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le 30 mai 2004

 

 

Une réunion des «  Amitiés franco-irakiennes », à l'AGECA, rue de Charonne, à Paris 11 ème , le 7 avril 2004 à 18 heures 30, ou une visite documentée dans un panier de petits crabes, et conclusion.

 

Les combats s'exacerbent en Irak. Cette guerre n'oppose pas en réalité les Etats-Unis à l'Irak. Elle oppose les Etats-Unis à l'Europe. Elle a pour enjeu la maîtrise des toutes dernières réserves de pétrole de la planète, lesquelles sont concentrées en Irak et secondairement dans la péninsule arabique.

La durée d'existence de la totalité de la réserve mondiale de pétrole au rythme actuel de son épuisement, ne s'évalue plus en dizaines d'années, mais en années. Or, de source sûre, il n'y a plus de gisements pétroliers inconnus sur toute la planète.

La puissance qui parviendra à accaparer les dernières réserves dominera seule l'humanité. Les autres puissances connaîtront le déclin, la déchéance, et la servitude de la colonisation.

Voilà quel est l'enjeu des combats en Irak. L'Europe y lutte pour conserver son indépendance, par les vies arabes irakiennes interposées, les Etats-Unis y luttent pour perpétuer leur hégémonie.

De cette réalité essentielle il ne fut à aucun moment question lors de cette réunion.

Cette occultation volontaire de l'enjeu réel des combats en Irak, par les participants de cette réunion dirigée par Gilles Munier, le secrétaire général des « Amitiés-franco-irakiennes », ne peut s'expliquer que par l'engagement aux côtés des Etats-Unis des principaux participants, et l'affirmation de Gilles Munier de venir en aide à toute la résistance irakienne n'est que pour la façade.

Cette manipulation de l'opinion publique dans un sens pro-américain est évidente dans les « médias libres », qui constituent l'appareil de propagande du régime siono-capitaliste. Elle est plus discrète et ne se dévoile que fortuitement dans les activités des associations socio-politiques, qui sont toutes en réalité soumises à l'influence sioniste.

Cette méthode consistant à créer sa propre opposition et à l'animer soi-même, est celle qui a maintenant été rendue générale pour garantir le maintien de l'ordre du régime siono-capitaliste , par son appareil policier.

Cet engagement caché aux cotés de la « coalition » U.S. en Irak, est corroboré par les implications sionistes des principaux intervenants de cette réunion.

Voici les identités et les caractères commentés des principaux intervenants de cette réunion.

1- L'organisation non-gouvernementale « Nouveaux droits de l'homme » (Ndh) :

C'est un objet non-encore identifié mais clairement parfaitement louche, représenté à cette réunion par un couple bizarre et torve. Cette organisation dispose d'un site Internet « ndh-france.org » dont la visite est conseillée.

On peut y remarquer entre autres célébrités cautionnant cette organisation, l'astrologue Elisabeth Tessier, titulaire d'un doctorat d'Etat en astrologie soutenu à la Sorbonne , Elie Wiesel, un escroc mythomane, membre éminent et multimillionnaire du Shoah business nord-américain, et deux autres activistes du Shoah business section française, Jacques Lanzman , un écrivain connu pour une œuvre brumeuse, et Albert Memmi, un propagandiste sioniste doucereux, passant pour un sage.

Le siège de Ndh est en Argentine à Bueno-Aires, ce qui fait que certains soupçonnent Ndh d'être en liaison ou une émanation directe du parti d' extrême-droite argentin dont la secte « le Parti humaniste », active en France, est l'un des appendices.

L'Argentine est totalement entre les mains du lobby juif sioniste nord-américain.

2 - Le « Réseau Voltaire », qui n'a seulement été qu'évoqué lors de cette réunion, mais avec insistance.

Le Réseau Voltaire dont le site Internet « reseauvoltaire.net » diffuse maintenant en catimini de la propagande sioniste (sur le gaz insecticide Zyklon B et une phrase prêtée à Guillaume II qui aurait déclaré en 1920 qu'il fallait gazer les Juifs, et sur le déclin de l'Espagne qui serait dû à la conversion forcée et à la fuite des Juifs espagnols au 15 ème siècle), a réussi l'exploit de faire une totale abstraction durant ses premières années d'activité, de l'Etat d'Israël et du sionisme, au point qu'une recherche par mots clés de ces sujets sur ce site était totalement négative.

