a, bien sûr, l’héritage lointain de la
guerre froide dont on laisse entendre aux populationsoccidentale
qu’elle est de retour en raison de la volonté et des
actions du « dictateur ( ?) »
Poutine ;
Il
y a « ce méchant Poutine, allié de
Bachar, qui ne combat pas DAESH ???, mais qui massacre les
pauvres « terroristes modérés »
qui veulent promouvoir la démocratie et les droits de
l’homme en Syrie » ; « Ce
méchant Poutine qui écrase ALEP sous les bombes, et
qu’il faudrait juger au TPO (Tribunal Pénal
Occidental) pour crime de guerre et crime contre l’humanité ; »
Il
y a « ce méchant Poutine qui agresse la pauvre
Ukraine et annexe la Crimée (on n’ose pas ajouter
contre la volonté de sa population) » ; et
qui soutient les deux républiques autoproclamées de
Donetsk et de Lougansk contre le gouvernement légitime
( ?), issu du coup d’état de Maidan ; »
Il
y a « ce méchant Poutine qui provoque l’OTAN
et menace l’occident tout entier par ses actions en Ukraine
et au Proche orient ; » et qui ose faire
transiter sa flotte par la Manche.
Il
y a aussi« ce méchant Poutine qui vient
perturber les élections US en favorisant l’élection
de Trump » et qui, avec Wikileaks et Julien Assange
complote contre les États-Unis ; »
Il
y a, encore et toujours, « ce méchant Poutine,
qui envoie 100 hooligans, super entraînés au combat,
rosser 2 000 supporters (et hooligans) anglais lors de la coupe
du monde de football ; »
Il
y a ce méchant Poutine qui dope ses athlètes et
dont le pays doit être interdit de JO, alors que nous,
gentils occidentaux, ne dopons jamais nos sportifs (sauf
exceptionnellement tout de même : Lance Armstrong et
beaucoup d’autres).
Il
y a enfin « ce méchant Poutine qui, à
l’ONU, met son veto, avec la Chine, à toutes les
excellentes résolutions que nous proposons pour favoriser
la paix dans le monde et l’instauration de la
démocratie ; »
Il
y a même, pour les météorologues, ces vagues
de froid désagréables qui nous viennent de Sibérie,
pays du méchant Poutine.
Depuis
que Trump a exprimé sa volonté d’améliorer
la relation USA-Russie ..., l’hystérie russophobe a
véritablement explosé dans tous les milieux sous
forte influence AIPAC (camp démocrate, néocons,
médias, sayanims, people).
Qu’on
en ait eu conscience ou non, Israël a certainement indiqué
sa préférence à la direction de l’AIPAC,
son relais aux États-Unis, pour qu’il soutienne
prioritairement la russophobe Clinton dans l’élection
présidentielle. L’AIPAC l’a fait de manière
très officielle en mars 2016. Si Tel Aviv ne l’avait
pas voulu, il ne l’aurait pas fait.
Aujourd’hui,
Israël n’a pas changé d’avis. Trump, le
russophile, élu malgré tous les efforts consentis
pour le faire battre, avec 95% des médias contre lui, un
budget de campagne de 800millions de $, très inférieur
à celui de Clinton (1,3 milliard de $) n’est pas le
Président espéré parTel Aviv et il faut donc
le mettre dans une situation telle qu ’ il ne puisse pas
réaliser un rapprochement avec la Russie, préjudiciable
aux intérêts israéliens.
Soutenus
par l’AIPAC, les néoconservateurs et les sayanims de
tous les secteurs, les médias et les people sont à
la manoeuvre. Le milliardaire SOROS, 87 ans, d’ascendance
ashkénaze, bien connu pour avoir financé toutes les
« révolutions colorées » dans
le monde, expert de classe mondiale dans la création du
chaos, fervent soutien et second principal donateur de la
campagned’Hillary, dirige la dissidence en finançant
très ouvertement les manifestations anti-Trump dans
quelques grandes villes à forte majorité démocrate.
Ces manifestations sont évidemment relayées et leur
ampleur fortement exagérée par des médias
complices, y compris en Europe.
