Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, 127, rue Notre Dame des Champs - 75006 Paris www.collectifdom.com

 

Communiqué du Collectif

29 mars, 2005

Non à la pétition de la haine raciale

Chers compatriotes,

Vendredi 25 mars 2004, à l'initiative du mouvement sioniste Hachomer Hatzaïr et Radio Shalom, des personnalités ont signé un appel qui est une véritable incitation à la haine raciale.

Sous couvert de dénonçer des « ratonnades anti-blancs » lors des récentes manifestations lycéennes, ce texte dresse les Français les uns contre les autres : d'un côté "David, Kader et Sébastien » qui ont « droit à la dignité », de l'autre les Noirs qui sont supposés être racistes.

S'il est nécessaire de condamner fermement la poignée de racistes casseurs, et obtenir des condamnations sévères contre les idéologues noirs qui prônent la violence raciale, il faut en revanche dénoncer ceux qui stigmatisent l'ensemble des Noirs de France, jetés en pâture à l'opprobe national.

Il est inacceptable de passer de la condamnation nécessaire d'une poignée de racistes à une diatribe violente contre des Français parce qu'ils ont la peau noire.

Alain FINKIELKRAUT, signataire de l'appel, jette de l'huile sur le feu en appelant ouvertement au mépris racial, notamment contre les Antillais, dans de multiples déclarations.

Lors de la conférence de presse du 25 mars, Alain Finkielkraut dénonce "un mouvement de haine judéophobe et francophobe". Et se référant à Louis Farrakhan, leader aux Etats-Unis du mouvement raciste noir "Nation of Islam", il assène : "Juifs et Français sont mis en cause conjointement".

Alain FINKIELKRAUT n'en est pas à son coup d'essai. Trois semaines plus tôt, il avait déjà tenté de théoriser la victimisation des Français, sous-entendu blancs, et des juifs, « double cible » des Antillais (voir toutes ses déclarations sur le site internet du Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais : www.collectifdom.com, rubrique Quoi de Neuf).

Le 6 mars 2005 sur Radio Communauté Juive, il stigmatise « la foule surexcitée. Les victimes antillaises de l'esclavage qui vivent aujourd'hui de l'assistance de la Métropole… ».

Le même jour sur Radio Shalom, il déclare : « J'ai peur (…) que la créolité puisse aussi servir à entretenir, outre la haine de la France coloniale, la haine d'Israël, (sic) Etat juif si vous voulez, c'est-à-dire Etat non créole, non métissé. » Les juifs « sont tellement habitués, on leur a tellement enseigné que l'antisémitisme relevait du nationalisme, qu'ils ont les yeux rivés sur la France et ses mauvais démons, sur l'Etat français. Le problème ne se pose plus dans ces termes. La France et les Juifs curieusement, à la surprise générale et des Juifs eux-mêmes, sont dans le même bateau. Nous avons à défendre l'un et l'autre de la même manière, parce que la même infamie, la même calomnie est à l'oeuvre dans un cas et dans l'autre. (…) Il faut surtout ne pas se laisser intimider par ce discours qui est mensonger de part en part, et qui a, tirons-en toutes les conséquences aujourd'hui, une double cible : juive et française. »

Alain FINKIELKRAUT feint d'ignorer qu'être Antillais, comme être Français d'ailleurs, n'est pas une question de couleur de peau. Blancs, noirs, métis, indiens, juifs, orientaux ont forgé une culture particulière et une identité métissée. Cette diversité et cette tolérance est un exemple pour la France.

Derrière ces différentes déclarations, il y a en filigrane une tentative de constituer un front blanc, comprenant les juifs, contre les noirs. L'ennemi des juifs est clairement désigné, ce ne sont plus les idéologies nationalistes mais bien les noirs, qui sont aussi l'ennemi des autres blancs. Cette division raciale permet de transcender les divisions avec les autres Français et de rassembler les Français blancs, juifs ou non.

Cette tentative odieuse de créer du communautarisme blanc est dangereuse pour l'unité nationale. La volonté de victimiser une majorité blanche, dominante socialement, ne peut que susciter un sentiment de rejet des noirs, désignés comme ennemis publics et cristalliser un racisme qui n'existe qu'à la marge.

Alain FINKIELKRAUT dans son acharnement à combattre DIEUDONNE, qu'il prend pour le porte-parole de tous les noirs de France, joue avec le feu de la haine raciale. L'antisémite ou l'anti-Français n'est plus musulman ou arabe, tels que l'analysaient les mouvements juifs, mais le Noir. Les beurs –le Kader de l'énumération- sont appelés à la rescousse contre les Noirs. Les différences culturelles profondes entre Antillais et Africains et entre Africains eux-mêmes importent peu pour atteindre cet objectif.

Un sursaut républicain est désormais nécessaire. Les pouvoirs publics doivent désormais siffler la fin de la partie et rappeler les règles élémentaires du savoir-vivre en commun que met en danger cette pétition.

Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais qui avait appelé les originaires d'Outre-Mer à réagir massivement aux propos de FINKIELKRAUT le 6 mars, en adressant des mails à la radio RCJ, contraignant celui-ci à s'expliquer la semaine suivante, prendra ses responsabilités.

FOSS Patrick KARAM

Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais est la plus grande association d'originaires d'Outre-Mer avec plus de 40 000 membres et sympathisants, dont de nombreux parlementaires d'Outre-Mer. Le Collectif a organisé notamment la Marche du 11 décembre 2004 contre les discriminations avec plus de 10 000 manifestants et de nombreux responsables politiques nationaux. Avec 500 interventions dans les médias et le soutien de plusieurs centaines de parlementaires, le Collectif est un lobby pour l'Outre-Mer.