Thierry Meyssan , le président du Réseau Voltaire, a été se commettre dans les cercles dirigeants des émirats et royaumes de la péninsule arabique, sous le prétexte de diffuser sa thèse anti-américaine sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, sans que quiconque ne s'en étonne, alors que ces émirats et royaumes de la péninsule arabique, sont totalement sous l'emprise israélo-U.S ..

Le cas du Réseau Voltaire est comparable à celui de la chaîne de télévision, soi-disant pro-arabe « Al jazeera  », qui est basée à Quatar , Quatar qui est l'une des places fortes des Etats-Unis dans la péninsule arabique.

Remarque :

Les sites Internet « ndh-france.org » et « reseauvoltaire.net », masquent leur objectif réel en brouillant le mensonge qu'ils propagent, en le noyant dans un ensemble d'informations, dont certaines sont volontairement en contradiction avec l'orientation cachée de ces sites.

Il n'est de propagande efficace que celle qui parvient à être considérée comme étant de l'information objective et impartiale par l'opinion publique. C'est à cette condition que le public abandonne sa méfiance, abaisse ses défenses mentales, et perd son sens critique. La propagande exerce alors une influence réelle et induit en erreur l'opinion, ce qui est sa finalité.

Le meilleur moyen d'apparaître comme non-lié à la cause qu'on défend, est celui de se placer dans l'opposition à cette cause, ce qui est le cas du Réseau Voltaire, qui tente de faire croire qu'il promeut l'émancipation de l'individu et qu'il est anti-impérialiste, alors qu'il est un simple rouage de l'appareil de propagande du sionisme et du capitalisme européano-américain .

3 - Bernard Fischer, non pas pour lui-même en tant qu'employé de la Sécurité sociale du Val d'Oise, mais comme ancien du PCI (« Parti communiste internationnaliste  » ; trotskiste) actuellement « Parti des travailleurs » ; trotskiste, et détaché de la « Ligue communiste révolutionnaire » (LCR ; trotskiste), attaché à l'infiltration des Arabes et des Palestiniens. Il s'est fait éconduire de la LCR et de la Coordination des comités Palestine d'Île-de-France de Youssef Boussouma , ce qui facilite sa pénétration de la partie de la mouvance pro-arabe et pro-palestinienne qui échappe à la surveillance et à la manipulation des trotsko-sionistes .

Trotskistes et sionistes se rejoignent et se confondent par leur commune recherche frénétique de pouvoir, les Arabes et les Palestiniens n'étant qu'une nourriture pour satisfaire leur appétit.

Bernard Fischer en est la caricature. Vaniteux, il n'a pu s'empêcher de se vanter devant tous, lors de cette réunion, de ses 18 années passées au service de ces causes, soit 18 années passées à abuser des Arabes et des Palestiniens pour compenser la vacuité de son être et pour soutenir son sentiment de sa propre importance.

Le reste de l'assistance était composé de quelques bourgeoises arabes guindées, de françaises semblables à des assistantes sociales revêches, et d'arabes endimanchés dans des costumes mal taillés, ventripotents ou filandreux, tous compromis dans des cuisines religieuses ou/et politiciennes.

Il faut bien avoir à l'esprit que quel que soit le camp vainqueur en Irak, celui des siono-américains, ou celui des siono-européens, les populations du tiers-monde, elles, n'auront rien à y gagner, car dans la réalité, il ne s'agit que d'un camp unique qui ne donne que l'apparence de se scinder en parties antagonistes. Ces parties en dernier ressort se solidariseront toujours entre elles pour asservir le tiers-monde.

Les Arabes et plus généralement les populations dominées, doivent rejeter toute alliance avec les organisations américaines, européennes, juives et leurs relais trotskistes locaux, lesquels masquent mal leur racisme fondamental, qui se manifeste par la position où ils choisissent de se poser, à l'extérieur, celle qui surplombe, qui domine, celle de l'aide, et à partir de laquelle ils exploitent d'une manière autre que les francs exploiteurs, d'une manière bien plus perverse et hypocrite, mais complémentaire des précédents et tout aussi destructrice, cela sous couvert de sentiments généreux, bien sûr toujours mis en avant.