Du
côté du Congrès, Netanyahu et l’AIPAC
comptent aussi sur l’appui de leurs nombreux soutiens
néocons démocrates mais aussi républicains.
Dans
le propre camp du Président élu, le sénateur
Mc Cain, président de la commission de la défense,
et le sénateur Lindsay Graham, président de la
commission des affaires étrangères, ont déjà
déclaré leur opposition déterminée à
toute levée par Trump des sanctions contre la Russie. Ils
ont même menacé Trump de passer par la voie
législative pour interdire tout rapprochement jugé
contraire aux intérêts des États Unis et à
la sécurité nationale.
Les
jeunes sénateurs Rubio et Cruz, anciens concurrents de
Trump à la primaire républicaine, qui souhaitent
évidemment poursuivre une brillante carrière
politique, se sont prononcés, eux aussi, contre tout
rapprochement avec « l’ennemi »
Russe.
Dans
de telles conditions, Trump aura du mal à faire valoir son
point de vue et à tenir ses promesses de campagne. Il
rencontrera beaucoup d’obstacles sur le chemin de la
normalisation des relations avec la Russie. Il n’a pas la
majorité au Congrès sur tous les sujets si l’on
tient compte des parlementaires néocons de son propre camp
qui travaillent directement pour l’état hébreu.
Pour
conclure, sur les relations USA-Israël, le seul homme qui
dispose vraiment de la majorité absolue au Congrès
US aujourd’hui est bien Benjamin Netanyahu.
Mais
Trump est un homme fort, déterminé et malin qui
sait parler au peuple américain. Contre toute attente,
il a gagné les primaires républicaine. Contre toute
attente, contre 95% desmédias et des instituts de sondage,
et avec moitié moins de dépenses que son
adversaire, il a gagné la présidentielle. Il ne
renoncera peut être pas à la normalisation des
relations avec la Russie. Son Secrétaire d’État
Tillerson est populaire. Il peut, à petit pas, y parvenir
en obtenant, par exemple, un nouvel accord sur le désarmement.
*
* *
En
conclusion, on peut vraiment se demander si l’action
bipartisane et combinée de l’AIPAC,des
néoconservateurs et des sayanims US, tous étroitement
unis dans la défense des intérêts de l’état
hébreu, ne décide pas souvent de la politique
étrangère des États Unis et donc de la paix
ou de la guerre dans telle ou telle partie du monde.
Il
est aussi fascinant de constater qu’Israël, petit État
de 22 000 km² (2 fois le département de la Gironde),
peuplé de 8,6 millions d’habitants (30% de moins que
l’Île De France) puisse exercer une telle influence
au niveau planétaire.
Ce
système « pro-Israël » qui
fonctionne parfaitement aux États Unis existe-t-il à
l’identique dans d’autres pays ? La réponse
est oui.
Un
tel système existe, mais plus opaque, dans une bonne
dizaine de pays au moins, parmi lesquels la France, la Grande
Bretagne, le Canada, l’Australie mais aussi le Brésil,
l’Argentine et même la Russie où il est,
aujourd’hui, maîtrisé par Poutine.
En
France, il existe bien un lobby dont l’influence a été
évoquée par François Mitterand. Il existe
bien des néocons qui influencent les décisions de
politique étrangère et de défense. Le
journaliste d’investigation Vincent Jauvert en a débusqué
tout un groupe qui contrôlerait le Quai d’Orsay et
serait gentiment surnommé par leurs collègues :
« la secte ».
Quant
aux sayanims, ils seraient environ 2000 en France selon Jacob
Cohen. On les trouve évidemment dans le gouvernement et la
haute administration, au parlement (60 députés
francoisraéliens), aux Affaires Étrangères,
à la Défense, dans le renseignement, dans la
presse, dans l’audiovisuel, à la culture, dans les
affaires et chez les people.