Le mouvement en France de défense des intérêts arabes et palestiniens, n'est qu'une farce à laquelle sont occupés des carriéristes stipendiés pour donner l'illusion d'un authentique pôle de lutte au nom de cette population opprimée et exploitée.

Il est bon de citer les noms de ceux qui apparaissent au jour comme des responsables de cette mascarade, en gardant à l'esprit que ce ne sont que de simples mécaniques dont ceux qui les téléguident restent à l'abri des regards, protégés dans leurs délégations, ambassades et ministères :

Olivia Zémor de la CAPJO (Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient), Youssef Boussouma de la Coordination des comités Palestine en Île-de - France et du CCIPPP (Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien), et Gilles Munier des « Amitiés franco-irakiennes » parfumées au pétrole.

Bien sûr, cette liste n'est pas close, tant le fromage arabe est appétissant et tant ces cancrelats prospèrent et prolifèrent grâce à un milieu si riche et nourrissant, et tant il est crucial pour les puissances occidentales que les Arabes restent colonisés aussi en esprit, à cause de leur ressource à la valeur si inestimable, qui est le fluide de la toute puissance ; le pétrole, qui gît pour leur malheur dans le sous-sol de leurs terres.

Et pendant le déroulement de cette réunion de grotesques, dans la salle juste à côté, se tenait une autre réunion, celle de la Ligue des (anciens) droits de l'homme, la L.D .H., section du 11 ème arrondissement. Je l'ai prise un moment pour la réunion de copropriétaires qui était annoncée sur le tableau d'affichage à l'entrée de l'AGECA.

Conclusion :

Le vendredi 9 avril 2004 au soir, une manifestation contre la guerre en Irak était organisée devant l'ambassade des Etats-Unis, par la CNT ( Confédération nationale du travail) : une organisation soi-disant anarchiste tenue par une oligarchie, le MIB (Mouvement pour l'immigration et les banlieues) : une organisation opaque et ambiguë, et le CCIPPP de Youssef Boussouma .

Depuis le 11 septembre 2001, on assiste à la révélation de fausses organisations anti-américaines, telles le Réseau Voltaire, laquelle de plus occupe une importante partie de sa publication à dénoncer les manoeuvres occultes des services secrets américains en Europe, alors que le Réseau Voltaire est sans aucun doute possible une des organisations mises en place par les services secrets américains, ou les « Amitiés franco-irakiennes » de Gilles Munier , faussement pro-européenne. On veut nous faire croire qu'il existe un pôle de résistance à la colonisation américaine rampante de l'Europe et de la France , colonisation dont le mouvement sioniste est l'une des principales courroies de transmission. On organise un faux pôle de résistance à cette colonisation, afin que ceux qui la rejettent rejoignent ce pôle, pour les encadrer et annihiler leur action. Ces fausses organisations de résistance à la colonisation américaine de l'Europe sont conçues sur le principe éprouvé des fausses organisations de défense des Palestiniens et des Arabes, depuis longtemps à l'oeuvre.

 

 

Ajout le 8 juin 2005, d'un article de Le Monde, au sujet entre autre des Amitiés franco-irakiennes.

La "dérive corruptive" du programme "Pétrole contre nourriture"

LE MONDE | 03.06.05 | 14h02 • Mis à jour le 03.06.05 | 14h15

Un univers confiné, où l'on retrouve deux ambassadeurs, un ancien ministre de l'intérieur, des lobbyistes, des gaullistes historiques, des affairistes et, en toile de fond, une entreprise pétrolière de renom, Total. C'est ce monde opaque que tente de pénétrer le juge Philippe Courroye, chargé, depuis 2002, d'enquêter sur un éventuel contournement par Total du programme "Pétrole contre nourriture" , qui avait desserré l'embargo de l'ONU sur l'Irak, entre 1996 et 2003.

Dans un procès-verbal de synthèse daté du 5 avril, la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) dresse un portrait sans concession de cette microsociété. Les policiers disposent, depuis leur récent déplacement à New York, des archives des Nations unies, ainsi que de celles de la SOMO, société habilitée à écouler le brut irakien.

Ces documents se complètent, selon les enquêteurs, même si les archives de l'ONU ne mentionnent pas l'identité des particuliers, allocataires de barils de pétrole irakien. "L'attribution de ces allocations à ces personnes physiques, explique la BRDE, permettait à celles-ci, dans le cadre de la revente des produits pétroliers, de percevoir des commissions, et de manière totalement opaque aux yeux des contrôleurs des Nations unies."

Les policiers suspectent onze personnes d'avoir profité des fastes du régime irakien. Parmi elles, un homme d'affaires proche de Jacques Chirac, Patrick Maugein, un intermédiaire, Elias Firzli, l'ancien secrétaire général du Quai d'Orsay, Serge Boidevaix, un ancien ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Bernard Mérimée, un ancien ministre de l'intérieur, Charles Pasqua, et son conseiller diplomatique, Bernard Guillet, ou encore le responsable de l'association Amitiés franco-irakiennes (AFI), Gilles Munier.

"TRAFIC D'INFLUENCE"

"Concernant les allocations pétrolières, écrivent les enquêteurs, les infractions de corruption active et passive et trafic d'influence semblent avoir été relevées, et ce jusqu'en mai 2002." M. Courroye, qui a demandé, en avril, l'extension de sa saisine ­ ouverte pour "abus de biens sociaux, complicité et recel" ­ à ces incriminations n'a toujours pas, à ce jour, reçu de feu vert du procureur de Paris.

Selon les policiers, "la plupart des personnes physiques qui ont perçu ces allocations ont eu à véhiculer une image positive du régime irakien avec prise de position pro-irakienne, en particulier MM. Munier et Boidevaix, en contrepartie d'allocations pétrolières accordées par les autorités gouvernementales irakiennes de l'époque. Ceci peut constituer des faits de trafic d'influence aggravé" . "De même, assure la BRDE, il convient de souligner l'influence de MM. Pasqua et Guillet et leur prise de position pour le régime irakien à l'époque."

Mis en examen, le 28 avril, pour "recel d'abus de biens sociaux" et "trafic d'influence aggravé" , M. Guillet a relaté au juge Courroye les conditions dans lesquelles Saddam Hussein avait voulu récompenser M. Pasqua (Le Monde du 19 mai) : "Tarek Aziz m'a dit que l'Irak voulait remercier Charles Pasqua du rôle qu'il avait eu lorsque, en 1993, il avait organisé la première visite et le premier contact avec un officiel de haut rang en France, Tarek Aziz."

Gilles Munier, 60 ans, oeuvrait à un niveau inférieur. Il a bénéficié de barils irakiens dans le seul but de propager les idées de Saddam Hussein. Il avait réussi à attirer à l'AFI des personnalités comme Marc Bonnefous ou Paul Depis, ambassadeurs de France, ou Philippe de Saint-Robert, ancien haut commissaire à la langue française.

"Les bénéficiaires des allocations pétrolières étaient choisis en fonction de services rendus à la cause du régime irakien, a reconnu M. Munier, le 1er mars, devant les policiers, qui l'ont interrogé comme témoin. Le but n'était pas de faire du négoce pétrolier. (...) Tout le pétrole dont j'ai pu bénéficier est passé par Aredio." Cette société avait été créée de toutes pièces, à sa demande : "J'ai donc rencontré Tarek Aziz, à qui j'ai expliqué l'intérêt qu'il y avait à ce que cette société signe un contrat (...), car elle nous aiderait dans nos activités." C'est ainsi qu'Aredio fut agréée par la SOMO et finança l'AFI à hauteur de 14 000 euros.

BESOIN DE PÉTROLE IRAKIEN

Au coeur de toutes les transactions, on trouve Elias Firzli, un avocat libanais visé par un mandat de recherche. Du fait de ses relations avec le régime irakien, ce membre du parti Baas jouait les intermédiaires, notamment pour Total. Les enquêteurs ont établi qu'en 1999 et 2000 il avait rétrocédé près de 1,5 million de francs à Bernard Guillet, qui a affirmé ne pas être le destinataire final de ces fonds. A qui étaient-ils destinés ? "Je dis qu'un ami peut rendre service à un ami" , s'est contenté de répondre, elliptique, M. Guillet.