Ceci
explique que notre politique étrangère soit
strictement alignée sur celle des USA depuis 2007. Ceci
explique aussi que notre presse se soit strictement alignée
sur la presse US pour porter la candidature d’Hillary, la
russophobe, contre Trump le russophile. Ceci explique enfin
pourquoi nos médias poursuivent le dénigrement
systématique de Trump avec leurs partenaires US.
On
peut aussi se demander si le « système »
décrit ci dessus, en essayant de promouvoir, pour les
prochaines présidentielles française, un candidat à
sa botte, ne fait pas payer à Mr François
Fillon sa volonté affichée de dialogue avec Poutine
et Bachar el Assad, deux adversaires d’Israël.
Le
simple examen des noms, des CV et des entreprises des patrons des
médias les plus agressifs envers Mr Fillon est, en
effet, assez révélateur.
Il
y a le groupe Le Monde avec Louis Dreyfus, Pierre Berge, et Niel
(Le Monde, La Vie, Le Huffington Post, Le courrier international,
le Nouvel observateur, rue 89, …etc….)
Mais
il y a surtout les médias du franco-israélien
DRAHI, sayan émérite, qui a reçu le prix
Scopus de l’université hébraïque de
Jérusalem le 18 mars 2015 : (L’Express,
L’Expansion, L’Étudiant, Libération,
BFMTV, RMC, I24 …etc... ),
Le
nombre et la notoriété des titres coalisés
autour de la candidature de Mr Macron, donc contre celle de
François Fillon, sont impressionnants. Le bon peuple
sera-t-il dupe ? Rien n’est moins sûr.
A noter,
pour l’anecdote, quatre faits incontestables :
1
- Mr Macron , ministre des finances, a aidé Mr Drahi,
en lui accordant un feu vert de Bercy le 28 octobre 2014 pour
racheter SFR. Ce feu vert avait été refusé
par son prédécesseur parce qu’il posait des
problèmes importants de surendettement, de fiscalité,
et de concurrence. Mr Montebourg, ministre précédant
Mr Macron, disait de Mr Drahi : « Il a
une holding au Luxembourg, son entreprise est cotée à
la bourse d’Amsterdam, sa participation personnelle est à
Guernesey, dans un paradis fiscal, et lui-même est résident
suisse ».
2
– L’empire Drahi a aujourd’hui une dette
colossale de 50 milliards d’euros, plus élevée
que celle de Madoff au moment de sa faillite. Il va avoir besoin
de soutien dans les années à venir , pour sortir du
surendettement dans lequel il se trouve, d’autant que la
valeur de ses actifs ne cessent de chuter en bourse. A moins que
l’épilogue de cette aventure Drahi ne ressemble à
celle des affaires Stavisky ou Madoff.
3
– Le banquier de Mr Drahi, Bernard Mourad, ancien de
la banque Morgan Stanley, devenu patron de Altice média
(du Groupe Drahi), a démissionné de ses fonction en
Octobre 2016 pour devenir conseiller spécial d’Emmanuel
Macron.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/10/04/bernard-mourad-ancien-banquier-de-patrickdrahi-rejoint-emmanuel-macron_5008158_823448.html
4
– L’empire médiatique de Drahi soutient
aujourd’hui avec une énergie farouche la candidature
de Mr Macron en tentant d’écraser Mr Fillon.
Il ne s’agit peut être que de coïncidence, mais
cela ressemble furieusement à un renvoi d’ascenseur
pour le feu vert d’octobre 2014 et à nouvel
investissement de l’empire Drahi pour les années à
venir. Une campagne électorale coûte cher. Qui donc
finance celle de Mr Macron ?
Les
médias de Drahi et de Bergé décideront-ils,
à eux seuls, de l’issue du scrutin d’avril
prochain , en « travaillant »
quotidiennement au corps les électeurs français ?
Les
français auront-ils un sursaut de lucidité en
rejetant cette forte incitation médiatique à voter
selon le plan des Drahi, Bergé et consorts, et en faisant
mentir les sondages comme ils l’ont fait en novembre et
janvier dernier ?
L’avenir
nous le dira.
Général
(2S) Dominique DELAWARDE
Mise en
ligne CV : 20 février 2017
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