Ce dernier s'est rappelé, lors de sa garde à vue, le 26 avril, avoir assisté à un déjeuner entre Charles Pasqua et Thierry Desmarest, président de Total : "J'ai rencontré M. Desmarest au conseil général -M. Pasqua présida le conseil général des Hauts-de-Seine de 1988 à 2004- entre 1995 et 1998, au cours d'un déjeuner de travail avec M. Pasqua (...). Je me souviens que des questions de pétrole sont apparues dans la conversation."

Les enquêteurs ont acquis la certitude que Total avait, à la fin des années 1990, un grand besoin du pétrole irakien. Mis en examen en septembre 2004, le responsable de la comptabilité du groupe jusqu'en 2000, Gilbert Covinhes, l'a expliqué, le 25 avril, au juge : "Les quantités que Total achetait directement auprès de la SOMO ne suffisaient pas."

Une carence en brut qui a débouché, selon les enquêteurs, sur une véritable "dérive corruptive" du système. Et les policiers de conclure : "De nombreux éléments démontrent que la société Total a été particulièrement impliquée dans différentes infractions, soit directement par l'acquisition de produits pétroliers, soit indirectement, rémunérant les uns et les autres, en utilisant différents intermédiaires."

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

 

 

Ci-dessous, un article du site Internet reseauvoltaire.net, au sujet du pétrole, paru le 8 juin 2005.

 

Dick Cheney, le pic pétrolier et le compte à rebours final

Dans un discours prononcé en qualité de PDG de l'équipementier pétrolier Halliburton, deux ans avant d'accéder à la vice-présidence des Etats-Unis, Dick Cheney révélait le fond de sa pensée en matière de politique énergétique. Selon lui, malgré la découverte de nouveaux gisements et de nouvelles techniques d'exploitation, la production mondiale de pétrole est sur le point de devenir inférieure à la demande. Dès lors, la conquête des régions pétrolifères du Golfe arabo-persique devient un objectif stratégique des États-Unis. Analysant ces propos, le professeur Kjell Aleklett, de l'université d'Uppsala, précise l'ampleur de la crise énergétique.

Dans l'édition d'avril 2004 du magazine The Middle East j'ai trouvé une déclaration du vice-président Dick Cheney extraite d'un discours au repas d'automne du London Institute of Petroleum en 1999, alors qu'il était président de la société Halliburton . Un passage essentiel de son allocution était « Cela signifie qu'à l'horizon 2010 nous aurons besoin de quelque chose de l'ordre de cinquante millions de barils par jour supplémentaires.  »

Cela suggérait qu'il était parfaitement au courant du problème du pic mondial de la production pétrolière . Une transcription complète de la discussion avait été publiée sur le site Internet de l'Institute of Petroleum, mais a depuis été retirée (www.petroleum.co.uk/speeches.htm). Néanmoins, des recherches plus poussées ont permis de retrouver une version imprimée, datée du 24 août 2000, comme suit :

Dick Cheney : « Manifestement, en ce qui concerne l'industrie pétrolière - et je parlerai un peu plus tard du gaz - depuis plus d'une centaine d'années, en tant qu'industrie, nous avons dû nous préoccuper de l'épineux problème du fait que lorsqu'on trouve du pétrole et qu'on l'extrait du sol il faut sans cesse bouger et en trouver davantage, sans quoi on met la clé sous la porte. Produire du pétrole est sans aucun doute une activité qui se vide de son contenu. Chaque année il faut trouver et développer des réserves égales à votre production simplement pour rester à flot, pour rester à l'équilibre. Cela se vérifie autant pour les compagnies que, dans un sens plus large économiquement, pour le monde. Une compagnie nouvellement fusionnée comme Exxon-Mobil devra sécuriser plus d'un milliard et demi de barils de réserves d'équivalent pétrole chaque année, simplement pour remplacer la production existante. C'est comme faire 100 % de profit ; découvrir un autre gisement important de quelques cinq cent millions de barils équivalent de réserves tous les quatre mois ou trouver deux Hibernias [Ndt. Il s'agit d'un gisement d'une capacité d'environ sept cent millions de barils] chaque année. Pour le monde dans son ensemble, les compagnies pétrolières doivent théoriquement continuer à découvrir et développer suffisamment de pétrole pour compenser nos plus de soixante et onze millions de barils quotidiens de diminution de réserves, mais aussi pour répondre à la demande supplémentaire [ 1 ]. D'après certaines estimations nous connaîtrons une augmentation moyenne annuelle de 2% de la demande globale dans les années à venir, parallèlement aux 3% de déclin de la production des réserves existantes, selon des chiffres optimistes. Cela signifie qu'en 2010, il nous faudra quelque chose de l'ordre de cinquante millions de barils supplémentaires par jour. Alors d'où viendra ce pétrole ? Les gouvernements et compagnies pétrolières nationales contrôlent visiblement environ 90% des biens. Le pétrole reste fondamentalement une affaire de gouvernement. Si de nombreuses régions du monde offrent des opportunités exceptionnelles dans le domaine du pétrole, le Proche-Orient, avec deux tiers des réserves mondiales de pétrole et des coûts moindres, est l'endroit où à terme se trouve le gros lot, et même si les compagnies sont pressées d'avoir un meilleur accès à la région, les progrès demeurent faibles. [Passages mis en gras par l'auteur] » .

Pour comprendre l'ampleur du problème que Dick Cheney met en lumière, nous pouvons comparer les « cinquante millions de barils par jour » avec la production totale en provenance des six pays bordant le Golfe arabo-persique (Arabie saoudite, Iran, Irak, Émirats arabes unis, Koweït et Qatar), qui en 2001 ont produit 22,4 millions de barils par jour (selon l'Energy Information Administration).

Harry J. Longwell, directeur et vice-président exécutif d'Exxon-Mobil, a ultérieurement confirmé ce chiffre (World Energy, Vol 5, N°3, 2002) : « Le hic, c'est que pendant que la demande augmente, la production existante décline. Pour donner un chiffre, nous estimons qu'environ la moitié du volume quotidien nécessaire pour répondre à la demande projetée n'est pas en production aujourd'hui - voilà le défi auquel sont confrontés les producteurs. »

Jon Thompson, président de la branche exploration d'Exxon-Mobil, a également confirmé le fait que le monde a besoin de ce pétrole supplémentaire. En 2003, il a déclaré aux actionnaires qu' « en d'autres termes, à l'horizon 2015, nous devrons trouver, développer et produire un volume supplémentaire de pétrole et de gaz équivalent à huit barils sur les dix barils produits aujourd'hui. » En 2001, la consommation était de 77,1 millions de barils par jour (Energy Information Administration) ; 80% de cela représente donc plus de 60 millions de barils par jour.

La question suivante consiste à se demander où l'industrie pétrolière peut trouver cette énorme quantité de pétrole supplémentaire. Revenons au discours de Dick Cheney : « Il est vrai que la technologie, la privatisation et l'ouverture de nombreux pays ont suscité beaucoup de nouvelles opportunités dans différentes régions du monde pour les différentes compagnies pétrolières, mais si l'on regarde le début des années 90, on s'attendait à ce qu'une partie significative des nouvelles ressources mondiales provienne de régions comme l'ancienne Union soviétique et la Chine. Bien entendu cela ne s'est pas vraiment concrétisé comme on s'y attendait. »

Puisque la demande en provenance de Chine est décrite comme l'une des raisons de l'augmentation du prix du pétrole brut, le Uppsala Hydrocarbon Depletion Study Group (UHDSG) modélise la production de la Chine comme montré dans le graphique ci-dessous. Malgré les rapports contradictoires, nous pensons que le meilleur chiffre pour les réserves restantes en 2003 était 25,7 milliards de barils [Ndt. Il faut environ 11 jours pour que le monde consomme un milliard de barils.]. Le pic de découvertes se situe en 1960 et 73 % du pétrole découvert était en gisement géant. Les faits suggèrent que la production de la Chine a atteint son pic l'année passée et que son taux de diminution est de 3,7% par an. Avec une demande domestique qui explose, Cheney a raison de ne pas attendre d'exportations en provenance de Chine.

Il n'y a aucun doute sur l'endroit où Dick Cheney pense que le pétrole peut être trouvé : « Si de nombreuses régions du monde offrent des opportunités exceptionnelles dans le domaine du pétrole, le Proche-Orient, avec deux tiers des réserves mondiales de pétrole et des coûts moindres, est l'endroit où à terme se trouve le gros lot... » .

À ce moment Dick Cheney n'avait pas chiffré les attentes concernant la région. Il fut ultérieurement nommé directeur du National Energy Policy Development Group , et un premier chiffre fut donné. Le rapport fut remis au président Bush en mai 2001 et inclut la déclaration suivante de Dick Cheney : « Comme vous nous en avez donné l'instruction lors de l'installation de cette administration, nous avons élaboré une politique énergétique nationale destinée à rassembler les entreprises, le gouvernement, les collectivités locales et les citoyens pour promouvoir une énergie pour l'avenir qui soit fiable, abordable et respectueuse de l'environnement. »

Dans le chapitre 8 du rapport National Energy Policy, un indice est donné sur les véritables chiffres de production attendue en provenance du Proche-Orient : « En 2020, nous projetons que les producteurs du Golfe fourniront entre 54 et 67% du pétrole mondial. Ainsi, l'économie mondiale continuera presque certainement à dépendre de l'approvisionnement des pays membres de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole), particulièrement ceux du Golfe. Cette région demeurera vitale pour les intérêts U.S.. » .

En 2001, les pays du Golfe ont produit 29 % du pétrole mondial, et l'Energy Information Administration a désormais établi des projections jusqu'en 2025. La somme des estimations en Figure 2 pour les producteurs du Golfe est de 45 Mb/j (Millions de barils par jour), ce qui implique une augmentation de 100 %. Mahmoud M. Abdul Baqi et Nansen G. Saleri de Saudi Aramco ont donné un séminaire du CSIS , à Washington en février 2004. Ils ont discuté de la capacité de production future de Saudi Aramco et ont indiqué que l'objectif est d'atteindre une capacité de production future de 10 Mb/j. Ils ont ajouté qu'il sera peut-être possible de l'augmenter à 12 millions de barils par jour pour répondre à une augmentation de la demande mondiale, mais cela reste très en-deçà des 22 Mb/j escomptés par Cheney. Même en assumant que le pays a la capacité physique de la faire, il est difficile d'envisager pourquoi Saudi Aramco augmenterait sa production pour atteindre 22 Mb/j et accélérer ainsi l'épuisement de la seule ressource dont dispose le pays.

La figure 4 provient de « Pic et déclin de la production mondiale de pétrole et de gaz », par Aleklett et Campbell dans Minerals & Energy (2003 ; 18 : 5-20). Comme il est montré dans le graphique, nous estimons que le pic de la production de pétrole interviendra aux environs de l'année 2010. L'une des raisons est que nous ne croyons pas que la production des États du Golfe puisse atteindre 45 Mb/j.

Le fameux « Pic de Hubbert » mondial, tel que modélisé par l'ASPO selon la technique d'estimation développée par le géologue Marion King Hubbert dans les années 50. En ce qui concerne le pétrole conventionnel (limite supérieure de la partie orangée), nous sommes actuellement sur un plateau, qui se manifeste par une importante fluctuation des prix liée à l'incertitude de l'offre à venir face à la demande toujours croissante.

En résumé, ces trois étapes, en commençant par le discours de Dick Cheney, nous amènent au pic pétrolier. Dick Cheney : « La fin de l'ère du pétrole n'est pas encore arrivée, mais les changements sont imminents et l'industrie doit être prête à s'adapter au nouveau siècle et aux transformations qui nous attendent. » . L'année 2010 se rapproche et nous y serons bientôt. C'est le compte à rebours final jusqu'au pic pétrolier.

Le pétrole et la guerre

Dick Cheney à Londres en 1999 : « Le pétrole est unique en ce qu'il est tellement stratégique par sa nature même. Il ne s'agit pas ici de savon ou de vêtements de loisir. L'énergie est réellement fondamentale pour l'économie mondiale. La Guerre du Golfe était un reflet de cette réalité. »

Qu'en est-il de la guerre d'Irak ?

Autres déclarations de Dick Cheney lors de son discours à l'Institut du pétrole

Le discours de Dick Cheney est également intéressant par d'autres aspects. D'abord nous y trouvons sa propre opinion sur lui-même : «  On me demande souvent pourquoi j'ai quitté la politique et rejoint Halliburton, alors j'explique que j'ai atteint un point où j'étais dans un état d'esprit agressif, irritable et intolérant vis-à-vis de ceux qui n'étaient pas d'accord avec moi, alors ils me disent " Punaise, tu ferais un très bon PDG " » .

Beaucoup sont choqués par le fait que Shell avait manipulé ses chiffres de réserves, mais Cheney comprenait la pression endurée par Shell : « (...) bouger et en trouver davantage ou mettre la clé sous la porte. » , ce qui laisse entrevoir l'importance des réserves. Un an avant l'élection présidentielle aux États-Unis, Dick Cheney estimait que l'industrie pétrolière devait avoir davantage de pouvoir à Washington. Aujourd'hui nous connaissons le résultat : « Le pétrole est la seule industrie dont la pouvoir d'action n'a pas été si efficace dans la sphère politique. Le textile, l'électronique et l'agriculture semblent souvent avoir plus d'influence. Nos rangs ne sont pas uniquement constitués de pétroliers de Louisiane ou du Texas, mais aussi de développeurs de logiciels du Massachusetts et particulièrement de producteurs d'acier en Pennsylvanie. Je suis frappé par le fait que cette industrie est si forte techniquement et financièrement, mais pas aussi efficace ou influente politiquement par rapport à des industries souvent plus petites. Nous devons gagner en crédibilité pour faire entendre nos vues. »

BP a connu des difficultés pour remplacer sa production avec de nouvelles réserves, alors à la place elle a acheté des réserves russes. Cheney a également discuté cette approche : « Les compagnies qui éprouvent des difficultés à créer des secteurs fondamentaux par l'exploration se tournent vers des contrats de production par lesquels ils exploitent des réserves déjà connues, mais là où le pays n'a pas le capital ni la technologie pour les développer. Dans les contrats de production, il y a moins de risque, mais avoir affaire aux risques politiques à ciel ouvert, ainsi que les risques commerciaux et environnementaux est un défi de plus en plus important. Ces risques incluent les soulèvements populaires, les voies de transport, les problèmes de syndicalisme, les cadres fiscaux et parfois même les sanctions économiques imposées par les États-Unis. » .

À la fin de ce paragraphe il se plaint de l'existence de « sanctions imposées par les États-Unis » . Est-ce une surprise que les sanctions contre la Lybie aient été levées ?

Le texte complet du discours de Dick Cheney à l'Institute of Petroleum Autumn lunch, en 1999, est un document très important et j'espère que l'Institut du Pétrole le mettra de nouveau à la disposition de tous ceux qui souhaitent le lire. En attendant, une copie est disponible sur demande : aleklett@tsl.uu.se.

Kjell Aleklett
Président de l'Association pour l'étude du pic mondial de la production pétrolière (ASPO, Association for the Study of Peak Oil, http://www.peakoil.net) et professeur de physique nucléaire à l'université d'Uppsala (Suède).

 

Voir également le texte du protocole d'Uppsala , rédigé par Kjell Aleklett et Colin Campbell, dans notre bibliothèque électronique.

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Références :

« Is the world running out of oil ? » The Middle East , Avril 2004, N°344.

  Le texte complet du discours de Dick Cheney à l'Institute of Petroleum Autumn lunch, 1999, était disponible sur http://www.petroleum.co.uk/speeches.htm, le 24/08/2004.

« The Future of the Oil and Gas Industry : Past Approaches, New Challenges » , par Harry J. Longwell, World Energy , Vol5 N°3, 2002.

  « A revolutionnary transformation », par Jon Thompson, The Lamp , Vol. 85 N°1, 2003.

Uppsala Hydrocarbon Depletion Study Group , Université d'Uppsala, Suède.

« International Energy Outlook 2004 » , par Guy Catuso, 19 avril 2004.

« Fifty-year Crude Oil Supply Scenarios : Saudi Aramco's Perspective » , par Abdul Baqi et N.G. Saleri, Future of Global Oil Supply : Saudi Arabia, Center for Strategis and International Studies (CSIS), 24 février 2004.

« The Peak and Decline of World Oil and Gas Production » , par K. Aleklett et C.J. Campbell, Minerals & Energy , 2003 ; 18:5-20.

[ 1 ] Note du traducteur : aujourd'hui, en 2005, le monde consomme environ 85 millions de barils par jour. Il faut donc un peu moins de douze jours pour consommer un milliard de barils.